L'affiche du film
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Tourné entre le 22 septembre et le 30 novembre 1954 et sorti en France le 23 février 1955 dans quatre grandes salles parisiennes (Balzac, Helder, Scala et Vivienne), ce film de Robert Darène
est un adaptation du livre éponyme de Boris Simon.
Ce livre est présenté comme un "roman", mais il s'agit plutôt d'un récit (on dirait à présent roman vrai, car les faits rapportés sont, sur le fond,
authentiques. N'est "romancé" que le traitement des personnages qui, pour des raisons de discrétion vis-à-vis de
personnages réels, sont adaptés de manière synthétique, l'auteur ayant donné à quelques-uns de ses personnages fictifs
des traits de caractères et des anecdotes d'événements appartenant à plusieurs autres bien réels.
Le scénario, de R. Darène et René Barjavel, reprend fidèlement le fil du récit, et les dialogues de Barjavel donnent leur force
aux scènes quelquefois purement descriptives dans le texte. De plus, Barjavel y a intégré des chansons, mises en musique par
Joseph Kosma et que présente ma page
( consacrée aux chansons), dont
{ "Le Ciel de chez moi" }, magnifique poème dont l'inspiration est sans nulle doute personnelle pour l'auteur.
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Le début du film |
À propos de Boris SIMON
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Auteur principalement de romans d'aventures destinés à le jeunesse, et plus particulièrement d'esprit "scout", Boris
Simon était le frère de Louis Simon, rédacteur en chef de la revue des Scouts de France et lui-même écrivain. D'origine
russe (de son nom d'origine Gontcharov), il est né en France en 1913, et décédé en avril 1972.
Le livre Les Chiffonniers d'Emmaüs fut écrit en 1953-54 à la suite d'un séjour actif que fit l'auteur dans les
Communautés Emmaüs créées par l'abbé Henri Goues, dit L'Abbé Pierre au début des années 1950. L'Abbé
Pierre lui-même participa à la rédaction du livre, tout au moins à ses révisions avant son édition, et le dota d'une
lettre-préface chaleureuse. Publié aux éditions du Seuil en 1954, juste après l'Appel de l'Abbé Pierre en faveur des Sans-Logis du 1er
février, et traduit presqu'immédiatement en plusieurs langues, il fut suivi l'année suivante d'un second tome, bien
moins connu, « Le Poids des Autres ».
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Le mouvement Emmaüs ayant eu dès 1954 un retentissement international, le premier "roman" fut presque immédiatement
traduit en plusieurs langues : en anglais : Abbe Pierre and the Ragpickers (Harvill Press, Londres, 1955) et
(USA) : The Ragpicker Of Emmaus (PJ Kenedy and Sons, New York, 1955) »;
en allemand : Abbé Pierre und die Lumpensammler von Emmaus (Freiburg im Breisgau: Herder, 1958)
; en italien : I compagni di Emmaus (S.A.I.E., Torino, 1953-54) ; en flamand : De voddenrapers van
Emmaus (Utrecht).
Le Poids des autres le fut aussi quelques années après : Ragman's City (Harvill Press London 1957 et Coward McCann, New York, 1957),
Die Last der Anderen - Abbé Pierre im Kampf für die Liebe (F.H. Kerle Verlag, 1956)
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Le film fut tourné en partie pendant la rédaction du second livre, qui évoque d'ailleurs sa préparation et des
séquences du tournage. De plus certaines scènes du film sont inspirées de faits rapportés dans cette "suite", en
particulier celle du chanteur des rues offrant le fruit de sa quête à l'Abbé.
Réédité ensuite chez le même éditeur dans la collection d'inspiration religieuse « Le livre de vie » en 1971, complété d'un nouvelle lettre-préface de l'Abbé Pierre et d'annexes
présentant un résumé du déeloppement des Communautés Emmaüs depuis 1955, un tableau d'ensemble du mouvement dans le monde
et une documentation : livres, revues et audiovisuels consacrés au mouvement.
Épuisé depuis, le livre est enfin réédité en février 2004 à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'Appel de l'Abbé Pierre
à l'initiative de Madame Isabelle Simon, fille de l'écrivain, aux éditions Michalon (18 rue du Dragon à Paris) ;
. Cette édition présente une nouvelle préface écrite spécialement par l'Abbé Pierre.
Pour en savoir plus sur Boris Simon écrivain, on pourra voir [ cette
page : http://www.signe-de-piste.com/page419.html ]
L'Abbé Pierre et le mouvement Emmaüs
L'Abbé Pierre présente le film de R. Darène.
{ lire } et
Écouter
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On ne présente plus l'Abbé Pierre ! Personnalité la plus aimée des Français depuis
de nombreuses années et encore célébré à la télévision le 10 janvier 2004 dans l'émission "Les Français de cœur" sur ,
son nom restera à jamais marqué dans le souvenir de l'action humanitaire la plus généreuse depuis la création de la première
communauté à Neuilly-Plaisance en 1949 et l'Appel
du 1er février sur Radio-Luxembourg qui fut suivi d'une vague de générosité populaire, toutes classes sociales
confondues, que l'on appela « L'insurrection de la bonté », et qui entraîna un mouvement de
réformes législatives en faveurs des sans-logis.
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L'Abbé Pierre à la télévision le 10 janvier 2004 |
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La maison de la première Communauté Emmaüs à Neuilly-Plaisance | | Plaque commémorative |
(photos G.M.Loup - 2004) |
Pour les amateurs de livres anciens dont je suis, les boutiques Emmaüs sont des mines où le plaisir de la découverte de titres parfois oubliés s'accompagne de la
motivation de la "bonne action" puisque les ventes sont gérées par et pour le bénéfice des Compagnons eux-mêmes...
On pourra en savoir plus en visitant les sites de l'Association Emmaüs, en particulier
[ http://www.emmaus.asso.fr/ ] et les nombreux sites
des délégations régionales, ainsi que celui de l'Association Emmaüs International [ http://www.emmaus-international.org ]
qui fournit une abondante [ bibliographie ].
À propos de Robert DARÈNE
Né le 10 janvier 1954, il fut d'abord acteur dans Le Schpountz (1938), Brazza ou l'épopée du Congo (1940), Le Moulin des
Andes (1945), Bethsabée (1947) et La Route inconnue (1948). Il réalisa son premier film, avec René Barjavel, en 1951 :
Saint-Louis, ange de la paix, court métrage documentaire historique où Gérard Philipe tient le rôle du récitant.
Puis il réalisa huit autres films : Le Chevalier de la nuit (1954), Les Chiffonniers d'Emmaüs (1955), Goubbiah, mon
amour (1956), La Bigorne, caporal de France (1958), Mimi Pinson (1958), Houla-houla (1959), Il suffit d'aimer (1960), et La Cage (1962).
Sa collaboration avec René Barjavel comme scénariste porte aussi sur Goubbiah mon amour (avec Jean Marais).
Si vous n'avez pas vu le film...
Bien après sa diffusion en salle, le film fut édité en cassette VHS par René Chateau qui en acquis les droits pour sa
collection "La mémoire du cinéma français". Mais cette cassette est maintenant indisponible dans le commerce (on peut l'emprunter dans quelques médiathèques de prêt, dont celle de Nyons)
et une réédition en DVD ne semble pas encore prévue.
En avril 1970 le film fut diffusé à la télévision dans le cadre de l'émission « Les Dossiers de
l'Écran », suivie de débats auxquels participèrent l'Abbé Pierre, Robert Buron (ancien ministre), P.M. de la
Gorce (auteur de La France Pauvre) et Gérard Marin, co-auteur de La Grande Aventure d'Emmaüs.
En 1955, la sortie de
la plupart des films était accompagnée de l'édition de revues spécialisées qui les présentaient
avec un résumé du scenario complété de photographies de quelques scènes. Les Chiffonniers d'Emmaüs fut ainsi présenté
dans « Mon Film », numéro 477 du 12 octobre 1955, en pages centrales, dont on pourra voir
la transcription ici.
La revue TÉLÉ-CINÉ, consacrée à l'analyse de films sous forme de "fiches", l'a présenté en mars 1955 dans son
numéro 46 dont on pourra lire la retranscription intégrale.
Seize ans après... René Barjavel a revu Les Chiffonniers...
La diffusion du film aux « Dossiers de l'Écran » a bien sûr été suivie par René Barjavel, alors rédacteur de la
chronique de télévision au Journal du Dimanche. Il en a fait le sujet d'une partie de son article du 12 avril
1970, que l'on pourra lire avec émotion (ici).
Barjavel et Charles Moulin : une amitié au départ d'Emmaüs
Au tout début de 1977, à l'occasion de ???
Barjavel présenta son ami Charles Moulin qui avait joué le rôle de Kangourou dans le film. Ce fut l'occasion pour lui de
témoigner de la naissance d'une amitié que les 23 années écoulées n'avaient en rien entamée.
Lire cet article.
Un autre film...
En 1989 fut réalisé le film « Hiver 54, l'abbé Pierre » par Denis Amar.
Le scenario et les dialogue de Marie Devort restent concentrés sur cet épisode essentiel de l'aventure d'Emmaüs,
et le film réunit une équipe d'acteurs prestigieux pour rendre hommage à l'Abbé Pierre et à son Appel de février
1954 : Lambert Wilson (L'abbé Pierre), Claudia Cardinale (Hélène), Robert Hirsch (Raoul), Bernie Bonvoisin
(Castaing), Isabelle Petit-Jacques (Mlle Coutaz), Stéphane Butet (Jean)...
Lambert Wilson obtint le Prix Jean Gabin, et Robert Hirsch reçut le César du meilleur second rôle masculin en 1990.
Différence essentielle avec le film de Robert Darène : point d'"adaptation" portant sur les personnes, seuls les
faits "historiques" y sont rapportés. Mais le film de 1955 garde, malgré (ou grâce à) son ancienneté qui rendent
quelques peu "vieillis" certains effets, une indéniable authenticité qu'il doit aussi au fait qu'il fut écrit
et tourné avec la participation des personnes concernées car, même si des acteurs professionnels ont donné corps
aux personnages romancés, l'inspiration était bien directe et certaines scènes furent tournés sur les lieux-même et en
présence des Compagnons.
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Pour en savoir plus sur « Hiver 54, l'abbé Pierre » :
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