Amen dico vobis, quia nemo propheta acceptus est in patria sua.*

« Mon père réfléchit un instant, et répondit :
— Oh ! II sera jamais curé, il a pas besoin de faire du latin... »

- La différence entre Nyons et le paradis, c'est qu'à Nyons on est bien vivant...
 

Mes chers Amis,

Fin de l'été... année paire... on le devine : les 19 et 20 août derniers ont vu se dérouler les Journées Barjavel 2006 qu'annonçaient mes précédentes lettres.
À Nyons, ville natale de René Barjavel, et qui en a gardé quelques souvenirs, peut-être un peu abstraits pour les Nyonsais de 2006. C'est sans doute pourquoi l'assiduité (si j'ose employer ce terme scolaire) à cet événement et ses animations a été mitigée.

Mais je vous invite sans plus tarder à en découvrir le compte-rendu maintenant mis en place sur la page

On y verra l'élégant feuillet-programme qu'avait élaboré le Service Communication de la Mairie, diffusé début août et que j'ai découvert à mon arrivée. Il m'a d'abord plongé dans une certaine perplexité... Barjavel aurait-il écrit Cinéma Total en latin ? Car le fond de ce feuillet, au recto, évoque davantage la langue de Cicéron que les analyses et anticipations si savoureuses que fait notre auteur dans cet essai visionnaire dont des extraits auraient magnifiquement eu leur place à cet endroit. Mais non, comme lui-même le raconte dans La Charrette bleue, il n'a nullement appris le latin au collège, et j'ai rapidement trouvé l'explication de cette prose hermétique - qui est bien originellement de Cicéron(**)... Elle constitue le pseudo-texte normalisé et utilisé depuis le XVIème siècle pour élaborer les maquettes de documents imprimés en attendant le texte définitif. “Lorem ipsum dolor sit amet...”, ou, dans le jargon de certains spécialistes “bolobolo”; il est en règle générale remplacé lors de l'épreuve finale par le vrai texte(***).
Envoi un peu précipité à l'impression ? Effet de "dicté mais non relu" ?... Peu importe finalement, le programme lui-même était clairement exposé.

Les animations traditionnelles étaient bien là : la promenade sur le circuit Barjavel et Patrimoine guidée par M. Laget, et le marché aux livres anciens sur la place des Arcades nouvellement décorée et surtout dallée ont permis d'aller à la découvere tout en exerçant jambes et esprits. L'ouverture exceptionnelle de l'ancien fournil Achard-Barjavel, rue Jean-Pierre André, a été agrémentée de lectures proposées par la Médiathèque en rapport avec le thème de l'année (“La mort de Bourvil” extrait des Années de la Lune [article du 27/09/1970]), et avec le lieu (passage de La Charrette bleue décrivant l'enfance de l'auteur dans la boulangerie... de la rue Gambetta, ce qui a pu induire une petite confusion dont s'est fait l'écho le reportage retranscrit dans la revue de presse...)
La fièvre du samedi soir a rassemblé un public nombreux devant le cinéma L'Arlequin où l'Association des Vignerons offrait un sympathique apéritif avant la projection, dans la salle principale de 200 places, du Mouton à cinq pattes, séance offerte par la municipalité et qui a permis de voir, ou de revoir, sur grand écran, un monument du cinéma français, Fernandel, dans un sextuple rôle sur mesure, avec des dialogues de René Barjavel. L'occasion idéale pour étoffer la section « films » du barjaweb d'une page consacrée à cette œuvre avec, pour ceux qui veulent en découvrir l'intrigue, le résumé complet retranscrit d'un document de l'époque.
De quoi mettre en appétit la curiosité du public pour ce qui est des autres contributions de Barjavel au septième Art, approfondissements présentés le lendemain au Café Littéraire.
Le public nyonsais a, semble-t-il, vu son intérêt fléchir : l'assistance assez restreinte comportait une proportion limitée de Nyonsais, ce qui offrait en contrepartie le plaisir de voir, ou plutôt revoir, des amis venus de loin. Ceux présents ont assisté et contribué à un exposé interactif (préparé comme "conférence-débat"), la participation de l'auditoire étant stimulée par un jeu-concours en temps réel qui a permis d'offrir quelques cadeaux cinémato-barjavéliens aux meilleurs participants.
Nulle déception donc, au contraire, d'autant plus que le climat en cette fin d'août a été particulièrement clément et tempéré à Nyons, ce qui a permis d'autres d'autres visites et découvertes.
Juste le petit regret que l'affluence et la promotion médiatique n'aient pas été proportionnelles au temps de préparation : après tout, il y a eu deux ans pour cela, de quoi élaborer, synchroniser et finaliser.

Mais que ceux qui n'ont pas pu être présents se rassurent tout de suite : le compte-rendu complet par la presse locale est présenté sur la page :

et, plus encore que la retranscription du café littéraire, c'est une page complète du barjaweb, étoffée de notes et compléments, qui présente “Les cinémas de René Barjavel”:

L'occasion donc de découvrir les nombreuses contributions de Barjavel au cinéma, et surtout son propre point de vue sur la question. Et, sur la base d'éléments de débat sur l'opportunité d'adapter ses romans en films, un avis tout personnel mais que je sais être partagé...

Dans deux ans, ce seront les Journées Barjavel 2008, dont le thème ni la date exacte ne sont pas encore décidés, mais qui pourraient tirer parti d'un quarantenaire, non pas de quintuplés, mais de... je vous laisse le deviner (et me proposer votre idée).
Avec la suggestion qui m'a été transmise de coupler l'événement à une manifestation d'envergure des écrivains de science-fiction : de quoi occuper assidûment les deux années de préparation.


J'évoquais plus haut le marché aux livres anciens, et l'été est toujours propice à ce genre de manifestations, brocantes, bouquinistes, librairies en plein air, ainsi qu'aux lectures pour lesquelles le reste de l'année laisse peut-être moins de loisirs. En suivant le Hasard des explorations (mais ce hasard-là existe-t-il ?... je lui met donc la majuscule) et les recommandations d'amis, j'ai pu ainsi découvrir quelques œuvres aux échos barjavéliens que je vous conseille à mon tour :

Bonnes lectures, bonne rentrée pour tous ceux et celles qui vivent ces moments, et bonne fin d'été à tous.

Pary sur Arche, le 13 septembre 2006

G.M. Loup.

Notes :
 * “nul n'est prophète en son pays” (Évangile de St Luc, chapitre IV verset 24)
** voir une présentation du bolobolo sur le site : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lorem_ipsum et un générateur : http://www.lipsum.com/
*** j'ai d'ailleurs été tenté ce mois-ci de vous adresser ma lettre sous cette forme :