Article et interview consacrés
à René Barjavel
dans le fanzine
MAL d'AURORE
(1970~71)

Les années 1960-70 ont vu la prolifération de petits magazines édités par des fans de science-fiction, et destinés à leurs semblables, qui sont traditionnellement dénommés fanzines. Réalisés avec enthousiasme et des moyens souvent artisanaux (dactylographiés et dupliqués au carbone ou, luxe suprême, par stencil), ils se sont restreints à des tirages "confidentiels" et souvent une vie éphémère... Certains se sont étoffés, modernisés - et institutionnalisés -et poursuivent leur carrière aujourd'hui.
Mal d'Aurore était une petite revue qui a laissé très peu de souvenirs, bien que son rédacteur en chef, Noë Gaillard (maintenant enseignant dans le Midi), continue avec assiduïté et passion ses analyses et comentaires de la science-fiction française. J'ai eu la chance de découvrir un exemplaire correctement conservé du numéro 4 spécial "René Barjavel".

Couverture de fanzine Mal d'Aurore

Ce numéro contient un article "Rencontre avec René Barjavel". Une dizaine de pages, à la typographie hésitante et aux rares corrections (l'orthographe et la rédaction étant par ailleurs assez soignés) en surcharges manuscrites, présente l'auteur, ses oeuvres, et se complète d'une interview "recueillie par correspondance", sous la signature de Noé de l'Arche - pseudonyme d'un rédacteur de la revue maintenant oublié.

Je propose ci-après la retranscription complète de cet article, remise en forme pour une meilleure lisibilité mais gardant l'évocation de la typographie d'origine. J'ai placé entre parenthèses des renvois cliquables qui sont mes notes fournissant des explications sur les points concernés. Ces notes sont récapitulées en bas de page.
 


René Barjavel

   René Barjavel est né en janvier 1911.
"Ravage" son premier roman (extraordinaire) est publié en 1943, et en 28 ans d'activités artistiques il a publié 13 livres :,
 Trois romans extraordinaires : "Ravage","Le Voyageur Imprudent" et "Le Diable L'emporte".
 Deux romans de Science-Fiction : "Colomb de la lune et "La Nuit des temps"
 Trois romans : "Tarendol","Jour de feu" et "Les chemins de Katmandou".
 Deux essais : "Cinéma Total" et "La Faim du Tigre".
 Deux recueils de nouvelles : "Les enfants de l'ombre" et "La Fée et le soldat".
 Un journal : "Journal d'un homme simple".
 


"Ravage" : Science-Fiction avant l'heure, en France. Nous sommes dans un mode électrifié dans ces moindres détails, au XXI° siècle. La vie y est mécanique, classifiée, stratifiée : à chacun sa partie pour le bien de tous.
Une cause inconnue a pour effet de bouleverser les modalités physiques de l'électricité. Tout devient inutilisable. Les hommes deviennent, quand ils ne meurent pas, des loups.
Le héros décide de rejoindre à pieds son pays natal, la seule région de France qui soit restée "pure", parce qu'elle fournissait les légumes et les fruits : la Provence. Il veut y retrouver la vraie vie. La plus grande partie du livre est la description de cette marche pleine d'imprévus (le néo-Christ, la mort, l'incendie du pays, les villes mortes etc...) pour la petite troupe qui entoure le héros.
Ils réussissent et la vie reprend un cours plus humain. Mais cela comporte des défauts et quand à la fin du livre nous voyons réapparaître la machine à vapeur, nous ne sommes pas étonnés de voir le héros mourir pour empêcher cette machine de vivre ; c'est son fils qui réussit à sauver la vraie vie dans cette Provence des Hommes.


"Le Voyageur Imprudent" : C'est l'histoire d'un officier de la guerre de 39/45 qui parcourt le temps par amour et curiosité. Il rencontre un soir d'hiver un scientifique, comme lui, et sa fille. Grâce à eux il visitera l'avenir et volera dans le passé.
- L'avenir n'est pas réjouissant, il nous montre un monde rationalisé à l'extrême. Les fonctions des habitants y déterminent leurs formes et leur pensée (!) Il n'y a plus d'homme mais des machines humaines.
- Le passé, c'est celui que nous connaissons avec en plus le paradoxe temporel. Il donne droit à une fin que je trouve, personnellement, de toute beauté et qu'il faut vraiment lire à la fin de la lecture.
 Ce n'est pas le même esprit que "Ravage". C'est un roman pouvant cautionner, s'il était besoin, les idées émises dans "La faim du tigre".


"Le Diable L'emporte" : L'arche de Noé (!) au XXI° siècle. Un homme, le plus riche du monde, MR Gé (éminence grise du monde) décide, sachant la destruction totale très proche, de sauver des Hommes. Son aide, ne connaissant pas l'amour, bouleverse l'entreprise, puis la fait aboutir lorsqu'il devient amoureux ; alors le diable l'emporte. Il ne faut en dire plus.
 Ce livre est, à mon avis, le meilleur des trois romans extraordinaires. Peut-être un combiné excellent de ce qui fait le meilleur des deux autres. Un roman sur l'amour mais pas un Delly.... Un roman sur l'homme....


"Colomb de la lune" : L'Humour, l'Amour et la Science-Fiction écrits différement des Romans Extraordinaires. Un mélange agréable de styles ; diverses intrigues de science et d'amour et la description d'un monde que nous connaissons. Un sens certain du suspense. Un des rares romans de Science-Fiction qui puisse faire sourire et qui montre l'amour sans scaphandre.
A lire soit pour se détendre, soit pour comprendre la réponse de Mr Barjavel à son propos.


"La Nuit des temps" : Les trois romans extraordinaires réunis dans un livre à très forte densité littéraire. La technique américaine des romans de S.F. remodelée par une certaine finesse française et les idées chères à l'auteur.
Je vous conseille de lire ce Prix des Libraires 1961 où certaine révolte estudiantine est déjà décrite, donnant avec d'autres circonstances du piquant à une fort belle histoire d'amour.


En ce qui concerne les romans, je n'en ai lu aucun. J'ai seulement vu ce que Mr André Cayatte a fait des "Chemins de Katmandou" et, me fiant au talent d'écrivain de Mr Barjavel, je ne doute pas que le roman ne soit meilleur que le film.


Pour les Essais, je laisse le lecteur se satisfaire de ce que l'auteur dit de "La faim du tigre" que l'on ne peut résumer.


"Les enfants de l'ombre" : Vous pouvez juger sur pièces puisque vous en avez trois textes entre les mains. Pour "La fée et le soldat" il est certainement à souhaiter que ce livre soit réédité....


"Journal d'un homme simple" : c'est ce que dit le titre, sans tricherie, avec beaucoup de douceur et d'amour de l'Homme.


Pour terminer ce très vague panorama je veux citer une phrase extraite de la préface à "Colomb de la lune" et qui me semble synthétiser parfaitement l'oeuvre de Barjavel :
 "UN ROMAN C'EST UNE HISTOIRE QU'UN UN-PEU-FOU S'INVENTE ET SE RACONTE A HAUTE VOIX DANS L'ESPOIR QUE LES RAISONNABLES L'ENTENDRONT....."
 
 

             Noé de L'arche.
 

Illustration en fin de cet article...

Rencontre avec René Barjavel

Vous écrivez dans le "Journal d'un homme simple" : " Ecrire est mon métier, ce n'est pas le dernier des métiers mais peut-être l'avant dernier." Pouvez-vous préciser votre pensée ?

 Écrire ne devrait pas être un Métier mais un acte gratuit. Faire le métier d'écrire, c'est vendre sa tête et ses tripes, plus ou moins déguisés de persil. Il n'y a que les putains qui fassent un métier analogue. Mais lequel est le dernier ou l'avant dernier ? Peut-être les putains sont-elles plus honorables, parce qu'elles ne prétendent pas être autre chose que des putains.

Vous dites être un écrivain et non un littérateur. Pouvez-vous, en donnant des exemples, préciser votre pensée ?

 Un écrivain écrit pour être publié, un littérateur écrit pour les critiques et pour ses confrères. Le monde littéraire où vit et produit le littérateur est un bocal. Il y connait tout le monde, y fait des ronds de nageoire pour se faire admirer. Les gens du Nouveau-Roman sont des littérateurs. Céline est un écrivain, un fleuve. Moi, un petit ruisseau, mais je coule.

Vous dites, aussi, être venu à la littérature poussé par les circonstances ; lesquelles ?

 Il faudrait que je vous raconte ma vie ! J'avais le goût d'écrire. Mais jusqu'à 25 ans les circonstances m'ont aidé et poussé dans cette voie. Ensuite tout s'est mis contre, mais il était trop tard pour changer ma voie.

Vous avez beaucoup travaillé pour le cinéma (Don Camillo, Les chemins de Katmandou, etc...)
(1) Combien avez-vous fait d'adaptations ? Outre votre tentative cinématographique de Barrabas (d'après la pièce de M. de Gelderode) dont je ne sais si elle est terminée.
(2) Avez-vous fait d'autres films ? Lesquels ?

(1) Une vingtaine.
(2) Deux courts métrages : "Premier roman", où je jouais le rôle d'un jeune écrivain qui rate le Goncourt et "Les Hommes de fer", un documentaire sur les armures du musée de l'Armée à Paris.

Quelle est votre définition de "Roman Extraordinaire" ?

 Un roman dont le sujet "sort de l'ordinaire".

Avez-vous sous-titré ainsi les vôtres pour les différencier de ceux étiquetés Science-Fiction ?

 Quand j'ai écrit mes trois premiers romans, le mot Science-Fiction était totalement inconnu en France. On ne connaissait absolument rien de la production américaine. Toutes les collections de S-F datent de l'après-guerre. J'ai qualifié mes romans d'"extraordinaires" par déférence et hommage à Jules Verne et à ses "Voyages Extraordinaires".

Les nouvelles et contes du recueil "Les enfants de l'ombre", me paraissent inspirés d'un surréalisme que vous avez dû connaître. Est-ce possible ?

 Non. Le surréalisme est une foutaise. Un bocal littéraire. L'exemple même de la "littérature" dans le sens le plus péjoratif du terme. Masturbations en cercle. En petit cercle.

Le titre de l'ouvrage me fait penser à un recueil de textes écrits pendant l'occupation. Est-ce cela ?

 Oui, mais aucun rapport avec les "combattants de l'ombre", etc. J'ai simplement donné au recueil le titre d'une des nouvelles, où effectivement, les enfants vivent dans le sous-sol.


"Ravage" : en ce qui concerne ce livre, publié en 1943 :
  (1) Avez-vous pensé à la censure et
  (2)Avez-vous eu des ennuis avec elle ?

(1) Bien sûr. Si j'avais écrit "Hitler" au lieu de "L'empereur noir", qui pourtant, dans mon esprit, le représentait, je ne serais plus ici !
(2) Aucun. La Wehrmacht a même failli traduire "Ravage" pour le distribuer aux combattants du front russe. Heureusement cela ne s'est pas fait, sinon j'aurais été fusillé à la Libération !

La course à la vie du héros de ce livre est-elle un voyage initiatique ?

 Absolument pas. C'est un retour à la vérité de base : la terre et la civilisation du village.

En quoi peuvent intercéder dans l'action le Nouveau Christ et La Mort ?

 En rien. C'est seulement un épisode.

Que symbolisent les deux vieillards du Mont Ventoux ?

 Quels vieillards ? Je ne me souviens pas d'eux.

Pourriez-vous écrire une suite et fin à ce livre qui serait heureuse ?

 La fin de "Ravage" est heureuse. La suite ne pourrait être que le retour irrésistible de la machine, et le recommencement des désastres.


"Le Voyageur Imprudent" : ce livre démontre-t-il autre chose que notre incapacité à nous déterminer ? (cette restriction n'a rien de péjoratif) Le thème du temps qu'il utilise est très rebattu ; n'a-t-il pas été pour vous un handicap ?

 C'est une fable, qui voudrait démontrer que si l'homme avait la possibilité d'essayer de changer le destin de l'humanité, il n'y parviendrait pas. Et qu'il lui en cuirait. Les cycles historiques se déroulent inéluctablement. St Menoux est un brin de paille qui essaie de détourner une avalanche. Quand j'ai écrit ce livre on ne connaissait en France sur ce thème que "The Time Machine", de Wells. Je crois être l'inventeur du paradoxe temporel. En Europe, en tout cas, certainement.

Croyez-vous aux prophéties de Nostradamus que vous utilisez ?

 On n'y croit que lorsqu'on peut les comprendre : c'est à dire après qu'elles se soient vérifiées. Les mêmes se vérifient plusieurs fois. Comme dans tout ce qui est confus, on peut y lire tout ce qu'on veut.

Le monde que vous décrivez dans ce livre est-il possible pour vous à des nuances près ?

 Nous y allons tout droit. Non à la différenciation morphologique - mais pourquoi pas après tout ? - mais à la super-spécialisation, et à la dissolution de l'individu au service de la collectivité.


"Le Diable L'emporte" : vous dites que ce livre n'est pas une oeuvre littéraire ; pourquoi ?

 On dit ça...

Le nom de "Gé" représente-t-il l'initiale de la guerre ou ce personnage est-il un lointain descendant de la déesse de la Terre ?

 Monsieur Gé, qu'on retrouve sous un autre visage dans "Colomb de la lune" et dans ma pièce "Madame Jonas dans la baleine", c'est un peu Mr Getty, l'homme le plus riche du monde, un peu Gourdieff, et aussi une petite projection de God, ou de son ombre.

De l'humour apparaît parfois dans ce livre ; est-ce une détente, due à la tension de l'oeuvre ou de l'ironie pure et simple mais fort méchante ?

 Simplement humour inspiré par la vision claire - donc pessimiste - et attendrie, des hommes. Cruel, peut-être, mais pas méchant.

Ce livre me paraît avoir une fin optimiste, c'est le seul de vos romans extraordinaires à se bien terminer mais contre Dieu et les hommes : pourquoi ?

 Non : contre la condition que Dieu fait aux hommes. Et d'ailleurs à tous les vivants. Voir "La faim du tigre".


"Colomb de la lune" : vous êtes-vous amusé en écrivant et à écrire ce livre ?

 Oui, beaucoup.

C'est le seul de vos romans extraordinaires (s'il en fait partie) qui contienne des interventions de l'auteur, qu'est-ce à dire ?

 C'est celui que j'ai écrit avec le plus de liberté. J'étais au-dessus, je le tenais dans ma main, et je pouvais parler. Mais je suis également "intervenu" dans "Tarendol".

Ce roman contrairement aux autres parle de l'amour sans en rien conclure de positif ou de négatif, pourquoi cette différence alors qu'il traite tous les sujets abordés dans les autres ?

 Si, il conclut que l'amour, même lorsqu'il est pure et violente passion charnelle (Madame Colomb) ou accident (la soeur de Colomb) a comme seule et unique raison la perpétuation de la vie. Souvenez-vous de la dernière phrase du livre, qui résume tout : "Il faut protéger les enfants".
 


"La Nuit des temps" : Ce livre utilise en une seule fois beaucoup de ce qui fait l'intérêt des autres, pensez-vous qu'il soit un achèvement, la fin d'un mûrissement que peuvent annoncer les autres ?

 Sûrement pas.

Il a aussi comme les autres (sauf "Le Diable L'emporte") une fin pessimiste. L'êtes-vous réellement ou est-ce me jeu de l'oeuvre qui veut cela ?

 Je suis très pessimiste en ce qui concerne notre civilisation. Très optimiste en ce qui concerne l'aptitude de l'homme à survivre et recommencer. Et à aller chaque fois un peu plus loin. Je vous conseille de tout laisser tomber pour lire "Le Jugement Dernier" de Gordon Taylor (éditions Calmann Lévy).

Je pense que toute l'oeuvre dont il est question ici se trouve expliquée, justifiée par votre essai "La Faim du tigre". Êtes-vous d'accord ?

 Exact. Tous mes romans ne sont que des illustrations de ce livre. Et je les donnerais tous pour lui.

Outre la démonstration de notre incapacité à nous déterminer (Vous n'êtes pas Janséniste !) l'amour tient une grande place dans votre oeuvre. C'est lui qui, à quelques nuances près, sauve l'Homme de la destruction totale. Vous donnez l'impression d'en faire le contrepoint de notre incapacité, ce qui nous différencie d'avec l'animal parce que vous le considérez sentiment et non acte. Est-ce vrai ? Croyez-vous vraiment que cela seul sauve l'Homme comme vous semblez vouloir le dire directement dans le "Journal d'un homme simple" ?

 L'amour brûle, mais illumine. Instrument de l'espèce, il peut, chez certains individus, permettre à ceux-ci de se libérer d'elle. Il faut éprouver tant d'amour qu'on ne veut plus prendre (je te veux, tu es à moi, etc.) mais uniquement donner. Et donner tout.
 L'amour ce n'est pas seulement le désir d'un individu du sexe opposé. C'est l'éblouissement devant tout ce qui existe.

Votre oeuvre n'est pas que cela ; elle est aussi épique, descriptive et ironique. Quels auteurs auraient pu vous influencer dans ces genres ?

 Ma foi je n'en sais rien. Peut-être, pour l'ironie, Marcel Aymé que j'aime et j'admire, et pour l'épopée, Céline, et la Table Ronde.

Lisez-vous de la Science-Fiction ?

 Beaucoup.

Quels sont vos auteurs préférés ?

 Tous, même les mauvais.

Lisez-vous le fantastique ? Faites-vous une différence entre fantastique et Science-Fiction ? Laquelle ?

 Non. La S.F. est un courant naturel de l'esprit, une tendance irréversible de l'imagination et de la sensibilité. Le fantastique est un procédé artificiel. Littérature, là aussi. Le fantastique ne supporte que le génie. A part Poe, il n'y a personne. Lovecraft est une énorme et ennuyeuse imposture, une boursouflure pleine de vent, et d'adjectifs.

Que pensez-vous des romans de Boris Vian ?

 Gentils.

La Science-Fiction dite classique a une tendance nette au gigantisme et au miniaturisme des aventures et des mondes. La S.F. dite moderne tente d'échapper à cela, que pensez-vous de ces comportements ?

 La S.F. subit d'une façon accélerée la décadence propre à toutes les formes d'expression. Cela commence par l'épopée et se termine par le maniérisme. Du cycle de la Table Ronde au Lettrisme. Quand on n'a plus rien à dire, on le dit d'une façon de plus en plus précieuse et compliquée. La S.F. est en train de s'anémier sous l'influence des critiques, des esthètes, des commentateurs, des cénacles. Mais d'autres grands auteurs surgiront. Peut-être en Europe ?

Pensez-vous que si vous étiez traduit de l'anglais vous seriez mieux accueilli par les jeunes et plus lu par eux ?

 Certainement.

Que souhaitez-vous pour l'avenir à la partie de votre oeuvre dont nous venons de parler ?

 Rien. Lui advienne que pourra. Je l'ai faite de mon mieux. Le reste ne dépend pas de moi. Je ne postule pas à l'immortalité ! Je ne fais aucune différence entre une gloire de 10.000 ans et une renommée de 10 jours. Ce qui compte, c'est de bien faire ce que l'on fait, avec application, honnêteté, et amour. Avez-vous vu à la télévision ces balayeurs de la mosquée de je ne sais plus où ? Après avoir balayé la cour, il remerciaient Dieu et baisaient le manche de leur balai. Ça c'est du travail. Malheureusement, j'oublie souvent de baiser mon stylo.

(Propos recueillis par correspondance par Noé de L'Arche)
 

L'article est suivi de trois nouvelles extraites du recueil Les Enfants de l'ombre ; Les Lionnes, Monsieur Charton, La Créature.
 

Notes

Les index correspondent aux notes de renvoi dans le texte de l'article et de l'interview.