Lien vers la lettre de mars 2003 : ma correspondance
 

Mes chers Amis,

Créateur d'univers dans ses romans de science-fiction et aussi dans ses récits merveilleux, René Barjavel s'est également attaché à refaire le monde, notre monde, d'une manière littéraire et amusante mais avec peut-être plus de sérieux qu'il n'y parait au premier abord, dans son essai (le mot convient parfaitement !) "Si j'étais Dieu". L'auteur raconte dans son interview de 1977 pour l'émission « L'homme en question »:

Par exemple j'ai inventé huit nouvelles façons de faire les enfants parce que je trouve que la solution actuelle n'est pas très satisfaisante pour la femme...
J'ai refait l'homme, je lui ai ajouté des ailes, je lui ai donné des sens qu'il n'avait pas, j'ai fait une France ronde et qui pivote pour que ce ne soient pas toujours les mêmes qui habitent sur la Côte d'Azur... enfin, je me suis bien amusé. Mais, tout en m'amusant, je crois que j'ai effleuré des choses importantes.

Ce petit texte, qu'il était devenu difficile de trouver jusqu'à la parution du troisième recueil Omnibus ("Demain le paradis") il y a maintenant trois ans, a éveillé en 1998 la créativité d'une compagnie théâtrale du Midi de la France, Le Grand Roque. Son responsable, Thierry Almon, a créé cet été-là au festival de Carcassonne, puis en Avignon, le spectacle « Dikè ou le rêve du fou ». J'en avais trouvé la trace au cours de mes recherches, mais désespérais de pouvoir en savoir plus.
Et pourtant ! Ce spectacle est à présent à l'affiche à Paris depuis le 20 janvier, jusqu'au 7 mars !
Je me devais bien évidemment d'y assister, et je ne peux que le recommander aux amateurs de l'auteur qui habitent en région parisienne ou qui viendraient à s'y rendre en ce début d'année. Il faut y trouver le petit théâtre Aktéon (11 rue du Général Blaise dans le onzième arrondissement), où, trois fois par semaine (les lundi, mercredi et vendredi à 21 heures 30), Thierry Almon entre en scène, ou plutôt se matérialise sur la scène où ses rôles quasi simultanés le font plonger dans le texte de Barjavel qui constitue le corps du spectacle. « Plume d'ange » de Claude Nougaro sert de prologue, et la conclusion prend son envol avec l'épilogue de « Jonathan Livingston le Goéland » de Richard Bach. Thierry Almon a choisi ces auteurs pour leur affinité de sensibilité, et a assemblé les trois textes avec une cohérence et des résonances parfois inattendues.
Les éclairages de scène, sobres et pointus (au sens propre), font élargir le champ de vision dans l'esprit des spectateurs, auquel Dikè s'adresse peut-être davantage qu'à leur simple regard.
Et puis... les pointes d'humour du texte de Barjavel ne manquent pas, et provoquent l'amusement dans le public, les rires de spectatrices d'âge mûr, et des autres, car on ne rit bien que de soi-même...

Je n'en dis pas plus... et j'ai déjà trop tardé à vous écrire la présente lettre... Vous pourrez prendre connaissance du spectacle avant d'y assister en visitant le site de la compagnie (à partir de la page : http://www.chez.com/grandroque/acceuil.html) et voir les critiques d'invités au Festival d'Avignon en 1998 (http://msql.passion-theatre.org/spectacles/pagesspectacles/FICHE_1580.html)

Mais rien ne remplace la représentation elle-même : allez-y, j'y retourne ce soir... et une page consacrée à ce spectacle verra bientôt le jour sur le barjaweb, car je compte bien recueillir les témoignages de l'artiste lui-même. La page se prépare à l'adresse :

http://barjaweb.free.fr/SITE/ecrits/dieu/dike/index.html.

Et ceux qui ne sont pas parisiens auront peut-être la chance de le voir cet été dans le Midi, et, qui sait, à Nyons à l'occasion de la Journée Barjavel 2003 le 23 août...

Chut... l'obscurité totale a rempli la salle... le public retient son souffle... une plume d'une blancheur éclatante va jaillir...

Pary sur Arche, le 12 février 2003

   G.M. Loup.