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Dédicace :
Quatre Parties :
Quelques curiosités ou anecdotes :
Ravage est un des romans contemporains fréquemment étudiés dans les lycées et a fait l'objet
de nombreux exposés, mémoires et thèses universitaires (voir "Plus à explorer" ci-dessus). |
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Premier "grand" roman publié de Barjavel pour qui il constitue ses vrais débuts d'écrivain, Ravage n'est pas pour autant le premier coup d'essai de l'auteur. Roland, le Chevalier plus fier que le lion est le véritable premier ouvrage édité. Avant lui et Ravage, un autre roman, François le Fayot, est détruit par l'auteur. Pour Jérôme le Thor, dans le dossier de l'édition Cercle du Nouveau Livre de la Tempête, Barjavel se souvient :
Barjavel est depuis peu à Paris où ses fréquentations le préparent à l'écriture de Ravage.
Dans le même temps, Robert Denoël le forme aux métiers de l'édition, et par là de l'écriture :
Pour autant, si certaines idées et situations du roman sont inspirées par l'histoire personnelle de l'auteur, le thème cataclysmique en lui-même s'inscrit dans une tradition prenant sa source dans les mythes anciens. La fin des Temps en particulier est un évènement commun à la majorité des religions, et pour la plupart, la destruction d'un monde entraîne la renaissance d'un nouveau. Seul le calendrier Maya, qui se termine abruptement en l'an 2011, ne s'inscrit pas dans cette logique cyclique d'un Éternel Retour. Les causes du cataclysme sont variées selon les croyances. Dans la religion chrétienne, c'est Dieu qui punit les hommes. L'Apocalypse de Saint Jean prophétise (VIII:7) :
Le premier ange sonna de la trompette : grêle et feu mêlés de sang tombèrent sur la terre ; le tiers de la terre flamba, le tiers des arbres flamba et toute végétation verdoyante flamba.
Le Mahabarata indien, quant à lui, prévoit depuis des milliers d'années que la surpopulation de la planète en causera la fin.
La littérature inaugure ce thème en 1805 avec « Le Dernier homme » de Jean Baptiste Cousin de Grainville, et en 1926, Mary Shelley
(auteur de Frankenstein) reprend le thème avec « The Last Man », dans lequel une maladie décime l'humanité.
Malgré l'optimiste positiviste qui nait alors, le XIXème siècle va mettre en œuvre des scénarios
de catastophes qui n'ont rien à envier à ceux de la Science-Fiction du siècle suivant, une certaine
forme d'imagination en moins : Camille Flammarion, dans « La Fin du monde »
établit un catalogue des catastrophes amenant un bouleversement irréversible de la condition humaine
elle-même, essentiellement causées par la chute d'une comète et les bouleversements qui s'ensuivent.
Jules Verne raconte dans « L'Éternel Adam » la fin d'une civilisation et la naissance d'une nouvelle, cette dernière
découvrant inopinément l'existence de la précédente dans des conditions qui rappellent « La Nuit des temps ».
De Jules Verne également, le roman posthume « Paris au XXème siècle » élabore son intrigue sur la
base d'une civilisation futuriste (pour l'époque), l'an 1999, où l'homme est asservi par la technique. Mais ce roman,
dont la manuscrit fut découvert par le petit-fils de Jules Verne en 1990, et qui ne fut édité qu'en 1994, ne peut pas
avoir inspirer Barjavel en 1942, à moins de supposer une convergence d'esprit ou une intervention du voyageur temporel Saint Menoux...
Herbert G. Wells lui-même, dans « La Machine à explorer le temps » (1895), fait découvrir à son héros les derniers instants de la vie terrestre, le soleil moribond éclairant une plage déserte sur laquelle apparait une créature articulée plongeant le Voyageur du Temps dans l'effroi.
Barjavel qui était un grand lecteur de tous ces romans dans sa jeunesse, et même après, trouve certainement l'inspiration dans de tels récits. Lui même commente à l'occasion d'une interview :
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Dès 1910 et 1913, un auteur belge développe aussi ces thèmes, dans un contexte voisin de celui de Ravage. Rosny Aîné,
bien connu comme auteur de « La Guerre du feu », raconte en effet dans « La Mort de la Terre » comment la "dégénérescence"
de la nature aboutit à l'extinction de l'humanité et à son remplacement par une forme de vie quasi minérale, les
ferromagnétaux. |
On retrouve aussi, dès 1920, un étonnant roman maintenant oublié de l'auteur - lui aussi oublié - Henri Allorge : « Le Grand Cataclysme », couronné par le Prix Sobrier-Arnould de l'Académie Française (Larousse, série Contes et romans pour tous), { voir } La trame évènementielle en est indéniablement la même que celle de Ravage, mais les implications profondes du récit restent bien en deça. { voir des extraits }
À l'intensité dramatique des descriptions apocalyptiques s'ajoute dans la première partie
du vingtième siècle un élément d'horreur nouveau : la responsabilité - ou l'irresponsabilité - humaine.
C'est qu'entre-temps la civilisation occidentale s'est trouvé confrontée à l'horreur du premier conflit mondial.
Elle y découvre alors que les cataclysmes naturels ou surnaturels imaginés - ou inspirés -
par les prophètes sont largement égalés en horreur par la frénésie de destruction de l'Homme lui-même.
Aussi à partir des années 1920 les romans de Science-Fiction incorporent ce thème :
après les épisodes guerriers de « La Machine à explorer le temps » de H.G. Wells,
et « La Guerre des mondes » du même auteur, « La Fin d'Illa » de José Morelli (1930)
voir une présentation
Ayant eu de nombreuses occasions de commenter son premier roman et sa genèse, Barjavel a pu expliquer ses motivations et sources d'inspiration à l'occasion d'interviews. Le barjaweb en propose les retranscriptions complètes sur les pages :
Dans une société mécanisée à l'extrême où les hommes ne font plus rien qui ne puisse être fait
pour eux par une machine, l'électricité vient à disparaître subitement. Tout est paralysé :
les lumières s'éteignent, les voitures s'immobilisent, les pompes qui distribuent l'eau
assèchent les robinets, la radio n'informe plus, les secours se déplacent à chevaux mais déjà
des meutes de citoyens affamés commencent à attaquer les animaux au couteau. C'est la loi de la
jungle qui s'empare de la cité. François Deschamps, jeune étudiant chimiste d'origine familiale agricole,
décide de quitter la ville qui sombre dans la violence et le crime. Il court d'abord à la rescousse de
Blanche Rouget, son amie d'enfance qui s'est fiancée au richissime et tout puissant Jérôme Seita.
Celui-ci, sans ses subordonnés, ne peut même pas sortir de chez lui sans se mettre en danger de mort.
Ravage sonne le glas d'une civilisation. Le décor d'abord rutilant sous les feux de la
technologie et de la modernité s'écroule peu à peu. L'ambiance sereine et prospère devient
incertaine puis morose et finalement désespérée, alors que la situation empire au fil des pages,
jusqu'à ce que l'horreur submerge le texte. Cette évolution du roman se retrouve localement dans
le texte à plusieurs reprises. Typique de Barjavel, on la retrouvera dans de nombreux autres
romans à venir. Il est intéressant de la disséquer en les quelques lignes ci-dessous, celles où les
Parisiens forment une procession. Même au cœur de la catastrophe, Barjavel instaure à nouveau
un climat prometteur, fraternel, positif. Les Parisiens se rassemblent, prient, les cierges sont
épargnés, tout semble bien se dérouler, mais très vite la situation bascule. Elle se termine dans
l'horreur, ici avec la scène du prêtre qui se jette du haut de la tour Eiffel.
RÉSUMÉ
Après avoir confectionné des armes et amassé suffisamment de provisions pour tenter une escapade
au travers des bandes de criminels affamés, François prend la route de son village d'enfance avec
ses compagnons. Il compte y reprendre une vie saine sans devenir l'esclave des machines dont les
hommes croyaient être les maîtres. Le parcours sous un soleil de plomb est difficile.
L'expédition doit affronter incendies et tempêtes. Une fois parvenue à leurs fins, les
rescapés de la catastrophe fondent une société où les machines sont proscrites et le progrés
banni. La hiérarchie est patriarcale et basée sur le respect et l'obéissance au chef, qui
sélectionne les meilleurs sujets pour assurer sa descendance.
Au cours des célébrations qui fêtent la passation de pouvoir entre François et celui qu'il a
désigné comme son successeur, un homme surgit avec une machine monstrueuse, qu'il a fabriqué en
cadeau pour le patriarche. Il affirme avoir trouvé le moyen de délester les siens de la peine des
labours. François qui devient fou à l'image de cet engin qui lui rappelle la société mécanisée
désormais éteinte, décide de détruire la machine et de faire exécuter son inventeur. Ce dernier
dans son incompréhension et son égarement tue le patriarche. Ainsi disparaît le dernier survivant
de la catastrophe. Comme il l'avait voulu la machine est détruite et avec elle le cerveau qui
l'a imaginée, mais les hommes demeurent et avec eux probablement d'autres machines à venir.
EXTRAIT
Dans Ravage les personnages ne sont pas des héros justes et bons que commande le seul sens
du devoir. S'ils sont capables d'amour, d'amitié, de fraternité, de gestes nobles et héroïques,
leurs défauts apparaissent aussi au grand jour. Dans la lutte pour la survie, chacun pense à son
intérêt immédiat, ils sont gorgés d'égoïsme et d'intolérance, font appel à la force ou l'argent
lorsqu'ils en disposent, se font criminels à l'occasion, n'ont le respect de l'autorité que sous
la crainte de la rétorsion. Loin d'êtres contradictoires ils offrent donc tous une vraisemblance
poignante avec la réalité. C'est le roman de Barjavel où la nature humaine se révèle avec le
moins de ménagement. |
Le héros du roman est un imposant jeune homme de vingt-deux ans, de constitution solide, très grand et qui appelle à lui l'effort comme marque de sa domination sur les choses. Il entend aussi dominer sa femme, et entreprend, lorsque son amie Blanche se résout à se fiancer avec un autre, d'empêcher le mariage pour ramener la jeune femme à lui. Cette domination s'étendra au reste des hommes qu'il prendra sous son commandement pour quitter la ville en flammes. Il ne montre aucune pitié et se révèle très pragmatique. Il fait exécuter les prisonniers pour ne pas s'en encombrer et ordonne cette tâche aux plus faibles de ses hommes pour les mettre à l'épreuve. Il tue de ses mains un membre de son équipe qui commet une faute grave et réprime violemment toute tentative de déstabilisation au sein de sa troupe. D'origine paysanne, il est courageux, persévérant jusqu'à l'obstination. Parvenu à ses fins, devenu un vieillard chenu et vénérable, il établit une société patriarcale régie par des lois strictes. Il apparait que le philosophe Lanza del Vasto servit à Barjavel de "prototype" pour la création de ce personnage { voir }, ainsi que pour certains des thèmes de la philosophie promue par François. Refusant toute évolution qu'il voit comme une déstabilisation de cette société médiévale, il entre en conflit avec l'inventeur d'une machine à vapeur qui le tuera dans un moment de folie.
Blanche Rouget est l'amie d'enfance de François. Très belle et pourvue de nombreux autres atouts féminins, elle est sélectionnée sur concours pour devenir la chanteuse vedette de Radio-300, grande compagnie radiophonique. Elle a l'insouciance de la jeunesse et préfère à ses sentiments balbutiants pour François les fiançailles du directeur de la radio qui lui apportent la fortune et le bien-être. Elle se résoud à supporter les contraintes conjuguales que cela impose, ayant désormais en horreur la condition modeste de son premier prétendant. Lorsque la situation bascule et que la tournure des évènements fait de son fiancé un être impuissant à les affronter, elle rejoint avec satisfaction la sécurite dans le giron de François, auquel elle retrouve des vertus devenues primordiales : la force et le caractère. Elle devient sa femme dévouée alors même que lui, happé par ses obligations de chef, lui accorde moins d'interêt.
Jérôme Seita est le tout-puissant directeur de Radio-300. Sa mainmise
sur l'argent et la politique lui font croire qu'il est le
maître du monde. Il manque de lucidité et d'objectivité et ne se montre attaché
qu'aux seules valeurs qu'il connaît. Il s'approprie tout ce qu'il
désire, employant pour cela des moyens subversifs si nécessaire. Il
n'incarne pas le mal ni le mépris, en particulier il cherche, sans
en être capable, à secourir Blanche lorsqu'elle défaillit, et apporte
son aide à François. Trop confiant en l'argent, il n'a pas idée
qu'une situation puisse être à son désavantage. Il ne fait rien par
lui-même mais se montre très actif par le jeu de ses
subordonnés. Lorsque ceux-ci viendront à lui faire défaut, il se
montrera incapable d'accomplir par lui-même la moindre action et
sera immédiatement victime d'un monde où viendront des individus
pour qui sa parole ne sera pas un ordre ni son argent une persuasion.
Avec ce premier grand roman, Barjavel affirme déjà ses qualités de grand écrivain.
Ouvrage précurseur de Science Fiction, Ravage est aujourd'hui encore un modèle du genre.
La trame est haletante, l'idée originale, les spéculations futuristes abondantes
et les explorations de l'imaginaire aussi variées que
surprenantes. Si le texte n'est pas moraliste ou pire encore semble
prêcher des thèmes réactionnaires, du moins ne manque-t'il pas de
substance polémique et de nombreux passages sont d'exquises satires
de la société. Sur le style enfin, le roman est à son
apogée. L'auteur qui soignera plus la thématique dans les ouvrages à
venir semble ici tout particulièrement attaché à la forme. Il se
retient de tout écart dans le cours du texte qui seront abondants
sous forme d'onomatopées ou d'interjections dans les œuvres à
venir, s'autorisant tout au plus un style populaire dans les
dialogues lorsqu'il fait parler tel représentant des classes
populaires. Mais le dialogue est aussi l'occasion de s'y surpasser,
et dans la bouche d'un avocat il rédige à l'occasion au
subjonctif. Les dialogues nombreux sont vivants et assurent à
l'histoire un certain rythme alors que, dans la première partie, en
plus de la trame, l'auteur s'évertue aussi à peindre le décor d'un
Paris en l'an 2052. Comme il le confirmera plus tard, l'auteur sait
jongler admirablement entre le flot du texte et une courte
intervention d'un personnage qui anime et met en relief de façon
particulièrement concrète une description autrement plus
détachée. En faisant intervenir ponctuellement des personnages dont
le seul rôle dans le roman sera une déclaration, Barjavel est
légitimé à s'attarder sur ces intervenants, en leur consacrant une
courte mais néanmoins perspicace description. Ainsi l'auteur peut-il
brosser un panorama très varié et détaillé de la population de son
roman, sans s'y attarder à cette seule intention, et en ramenant
toujours son lecteur dans le feu de l'action par l'intensité du
dialogue. Voyons un exemple typique, extrait du moment où
l'électricité disparaît dans la salle de gala de Radio-300, où
l'auteur remarque subrepticement que la barbe est en train de
devenir désuète, observation qu'il reprendra et commentera dans la Charrette bleue :
La poésie romantique qui deviendra une spécialité puis une caractéristique de l'auteur n'est encore que balbutiante,
mais ces quelques apparitions, si elles sont rares, n'en sont pas pour autant dépourvues d'émotion, comme le montre par
exemple cette métaphore pour qualifier l'odeur qui se dégage des incendies ravageant Paris :
Mais l'heure est véritablement à l'horreur. C'est la première apocalypse de l'auteur, qui ne va pas s'économiser en
récits particulièrement atroces, rapportent souffrances, destructions, crimes et catastrophes avec une minutie et un soin
du détail qui plongent le lecteur dans une lecture hérissée. Le simple contexte est déjà cauchemardesque, avec des situations
telles qu'un affolement général dans les rames de métros plongées dans le noir, bondées de monde et où le feu se déclare,
ou encore des batailles dans les caves pour s'approvisionner en boisson et qui se terminent en boucheries sur du verre pilé
et dans des effluves de vins. Si l'on ajoute à ces scénari diaboliques le style et la narration de l'auteur qui en fait une
peinture très imagée, on assiste à une véritable tragédie qui ne laissera indifférent que ceux qui ne visualisent pas ce
qu'ils lisent. Voyons par exemple la scène où l'un des membres de l'expédition de François, prostrée au sol en pleine tempête,
se lève pour gagner un ruisseau voisin et assouvir sa soif.
Le champ lexical reflète cette atmosphère. Les verbes, noms et adjectifs ne manquent pas pour appuyer de leur présence
et diversité une ambiance de terreur et de destruction (entre parenthèses le nombre d'emplois dans le texte du mot et des
dérivés immédiats, pluriel ou féminin). La mort d'abord est très présente, avec les mots mort (105), cadavre (21), boucherie (7),
achever (7), tuer (6), périr (5), succomber (4), trépas (2)... Du monde qui s'écroule il ne reste que cendres (47),
poussière (23), débris (12) et ruines (11). La cendre en particulier est si présente dans le roman que la
traduction anglaise porte le titre Ashes, Ashes
{ voir }.
Ravage est le premier ouvrage de l'auteur lui donnant l'occasion de développer sa propre thématique.
Celle-ci souffre par rapport aux autres romans de quelques incertitudes et présente de nombreuses
pistes qui ne mèneront nulle part ou, pire encore, qui se perdent. Il y aborde les thèmes de la
société et de la place qu'y occupe l'individu.
Dans une longue première partie, Barjavel fait la description d'un Paris futuriste qui sera
bientôt le théatre de la fin du monde. Avant que ne surviennent les troubles de l'électricité
qui seront le support narratif de la catastrophe, le roman est une étude sociologique
d'anticipation, oscillant entre utopie et dystopie.
Le monde de demain tel que Barjavel l'entrevoit est alors fortement versé dans la technologie.
Bien que l'usage excessif des machines qui en rend ses utilisateurs dépendants provoquera les
effets de la catastrophe qui vont suivre, la technologie en elle-même n'est pas malfaisante.
Bien souvent au contraire elle contribue à une amélioration positive et redonne à nos villes
des airs de paradis perdu :
L'emblème même de la réalisation technique aboutie est l'urbanisme.
Barjavel - improvisant à l'occasion, et dans la même veine que celle dont Boris Vian
sera friand quelques années plus tard - un patronyme inspiré, Le Cornemusier -
dépeint une cité bien structurée, salubre, moderne et agréable, qui vient en remplacement de vieux
quartiers miséreux et sales, rasés pour faire place aux nouveaux bâtiments.
Les problèmes sont les conséquences des travers de ses habitants, comme la concentration dans
des villes congestionnées moins apte à accueillir correctement leur population.
La place mal attribuée aux machines est encore plus frappante avec l'exemple du plastec.
Barjavel imagine une structure plastique à laquelle il confère autant d'avantages par rapport à notre
plastique actuel que celui-ci en a par rapport au fer ou au bois d'antan. Le matériau miracle se
prête à mille possibilités nouvelles : malléable, des objets monolithiques entiers en sont
construits. Il est résistant et universel, on le retrouve dans l'immobilier, l'architecture, les
industries automobiles et vestimentaires et aussi dans les prothèses ou pour faire des gobelets.
Ses propriétés en font une matière d'art révolutionnaire, qui change de couleur avec l'heure ou
l'angle de vision, est luminescente avec des couleurs variées, ou au contraire dont la transparence
cristalline permet des sculptures en trois dimensions. Toutes ces propriétés fantastiques ne
devraient pas, cependant, être jamais utilisées autrement que dans l'interêt et au service de
l'homme. Un exemple tout à fait familier de notre société montre qu'il n'en est pas ainsi :
dans un accident de train catastrophique pour les passagers, l'habitacle de l'appareil qui en est
ressorti indemne fait la grande satisfaction de ses constructeurs, sans plus de considération
pour ceux à qui cette solidité aurait dû servir : les voyageurs.
Cette société futuriste passée maîtresse dans l'usage de la technique montre donc des signes
inquiétants de reniement de la personne humaine. Cela se révèle à plusieurs autres occasions,
comme la dénomination de « Siècle 1er de l'Ere de Raison » d'une période
toute récente, balayant donc comme déraisonnable l'héritage culturel
et social mais évidemment technologiquement primitif des générations
antérieures. Ce sera le rôle de la catastrophe que de revisiter ces
préjugés d'une civilisation à l'égard de son prochain et de ses
aînés. Pour l'heure, Barjavel en est encore à imaginer le
fonctionnement futur de la société.
Ce n'est pas dans ce roman qu'il fera ses meilleurs coups
d'éclats de devin et gagnera son image de visionnaire. Ses
prédictions majoritairement confirmées des moyens audio-visuels
futurs sont plus à attribuer à Cinéma Total qui reprendra ces idées
dans le détail, telles que la couleur et l'image en trois dimensions
ou l'anecdotique usage abondant et bien accueilli par les
spectateurs de la pornographie. L'usage du synthétique et notamment
de la nourriture artificielle a fait quelque chemin dans la réalité
et en fera d'autre chez l'auteur dans ses derniers écrits. Il
n'entrevoit pas, ni ici ni ailleurs, le formidable essor de
l'informatique, conserve quelques antiquités tels que le pneu
(seulement utilisé aujourd'hui en France et par tradition entre les
deux chambres parlementaires), exagère ou sous-estime d'autres
points, mais offre dans l'ensemble - et pour un des premiers romans
modernes de Science-Fiction - une description des moyens
technologiques de la société avancée tout à fait respectables et
convenant parfaitement à l'histoire qu'il entend développer. Par
contre on peut regretter quelques manquement un peu plus
dommageables sur l'évolution de la société. Politiquement, il a
bien compris l'enjeu des technologies. Il comprend que les mutations
technique provoquent l'essor social. Il baptise l'un de
ces tournants qu'il étale sur trois jours du nom des « trois
glorieuses », que l'on rapprochera évidemment de l'appellation
similaire choisie ultérieurement par Fourastié des « trentes glorieuses » pour
qualifier les trentes années d'émancipation industrielles, technologiques et sociales
après la seconde guerre mondiale. Cependant l'auteur manque à prédire l'émancipation de la classe
ouvrière par le biais de la robotisation et de l'automatisation.
L'auteur ne trouve pour le « prolétariat » que le confort d'une
société baignée de technique. Il y a certes donc pour eux une amélioration du quotidien redevable à la technique, mais leur
infériorité sociale reste un point d'ancrage. Barjavel ne peut imaginer un progrès autre que celui qui conserverait les différences
sociales, où les ouvriers restent à l'ornière de l'esclavage, sacrifiés à la tâche :
C'est la vision futuriste du roman qui sera la plus en défaut. D'autres de moindre importance
s'inscrivent aussi dans cette lignée, comme le maintien de labeurs aliénants tel que les
poinçonneurs ou, dans l'armée, de formations archaïques condamnées au massacre de leurs troupes
comme la cavalerie. Cette retenue à faire évoluer un tant soit peu les conditions de vie et
amoindrir les disparités sociales sous l'auspice de la modernité opposent une
réserve à la thématique de l'auteur, qui, trop résolument attaché à
l'avancement d'un progrès qui se fait sans amélioration du sort du
peuple, se voit contredit par les faits et affaibli dans la
poursuite de sa thèse : le progrès technologique sans le progrès
social est néfaste. Toute l'argumentation de l'auteur retrouve sa
pleine puissance avec cette légère modification qu'un progrès
technologique trop rapide par rapport au progrès social est
néfaste. Barjavel n'aurait-il pas pu concéder une amélioration
tangible de la société grâce aux machines ? Imaginer la
restructuration de la société ? En plein conflit mondial, et dans la période sombre de l'occupation allemande,
cela lui est particulièrement difficile. Ici le progrès est, pour raisons de guerre, tel qu'il
le décrit dans le roman : accéléré et sans la moindre considération pour les individus.
Certainement le contexte aura influé énormément sur le déroulement du récit. L'auteur attribue
même lors de l'interview citée précédement (voir section genèse)
l'idée de la disparition de l'électricité au couvre-feu qui plonge
Paris dans le noir à partir de seize heures. De plus, on voit souvent ressurgir dans le décor
futuriste et ultra-moderne les scènes du quotidien de l'auteur : par exemple au cœur d'une
ville qui brille de mille feux et retentit des toutes dernières innovations techniques, Blanche
vit dans un décor des années trente, assez déplacé plus d'un siècle après alors qu'il est déjà
de nos jours totalement oublié.
La prise acérée du siècle sur l'auteur se répercute encore sur la
fin du texte où le retour à la terre et la société patriarcale
résonnent avec certaines « valeurs » de l'époque du triptyque travail,
famille, patrie. Ne le voit-on pas, par exemple, imaginer des
institutions d'état pour former des mères de famille d'élite ?
Loin s'en faut pour autant d'attribuer à Barjavel un quelconque crédit du
régime d'occupation et de la politique du gouvernement de Vichy.
Les idées qu'il avance dans ce roman sont perturbées par l'incertitude et la morosité que lui
ont inspiré la situation, mais il reste distant de tout engagement politique.
La scène extraite suivante en est une des révélations. Parmi l'une des
meilleures satires du roman elle montre, alors que le ministre des
P.T.T. interrompt le chef du gouvernement pour lui faire savoir la
façon de penser de sa couleur politique, que l'auteur est pleinement
conscient et indépendant de tout reflexe doctrinal :
Dans sa société futuriste que l'on comprendra donc néanmoins reflet
de la sienne contemporaine, Barjavel n'a pas manqué de mettre à
l'œuvre tous les rouages de la finance et du pouvoir, et d'en tirer
les ficelles pour faire jouer les frictions résultantes. L'archétype
du parvenu, héritier richissime et tout puissant, n'ayant comme
seule qualité que sa position, est Jérôme Seita. Directeur de la
radio, il incarne le pouvoir égoïste et arrogant, qui trouve
naturels les privilèges dont il jouit. Ce n'est pas sans plaisir que
le lecteur assiste à l'effondrement de l'empire du magnat de la
presse. Son argent n'ayant soudainement plus aucune valeur, homme
assisté en tout, il devient dès lors vulnérable et plus faible que
le premier venu. Sa première tentative d'imposer un pouvoir qui n'a
plus cours lui coûtera la vie. Cette impuissance se répercute chez
tous mais avec d'autant plus d'ampleur que le pouvoir détenu était
grand. François, le héros, habitué à tout faire par lui même, sera
donc parfaitement a même de prendre la tête d'une expédition pour survivre à la
catastrophe. Avec ces revirements de situation, que peuvent causer
des remaniements politiques, des soubresauts économiques, un
évènement personnel inattendu, ou comme dans le roman une catastrophe
naturelle, Barjavel enjoint à une vie indépendante autant que
possible de l'extérieur, non seulement parce qu'autrement
l'individu se voit fragilisé en cas de vacillement de l'autorité
dont il dépend, mais aussi parce qu'on ne vit que lorsque l'on vit
par soi-même. Cet aspect de la thématique qui revêtira son plein
essor dans les écrits à venir est déjà perceptible dans Ravage:
La société telle qu'elle est présentée en première partie du roman
trahit certains dysfonctionnements dont les conséquences ne se révèlent finalement pas.
Les personnages accusent tous quelques travers. Ainsi
François se montre un amant possessif et Blanche une femme pour qui
l'amour est plus affaire de confort et de jeu que de sentiments
épanouis. D'autres personnages secondaires nous apparaissent comme
aux prises d'une société indifférente où ils ne font qu'acte de
présence. La vie y est artificielle et ses acteurs semblent las.
Les activités sont déconnectées de toute réalité sensible. Les
pêcheurs par exemple auraient en horreur de consommer le fruit d'un
loisir devenu totalement inutile. C'est la catastrophe qui va
braquer les lumières sur ces maux bénins qui, en apparence, sont
sans importance. Barjavel veut montrer que sur des bases aussi peu
solides, le moindre dérapage peut crever l'abcès et tuer une société
malade. La catastrophe qu'il choisit est la disparition de
l'électricité. Bien sûr quand on sait le nombre d'outils et machines
mus par l'énergie électrique, on comprend que l'idée heureuse de
l'auteur lui permettra de paralyser d'un coup la société toute
entière. Il en fera un usage magistral. Mais alors qu'il n'avait nul
besoin sérieux de se justifier de ce choix judicieux pour en
récolter les dividendes, il semble en faire grand cas. D'abord il
annonce l'imminence de la catastrophe par quelques signes
précurseurs de baisses de tensions, de plus en plus fortes, comme si
l'électricité était en train de se « casser ». Par la voix du
scientifique le Dr. Portin, il rattache ces évènements aux
recrudescences des tâches solaires. Ce ne sont là que de bien menus
détails cherchant à rendre plus vivant le terrible évènement. Il est
plus étonnant que dans un autre roman, le Voyageur imprudent,
Barjavel revienne sur cette question et traite dans une note de bas
de page de la question explicitement, citant Ravage et résumant
les faits, pour discuter de la cause sans rien ajouter de bien
précis pour autant. On y apprend simplement que l'auteur s'est
longuement interrogé à ce sujet comme s'il était véritable plutôt
que le fruit de sa propre imagination. Il conclut ensuite sur
l'inutilité de discuter de la cause initiale. Revoyons, extrait du
Voyageur imprudent, ce retour énigmatique à Ravage :
C'est aussi dans le Voyageur imprudent qu'il faut aller chercher la
raison de l'an 2052 où se déroule l'histoire. Nostradamus a en effet
écrit un verset, que Barjavel, par la voix d'Essaillon, rappelle au lecteur puis
interprète :
Ces explications par ouvrages interposés se faisaient-elles
dans l'espoir de renvoyer les lecteurs sur le roman précédent ? On
peut le penser mais l'auteur eut alors plutôt intérêt à appliquer
cette formule - avec les risques d'incompréhensions qu'elle comporte
pour le lecteur - à l'envers. En effet, alors que Ravage eut un grand
succès immédiat, le Voyageur imprudent est longtemps resté relativement discret, - malgré
le Prix des Dix attibué aux deux romans ensemble -
jusqu'à ce que l'auteur soit redécouvert par les lecteurs de
S.-F. après la Nuit des temps et le Grand secret.
Privée de la technologie autour de laquelle toute la société s'est
construite, l'humanité sans autres repères se retrouve propulsée à un nouvel
âge de pierre, dans un monde sans pitié où la loi est dictée par la
violence et la force. Celui qui n'a d'autre expérience de lui-même que
par le reflet des machines est handicapé, incapable sans
outils de voir son entourage immédiat alors qu'il contemplait hier
encore le monde entier au travers de ses instruments.
p class=barjavel>
Chacun allait se retrouver dans un univers à la mesure de l'acuité de ses sens naturels, de la longueur de ses membres, de la force de ses muscles.
Une emprise plus concrète sur le monde est alors vitale, ainsi qu'un
abandon des futilités qui sont l'apanage de ceux qui se parent de
mille « gadgets » :
Ce retour brutal aux sources s'accompagne d'excès qui ôtent à ceux
qui en font la démarche tout caractère humain et les contraignent au
recours de réflexes indignes de bêtes sauvages. Chacun abandonne ce
qui lui est le plus cher, ne pensant plus qu'à lui même :
Pour redevenir des êtres humains dignes il faudra aux survivants
expier leurs erreurs du passé et parcourir un chemin de croix qui
les reconduira d'une civilisation où la technique est maîtresse à
celle pour laquelle l'homme en est la figure centrale. Pour cela, il
faut fuir la capitale en feu, symbole d'un monde que les hommes ont
abandonné à des forces qu'ils ne maîtrisaient pas, et qui n'est
désormais plus qu'une jungle féroce. Lorsque dans l'adversité de
leur migration ils rencontrent d'autres éprouvés qui n'ont cependant
pas choisi de s'arracher aux griffes qui les dépossédaient d'eux-mêmes,
ils ne voyent que des loques squelettiques qui
s'entre-dévorent. Ceux-là, ayant choisi de ne pas faire par eux-même
le travail des machines et de sombrer dans la facilité
criminelle et bestiale, ne retrouveront ni les fruits de ce travail
ni le statut d'être humain. L'équipe de François, fourbue d'efforts
et écrasée par l'hostilité environnante, comprend alors que sa
déchéance physique et sa grande affliction n'est qu'un prix
temporaire à avancer pour souscrire au retour d'une vie
harmonieuse. Ils n'ont pas perdu l'essentiel. Ils demeurent, même
malades et mutilés, des êtres humains.
Le voyage au début relativement routinier devient de plus en plus
difficile au fur et à mesure de leur progression. Bien sûr la
transition complète reste plus difficile que la simple volonté de
l'effectuer. Ce n'est que sur la fin qu'il devient un véritable
supplice et que leur volonté est la plus rûdement mise à
l'épreuve. La nouvelle hiérarchie doit faire ses preuves. À la tête
de ce qui deviendra vite un clan se trouve celui qui a la plus haute
autorité morale et spirituelle, ainsi que la meilleure connaissance
du monde et de la façon de vivre en son sein. Ceux qui le suivent,
si sa philosophie est correcte, seront épargnés. Ceux qui bravent
ses recommandations seront éliminés. Ce sera le cas du garde qui,
oublieux des ordres de François, se lèvera en pleine tempête pour se
désaltérer. Ceux qui n'ont pas le courage de suivre trouveront la mort.
Plus tard cette société sera instituée avec interdiction pour
ceux qui n'ont pas été désignés chefs d'accéder à un certain niveau
de connaissance, comme par exemple la lecture, et interdiction
formelle à tous de construire ou d'innover. On voit donc que la
transition de l'ancien au nouveau monde s'est accompagnée de
mutations profondes dans la société ainsi que d'une interdiction de
tout mouvement en direction du passé. Cette rupture qui balaye toute
notion de progrès appelle en remplacement le développement de
ressources personnelles. C'est au cours de l'expédition que cette
possibilité est approchée et, peut-être, que François y est éveillé.
L'homme serait capable, en mobilisant suffisamment les forces de son
corps et s'il dispose de suffisamment d'énergie, de réaliser de
véritables prouesses, à l'égal voire surpassant les accomplissements
des machines, et tout ceci du seul fait de l'individu. La
spéculation de telles ressources s'insère donc naturellement dans la
thématique de Ravage, et intervient lors de la visite de l'asile
psychiatrique. L'équipe de François y trouve deux aliénés à qui de
fortes doses d'énergies ont été dispensées médicalement, et qui par
la force de leur conviction vont extérioriser l'objet de leur
folie. L'un d'eux se croyant Jésus peut jouer de l'éclairage
environnant ou encore apprivoiser les animaux. L'autre se prenant
pour la Mort n'aura comme intervention que de foudroyer l'aventureux
Dr. Fauque qui a croisé son regard, et d'illustrer encore ce faisant
que le désir de connaissance sans une certaine forme préalable de
sagesse entraîne irrémédiablement la destruction. Ainsi ces individus sont
capables de faire par eux-mêmes ce qui nécessiterait pour un autre
homme le recours à une lampe, un appeau ou une arme. Cette vue,
même si elle trouve sa place dans le roman, devient si spéculative
que l'auteur n'a pas la place de la développer. Il le fera dans le
Voyageur imprudent où l'usage de cette énergie transformera la
société jusqu'à chacun de ses individus.
La fuite de Paris à Vaux, le petit village natal de François et
Blanche, est donc plus un parcours initiatique qu'un déplacement
géographique. Les obstacles qu'ils ont affrontés les ont
mis à l'épreuve et les ont préparés à un mode de vie avec lequel ils
avaient tous rompus à un certain degré. D'abord accompagnée de
vivres et de vêtements, de moyens de locomotion, d'armes et
d'outils, la troupe s'est vue progressivement démunir de tout ce
qu'elle possèdait. Sur la fin du voyage, ils n'ont plus rien, plus
de nourriture, plus de force, ils sont nus, exténués d'avoir fournis tant
d'efforts. Mais ils sont arrivés.
Ce à quoi aspirent les pénitents est le retour à la terre,
c'est-à-dire, le retour à un mode de vie où l'homme appréhende
l'extérieur en prenant la pleine conscience de la limite de ses sens
et non pas en se fourvoyant dans l'artifice d'intermédiaires qu'il
ne comprend pas et qui l'abusent. Abus qui peut devenir, comme dans
le roman, une trahison mortelle. Tout doit être ramené à l'échelle humaine,
ainsi que l'illustre sur la possession des terres une des lois de la
société nouvelle :
L'argent et le commerce sont proscrits pour que chacun ait à faire par lui même ce sont il a besoin. La nourriture sera donc le fruit
du travail de tous, travail auquel sera versé le tribut de l'effort. Celui-ci seul peut faire prendre conscience de la réalité
et susciter le plaisir du travail. Bien avant la catastrophe, François avertissait son amie :
Il en sera ainsi pour tout. Les habitations construites sans machines, et donc sans démesure, sont à la hauteur de ce que la
peine peut consentir pour contenter l'aspiration. Une humble maisonnette devient un véritable palais à celui qui l'a bâtit de ses
mains. Un palais est transparent à qui le traverse derrière une armée d'ingénieurs et d'ouvriers. Sur l'urbanisme, une autre loi
contient l'expansion des villages et limite la démographie, sans quoi l'individu se retrouve perdu dans une foule où il ne connaît
plus ses voisins, ce qui est inadmissible dans une société où l'individu est la valeur première, et avec lui la famille et les
amis.
Le ratio des sexes qui est désormais à l'avantage des femmes, en
surnombre, voit cette société s'imposer la polygamie, afin qu'aucune
femme ne soit exclue. Chacune devra enfanter et avoir un amant. Les
hommes les plus beaux et les plus méritants doivent accueillir des
femmes sans grands attraits physiques. François lui même épouse
ainsi une femme à barbe et une autre qui boite.
On notera que cette démarche va à l'encontre de considération eugénistes qui auraient pu voir le jour afin
d'« optimiser » la qualité du repeuplement. Rien de tel chez Barjavel.
Cette vérité, ou cette connaissance, est la responsabilité d'un
homme capable choisi par des épreuves annuelles et qui sélectionne
le meilleur. Il s'agit donc d'une véritable aristocratie, sans
transmission de pouvoir par l'hérédité. Au pouvoir s'associe l'âge
avancé, image de la sagesse et de la connaissance. François devient
le patriarche. Il est le père de toute une civilisation,
vieillissant dans un âge très avancé. Aux toutes dernières pages du
roman, il a cent-vingt-neuf ans, et d'autres méritants à ses côtés
atteignent ces longévités peu courantes, surtout à l'époque réelle
du roman où les doyens sont en principe seulement
octogénaires. Cette longévité est un écho à la Bible où les premiers
hommes vivaient, derrière Mathusalem, plusieurs fois centenaires. La
chair corrompue et fragile retrouve, en même temps que la terre et
la vie saine, la santé sereine et solide qui n'a pas besoin de
médecine. Il n'y a plus de malades. Celui qui est élu pour sa
sagesse a autorité sur son village et est seul à gouverner, sans
partage, en cumulant les diverses responsabilités.
Cette société s'appuie donc sur l'idée que les hommes doivent être
plus commandés et surveillés que gouvernés. Un de ses fondements est
encore plus en contradiction avec les habitudes du lecteur: cette
société est fondamentalement obscurantiste. Si l'alcool y est
interdit pour ne pas abrutir les masses et permettre à chacun de
rester constamment conscient, ce que l'on peut comprendre et
accepter, il en est de même des livres. Ceux-ci sont recherchés, et
brûlés. L'innovation est interdite, et lorsqu'il viendra à l'un des
habitants observant l'effet de la vapeur sur une marmite l'idée de se
servir de la force de la vapeur, celui-ci poussé par la seule
curiosité et l'innocente et même généreuse intention de soulager la peine de ses frêres
deviendra un criminel, qu'il faudra exécuter. Ce sont là des
restrictions bien sévères, des interdictions bien
catégoriques. L'auteur lui même n'en est peut-être pas satisfait. Si
l'alcool est interdit, le vin consommé avec modération est
autorisé. Si les livres sont brûlés, c'est à l'exception des ouvrages
de poésie (on notera une méfiance similaire envers les écrits dans les
dispositions prises par Mr Gé dans Une Rose au paradis, où le seul livre
emporté dans l'Arche est « Les Fables de La Fontaine »
Dans le contexte historique de la parution de Ravage, il est légitime de se poser la question
de son intégration à des courants de pensée de l'époque, qui, compte tenu des moyens et méthodes
de la propagande alors en action, ne peuvent être ignorés.
Les commentateurs d'aujourd'hui ne s'en sont pas privé, et le dossier de l'édition Folio plus
insiste sur cette optique d'une manière qui peut d'ailleurs biaiser une étude vraiment objective.
Se constituer une vue claire de cet aspect de l'œuvre nécessite un exament d'un ensemble de sources,
directes et indirectes, et seuls les textes et les faits avérés peuvent se voir attribuer une validité.
On trouvera une page consacrée à ce thème comportant de bien plus longs développements,
intéressants a priori essentiellement le spécialiste soucieux d'approfondissements,
et qu'il serait disproportionné de détailler ici.
( aller à cette page )
La parution de Ravage en 1943 fut saluée comme on l'a vu par l'attribution du Prix des Dix, décerné comme "ersatz" du Goncourt
par un jury d'humoristes et collègues de Barjavel dans ses activités journalistiques (Jan Mara écrivait avec lui avant la guerre dans « Le Merle blanc »)
L'hebdomadaire "collaborationiste" de R. Brasillach Je Suis Partout présenta dans son numéro du 12 mars 1943
un article à propos du roman, étoffé d'une interview de l'auteur par Henri Poulain, sous le titre "En parlant de leurs
livres - Dans l'arche de René Barjavel, promoteur paisible des déluges"
{ voir l'article }.
Cet article, et surtout le contexte de sa parution, justifient quelques commentaires que l'on pourra lire { ici }.
Ravage fut aussi présenté par Henri-François Rey dans la rubriques “Les Livres” de la revue IDÉES
qui avait été créée à Vichy en novembre 1941 comme "Revue de la Révolution Nationale" prônée par le Maréchal Pétain.
{ voir cet article }.
En octobre 1943, le mensuel FRANCE - Revue de l'État Nouveau - édité à Vichy et dont le nom, la couverture et le
contenu montrent bien une allégeance aux idées du nouveau chef de l'État Français, présentait sous la signature de Gilbert SIGAUX une critique certes
élogieuse du roman, mais ne mettant nullement en avant la sympathie des idées relatives au "retour à la Terre" que
certains ont pu y trouver.
{ voir l'article }.
La critique redécouvrit le roman, et avec lui Le Voyageur imprudent, lorsque la vogue de la Science-Fiction en France
prit quelque consistance, c'est à dire vers la fin des années 1950.
Formons donc le vœu que cette parution révèle le nom de Barjavel à un grand
nombre de lecteurs, et qu'elle leur donne envie de connaître également les autres œuvres du
doyen de la science-fiction française contemporaine.
et :
(...) le lecteur (...) s'attache à l'action, il s'associe aux difficultés du petit groupe) il en vient à souhaiter que le courage et la ténacité des voyageurs trouvent quelque récompense : c'est là le principal, en vérité, car c'est à cela que se mesure la réussite de l'auteur.
On lira l'intégralité de la critique
{ ici },
Quelques années plus tard, Démètre Ioakimidis récidivait en publiant dans le n°191 de « »Fiction »»
{ »voir ce numéro },
une critique couvrant Ravage et Le Voyageur imprudent - consacrant ainsi la dualité des deux romans. Les Terriens de 2052 sont donc à cet égard des victimes, et Ravage devient un réquisitoire
contre des gens que ta fatalité a frappés, ce qui n'emporte pas nécessairement l'adhésion
du lecteur. Mais celui-ci est en revanche entraîné par la narration elle-même, dont la ton
conserve tout son mordant après un quart de siècle.
La critique complète est consultable { ici },
Ravage restera le roman "prototype" de la Science-Fiction française moderne, et plutôt
que sujet de critiques, il devint sujet d'études, thèses - et même devoirs scolaires - comme présenté plus haut.
Se situant comme on l'a vu dans le courant des romans cataclysmiques, Ravage a en fait
été l'un des premiers romans de Science-Fiction moderne à y inclure les considérations résultant
de l'interaction d'un univers technique, d'une situation extrème et de comporements sociaux qui deviennent par celle-ci inapproriés.
De nombreuses œuvres romanesques ont suivi cette voie, mais aussi des réalisations relevant d'arts très différents,
ainsi que des courants de pensée qui virent leur apogée à l'approche de l'an 2000.
La page Ravage les a inspirés en présente les plus notables.
Ravage, la présente page et ses compléments ont été présentés par plusieurs pages du barjaweb
qui en abordent divers aspects ou ont annoncé leur publication initiale. On pourra s'y reporter avec intérêt car des
points particuliers s'y trouvent mis en avant.
ÉTUDE LINGUISTIQUE
Dans un tel contexte règne un chaos bruyant, d'où surgissent la maladie et la
souffrance, ainsi que le vocabulaire associé : bruit (60), cris (85),
vacarme (6), assourdissant (4), maladie (27), choléra (10), plaies
(8), troubles (6), puanteur (4), malheur (19), souffrance (9),
douleur (8), fatigue (14), colère (12), larmes (10), folie (6),
crise (6), panique (5), peur (21), horreur (11), épouvante (16),
angoisse (14), terreur (25), atroce (6), abominable (6), ténèbres
(9), enfer (8), catastrophe (12), cataclysme (5), fléau (6), déluge
(6), tempête (11), ouragan (5), etc... Il ne faut pas compter
sur Dieu (25) qui ne veut pas pardonner. La religion n'intervient
que timidement (et d'ailleurs nommément une seule fois, et dans le
contexte tout à fait différent de la fin du roman). Au contraire le
diable et ses démons semblent très actifs. L'auteur a par ailleurs
choisi une fin du monde à l'image de l'enfer (8) où la destruction
se fait par le feu (66). S'ajoute donc au chaos tout les termes se
rapportant à la chaleur (52), toujours très présente, notamment par
usage de la racine de brûler (33). L'atmosphère est torride (5) et
ardente (4), les flammes (51) et les incendies (22) nombreux. En
seul rempart du feu et de la chaleur, l'eau, qui est très
abondamment utilisé (cent quinze fois) mais surtout parce qu'elle
manque constamment. Le champ lexical des couleurs accompagne ce
sinistre décor. Les couleurs froides et sombres (8) de la désolation
prédominent. La plus citée est le noir (85) de la nuit (76) qui
plonge les hommes dans la pénombre (9). Il s'accompagne du blanc
(35) et du gris (25). Le rouge (35) est plus consacré à la vie,
notamment au vin, aux couleurs vives des combinaisons, au sang, mais
à l'occasion il se fait aussi vecteur de l'oppression du feux, du
soleil, des braises. Une couleur vivante et agréable, le rose ou
rosé, est étonnament utilisée (par douze fois). À chaque fois elle
est la couleur de la vie bien portante, d'une fille potelée, d'un
ministre gras, d'angelots, de lèvres charnues... Elle est, même dans
un autre contexte, signe de paix et de confort, couleur de robe ou
de maison, d'oiseaux. Les autres couleurs plus communes ne se
distinguent pas par un usage particulier et représentatif (le bleu
par exemple, utilisé vingt-six fois, sert autant à colorer un ciel
ou un regard que les cernes ou un champignon de pourriture). Le rose
brille surtout par son caractère moins commun que les autres
couleurs (vert, jaune,...). C'est, toutefois, la couleur préférée
de l'auteur. Le vocabulaire de la mort est donc largement
prédominant sur celui de la vie (57), et à cause de la catastrophe,
l'amour (29), la joie (27), le bonheur (19) font des interventions
relativement peu fréquentes, s'étalant sur un panel de vocabulaire
restreint. L'auteur fait presque autant usage du mot «survivant»
(15) que du mot «vivant» (17). Pour illustrer avec force de l'image
les supplices endurcis, il fait grande usage du champ lexical
corporel. Les mains (138) sont largement en tête, comme il est
typique de l'auteur, et avec elles les doigts (36) et les bras
(66). Puis vient le visage (67) ou la tête (65) qui est la partie
noble du corps et celle plus amène à exprimer l'émotion et plus
particulièrement la souffrance. Seront donc souvent sollicités les
yeux (91), la bouche (36), les oreilles (28), le front (20), les
joues (19), les dents (17), les narines (13) et le nez (16), le cou
(13), la gorge (7) et jusqu'aux tempes (4). Mais les autres parties
du corps interviennent aussi copieusement: les pieds (74), le cœur
(27), le ventre (28), les épaules (24), la poitrine (19), les jambes
(18), les genoux (16), les cuisses (9), les reins (6), les poumons
(9), ainsi que les organes généraux ou de surface: la chair (27) et
la peau (28), les os (18) et les muscles (14). Les personnes
concernées sont très majoritairement les hommes (227) devant les
femmes (113), les enfants (58) mais surtout les jeunes (75) devant
les vieillards (28). La foule (38) et les gens (35) qui apparaissent de
façon groupée plus souvent devant les autres
classifications--directeurs et patrons (17), scientifiques et
savants (14), ouvrier (14) et paysans (14)--montrent que la société
est appréhendée d'abord de façon anonyme, sans grande distinction de
classe ou de statut. Tous sont égaux devant la
catastrophe. Une exception concerne l'autorité (11) très présente
d'abord par sa tête, avec les ministres (42) ou plus tard les chefs
(53), ensuite par son executif: gardes (44), police (9), soldats et
militaires (7). Cependant bien vite cette hiérarchisation s'efface
pour laisser place aux seuls fugitifs (15), survivants (15),
pillards (10) et victimes (5). La mécanisation de la société qui est
au cœur du roman se voit attribuée une part respectable, mais loin
d'être centrale, dans le vocabulaire. On y trouve des voitures (54),
des avions (31), des machines (38), des usines (38), des moteurs
(29), des appareils (22), du plastec (néologisme) (18), des écrans (14), des
outils (5) et instruments (4) ou de façon plus abstraite encore la
science (18) et la technique (6), le progrès (11), un peu de
connaissance (8) mais peu de sagesse (7). La grande fautive,
l'électricité, en est bien sûr le symbole le plus abondant
(cinquante quatre apparitions directes, sans compter les nombreuses
références telles que l'énergie (17) ou plus concrètement les piles
(5), accumulateurs (4) ou batteries (1)).
Dans la Thématique de Ravage :
THÉMATIQUE
Ou plutôt :
Le fil directeur est la disparition de l'énergie, thème important pour lui-même et légitime,
comme l'auteur ne manque pas de le faire remarquer (voir section genèse)
en se référant à des coupures d'éléctricité et des pannes classiques de courant qui ont déjà
plongé certains grandes villes américaines dans des commencements de situation qui se
retrouvent dans le roman.
Plus importante cependant est la place de l'inharmonie du citoyen au sein de sa
cité. L'homme n'y est pas heureux, et malgré tous les efforts quil tente, son entourage
s'occupera de le replonger dans mille sortes de problèmes. Bien qu'il se fourvoit de plus en plus
avec le temps dans un mode de vie qui l'opprime, l'homme trouve une distraction à ses malheurs
dans le progrès qui l'accompagne sur cette route qui le conduit à sa perte.
C'est la véritable thématique autour de laquelle Barjavel construit son roman.
Influencé par la morosité ambiante dans un monde en guerre et un pays occupé,
et ne l'ayant peut-être pas approfondi assez pour lui même, l'auteur développe sa thématique
d'une manière qui peut sembler erratique.
Après un début dont la dynamique du scénario permettra d'escamoter les faiblesses,
il termine le roman à bout de souffle, sans avoir
complètement convaincu le lecteur, avec une société entre Moyen-Âge et Ancien Testament.
Il lui eût peut-être mieux valu anéantir l'expédition pour conclure le roman en même temps
que l'aventure. Mais Barjavel qui va - peut-être malgré lui -se forger avec Ravage
une image d'auteur pessimiste et antiscientifique, ne peut sans doute pas - ironiquement
parce qu'il est confiant et persuadé qu'il existe une solution - se résoudre à une telle fin.
~THÉMATIQUE~
La Ville Radieuse
Le véritable problème n'est donc pas la technologie mais plutôt l'usage que l'homme fait de cette
technologie. Remplacé par les machines plus efficaces, l'homme qui demeure cependant toujours la
finalité et qui ne peut être retiré du cycle, se retrouve inutile, inefficace, presque indésirable.
C'est le cas par exemple des serveuses de bar qui ne sont là que pour leur présence:
L'ouvrier spécialisé qui est un pilier de la société contemporaine de l'écrivain,
dans la continuité du siècle écoulé, retrouve dans le roman une place
identique à celle qu'il occupe dans le milieu du 20ème
siècle. Son éducation est limitée, son travail difficile, ennuyeux et avilissant :
~THÉMATIQUE~
La Catastrophe et la Fuite
L'auteur semble plutôt être resté sur un sentiment d'inachevé avec Ravage. À,
plusieurs autres reprises dans le Voyageur imprudent il complète
certains points, élaborant notamment sur les us linguistiques des
populations d'alors, dont il n'est nulle mention dans le présent
ouvrage. Notons encore que concourt une autre possibilité pouvant
prétendre à expliquer ou causer la catastrophe, qui est celle de la
déclaration de guerre de l'empereur noir. C'est encore un manifeste
empiètement dans l'histoire des évènements que le romancier subit
dans sa vie. Il n'y a aucune nécessité à faire peser une menace ou
un climat de guerre dans le roman, sinon pour l'auteur d'exorciser
par l'écriture les terribles réalités du moment. Plus important que
la cause, intervient la nécessité de cette rupture avec ce que
Barjavel voit comme une fuite en avant. Est-ce le seul fait d'un
accident ? L'auteur qui n'est pourtant pas mystique se réfère à de
nombreuses reprises à un acte de rétorsion divin. Il avait même
envisagé de baptiser initialement son roman « Colère de Dieu » mais, coomme on l'a vu, en
fut découragé par son éditeur. Il restera tacite au moins de façon
hypothétique que la privation d'électricité est le fruit d'une
volonté supérieure, d'une nécessité cosmique, d'un ordre ou d'un
rappel à l'ordre de la Mère Nature. Ainsi dès lors que l'électricité
« disparaît » ou quelque soit la cause véritable de son inaction
subite, les détournements par l'homme de l'ordre naturel des choses
qui semblaient ne se traduire que par des désagréments latents
peuvent alors prendre leur pleine ampleur pour révéler la véritable
portée de l'incurie humaine à l'égard de ce qu'il ne maîtrise
pas. Il est temps de payer la négligence des écarts commis dans
l'insouciance par la chute. François qui pressentait la dangerosité
d'une rupture avec la nature commente :
~THÉMATIQUE~
Le Retour à la Terre
La vérité, ou la pleine conscience de la réalité, compte parmi les valeurs
primordiales. Il faut y voir ici les premières requêtes de « vérité »
de l'auteur, qui seront à l'apogée dans la Faim du tigre.
Ainsi, comme nous l'avions déjà remarqué, les outils et
toutes les créations humaines demeurent désirables. C'est leur usage
qu'il faut surveiller. Rien n'est dangereux sinon l'homme et son
usage inconsidéré, insouciant, inconscient des objets et forces qui
l'entourent. L'interdiction est-elle une solution ? La fin du roman
laisse penser que non. Toujours obéissant, sans jamais penser faire
le mal, un fidèle sujet transgresse les lois. C'est donc que les lois
ne sont pas naturelles. Le roman s'achève ainsi. Dans sa direction,
le Voyageur imprudent ira plus loin encore en adaptant non les lois à
la société, mais la société aux lois que nous avons vu ne pas
convenir à l'homme tel que nous le connaissons. L'auteur atteindra
une configuration qui fonctionne, mais il y aura perdu l'être
humain. Ce sera l'œuvre du reste de sa vie que de trouver un
équilibre entre l'homme, les hommes et l'univers, et dont Ravage
était la première tentative quelque peu chaotique.
Ravage, un roman sous influences ?
CRITIQUES PUBLIÉES
AU SUJET DU ROMAN
Le même Je Suis Partout allait publier en feuilleton l'année suivante Le Voyageur Imprudent, et le présenter
par un article élogieux consacré à l'auteur sous la plume de Claude Maubourguet
{ voir l'article }.
Cette collaboration strictement "littéraire" fut cependant reprochée à Barjavel par la suite lors de l'Épuration du monde des Lettres qui suivit la Libération.
À la fin de 1959 fut publiée la première édition de poche (Livre de poche n°520)
{ voir },
et la jeune revue « Fiction » publia dans son numéro 77 d'avril 1960
{ voir ce numéro },
une critique du roman sous la plume de Démètre Ioakimidis, dont on citera par exepmle :
Concernant Ravage, son avis n'a pas changé, tout en insistant particulièrement sur un aspect d'incomplétude du roman, le fait que la catastrophe n'est jamais expliquée
pouvant laisser planer une réticence du lecteur à rentrer dans l'idée de l'auteur :
CRITIQUES DES VISITEURS
Vous aussi, faites partager par l'intermédiaire du barjaweb
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Ravage a inspiré d'autres œuvres
AILLEURS SUR LE BARJAWEB :
quelques liens
COPYRIGHTS