Dossier de « Journal d'un homme simple »
Édition Le Tallandier

La littérature et le bonheur


René Barjavel

C'est René Barjavel lui-même qui nous a ouvert la porte de son appartement parisien. Auréolé de cheveux blancs, séduisant, il nous accueille, le photographe et moi, avec sa simplicité et sa gentillesse coutumières. Dans cet appartement tranquille aux murs couverts de livres jusque dans l'entrée, les bruits de la rue parviennent très étouffés. Dans son bureau jonché de dossiers, de grands fauteuils confortables nous tendaient les bras. Nous allions parler du « Journal d'un homme simple », témoignage sur les années 1950, la guerre et l'Occupation mais aussi souvenirs d'une vie personnelle et familiale heureuse jalonnée d'aventures pittoresques. Dans ce livre, au ton volontairement plaisant, il ne s'attarde jamais sur un épisode un peu triste mais le relève au contraire d'une pointe d'humour. Un parti pris.


photo de l'auteur

DES ÉPISODES
PLAISANTS

- Vous parlez « de mensonges roses » dans votre introduction. Que voulez-vous dire par là ?

- J'ai eu dans ce livre deux attitudes différentes : j'ai relaté très fidèlement les événements dont j'ai été le témoin, en m'efforçant de garder un regard aussi objectif que possible. En revanche, toutes les notes que j'avais prises sur ma vie personnelle ont été remaniées. J'ai « fabriqué » une comédie avec les personnages qui composent ma famille. Bien entendu ces personnages sont exacts, mais je ne dis pas tout car certaines choses ne regardent personne, et, de plus, je n'ai voulu raconter que des épisodes plaisants.

 

- Quel était votre but, en écrivant ce journal, à l'époque où vous l'avez commencé ?

- J'étais malade, immobilisé à la campagne, ne sachant plus très bien où j'allais, sans travail. Avant de quitter Paris, j'avais obtenu une avance minuscule d'un jeune éditeur, pour un ouvrage, sur n'importe quel sujet, sauf un roman, car j'avais un contrat avec Denoël. J'ai repris mes notes écrites au jour le jour, et j'en ai fait un livre. Voilà les raisons. Répondre à un engagement matériel et meubler le temps d'une immobilité imposée. Entre « la Charrette bleue » et ce journal, j'ai sauté toute mon adolescence car cette époque-là m'a servi pour un roman intitulé « Tarendol ». « La Charrette bleue » se termine à mon arrivée au collège. A ce moment-là commence la période la plus riche de mon existence, mon passage au collège et une grande histoire d'amour que je ne raconterai jamais, parce que c'est mon trésor personnel et qu'elle m'a ébloui pour le reste de ma vie... Toutes mes héroïnes, par la suite, en ont été des avatars, toutes mes histoires d'amour en portent la trace.

photo de l'auteur
 

- Dès le début, ce « journal » rend compte avec humour des difficultés financières dans lesquelles vous vous débattez. Pourtant, vous étiez bien journaliste depuis quinze ans, romancier depuis sept ans ?

 

UN EMPLOYÉ
SANS SALAIRE

- Oui, mais j'étais journaliste dans des journaux qui ne payaient pas ! J'étais critique de cinéma au « Merle blanc », j'arrachais un petit billet de temps en temps à mon directeur... Et puis, j'étais chef de fabrication chez Denoël. Denoël était le plus merveilleux éditeur du monde ... mais ne payait jamais personne parce que, lui-même, n'avait jamais d'argent. Il réglait ses auteurs mais pas ses employés ! Pendant des années, je n'ai pas su ce que je gagnais : Denoël, le soir, prenait la caisse et donnait quelques sous à chacun. Je n'avais jamais pu m'acheter des meubles. Pour ma femme, c'était dur. Je n'ai vraiment gagné de l'argent que lorsque que j'ai commencé à travailler pour le cinéma.

- Ce qui parait incroyable, c'est le récit de votre « drôle de guerre ». N'avez-vous pas quelque peu « noirci » le tableau ?

 

LA DÉBÂCLE
TOTALE

- Je n'ai lu partout que des récits héroïques disant qu'on avait été trahi... Cela m'a toujours étonné. Moi, c'est la Bérésina que j'ai vue. Je n'ai rien exagéré. Ainsi l'histoire du fourgon qui devait nous servir à ravitailler une division en campagne dans une guerre moderne : il s'agissait de véhicules tirés par des mules, des fourgons à quatre roues. Ce n'étaient même pas ceux de 1914, c'étaient ceux de Napoléon ler ! Le seul officier que nous avions était un officier d'Intendance, il a disparu ; il est monté dans sa voiture et on ne l'a plus revu. Il faut voir dans quel état était l'armée après quatre ou cinq jours - pas de combats ! - de « moulinette ». II n'y avait plus de chefs, plus d'unités, les soldats étaient mélangés aux civils, c'était la débâcle totale. Une nation fondait, la Belgique, et nous étions les petits grumeaux emportés par les eaux de la fonte. Après... Cela a été l'inondation en France.

photo de l'auteur
René Barjavel et ses deux enfants.
 

DANS
HUIT JOURS
JE SERAI LA

- Vous n'aviez donc reçu aucune préparation ?

- II y avait une telle différence entre ce qu'on nous avait dit et ce qui était ! Le jour où on a appris que Hitler entrait en Belgique, tous les soldats se sont dit : « Ça y est, on va lui mettre la raclée ! ». J'ai écrit à ma femme que ce serait bientôt fini et que dans huit jours je serai là. Nous n'avions pas la télévision mais nous avions les actualités cinématographiques. Régulièrement, on nous montrait l'armée allemande dans un état pitoyable. J'ai encore dans les yeux l'image d'une fantassin marchant courbé sur un champ de bataille derrière un char peint sur un panneau ! En revanche, les défilés du 14 juillet nous montraient les plus fiers régiments de l'armée française, des chars qui défilaient, des avions.
Pour René Barjavel et ses camarades, la stupeur est totale et, sans avoir rien compris, sans chefs, sans ordres, ils errent sur les routes, dans les champs, traversent la Seine puis la Loire en évitant Dunkerque.

photo Luc et Lala Joubert
 

LA VOIX DE
PÉTAIN

J'ai une terreur de l'eau ! Je nage très mal. En 1939, chez Denoël, venait de temps en temps une sorte de « clochard » aristocrate auquel Denoël donnait un peu d'argent. Ce garçon faisait de l'astrologie - j'ai toujours cru à l'astrologie mais pas aux astrologues... - Sentant venir la guerre, ne sachant pas de quoi ma femme et mes deux enfants pourraient vivre, je lui demandais de faire mon « thème », pour voir si j'en reviendrais ou non. Sa réponse fut : « Tu n'as rien à craindre mais fais attention à l'eau, il y a un danger d'eau ». - Alors, quand il a été question de Dunkerque, je me suis dit « tout, mais pas la mer ! ». On se nourrissait comme on pouvait, dans les fermes abandonnées, puis la Loire traversée, de nouveau les paysans étaient là, auprès desquels on pouvait trouver de la nourriture. Quand nous entendîmes la voix de Pétain à la radio annonçant l'armistice - je me souviens, c'était la radio d'un camion militaire au bord de la route - ce fut pour tous un immense soulagement. On a eu mal après. Mais sur le moment... On ne savait plus où on allait, où tout cela allait finir - aux Pyrénées ?

Après un séjour dans un camp de regroupement près de Bordeaux, dont il garde un très mauvais souvenir, René Barjavel est envoyé quelque temps dans une vallée pyrénéenne en attendant sa démobilisation. Il rejoint sa famille dans l'Isère mais il n'a plus de travail. Des amis le présentent à un éditeur de Montpellier.

photo Luc et Lala Joubert
Un homme simple. J'ai toujours cru à l'astrologie mais pas aux astrologues.
 

- II possédait le seul quotidien de France, et sans doute du monde, consacré au vin, « La Journée vinicole ». II éditait aussi un tout petit journal, « L'école étudiante » et souhaitait qu'il devienne l'organe de presse de tous les étudiants de la zone libre. Il me l'a confié. Je ne restais que quelques mois mais ce fut formidable. J'ai fait débuter ainsi des hommes de grand talent : Jacques Laurent, François Chalais, Yvan Christ, Raymond Castans...

Avec sa famille, René Barjavel habitait Palavas-les-Flots, simple village de pêcheurs alors submergé par les réfugiés, dont l'accueil fût loin d'être chaleureux. Mais René Barjavel toujours compréhensif n'en garde aucune amertume et n'en parle pas dans son livre.

 

DONNER
DU BONHEUR

- Je ne voulais pas dire de choses déplaisantes, pas trop, c'est pourquoi j'ai volontairement éliminé certains moments que ma famille et moi-même avons vécus.
Je veux donner du bonheur à mes lecteurs. Nous vivons actuellement des temps pénibles, qui vont le devenir de plus en plus. Les années à venir vont nous apporter des épreuves difficiles à traverser et un homme qui exerce mon métier n'a pas le droit d'accabler ses lecteurs mais le devoir de les aider. C'est essentiel. C'est en pensant cela que j'ai accompli mon métier de journaliste, particulièrement ces dernières années. Dans mes livres, même lorsque je décris des catastrophes, je garde un ton d'humour. La joie, c'est très important.

photo Luc et Lala Joubert
Barjavel dans son bureau.
Un homme qui exerce mon métier n'a pas le droit d'accabler ses lecteurs.
 

Le bonheur de s'exprimer, une ironie douce se trouvent tout au long du « Journal d'un homme simple ». René Barjavel ne juge pas, il observe, croque gentiment, épingle avec bonne humeur l'avidité de son crémier et de tant d'autres. « Remonté » vers la capitale sitôt son éditeur Denoël de retour, il vit avec des milliers de Parisiens, la pénurie de l'Occupation.

 

PARIS SANS
VOITURE

- On manquait de tout mais ce n'était pas la misère. On se débrouillait. A ce moment là, j'avais de l'argent car je venais de publier « Ravage ». Je pouvais donc m'offrir des suppléments. S'il avait fallu vivre avec les tickets !... C'était une époque gaie. On rencontrait toujours quelque part un vol de cyclistes, des jeunes filles en groupe avec leurs jupes en corolles, c'était ravissant. Paris était superbe sans voitures. Et puis, à la Libération ce fut l'explosion, on avait attendu les Américains avec une telle impatience, quelle joie des les voir enfin ! Le temps était magnifique, on avait chaud, les rumeurs les plus folles couraient en ville, à chaque instant tout le monde était dehors, il y avait du tricolore partout, les automobiles étaient décorées. C'était follement gai.

 

Reflet d'une époque, le « Journal d'un homme simple » sera pour les historiens futurs un sujet d'étude très révélateur. Mais si c'était à refaire, René Barjavel recommencerait-il ?

 

ÊTRE PRÉSENT
A MA MORT
 
 

- J'aime la vie, je suis un homme heureux mais je crois qu'une vie suffit. Je vois venir le moment de ma mort absolument sans inquiétude, sans peur et avec la plus grande sérénité. Je ne crains qu'une chose c'est de n'être pas présent à ma mort, d'être privé du spectacle, de n'être pas totalement conscient dans ce moment qui doit être fantastique et qui sera le plus grand moment de ma vie.

  - Ne voudriez-vous pas être, de nouveau, écrivain ?

- Ce qu'on fait n'est pas tellement important, ce qui est important c'est de faire ce qu'on aime. Je suis devenu écrivain parce que je n'étais bon à rien d'autre ! Mes grands-parents étaient des paysans extrêmement pauvres et illettrés. Mon père était un ouvrier boulanger devenu patron qui savait tout juste écrire. S'il m'a envoyé au collège c'était pour que je progresse comme lui, pour que je sois facteur ou employé des contributions ou peut-être même instituteur. Mais l'école fut pour moi pendant longtemps une punition perpétuelle ; jusqu'au jour où le professeur de français a lu tout haut mon devoir ... et m'a causé la plus grande surprise de ma vie. Il m'a ouvert une porte. J'avais toujours lu énormément. Je tenais cela de ma mère dont l'avidité pour la lecture était telle qu'elle passait une partie de ses nuits à dévorer des livres. De mon père, m'est venu le goût d'inventer, car il a « imaginé » toute sa vie. Je dois mon métier d'écrivain à cette porte qui m'a été ouverte un jour. J'ai failli être professeur d'Histoire naturelle, mais j'en fus dégoûté à jamais lorsqu'on m'a demandé, pour premier travail, de disséquer une grenouille !

photo Luc et Lala Joubert
Ce qui est important, c'est de faire ce qu'on aime.
photo Luc et Lala Joubert
De mon père m'est venu le goût d'inventer.
photo Luc et Lala Joubert
J'ai failli être professeur d'Histoire naturelle.


 

TANT DE
SURPRISES
NOUS
ATTENDENT

- Ce goût du bonheur, ce besoin de donner la paix, que signifie-t-il selon vous ?

- Mais tout le monde devrait être ainsi ! II est tellement plus simple de vivre en bons rapports avec les autres. C'est une façon de vivre qui peut être contagieuse. On se rend malade, on empoisonne tout en dramatisant. Regardez autour de vous, observez ce qui se passe : je suis persuadé qu'aucun des grands chefs de ce monde ne veut la guerre, c'est impossible ; et pourtant, que font-ils pour empêcher qu'elle survienne ? Nous ne pouvons rien sur les événements, tout nous échappe. Alors, il faut que chacun de nous reste serein, évite d'aggraver le mal. Et puis, et puis... Tant de surprises extraordinaires nous attendent, tant de bouleversements. Je suis aussi un auteur de science-fiction, mais qu'est-ce que la science-fiction ? Une extrapolation de choses qu'on connaît, qui existent déjà. Ce qu'avait fait Jules Vernes. Ce que j'ai fait. Mais ce sont toujours des choses nouvelles, inattendues qui arrivent vraiment. Pour moi, l'homme est au commencement de son histoire, nous en sommes à peine à Cro-Magnon. Ce qui va se passer d'ici trente ans, les perspectives qui vont s'ouvrir seront fantastiques. C'est la seule chose qui me fasse regretter d'avoir soixante-dix ans. J'aurais aimé voir.

Propos recueillis par Chantal De Pinsun.


 



 

Le courage
et la lucidité

Un homme simple, René Barjavel ? Oui, si l'on entend par là qu'il a des goûts modestes, qu'il n'est pas éperdu d'ambition, qu'il ne se laisse pas gagner par les snobismes, qu'il sait résister à tous les entraînements du moment. Mais cette simplicité, est-il si simple de la préserver dans le monde que nous connaissons ? Elle exige courage et lucidité, indépendance et persévérance. Une âme chaleureuse aussi, et la pureté de l'enfance.

C'est parce que rien de tout cela, à des degrés divers, ne lui manque, que René Barjavel a su demeurer cet homme simple que nous connaissons et que nous écoutons nous parler à travers les pages de son Journal. Avec humour et sensibilité, indignation parfois, il nous entretient de ce que lui dicte le temps qui passe et, lorsqu'il est témoin d'événements historiques, comme la libéra- tion de Paris, il les rapporte avec autant de naturel qu'il en met à nous conter ses vacances familiales à Collioures ou ses soucis pour mieux aménager son étroit logement.

Une corrida (spectacle horrible !) provoque un jour sa colère, à lui qui n'a jamais tué le moindre gibier ni pêche plus de deux gardons ! Une vraie philippique ! C'est que cet « homme simple » est fùrt capable de véhémence, mais il n'y cède qu'à l'instant où est mise à vif sa sensibilité.

Il est aussi capable de grands élans. Lisez attentivement ses réflexions sur l'homme et la destinée humaine. C'est un bel acte de foi, d'espérance et d'amour. Non qu'il soit aveugle aux dangers qui nous menacent : « Je ne vois, écrit-il, que l'horizon qui flam- boie et la bêtise qui poudroie ». Mais, il n 'en proclame pas moins que la vie est belle et que l'harmonie de l'univers le rassérène.

André BOURIN




 

Un passé pas si simple pour le
« Journal d'un homme simple »

« Ne pas oublier d'aller, une nouvelle fois, à la rencontre de BarJavel ». C'était devenu notre leitmotiv. Son « Journal d'un homme simple », grâce à son titre, semble annoncer la couleur. Semble seulement. Enfoncez-vous bien ça dans la tête, c'est faux. On pensait avoir trouvé ici de la simplicité, et on en a rudement besoin après les fantasmes de la « culture » assénée à haute dose par la télé de nos jours.

Que non, Barjavel étant un être pétri de sensibilité, ne pouvait être simple. Son écriture coule comme une source à peine éclose, oui, mais ses sentiments, ses ressentiments éclatent soit comme des bulles de rosée, soit comme des gouttes de fiel.

Journal d'un homme simple ? Plutôt récitation. Il conte sa vie, qu'il démarre à vitesse grand V, chichement, pauvrement, accueillant en son logis chaque petite joie à sa manière, comme un malade attend le médicament miracle. Récit peut-être parfois naïf, frais (...).

Barjavel avec une certaine nostalgie évoque les dernières années d'avant 40, celles où l'on croyait encore à « tout est possible », celles d'un temps à Jamais révolu, ou le monde cependant retenait son souffle ne voulant pas disparaître, ne voulant pas abandonner un passé simple, sursautant à l'approche de sa mort.

Ce Journal est fait de petites touches, de tâtonnements de l'adolescence, de recherche, en réalité, d'une personnalité. Barjavel était très jeune, et n 'avait pas encore pris le chemin du succès tracé par sa « charrette bleue ».



Ne nous leurrons pas. Nous assistons ici à l'éclosion non seulement d'un poète, plutôt d'un écrivain plein d'humour et de tendresse.

- « Je n'ai rien à regretter, dit-il, sauf ma jeunesse. Pourquoi toujours regretter sa Jeunesse ? On est plus élastique, bien sûr, plus dur, et plus souple des muscles, plus tendre de sentiments. Mais on est souvent très bête. On croit le devenir, moins en prenant de l'âge. Ce n 'est pas certain ».

Pour notre part, ce que nous avons le plus épluché dans ce livre c'est l'évocation de la fin de l'occupation de Paris. Vous n'y trouverez pas des phrases grandiloquentes, ici la Résistance ne revêt pas son halo d'héroïsme, Barjavel évite aussi le mot collaboration.



Il est simplement un spectateur vivant dans un état second ce qui sera une page d'histoire.

19 août 1944 : toute la nuit le ciel a été teint de rouge à l'horizon. Je crois que c'est le Bourget qui brûle.
- « J'ai touché un oeuf le seul depuis un mois et demi.
- « Coup de feu dans le quartier. J'entends siffler une balle ».
- « Des affiches signées de députés communistes de Paris appellent le peuple à l'insurrection. C'est une marche fatale de l'Histoire ».

Amertume dans cette constatation ? Ironie ?

- « Si les Français entrent les premiers dans Paris, les Parisiens seront déçus. Ce sont les Américains qu'ils désirent, qu'ils veulent. »

Jeudi 24 août :

- « J'ai appris hier soir avec étonnement, et tous les Parisiens accrochés à leur radio pendant la demi-heure d'électricité, ont dû éprouver la même stupéfaction que moi, que Paris était libéré ».

Si nous vous citons ces phrases c'est qu'elles contiennent en elles de la provocation. Elles ouvrent la porte sur notre malaise. Car, avouons-le, on n'aime pas être malmenés nous autres par des mots. Il n'y a pas de mise en accusation des ennemis d'alors dans ce journal. Cela est un paradoxe car en évoquant les années 40 Barjavel s'adresse à un public d'un âge certain qui n'a pas forcément la mémoire courte.

Mauricette THEVENOT





Dernière modification : 10 mars 2001