La Cruche d'or de James STEPHENS
Préface et quatrième de couverture de René BARJAVEL

 

PRÉFACE

  Ce n'est pas souvent, dans toute une vie, qu'on a l'occasion de rencontrer un chef d'oeuvre inconnu. Il semble qu'on ait déjà tout lu, et tout dit sur tout ce qui a été écrit. Or LA CRUCHE D'OR, publiée en 1912, et qui a eu de nombreuses éditions en langue anglaise, était jusqu'à ce jour inédite et ignorée en France. En lisant cette histoire fascinante, vous vous demanderez comment une si longue ignorance a été possible. L'essentiel est qu'elle vienne de prendre fin...
  Ma première lecture de LA CRUCHE D'OR a été pour moi un événement aussi fabuleux que le voyage qui me conduisit dans l'île du lac vierge de Pokarah, au Népal, ou que les quelques secondes de feu ou je vis s'élever vers ciel, à Huston, la fusée qui emportait les premiers hommes vers la lune.
  Ce voyage, vous allez, le faire à votre tour. Réjouissez-vous : c'est un voyage de joie, de cocasserie, de fantastique et d'amitié. Il vous emportera plus loin que la lune : chez vous, chez nous, dans le monde humain, mais tel que nous ne savons plus le voir parce que nous ne savons plus l'aimer.
  Je puis vous dire qui n'aimera pas LA CRUCHE D'OR : les gens tristes incurablement, les gens sans humour, sans poésie et sans tendresse, les gens qui n'ont jamais rêvé de voir. un papillon se poser sur leur main, et leur sourire, ou désiré comprendre ce que se disent les rossignols dans leurs conversations du crépuscule, les gens qui n'ont jamais souhaité de rencontrer au Bois de Boulogne ou dans les couloirs du métro un farfadet, une fée, ou un dieu couronné d'oiseaux. Mais la fée, n'est ce pas la poinçonneuse ?...
  Ne nous trompons pas : LA CRUCHE D'OR n'est pas un conte de fées : c'est une histoire de gens ordinaires et extraordinaires, mélangés dans une vie banale et extravagante. Il y a de pauvres paysans mais aussi les Léprécaunes, une femme acariâtre et un mari obtus, mais aussi des dieux familiers dans le jour et dans la nuit, des enfants et des bêtes, des amoureux, des prisonniers et des policiers.
  C'est une histoire merveilleuse.
  C'est une histoire irlandaise.
  C'est le livre le plus drôle, le plus sage, le plus fou, écrit en Occident depuis un siècle.
  Il comporte un moment d'une grande tristesse : celui où on tourne la dernière page. Car c'est un livre qu'on voudrait ne pas quitter, un livre dans lequel on aimerait vivre.
  Il faut remercier Olenka de Veer. de nous l'avoir révélé. Grâce à son ascendance irlandaise elle a su le traduire en lui gardant toute la saveur de son langage parfois biscornu. Mais surtout elle en est « l'inventeur » au sens que l'on donne à ce mot quand il désigne quelqu'un qui a déterré un coffre plein de pièces d'or oublié sous la terre. Sans elle, le chef d'oeuvre de James Stephens serait resté ignoré du public français pendant peut-être encore un demi siècle, ou plus. Vous conviendrez, quand vous l'aurez, lu, que nous en serions restés plus pauvres. Car LA CRUCHE D'OR mérite son titre : c'est plus qu'un livre, c'est un trésor.

RENÉ BARJAVEL
 


Quatrième de couverture

  Ce n'est pas souvent, dans toute une vie, qu'on a l'occasion de rencontrer un chef d'oeuvre inconnu. La Cruche d'Or, qui a été l'objet de nombreuses éditions en langue anglaise, n'avait jamais été traduite en français. On s'étonnera, après l'avoir lu, qu'une telle ignorance ait été possible.
C'est un livre si riche, si divers, si foisonnant, si savoureux, si précieux, qu'il est impossible de le définir. Le grand écrivain anglais Walter De la Mare écrit à son propos : « Comme beaucoup de grands livres, cette oeuvre a un grain de folie, et déborde de vie et de beauté ! ». Disons que c'est l'histoire d'une cruche pleine d'or qui a été volée et que recherchent, chacun à sa façon, un Philosophe, son épouse la Femme Maigre, leurs deux enfants, et même un quatuor de policiers qui ont peur de l'obscurité... A travers l'Irlande verte et superbe ils vivent des aventures baignées d'un merveilleux humour, où se rencontrent les rétameurs, l'âne et l'araignée, les dieux, les jeunes filles, les amoureux et les sages, tous familiers comme s'ils étaient nos frères.
Cet ouvrage comporte pourtant un moment de grande tristesse : celui où on tourne la dernière page. Car c'est un livre qu'on voudrait ne pas quitter, un livre dans lequel on aimerait vivre.

R. BARJAVEL