Revue GESTE :

Créée par un collectif pluridisciplinaire de philosophes, historiens, enseignants, journalistes, comédiens, Geste se veut avant tout lieu de partage, espace de mise en commun des savoirs et des expériences. Jouant de nos identités et de nos différences, nous souhaitons contribuer au télescopage des discours et prendre le risque d'inviter un philosophe à parler de gastronomie, un chorégraphe de sport, un mathématicien d'arts plastiques. Geste aimerait créer un espace de liberté où toute parole exigeante, de quelque horizon géographique et culturel qu'elle vienne, ait sa place et sa légitimité.

Cette revue se destine à un large public de praticiens comme d'amateurs, à tout lecteur sensible à la diversité des formes de créativité à l'œuvre dans la société. Plus encore, nous aimerions que le lecteur se fasse à son tour rédacteur et vienne prolonger ce mouvement, dans une écoute toujours plus attentive à la polyphonie des gestes contemporains.

Pourquoi Geste ?

Parce que le mot ouvre un questionnement à la fois simple, universel et transdisciplinaire. Le geste, c'est bien sûr celui du comédien, du danseur, du peintre, du sculpteur. Mais aussi celui de l'architecte qui façonne des volumes, du politique qui relie les acteurs sociaux, du sportif dont l'énergie devance le corps, du cuisinier qui assemble des saveurs ; celui du critique qui manifeste un nouveau sens de l'œuvre, du scientifique qui, à travers la construction de nouveaux modèles, révèle de nouveaux objets, de l'écrivain qui rend visible et sensible la richesse des gestes de la vie.

Notre revue entend montrer que ces gestes ne sont pas indépendants les uns des autres, mais configurent notre univers et rendent possible une communauté de sens : ils sont la matière de notre vivre-ensemble. Accompagner et soutenir cette vie des gestes, montrer les jeux de renvois et de complémentarités qui la fondent et auxquels nous participons tous, telle est la vocation de notre revue.

Pour répondre à cette ambition, Geste comportera cinq volets :

1. Une Rencontre (5-10 pages) avec une personnalité du monde artistique ou intellectuel, autour de sa pratique, de sa pensée, de son inscription dans le champ auquel il appartient et dans le monde politique et culturel. Après un numéro inaugural accueillant l'artiste Giuseppe Penone, la revue donnera la parole à des acteurs de domaines variés : le matador El Cordobès, le chorégraphe Angelin Preljocaj, le cuisinier Pierre Gagnaire, l'écrivain Michel Butor, le dramaturge Valère Novarina, le compositeur Luciano Berio, le poète Michel Deguy ou le critique Georges Didi-Huberman.
2. Un Dossier (30-40 pages) ayant à chaque fois pour titre un verbe, choisi pour la pluralité et la force des gestes qu'il convoque. Autour du verbe " Improviser " ont ainsi été invités à s'exprimer, dans le numéro 0, un musicien, une journaliste audiovisuelle, une paysagiste, un philosophe, une architecte, un poète. Cet usage du verbe comme lieu de confrontation et de rassemblement nous apparaît nécessaire dans notre souci d'être au plus près du geste.
3. Une rubrique Evénement : Regards croisés sur … (30-40 pages), consacrée à un événement important de l'actualité artistique : spectacle, publication, exposition, inauguration. On ne s'interdira pas de consacrer toute la rubrique à une oeuvre unique (tableau, installation, film, etc.) autour de laquelle on s'ingéniera à croiser les discours et les regards. Là encore, à travers articles et entretiens, l'événement sera traité dans sa plus grande diversité : genèse, enjeux artistiques, significations multiples, portée politique, etc. Il s'agira, loin de tout point de vue évaluatif, de s'attacher à saisir ce que l'événement donne à penser, d'en déployer le sens. Ainsi de la mise en scène de Peer Gynt par Patrick Pineau, déjà présentée à Avignon en juillet 2004, et reprise en mars-avril 2005 aux Ateliers Berthier, à laquelle Geste a choisi de se consacrer pour le premier numéro.
4. Pagaille (8-12 pages), une rubrique foisonnante où voisineront de courtes recensions de gestes en tous genres : écoute d'un disque, dégustation d'un fromage, visite d'une galerie. Un seul mot d'ordre : faire de cette rubrique le lieu d'expression d'amateurs, obligés, pour donner forme à leur plaisir, leur émotion, leur colère, de recourir à des moyens d'expression toujours réinventés, dans un travail d'écriture engageant toute leur exigence.
5. Gestuelles (8-12 pages), une rubrique qui donnera, sur leur lieu de travail même, la parole à des acteurs choisis moins pour leur notoriété que pour la singularité de leur pratique. Avec pour horizon de faire découvrir des porteurs de gestes moins fréquemment évoqués et de rendre compte de la diversité inépuisable des formes de créativité constitutives du monde contemporain.