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Nous connaissons mal la science-fiction allemande : ce que nous avons
pu lire des aventures de Perry Rhodan, l'immense feuilleton de Karl Scneer,
publié au Fleuve Noir, rejoint, dans le space opéra populaire, l'opinion que
l'on peut se faire après avoir vu les sept épisodes de Cominando spatial,
série télévisée aliamande, réalisée avec d'évidents moyens matériels par
Michael Braun et Théo Mezger. Les lieux et las dates de l'action, seuls, nous
indiquent qu'il s'agit de science-fiction : en fait, te roman d'aventures à épisodes a gardé la même trame, les mêmes
stéréotypes, le même manque d'imagination que les mauvais romans d'aventures
du début de ce siècle. Au lieu simplement de se dérouler dans les
iles inexplorées du Pacifique, les jungles de Birmanie, de Bornéo, les déserts
de Gobi, il emmène ses héros dans les espaces sidéraux où, sur les mêmes
thèmes, ils vivront les mêmes aventures : rencontres avec des peuplades inconnues,
guerrières, racistes, sauvetage in extremis du camp (ici, la Terre),
châtiment du traitre terrien, robots en révoltes au lieu d'esclaves...
PRECAUTIONS ET LEXIQUE C'est à René Barjavel que l'O.R.T.F. a confié l'adaptation française et la présentation de la sérié. L'auteur de Ravage, avant le premier épisode, a dit à peu près ceci :
« II nous est désormais possible d'entrevoir une partie de l'avenir : un jour
viendra où le voyage sur la Lune ou sur Mars ne nous étonnera pas plus
que la traversée de la Manche en bateau. Un jour viendra où toutes les
tensions entre l'Est et l'Ouest, entre le monde blanc et le monde noir auront disparu, pour faire place, peut-être
à de nouvelles querelles entre le gouvernement central et les autorités
spatiales. Un jour viendra où le fond de la mer sera habité, où les sommets
de Mercure seront devenus autant, de Stations touristiques en vogue. Un jour...
Un jour ? Quand ? Disons : en l'an 3000. Existerons-nous encore ? Quel sera notre mode de vie ? Serons-nous
gouvernés par des machines ? Un coucher de soleil aura-t-il encore de quoi
nous émouvoir ? L'infidélité nous fera-t-elle encore souffrir ? Le steack aura-t-il conservé pour nous sa saveur ?
Notre Terre sera-t-elle dominée par des êtres venus d'autres galaxies ou bien
nous faudra-t-il envoyer de l'aide aux mondes extra-terrestres en voie de développement ?
Nous sommes, on le voit, à quelques parsecs de van Vogt, de Simak, d'Asimov ou de Williarnson et Pohi, mais il
fallait bien cette précaution oratoire face à un public nullement préparé à la S.F.,
ou même au fantastique (témoin l'échec regrettable de la série La 4ème dimension l'année passée).
SEPT AVENTURES
Sur une Terre dont nous savons qu'elle vit en paix sous un gouvernement mondial, on
a institué des patroullles de surveillance spatiale : Si
apparemment les planètes du système solaire sont aux mains des Terriens,
on semble ne rien savoir au-delà de ce système. Nous suivons un des croiseurs da surveillance, l'Orion, au cours
de sept patrouilles. Son équipage comprend le commandant Mac Lane [américain ? « risque-tout expérimenté, mais
obstiné et rebelle à la discipline militaire » (1)], le commandant en second
Mario de Monti (italien ? « type plutôt comique qui se prend pour un irrésistible Don Juan »), l'astronavigateur
Atau Shubashi (japonais? « petit homme renfermé et comme les autres entièrement dévoué à son commandant »),
Masso Sigbjornson (suédois ? « père de famille »), Tamara Jagellovsk (russe ? « appartient au peu populaire service
de sécurité »), Helga Legreile (? « jeune, jolte, extrêmement capable, constante (?) mais secrètement amoureuse
de son commandant, amour sans espoir, semble-t-il »).
Tel est l'équipage de l'Orion, sorti tout animé d'un roman-photo : il nous apprend déjà qu'en l'an 3000 les descendants d'Italiens sont toujours des don juans et les descendants de Russes toujours dans la police secrète ! Passons, comme nous passerons sur le fait que les militaires sont sortis (les généraux, évidemment) du train de 8 h. 47. Leur réunion d'état-major dans le second épisode n'a rien de rassurant quant à la possibilité d'évolution de la race humaine, dans ce secteur particulier, en tout cas. Terminons en soulignant que nous ignorons tout de la vie à ta surface de la Terre : les militaires vivent en vase clos au fond des mers... Et sur la donnée rebattue des méchants extra-terrestres (ici. les Frogs, astucieusement présentés derrière, apparemment, des glaces martelées, ce qui donne des silhouettes vaguement humaines mais fourmillantes !), partons avec les invincibles defenseurs d'une Terre décidément paradis pour tous ceux d'ailleurs et de nulle part.
Une station spatiale ne répondant plus, l'Orion se rend sur les lieux. Les
occupants sont morts et la base est envahie par des extra-terrestres que les
rayons laser laissent indifférents. Deux
des hommes de l'Orion tentent de découvrir pourquoi tout est arrêté sur
la base tandis que le croiseur est attaqué. Il fuit vers la Terre abandonnant
ses hommes : ceux-ci découvrent à temps l'arme absolue contre les Frogs, l'oxygène.
Une puissance inconnue est parvenue à lancer, sur l'orbite de ta Terre, une
planète en état de fusion. Mac Lane et. l'Orion sont lancés pour tenter de
dévier la trajectoire du missile nouveau genre. En vain. Abandonnant son
appareil, il le bourre d'énergie négative et le lance sur le bolide. Avec ses hommes, il rejoint un autrs vaisseau cosmique. Sauvés !
Sur Pallas, riche planète minière, les colons en sont venus à l'émeute. Drame
chez les robots, programmés pour préserver la vie humaine. Ces mécaniques
ont résolu le problème qui risquait de faire sauter leurs circuits : ils ont pris
le pouvoir afin d'empêcher les hommes de se détruire entre eux. Mac Lane,
venu aux nouvelles, est prisonnier. Il réussit à isoler deux robots et à les reprogrammer pour être libéré et armé.
Après un violent combat avec les autres robots, l'équipage de l'Orion et les colons sont libérés.
C'est la panique au Haut Etat-Major ds l'Espace : on a juste réussi à empêcher ie commandant Pietra d'aller
livrer son croiseur aux Frogs. Sa conduite est inexplicable. Mac Lane est
chargé de rejoindre la station M 8/8, la plus proche des Frogs, où des cas
similaires de « fièvre spatiale » sont
signalés. Dès leur arrivée, certains membres de l'équipage sont atteints : états
de transes hallucinatoires qui conduisent à des actes caractérisés de sabotage. Le professeur Sherkoff découvre
que les Frogs réussissent à agir sur les cerveaux humains et électroniques par
téléiiose. Mac Lane feint d'être atteint et dirige l'Orion sur la base frog qu'il
réussit à détruire à l'aide de l'arme Overkill.
On vient de découvrir que le rayonnement solaire augmente dans de notables proportions. Au train calculé, il
ne faudra guère plus de quelques décennies pour réduire la Terre en steppes brûlées. Lorsque l'Orion, retour de
mission, signale qu'un astéroïde jusqu'alors dépourvu de toute vie organique présente des signes évidents de
végétation les soupçons se précisent : le rayonnement du soleil est intensifié
artificiellement. Mac Lane, reparti, découvre sur Chroma les descendants de
colons jadis émigrés de la Terre et qui avaient rompu tout contact. Il faudra, pour éviter une guerre, de longues
négociations car cette énergie solaira est nécessaire à Chroma autant que mortelle pour la Terre. Mais comme
sur la planète règne le matriarcat, Mac Lane parvient à ses fins, encore qu'il y éprouve une certaine surprise.
Alors que de mauvais gré, l'Orion
a embarqué le célèbre auteur de science-fiction Pieter Paül Ibsan, celui-ci, parti
sur une vedette, est attiré par une force mystérieuse sur une planète d'où il est contraint d'appeler Mac Lane à
son secours. Sur Mura, on a exilé tous les rebuts de l'humanité. A leur tête, un savant mégalomane, Tourenne, qui
a inventé un rayon paralysant. Mac Lane et l'équipage sont capturés :
l'Orion intéresse les exilés qui voient en lui le moyen de fuir la planète-prison. Tourenne, lui, veut aller chez
les Frogs. Da Monti et Sjbjornson réussissent à rejoindre l'Orion, mais le vaisseau est captif sous une cloche
d'énergie. Mac Lane réussit à découvrir le secret de Tourenne et à quitter Mura avec tout son équipage.
Les Frogs ont une nouvelle fois réussi à influencer des fonctionnaires du Service de l'Espace et sans que personne ne s'en doute, à envahir la Terra. Mac Lane tente d'atteindre la base qui ravitaille la flotte ennemie en énergie; mais Tamara est prisonnière des renégats. Elle réussit à brancher une table d'écoute qui permet aux autorités de découvrir que le chef du service secret, le colonel Villa, est à la tête du complot. On l'arrête, mais il a eu le temps de passer à un de ses hommes le commandement de l'Orion. Le général Warnsler donne l'ordre d'attaquer le vaisseau, ce dont Mac Lane profite pour reprendre le commandement. Il ira détruire la base ennemie... DECORS ET EFFETS SPECIAUX INTERESSANTS
Sur la durée totale de l'émission, 20 % environ du temps de projection
est consacré aux effets spéciaux : sortie du vaisseau de la mer, tempêtes
photoniques, écran de télévision gigantesque qui visualise entre 150 m et
plusieurs années-lumière, planètes, météroïdes, créatures extra-terrestres, robots, explosions de vaisseaux ou de
planètes, etc...
UN EFFORT
Indéniablement, Commando spatial représente un effort : puisqu'il fallait commencer par de simples aventures,
admettons le côté primaire, enfantin, des péripéties, l'apport de chances inouïes chaque fois (on n'ose plus
écrire invraisemblances), le manque absolu de réel humain de tous les personnages et l'absence d'un grain de fantastique.
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