Mes très chers Amis,

Trois ouvrages forment le trépied sur lequel repose la thématique développée par Barjavel jeune écrivain. Dans son journal, il les énumère tout en recadrant son optique d'auteur de Science-Fiction, pour lui plus oeuvre d'anticipation raisonnée que d'imagination débridée :

Je m'excuse, je n'ai aucune imagination. J'ai seulement les yeux ouverts et un esprit simple, et assez logique. Ravage, Le Voyageur imprudent et Le Diable l'emporte ne sont que des catalogues d'éventualités. Je n'imagine pas. Je considère ce qui est possible.

Loin donc, même à ses débuts, de chercher la complaisance du style, le jeune auteur est déjà taraudé par le besoin d'exposer une thématique, de faire partager sa vision du monde, de faire passer un message. Or c'est la guerre, lorsque Barjavel écrit Ravage et le Voyageur imprudent, la guerre et l'occupation. Sa thématique en est affectée, sa vision du monde attristée mais lucide, son message pessimiste. Ravage est un immense succès dès sa sortie et restera populaire au cours des décennies à venir. Dans l'immédiat, cela n'ouvre pas pour autant des portes à l'auteur qui peine avec Le Voyageur imprudent puis Le Diable l'emporte à retrouver la faveur du public. Dans l'ensemble, Ravage l'enferme même dans une image stéréotypée d'auteur réactionnaire et anti-scientifique. Avec lui se draînent aussi les relents déplaisants d'une période honnie des Français : le régime de Vichy. Le roman prône en effet un retour à la terre et à des valeurs telles que la famille ou l'autorité. Ce qui était selon l'auteur l'influence des groupes Gurdjieff et d'une reflexion personnelle, et qui deviendra ensuite une inclinaison écologique, était à l'époque - et reste encore pour certains - un écho du roman pour les thèses idéologiques alors dominantes. Pourtant Ravage reste un classique, apprécié et reconnu plus que décrié dans l'univers de la S.-F. On l'étudie couramment dans les collèges et lycées. On le salue souvent comme titre inaugurateur du style en France.

Roman aux multiples facettes, il ouvre la marche récente du Barjaweb sur les premiers grands écrits de S.-F. de l'auteur, déjà cités : Ravage, Le Voyageur imprudent et Le Diable l'emporte. La « Page Écrit » - terme que je consacre aux analyses approfondies du site pour une oeuvre - est enfin réalisée pour le premier d'entre eux. On pourra y accéder à l'adresse suivante :

http://barjaweb.free.fr/SITE/ecrits/Ravage/ravage.html

On y trouvera, entre autres et selon l'exposé maintenant traditionnel du barjaweb, une genèse retraçant la démarche personnelle de l'auteur pour l'écriture du texte ainsi que l'atmosphère littéraire d'alors, une thématique s'efforçant de trouver les fils directeurs d'une oeuvre particulièrement perturbée, puis, bientôt, une discussion approfondie de l'influence des courants de pensée de l'époque, les diverses critiques émises à l'égard du roman, et une page complémentaire consacrée aux autres réalisations influencées par l'oeuvre elle-même ou du moins de thèmes similaires. Comme pour les autres ouvrages « écrits », les visiteurs qui voudraient s'exprimer sur Ravage sont invités à rédiger eux-mêmes une critique qui sera publiée sur cette page. Bien sûr tous les compléments ou commentaires, corrections ou suggestions, seront accueillis chaleureusement.

Suivront prochainement Le Voyageur imprudent et Le Diable l'emporte qui reprennent et étoffent la thématique bien hasardeuse de Ravage, thématique qui ne s'épanouira pleinement, en s'affinant, que dans une « seconde période », après la Faim du tigre.


À côté de ces préoccupations toutes littéraires, abordons maintenant un sujet plus festif en ce mois d'août, mois doux, mois des vacances, qui commence. À Nyons, ville natale de l'auteur, la municipalité organise cette année une JOURNÉE BARJAVEL le 25 août. Une fête similaire avait eu lieu l'année dernière, mais cette année, averti à temps, je vais non seulement y assister mais y participer. En effet, un de mes collaborateurs animera le café littéraire à 16 heures 30 dans la cour de l'ancien collège Roumanille, en association avec Madame Chamoux, écrivain, et M. Hilaire, architecte ayant écrit une thèse « De l'écrit au construit » sur la vision urbanistique chez Barjavel dans Ravage en particulier. Mes autres collaborateurs seront présents, et la participation des Amis est particulièrement souhaitée.
La journée commencera par des festivités ludiques que la direction des affaires culturelles de Nyons met en place, et on aura également la possibilité de visiter le fournil de l'ancienne boulangerie Achard, que Marie Barjavel quitta lorsqu'elle s'installa rue Gambetta, et qui est resté intact. Le Musée de l'Olivier présentera aussi la vraie charrette bleue et quelques souvenirs de l'auteur. Les boutiques et en particulier les librairies de la ville exposeront des livres de Barjavel, et la médiathèque a étoffé sond fond pour l'occasion. Pour plus de renseignements, contacter l'Office du tourisme de Nyons :

http://www.nyons.com/fr/tourisme/une.htm

Pour se rendre à Nyons :

( voir http://www.guideweb.com/nyons/index.html )
 

J'espère y retrouver tous ceux de vous qui le souhaitent et peuvent s'y rendre. À la rentrée, une page du barjaweb présentera l'évènement à ceux qui n'auront pas la chance de pouvoir être présents. D'ici là, je présente mes meilleurs voeux de vacances pour ceux qui en bénéficient ce mois-ci, et j'espère vous retrouver tous au retour.

Pary sur Arche, le 31 juillet 2001

   G.M. Loup.