Mes chers Amis,

D'habitude au premier janvier, on commence par souhaiter à ses proches une bonne santé, puis de la fortune, puis on attend innocement l'étrenne qui ne peut manquer de venir récompenser d'aussi honorables sentiments. Enfin, on se bise un peu et tout est fini jusqu'à l'année prochaine. [...]
Moi, je vais simplement aujourd'hui, vous donner un conseil. Je vous le donne en souriant, parce que vous ne le prendrez pas au sérieux, et c'est dommage. Un petit conseil qui n'a l'air de rien, et qui contient pourtant le secret du seul bonheur possible.

Quel plaisir pour cette troisième année consécutive que de vous adresser, au nom de tous mes collaborateurs, mes voeux les plus sincères de santé, de prospérité et de bonheur pour vous et vos proches alors que nous entamons maintenant à grande allure ce troisième millénaire.
Quel plaisir aussi de rappeller à votre attention bienveillante au cours de cette lettre mensuelle la richesse de l'oeuvre de Barjavel, qui nous livrait en ce début de janvier 1934 un secret toujours valable pour bien débuter une année qui aura à n'en pas douter son lot de croche-pattes et d'anicroches.
Mais avant cette bouffée d'air pur en cet hiver pluvieux, même à Nyons, quelques nouvelles du site.
Quelle course pour boucler la page qui aurait fait un cadeau de Noël merveilleux ! Mais entre des recherches, à la Bibliothèque Nationale et quelques autres, et les fêtes de fin d'année, je me suis senti, tel Saint-Menoux, comme happé par la folle calvacade du temps, et à peine le temps de cligner des yeux, nous voilà déjà l'an prochain. Ma lettre de décembre qui devait annoncer la nouvelle "page écrit" n'a donc pu être préparée à temps. Et le sujet est si proche de cette citation qu'il était difficile de les séparer. Cette nouvelle page méritait bien que l'on languisse pour elle, car elle fait partie des rares trésors que les plus fervents amateurs de l'auteur apprécieront à sa juste valeur : une oeuvre inédite, un texte qui a déserté les bibliothèques les plus fournies, une rareté dont même le titre paraît étranger. Il s'agit de « Colette à la recherche de l'Amour », que vous avez peut-être croisé dans la bibliographie, mais que je vous offre maintenant en gros plan, avec détails et extraits et toutes les précisions qu'une "page écrit" du Barjaweb offre à ses visiteurs. Vous pourrez vous familiariser avec ce texte, dont je gage que peu d'entre vous connaissent, à l'adresse qui suit; mais ne cliquez pas sans retenir votre respiration ! car il ne reste plus beaucoup de tels textes vierges de Barjavel que vous découvrirez pour la première fois, en amateurs férus que vous êtes :

http://barjaweb.free.fr/SITE/ecrits/colette/colette.html

Il s'agit du tout premier texte édité de l'auteur, tiré d'une conférence analysant le thème de l'Amour chez cet auteur hors du commun : Colette.

Sans promettre d'autres mises au jour de cette ampleur, mes résolutions pour cette année sont très ambitieuses. Sur le contenu, d'abord, avec de nouvelles "pages écrits" sur des oeuvres maîtresses telles que le Grand Secret ou, dans la continuité de ce qui existe déjà, le Diable l'emporte, mais aussi les poétiques Colomb de la lune ou Une Rose au paradis, les prophétiques Si j'Etais Dieu et la Lettre ouverte aux vivants ou encore ses contes et nouvelles, et peut-être aussi son roman policier.
Sur un plan plus technique enfin, avec un projet d'amélioration du visuel du site - sans que cela prenne le pas sur le contenu - et le soin des visiteurs avec une interactivité accrue et un pas en avant dans le multimédia. Sans oublier les multiples activités connexes, dont la Journée Barjavel 2003 reste le point culminant. Ce sera une année fertile, riche, passionante que nous traverserons ensemble, en compagnie de l'auteur.

Quant à ce secret que nous promettait l'Enchanteur et que vous m'excuserez d'avoir interrompu, je vous le livre en entier. Cette lettre en est plus abondante que d'habitude, mais après lecture et relecture, je n'ai rien trouvé à y soustraire sans en déprécier le contenu. J'en continue donc la divulgation complète, lisez-le et surtout, partagez-le, c'est un secret à ne pas garder ! C'est dans un de ses premiers articles du Progrès de l'Allier que le jeune journaliste Barjavel nous le confiait le 1er janvier 1934, articles dont la redécouverte ne manque pas de saveur :

Le secret du seul bonheur possible.
L'homme est malheureux parce qu'il a toujours en son coeur quelque haine, quelque envie, quelque amertume. Chassez tout cela de vous, faites-en une bonne lessive et recommencez à aimer comme si vous veniez de naître.
Aimez tout, aimez l'air comme si on venait de vous sauver de la noyade, aimez la lumière comme un aveugle à qui on rend le jour, aimez le froid quand il neige, aimez cuire au mois de juillet.
Aimez de toutes vos forces, aimez la vie même si elle vous fait grise-mine, trouvez-la d'autant plus belle qu'il faut vous battre davantage pour elle. Vous verrez qu'à ce moment-là, elle aussi vous aimera mieux.
Vous êtes entourés de choses merveilleuses que vous ne voyez plus parce que vous les voyez trop. Aimez le caillou et la poussière de la route, aimez même sa boue. Si vous la détestez, cela ne l'empèchera pas d'exister et de vous salir. Aimez surtout le ciel bleu et le soleil, mais aimez aussi le ciel gris et la pluie.
Et puis si vous n'êtes pas seul, si vous avez quelqu'un dans votre vie, une femme, une maman, un petit, aimez-le par dessus tout. Oubliez-vous complètement, ne pensez qu'à son plaisir, qu'à son bonheur. Que votre existence n'ait qu'un but ; tout faire pour qu'il soit heureux. Alors, vous adorerez chacun de ses gestes, trouverez bien tout ce qu'il fait et un sourire de lui, une parole de contentement vous empliront d'un bonheur indicible.
Et s'il ne vous aime pas, s'il est ingrat ou méchant, dites-vous que vous êtes le mieux partagé des deux, car ce qui est bon surtout, ce n'est pas d'être aimé, mais d'aimer.

 

Bonne Année à toutes et tous !

Pary sur Arche, le 5 janvier 2003

   G.M. Loup.

P.S. : je vous propose en exclusivité l'intégralité de cet article sur la page :

http://barjaweb.free.fr/SITE/ecrits/articles/art_progv.php?jour=010134