Article de René Barjavel dans L'AVANT SCÈNE THÉÂTRE N° 629 - 1er mai 1978 |
Jean Le Poulain est le seul acteur en compagnie de qui je me sente tout-à-fait à l'aise. Un acteur, créature mystérieuse, est à la fois ce qu'il est, ce qu'il paraît, et ce qu'il joue, et il joue tout le temps, même, je crois, en dormant. On ne sait donc jamais, quand on boit un pot avec lui, si on trinque avec Shakespeare ou avec Dupont. Je n'éprouve pas cette inquiétude en face de Jean Le Poulain, car il y a en lui un personnage supplémentaire
qui enveloppe les autres, les digère, les unifie et les rend clairs : celui d'un enfant heureux qui joue.
Il a choisi avec innocence, depuis toujours, la joie, et décidé de la faire partager. Ce peut être, d'ailleurs, aussi
bien la joie du rôle tragique magnifiquement porté à la rencontre du public que celle de là haute voltige du vaudeville.
Je n'oublierai jamais Jean Le Poulain dans le Barabbas
de Ghelderode. Lui ne l'a pas oublié plus.
Nous avions décidé d'en faire un film. Cela ne réussit pas : nous avions vingt ans d'avance sur l'évolution du cinéma... . '
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