Le Dictionnaire de l'Académie Française [ http://www.academie-francaise.fr/dictionnaire/ ] explique avec précisions :
DÉDICACE n. f. XIIe siècle, dicaze, au sens 1. Emprunté du latin dedicatio, « consécration, inauguration (d'un temple, d'un théâtre, etc.) ».
1. Consécration d'un temple, d'une église, d'une chapelle au culte divin. Spécialement : Action de placer une église,
une chapelle sous l'invocation du Christ, de la Vierge ou d'un saint. La fête de la dédicace d'une église.
2. Consécration d'un monument à une personne célèbre ; inscription qui rappelle cette consécration.
(ex. : La dédicace du château de Versailles à toutes les gloires de la France.)
3. Action de placer un ouvrage sous le patronage de quelqu'un ; inscription placée à la tête de l'ouvrage
pour rappeler ce patronage. (ex. : Une dédicace au roi.)
4. Formule manuscrite qu'un auteur appose en hommage à quelqu'un sur la première page d'un livre, sur une photographie, un disque, etc. Collectionner les dédicaces.
C'est dans le sens de la troisième définition ci-dessus que se comprennent les dédicaces ici présentées, le quatrième
sens (dédicaces manuscrites) étant quant à lui plus exactement nommé envoi, desquels la page consacrée aux
envois et autographes de René Barjavel présente une fort jolie collection...
Hommages, remerciements, éloges : ces intentions prennent tout leur sens lorsqu'est approfondie l'analyse des
liens qui ont uni l'auteur et le dédicataire. La présente page présente cette analyse pour chacun des livres publiés de
René Barjavel.
En plus de leur dédicace, certains livres portent des citations parfois énigmatiques, clins d'œil mystérieux à un auteur ou une idée. Elles ont également leur place ici en tant qu'épigraphes qui sont :
ÉPIGRAPHE n. f. XVIIe siècle. Emprunté du grec epigraphê, « inscription, maxime »,
de epigraphein, « inscrire », composé de epi-, « sur », et graphein, « écrire ».
1. Inscription placée sur un monument, un édifice, pour en rappeler la date, la destination, l'auteur, etc.
(ex. : L'épigraphe du Trophée d'Auguste à La Turbie.)
2. Courte sentence, courte citation placée en tête d'un ouvrage ou d'un chapitre pour en indiquer l'objet ou
l'esprit. (ex. : Prendre pour épigraphe un vers d'Homère, de Virgile.)
Seules sont listées sur cette page les œuvres possédant effectivement une dédicace ou une épigraphe sur au moins une de leurs éditions. La liste exhaustive des livres de Barjavel se trouve sur la page de bibliographie complète.
Note : les liens indiquant les titres conduisent aux pages de la bibliographie présentant les différentes
éditions de chaque œuvre.
Tout d'abord politesse, respect et hommage que cette dédicace du tout premier livre du jeune journaliste au Progrès de l'Allier qui imprime lui-même au printemps 1934 le texte de sa conférence. Madame Colette a alors soixante ans, et la petite phrase incisive de Barjavel : Hélas, elle a maintenant 60 ans passés. Il ne faut tout de même pas trop lui demander ! complétée de la remarque ambigue à propos de ce qui était alors son dernier livre, « La Chatte », nous n’avons pas retrouvé notre Colette. Aucun des personnages ne lui ressemble sauf, peut-être, le petit animal « bleu comme les plus beaux rêves », la chatte à l’amour exclusif, la chatte instinctive et jalouse. Perception de jeune homme, certes, comme le lui fera remarquer la "vieille dame de soixante-six ans" qui lui écrivit juste après sa conférence : Croyez moi, une femme de soixante ans n’est pas vieille. Aussi sensuelle qu’à trente, et avec cela plus sensitive, elle est simplement obligée de s’effacer devant les préjugés. et qui restera peut-être pour Barjavel un mystère, celui de l'amour et de la jeunesse, et dont l'élucidation jamais atteinte lui fera écrire les plus belles pages de La Faim du tigre, La Nuit des temps et Le Grand Secret. | Sidonie Gabrielle Colette en 1930 |
Voir la page "écrit" qui présente l'analyse de
l'œuvre.
Premier roman de l'auteur, qu'une lecture sans recul peut faire passer pour une apologie du retour à la terre effectivement en vogue à cette époque (voir à ce propos la page Ravage, un roman sous influences ?). Ravage est avant tout une réflexion “logique” sur la dépendance de l'Homme et de la civilisation qu'il a créée aux énergies et aux machines. Barjavel, devenu citatin à son arrivée à Paris en 1935, n'oubliera jamais ses origines rurales et en particulier ses grands-parents, Henri Barjavel et Paul Paget, tous deux paysans de la Drôme Provençale. |
Le grand-père maternel de René Barjavel : Paul Paget |
En complément de cette dédicace, Ravage présente dans sa toute première édition, une citation de L.F. Céline
Tirée du Voyage au bout de la nuit, premier roman de Céline qui avait été "découvert" par Denoël en octobre 1932, cette petite phrase éclaire l'anticipation innovante de Ravage, premier roman d'anticipation français s'affirmant comme tel. Aucune des éditions postérieures ne porte cette citation. | Louis Destouches, dit Céline |
Les trois parties du roman portent en épigraphe des citations originales et teintées d'une pointe d'ironie :
Première partie "Les temps nouveaux" Cette phrase évoque le voyage de Le Corbusier aux États-Unis en 1935, rapporté dans son livre Quand les cathédrales étaient blanches que Barjavel avait découvert et commenté avec un certain enthousiasme dans son article à la revue Micromégas le 10 mai 1937 (lire cet article et ma Lettre de juin 2005 qui le présente) - enthousiasme qui disparaîtra complètement par la suite au vu des réalisations, à son goût trop bétonnées, de l'architecte suisse qui est, en 1942, gentiment moqué dans Ravage sous le nom de Le Cornemusier. | Charles-Édouard Jeanneret (dit Le Corbusier) en 1934 (photographie de Walter LIMOT) |
Deuxième partie : "La chute des villes" Ce passage de l'Apocalypse (Chapitre XVI, verset 19) nous rappelle que le titre initialement prévu par Barjavel
pour son premier roman était "Colère de Dieu" - titre changé sur les conseils de Robert Denoël lors de la "séance
de réécriture" supervisée par celui-ci (voir ci-après la dédicace du Voyageur Imprudent).
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1. Puis un des sept anges qui tenaient les sept coupes vint, et il m'adressa la parole, en disant: Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux.
et prophétise : 8. A cause de cela, en un même jour, ses fléaux arriveront, la mort, le deuil et la famine, et elle sera consumée par le feu. Car il est puissant, le Seigneur Dieu qui l'a jugée.
en concluant : 18. Et la femme que tu as vue, c'est la grande ville qui a la royauté sur les rois de la terre. | |
Troisième partie : “Le chemin de cendres”
Cette phrase provient de cette Pantagrueline prognostication pour l'an 1533 avec Les almanachs pour les
ans 1533, 1535 et 1541, La grande et vraye pronostication nouvelle de 1544 parue à Lyon en 1932, la même année que
Pantagruel, avec comme complément de titre :
Certaine, veritable & infaillible pour l'an perpetuel. Nouvellement composée au prouffit & advisement de gens estourdis & musars de nature, Par maistre Alcofribas, architriclin dudict Pantagruel.
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François Rabelais |
En esté ie ne sçay quel vent courra, mais ie sçay bien qu'il doibt fayre chault, et regner vent marin.
Et pour l'automne : En automne l'on vendengera, ou d'avant ou après ce m'est tout un pourveu que ayons du piot à suffisance."En automne l'on vendengera, ou d'avant ou après ce m'est tout un pourveu que ayons du piot à suffisance. Barjavel sera toute sa vie un grand admirateur de Rabelais et de sa truculence.
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Quatrième partie : "Le Patriarche" La figure de François Deschamps, patriarche affirmé de la communauté s'étant créée après la fuite des villes en cendres, évoque celle d'un personnage qui n'avait pas encore, en 1942, accompli son destin de patriarche mais qui devait à partir des années 1950 créer des communautés vivant un idéal très proche de celui décrit par Barjavel dans Ravage : j'ai présenté, dans la page Ravage, un roman sous influences ? ce que les idées de Lanza del Vasto, exprimées par ses écrits publiés chez Denoël à partir de 1939, pouvait avoir communiqué à Barjavel. La citation, quant à elle, est tirée d'un poème de Maurice de Guérin (1810-839); Glaucus : J'étais berger ; j'avais plus de mille brebis.
Maurice de Guérin, poète mort à 29 ans de la tuberculose, a écrit Le Centaure,
Le Cahier vert, La Bacchante
et son Journal ; d'inspiration panthéiste, il chantait la communion totale avec la nature.
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Lanza del Vasto Maurice de Guérin |
Voir
la page "écrit" qui présente cette œuvre.
On sait que la rencontre du jeune journaliste René Barjavel avec Robert Denoël à Vichy en août 1935 décida de sa carrière et de tout le reste de sa vie. Ravage doit tout autant à la logique guidant l'imagination du jeune écrivain qu'au métier de l'éditeur, qu'il a passionnément transmis à son cadet comme Barjavel le raconte avec reconnaissance dans plusieurs interviews (voir par exemple le dossier de l'édition Le Tallandier des Chemins de Katmandou) Je l'avais donné à lire à Robert Denoël qui m'a dit : « Cela ne vaut rien. » J'étais décomposé. C'était un désastre. Et puis, il a fait son métier d'éditeur, et il m'a montré, page par page, quelles étaient mes qualités et quels étaient mes défauts. J'ai entièrement recomposé Ravage. Encore un miracle : dès sa publication, succès immédiat, on en a vendu plus de 50 000 exemplaires. et l'article “Ce jour-là” paru en octobre 1980 dans l'hebdomadaire Modes et Travaux : [...] je lui donnai à lire, tout tremblant, mon manuscrit. Il était toujours mon patron, mais il était, en plus, devenu mon ami. Il lut mon ouvrage dans la nuit. Le lendemain, il me consacra une matinée, épluchant devant moi, page par page, presque ligne par ligne, ce que j'avais écrit avec tant d'enthousiasme et d'efforts, et me montrant, avec une clarté éblouissante, quels étaient mes défauts et quelles' étaient mes qualités, ce que je devais éviter dans ma façon d'écrire, ce que je devais supprimer, ce que je devais développer. Je repris mon manuscrit et le récrivis entièrement. Je me levais à 4 heures du matin, je travaillais jusqu'à 8 heures. Ensuite, j'enfourchais mon vélo et me rendais à ma tâche de chef de fabrication. C'étaient de longues journées. Elles passaient. vite...
| Robert Denoël |
En épigraphe du livre, une citation : {La plainte de la Mandragore}
est l'un des trois Lieds funèbres écrits par le ’pataphysicien Alfred Jarry (1873-1907), d'abord publiés dans L'inclus dans le recueil
Les minutes du sable mémorial. Le symbolisme de la mandragore, plante magique des sorcières dont la racine a la forme d'une silhouette humaine,
est assez complexe [voir http://site.voila.fr/medicherb/mandragore.htm ].
Le mouvement `pataphysique influença dans les années 1920 les créateurs du Grand Jeu : Gilbert Lecomte, René
Daumal, Luc Dietrich, qui furent amis de Barjavel. Ensuite Raymond Queneau et Boris Vian en prirent la relève...
| La Mandragore (Mandragora officinarum |
Quelques liens sur Alfred Jarry et la ’pataphysique :
| Monsieur Ubu par Alfred Jarry |
Voir
la page "écrit" qui présente cette œuvre.
Joseph Plateau, physicien belge né en 1801, fur le premier à énoncer une théorie sur la persistance rétinienne en 1829 :
“Si des impressions lumineuses différentes se succèdent à la cadence voulue, il y a, pour notre organe récepteur, liaison entre elle est donc impression de vues continues en mouvement”.
C'est en 1833 qu'il invena le phénaskistiscope à partir de l'observation de la machine tournante de Faraday.
Il s'agit d'un disque rond en carton percé de fentes sur lequel les différentes étapes d'un mouvement sont recomposées. Pour reconstituer le mouvement,
la personne devait être en face d'un miroir et positionner ses yeux au niveau des fentes. Elle faisait ensuite tourner le carton.
Les fentes en mouvement ne laissaient apparaître l'image qu'un très cours instant et le cache (entre les fentes) permettait
de dissimuler l'image quand celle-ci était en mouvement. L'oeil ne voyait donc que des images fixes, qui s'animait quand le
carton tournait suffisamment vite.
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J. Plateau et le phénakistikope (cliquer) |
Quelques liens :
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La mère de l'écrivain, Marie Barjavel née Paget, épousa en secondes noces Henri Barjavel en 1909.
Son premier mari, Émile Achard, boulanger, mourut en effet en 1908 (à l'$age de 32 Ans) d'un refroidissement après être sorti
trop subitement de son fournil. Après la guerre de 1914-1918, elle attrape la maladie du sommeil, causée par un parasite
transmis par la mouche tsé-tsé mais aussi par les taons et probablement amené d'Afrique par des tirailleurs Sénégalais.
Elle en meurt à 41 ans le 29 mai 1922, laissant son fils René à la charge de son père et de ses demi-frères Paul et
Émile Achard, aidés par de nombreuses tantes et cousines. Le jeune garçon agé de 11 ans quitta Nyons environ deux ans
plus tard pour suivre le proviseur de son collège, Abel Boisselier, qui avait été nommé à Cusset.
| Marie Barjavel |
Également roman apocalyptique, Le Diable l'emporte se termine sur la quasi-destruction de la vie terrestre du fait de la fomie des hommes. La renaissance d'une civilisation verrait celle-ci redémarrer au stade le plus démuni, faisant de l'Histoire un éternel recommencement... |
L'édition de 1951 ne porte pas de dédicace mais une citation du Journal de Léon Bloy :
Celui qui écrit pour ne rien dire est pour moi un prostitué et un misérable. Léon Bloy (1846-1917), journaliste pamphlétaire et écrivain, a laissé une œuvre sombre et un monumental
Journal que certains considèrent comme “deux mille pages de jérémiades et de prophéties
apocalyptiques” (Didier Sénécal, magazine LIRE, février 2000 : http://www.lire.fr/critique.asp/idC=36112/idTC=3/idR=213/idG=8)
L'épigraphe annonce l'introduction du Journal de Barjavel dans laquelle il présente les raisons qui l'ont amené à l'écrire.
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Léon Bloy |
L'édition de 1981 du Journal d'un homme simple, remaniée par Barjavel et publiée peu après La Charrette bleue, présente une dédicace énigmatique :
Jusqu'à présent, je n'ai pu recueillir aucune information concernant M.-J. et E. Pihouée. Une hypothèse serait qu'il s'agissent des personnes ayant apporté un soutien financier à Barjavel lors de sa maladie en octobre 1950, lui permettant de partir en convalescence à Sospel.
Voir
la page "écrit" qui présente cette œuvre.
à C'est dans son Journal d'un homme simple que Barjavel rapporte comment il a conçu et tourné le film “Barabbas” pendant le mois d'août 1950, et pourquoi le film, bien que complètement tourné, ne fut jamais réalisé. Il détaille l'inspiration que lui avait donnée la pièce du dramaturge belge Michel de Ghelderdode (1898-1962), et comment il avait transposé la Passion du Christ dans le temps et l'espace, de la Pâque juive à la Fête du 15 août du port de Collioure. { en savoir plus sur Ghelderode } |
Michel de Ghelderode |
Paul Paget, père de Marie Barjavel, habitait la ferme “La Grange”, à l'est de Nyons, sur le flanc de la colline
de l'autre côté de la rivière de Sauve. La ferme existe toujours (habitée par des membres de la famille Achard), ainsi que
la grotte de la source qu'avait creusée par Paul Paget, comme Barjavel le raconte dans La Charrette bleue (cette source est maintenant captée).
Ce second hommage à son grand-père maternel montre l'attachement de l'auteur à ses racines paysannes.
| L'entrée de la grotte-source creusée par Paul Paget derrière sa ferme La Grange |
En épigraphe du livre, une citation énigmatique : Les opist(h)obranches constituent le sous-ordre des mollusques aquatiques gastéropodes, caractérisés par la présence de
branchies à l'arrière du corps et d'une éventuelle coquille rudimentaire (Tectibranches) bien que la plupart n'en
possèdent pas (Nudibranches) ; ces derniers sont plus connus sous l'appellation limaces de mer ou lièvres
de mer, répandus dans toutes les mers du globe. [voir par exemple : http://www.nembro.info/fr_page.html ]
L'esprit de la citation rejoint la pensée de Barjavel à propos des voyages spatiaux, car, ainsi qu'il l'écrivait dès les années 1960, et qu'il s'auto-cite dans le roman, Voir en particulier ses interviews aux Nouvelles Littéraires : « Vénus et les enfants des hommes » (11 décembre 1962) et « Le poisson, l'homme et les étoiles » (2 janvier 1969). |
L'essai La Faim du tigre a été écrit pendant une période assez préoccupée de la vie de Barjavel, et aussi en pleine guerre froide qui faisait craindre d'un jour à l'autre un conflit nucléaire définitif. L'auteur, "pessimiste par raison, optimiste par sentiment", laisse ses sentiments prendre le dessus pour cette dédicace, constrastant avec celle de Le diable l'emporte. Il est alors déjà grand-père depuis quelques années, et aura en tout cinq petites-filles et trois petits-fils. | |
Plus célèbre est l'épigraphe du livre : extraite et un peu adaptée du roman de Charles-Louis Philippe (1874-1909) Bubu de Montparnasse, dont le texte exact et plus complet est : Ce n'est rien, Seigneur. C'est une femme, sur un trottoir, qui passe et qui gagne sa vie parce qu'il est bien difficile de faire autrement. Un homme s'arrête et lui parle parce que vous nous avez donné la femme comme un plaisir. Et puis cette femme est Berthe, et puis vous savez le reste. Ce n'est rien. C'est un tigre qui a faim. La faim des tigres ressemble à la faim des agneaux. Vous nous avez donné des nourritures. Je pense que ce tigre est bon puisqu'il aime sa femelle et ses enfants et puisqu'il aime à vivre ? Mais pourquoi faut-il que la faim des tigres ait du sang, quand la faim des agneaux est si douce ? | Charles-Louis Philippe |
Voir
la page "écrit" qui présente cette œuvre.
On sait que l'amitié de René Barjavel et André Cayatte amena ce dernier à demander à l'auteur un scenario
pour un film de "science-fiction" dans lequel on retrouverait un homme sous la glace du pôle. De ce projet, trop
coûteux, allait naître La Nuit des temps, qui doit donc beaucoup à l'impulsion de départ du réalisateur. Les deux amis
feront ensemble le film Les Chemins de Katmandou dont Barjavel tirera son roman en 1969 (voir ci-dessous).
| André Cayatte |
Voir
la page "écrit" qui présente cette œuvre.
La couleur orange est omniprésente dans le bouddhisme himalayen. Les lamas de Katmandou et du Tibet, tout comme
les déïtés qu'ils vénèrent, en sont drapés. La déesse orange n'est pas clairement identifiable, il peut s'agir
d'une statue drapée cérémonieusement de cette couleur que l'auteur a pu voir au Népal où il s'est rendu pour le tournage du film.
On peut aussi penser à la déesse vivante ou « Kumari », qui est une fillette représentant la déesse Taleju, épouse
de Shiva, gardienne de la vallée, et personnification bouddhiste du pouvoir féminin. Elle est choisie parmi des filles du
clan des orfèvres newar, âgées de moins de 8 ans, selon 32 signes distinctifs spécifiques, et est installée dans son palais.
Elle y demeure jusqu'à sa puberté, sans rien faire, ne répondant qu'aux dévots venus lui rendre visite, et n'en sortira que
six fois par an, lors de fêtes religieuses. On ne peut qu'apercevoir, par les fenêtres sculptées, le visage fardé de la
Kumari, son front couvert de rouge, mais il est interdit de la photographier. A sa puberté, la Kumari est libérée et reste
ensuite le plus souvent célibataire, car le mariage avec une ex-Kumari porte malheur...
| Katmandou : temple de la déesse Lakshmi |
Voir
la page "écrit" qui présente cette œuvre.
Journaliste et historien, René Maine avait été après la guerre (1945-1947) rédacteur en chef de l'hebdomadaire Quatre et trois - Les sept jours de l'actualité mondiale
où il accompagna les débuts prometteurs d'Alain Decaux. Spécialiste de l'histoire maritime,
il est en particulier l'auteur d'une colossale Nouvelle Histoire de la Marine.
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Passionné de livres, Jean-Pierre Rudin était déjà libraire à Nice en 1968 lorsque paru La Nuit des
temps, soutenue par l'enthousiasme de Sven Nielsen qui dirigeait les Presses de la Cité. C'est J.P. Rudin qui
présenta in extremis le livre au jury du Prix des Libraires, pour son plus grand succès. Barjavel lui-même
explique cette "péripétie" dans un document présenté dans l'ouvrage Trente ans de découvertes, paru en 1984
(voir ce document).
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Cette épigraphe provient de la strophe XX “I am of Ireland” du long poème Words for Music Perhaps qu'écrivit en 1929 l'Irlandais William Butler Yeats (1865-1939, Prix Nobel de Littérature en 1923) : I am from Ireland poème lui-même inspiré par une chanson du XIVème siècle : Icham of Irlaunde | William Butler Yeats |
La suite du poème est : Shine your light down on me, |
Descends sur moi ta lumière, |
L'intérêt et l'attachement de Barjavel pour l'Irlande et ses traditions ont leur source dans sa rencontre avec Olenka de Veer, qui
lui fit découvrir La Cruche d'or de James Stephens, et avec qui il écrivit Les Dames à la Licorne et Les Jours du Monde.
Cet album de photographies de la célèbre actrice des années 1960, commentées par René Barjavel, ouvre sur une citation du « Petit Prince » de Saint-Exupéry : On ne connaît que les choses que l'on apprivoise. Citation, ou plutôt regroupement de citations, donnant toute sa saveur à la philosophie ainsi exprimée. { en savoir plus } | Le Petit Prince |
Abel Boisselier (1884-1949) était principal du collège Roumanille de Nyons lorsque Barjavel y était élève. Après la mort de Marie Barjavel, le jeune garçon, encouragé par ses professeurs, souhaitait poursuivre ses études, ce que rendait difficile sa situation familiale. Abel Boisselier qui se trouvait en 1925 nommé en poste à Cusset près de Vichy, proposa à son père de l'y emmener en pensionnat, et lui fournit pendant toute sa jeunesse soutien et amitié. Il fut le premier à saluer ses talents littéraires en écrivant dans Le Progrès de l'Allier une critique de sa conférence sur Colette en 1934 : Barjavel, entré sous de favorables auspices dans la carrière du journalisme, vient de faire, à Vichy, ses débuts dans l'art oratoire. Il a pleinement réussi. |
Le collège de Cusset vers 1920 |
Abel Boisselier est décédé en 1949, et le collège de Cusset devint ensuite Lycée professionnel et prit le nom de
Lycée Abel Boisselier, pour quitter les vieux murs être déplacé en 1999 dans d'autres locaux très modernes et prendre alors le nom de Lycée
Valéry Larbaud. Dans l'établissement, un "Local René Barjavel" accueille des réunions, manifestations et expositions.
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Si La Tempête reprend le titre d'une pièce de William Shakespeare, dont elle garde aussi l'atmosphère "bousculée", l'intrigue en est plutôt d'inspiration biblique, car elle peut être considérée comme une adaptation de l'histoire de Judith et Holopherne (Livre de Judith de l'Ancien Testament), dont les héros reprennent les noms (Holopherne modernisé en "Olof"). L'hommage à Shakespeare traduit cependant l'admiration que vouait Barjavel au dramaturge britannique, dont il avait pu admirer les pièces dans plusieurs de ses articles de critiques de théâtre à Carrefour entre 1948 et 1950, en particulier le Jules César adapté à Nîmes par R. Hermantier (voir plus bas) | William Shakespeare |
Bardes, conteurs, troubadours... sont les continuateurs de la tradition orale, qui est bien celle dont se
réclame Barjavel dès sa première œuvre littéraire (conférence sur Colette) et son premier récit, Roland
le chevalier plus fort que le lion qui reprend l'épopée de Turold. Il renforçait cette "filiation" en y rattachant
l'étymologie de son patronyme qu'il faisait dériver du provençal "barjacca" : "bavard" (celui qui raconte),
estimant que ses lointains ancêtres avaient du avoir cette activité ; on verra dans la biographie détaillée que cette étymologie peut être
contestée, et que plus linguistiquement régulière celle de "barjavoun ne manque pas de charme non plus.
| Alan Stivell, un autre barde du XXème siècle... |
Voir la page "écrit" qui présente cette œuvre.
Né à Lyon le 13 janvier 1924, mort le 11 février 2005 à Paris.
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