Article-Interview de René Barjavel
dans la revue Nostra Magazine
l'hebdomadaire de l'actualité mystérieuse
N° 31 du 22 au 28 mars 1978
 
 
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Au sommaire de ce numéro, citons, entre autres articles :


Le texte ci-après est la retranscription intégrale de l'article, qu'accompagne la photographie d'origine (source : AFP).


AVENIR
René BARJAVEL fait appel
à l'astrologie pour prédire
"LE SURHOMME
EST POUR DEMAIN"
René Barjavel
(photographie AFP)

L'HUMANITE aborde une fantastique croisée des chemins. C'est la conviction, l'idée-force, la pensée inlassablement exprimée de René Barjavel. Il la développe avec plus de conviction que jamais dans son dernier livre dont le titre est déjà une mise en garde en même temps qu'un message d'espoir : Lettre ouverte aux vivants qui veulent le rester (1)

II l'a reprise dans une interview qu'il a bien voulu nous accorder, à Nice où il était venu prononcer une conférence devant le « Centre Universitaire Méditerranéen ».

- Je crois, dit-il, que nous sommes programmés au départ pour aller dans une certaine direction. Ceci implique que, si nous rencontrons des obstacles, nous allons buter dessus.

« Alors nous allons apprendre à passer à côté. Et, si nous nous cassons la figure, d'autres prendront le relai. J'ai une immense confiance dans l'homme et dans son avenir ».

Si immense, en effet, qu'il va jusqu'à déclarer :

- « Je crois, dit-il, que nous c'est pour demain.

Est-il donc le penseur le plus optimiste de son temps ? Il s'en défend et nous révèle, du même coup, ce qu'il y a de complexe dans la manière d'appréhender ces questions :

- Je suis au départ foncièrement pessimiste. Et puis, par raisonnement sentimental, je me découvre optimiste. Je ne peux pas croire qu'un être qui dispose d'un cerveau comme celui de l'homme, qui est capable de concevoir l'infini, non, je ne peux pas croire que cet être-là soit appelé à disparaître.

Pourtant notre « paradis terrestre » est menacé. C'est d'ailleurs un des thèmes abordés dans la « Lettre ouverte ». Le nucléaire le menace. Mais il existe, pour Barjavel, une solution : pratiquer des forages pour capter l'énergie géothermique, qui est propre, gratuite et inépuisable.

- Techniquement parlant, dit-il, c'est plus facile que d'aller dans la lune. Et c'est infiniment moins dangereux que de « faire joujou » avec le plutonium.

Car le plus grand danger pour lui reste « la chose nucléaire ». Parlant des savants et techniciens qui lui consacrent leurs efforts il déclare :

- Ce sont des gens très bien, des lumières dans leur domaine. Mais tellement sûrs des mérites de leur spécialité qu'ils n'ont plus la vue d'ensemble qui leur serait nécessaire.

Mais revenons à cette question du « surhomme ». Voici comme il prédit son apparition :

- C'est l'évolution de l'espèce tout entière que j'envisage. Mais il faudra peut-être qu'intervienne quelque chambardement atomique qui provoquera les mutations attendues.

Et de préciser :

- N'oublions jamais que tout va très vite. Quand, il y a 20 ans, on parlait des voyages interstellaires, la science affirmait que la chose était impossible puisqu'on ne peut dépasser la vitesse de la lumière. La théorie de la relativité voulait qu'un seul objet, fût-il gros comme un petit pois, se mettrait à acquérir une masse infinie s'il lui arrivait, soudain, de dépasser cette vitesse de la lumière. Et que tout l'univers viendrait se contracter autour de lui. On a découvert, depuis, des corps célestes qui réalisent bel et bien cet exploit de se déplacer plus vite que la lumière... En somme Einstein avait raison, certes, mais jusqu'à un certain point seulement.

Mais pourquoi penser que les grandes mutations sont promises à notre époque plutôt qu'à n'importe quelle autre ? Sur quoi se fondent pareilles prophéties ?

- Je réponds à cela comme si j'étais astrologue, dit René Barjavel. Les vrais astrologues sont actuellement bouleversés par le dessin des étoiles dans les dix années à venir. Il va se produire une conjonction de planètes comme jamais encore il ne s'en est produit dans l'histoire des hommes. Un ordinateur a cherché à quelle époque une semblable conjonction s'était produite dans le passé. C'était il y a 5 millions d'années. Elle marquait peut-être la date à laquelle le premier quadrupède s'est dressé sur ses « pattes arrière », ouvrant la souche des hominiens. De là à conclure que la nouvelle conjonction annonce l'apparition du surhomme il n'y a peut-être pas loin.

René Barjavel dit encore :

- La science-fiction c'est pour moi de la logique. Dans Ravage, que j'ai écrit en 1943, je présentais une société sur-mécanisée qui se voyait, soudain, privée d'énergie. C'était, alors, une hypothèse absurde. Or la réalité a dépassé la fiction...

Jacques LEGAL

(1) Albin Michel, Ed.