Mes chers Amis,

On ne s'étonnera pas venant de celui qui signe l'essai « Si j'étais Dieu » qu'il ait eu quelques antécédents plus modestes avant que d'avoir cherché les implications de son accession au siège suprême. Le 25 Mai 1969 puis le 19 Mai 1974, inspiré par les événements électoraux d'alors, dans le Journal du Dimanche, Barjavel s'interrogeait : "Si J'étais Président...?"

Les familiers de l'auteur se doutent bien de la façon si caractéristique avec laquelle il s'est approprié le sujet, le plaçant tout d'abord sur le terrain de la dérision, mais non de la moquerie, afin de pouvoir en discuter sérieusement sans jamais sembler trop concerné : ni partisan possédé, ni véritable adversaire. Et surtout lorsque le sujet semble éminemment ridicule. Car pour Barjavel, les élections, c'est avant tout le cirque. De quoi cependant réjouir l'observateur jamais indifférent :

C'est la fête au village, la grande fête de la démocratie et de la liberté. Le cirque arrive, on plante la tente, on dresse les panneaux où seront affichés les portraits en couleurs de l'écuyère et du dompteur, ça commence à sentir la sciure fraîche et le pipi de fauve.[...] Ils ne feront pas tous leur numéro, mais ils veulent tous faire leur pirouette et leur salut, face au public.

Comme quand il redessine l'univers, lorsqu'il s'empoigne à la politique, c'est l'humour qui lui sert de principal moteur et guide ses propositions. Et rien ne lui est étranger. L'interventionnisme religieux dans les conflits armés ? Barjavel a son idée sur ce sujet :

Proposition à Sa Sainteté le Pape de remplacer ses voyages de bonnes intentions par un autre plus efficace: après avoir pris place à bord d'un hélicoptère [...] il se serait fait parachuter dans son vêtement blanc, au beau milieu d'un champ de bataille, en criant aux deux parties: « Continuez, si vous l'osez  ». [...] Quand on possède un tel capital d'autorité spirituelle, il faut savoir le risquer.

Toujours sous couvert d'humour, on côtoie aussi l'essence d'une pensée plus profonde. Par exemple l'association du plus grand nombre à l'échafaudage de la société, notamment les femmes et la jeunesse, chacun oeuvrant pour le bien des autres en mettant en commun le meilleur de ce qu'il possède et en profitant de l'expérience ou de la différence des autres. Ainsi, pour l'assemblée des jeunes, Barjavel propose en illustration savoureuse :

Au début de chaque séance de travail, un vieillard viendra leur dire: « Ne perdez pas votre temps en disputes et en parlotes. Dépêchez-vous : vous êtes jeunes, ça passe... »

Et les innombrables autres thèmes qui nourrissent l'oeuvre de l'écrivain et qu'il est inutile, sinon par jeu comme le faisait l'auteur, de présenter en termes de programme électoral. Barjavel qui n'était pas tendre avec la classe politique, de laquelle il s'est toujours montré distant et indépendant, s'est révélé néanmoins par delà son scepticisme et son mordant vis-à-vis de la machine politique un citoyen responsable et pleinement respectueux des règles du jeu de la démocratie. Il est bon avant d'aller remplir notre devoir de citoyen et dans l'attente de connaître notre prochain président de la République, de se rappeler les propos fédérateurs de Barjavel qui commentait sur le résultat d'une autre élection, mais il n'aurait rien dit d'autre pour celle qui nous attend et à l'encontre de celui qui en ressortira vainqueur :

Qui sera-t'il ? Que Dieu l'aide, et nous avec. Qu'Il le garde des satisfactions de la vanité, de l'ivresse du pouvoir, de la faiblesse, de la violence, de l'Idée, du manque d'idées, et de la bêtise. Qu'Il lui donne la raison et l'instinct, le jugement et la justice, la franchise et le secret, l'élévation et le réalisme. Et le désintéressement. Et, s'il le faut, l'acceptation - mais non le goût ! - du sacrifice.
Où est donc ce président ?
Il n'existe sans doute pas.
Mais il va peut-être se faire.

Et si l'espoir fût déception hier, il ne tient qu'à nous pour autant que l'occasion nous en soit donnée de le faire renaître au quotidien, à chaque instant, jusqu'au dernier. N'est-ce pas là le message qui parcourt l'oeuvre de l'auteur ? Et s'il ne s'est pas fait, s'il ne se fait pas cette fois-ci, s'il ne se fera jamais, tant pis ! La vie est pleine de mille autres perspectives qu'il ne faut pas sacrifier au désarroi d'une occasion manquée.
Presqu'en illustration de cette sage morale, je propose ce mois-ci la bibliographie des oeuvres non publiées. Il s'agit de titres dont on trouve mentions à divers endroits mais de réalisation nulle part ! Les traces entre confessions de l'auteur jusqu'aux promesses d'éditeur en passant par rumeur et bruit de couloirs sont variées et ne manqueront pas de vous amuser. N'avons-nous pas ainsi réussi à tirer de projets jamais réalisés une très belle occasion de nous en réjouir ?

http://barjaweb.free.fr/SITE/Biblio/nonpubli/index.html

Et à ceux qu'attristeraient néanmoins ces promesses non tenues je recommande un détour réparateur sur la page présentant la journée Barjavel 2002 qui s'étoffe constamment et s'actualise au fur et à mesure. Cette journée dans laquelle je m'investis pleinement et bénévolement est le fruit d'efforts conjugués avec la municipalité de Nyons. Elle n'a pour but que de profiter aux lecteurs, c'est-à-dire, entre autres, à vous, visiteurs ou amis du barjaweb. Je vous invite à vous joindre à nos côtés à la hauteur de vos moyens, par exemple en incluant sur vos pages web l'animation mettant en vedette le pont Roman, qui orne depuis peu les bas de page du site. Tous les lecteurs de Barjavel ne sont pas utilisateurs d'Internet. Ceux qui le sont ne sont pas tous venus sur le barjaweb. Vous trouverez sur la page de Nyons, à l'adresse qui suit, quelques conseils et assistance pour que personne ne soit, ce 24 août, absent faute d'avoir été prévenu ! Je reçois bien évidemment toute autre proposition concernant Nyons avec une attention particulière.

http://barjaweb.free.fr/SITE/journee/2002/index.html