« aux bardes, conteurs, troubadours, trouvères, poètes, écrivains, qui depuis deux mille ans ont chanté, raconté, écrit l'histoire des grands guerriers brutaux et naïfs et de leurs Dames qui étaient les plus belles du monde, et célébré les exploits, les amours et les sortilèges,
aux écrivains, chanteurs, poètes, chercheurs d'aujourd'hui qui ont ressuscité les héros de l'Aventure,
à tous, morts et vivants, avec admiration et gratitude je dédie ce livre qui leur doit son existence,
et je les prie de m'accueillir parmi eux »
C'est par ces mots prémonitoires placés en dédicace de l'Enchanteur que René Barjavel ouvre à ses lecteurs le monde de la Légende et se reconnaît parmi les conteurs et poètes qui ont toujours su lui donner vie. "Trouvère" et "troubadour" n'ont-ils pas comme étymologie celle de "trouver", le conteur étant, à sa manière, un authentique découvreur de trésors...
Lorsqu'il disparaît le 25 novembre 1985, il y a déjà 17 ans, la Presse est unanime à saluer « le poète de l'anticipation » mais aussi « le chevalier de la Science-Fiction ».
Plutôt que de chercher à rattacher notre auteur à un genre qui ne saurait qu'être réducteur, laissons-le nous mener aux côtés de Perceval et des héros arthuriens. Il n'y a pas antinomie car
les petits cousins yankees de Galaad vont chercher le Graal dans les étoiles.
La déconcertante simplicité du texte cache une richesse qui fait de l'Enchanteur l'illustration parfaite de toutes les facettes du talent de notre écrivain. Mêlant humour, anachronisme et poésie au plus total respect des textes initiaux et de leur esprit, les mots, les images s'envolent, se fondent pour rendre la sensibilité de celui qui se disait lui-même « sans arrêt ébloui par le phénomène de la vie ». La vie dans l'Enchanteur c'est la fusion de deux êtres, la Femme représentant le Graal suprême vers lequel chacun d'entre nous doit tendre comme vision d'un accomplissement irremplaçable et irremplacé ; C'est ce manque ancré et enfoui au plus profond de l'homme qui justifie la Quête et les aventures.
Viviane transcende toutes les héroïnes de Barjavel qui, en réécrivant la Légende y ajoute cette profondeur des textes exceptionnels et inoubliables.
Derrière l'écran du merveilleux c'est l'humanité avec ses travers, ses faiblesses et sa formidable capacité à aller toujours de l'avant qui en ont fait un romancier « des espoirs de notre temps et du rêve de l'homme de se donner un avenir ».
L'Enchanteur illustre si parfaitement les thèmes chers à son coeur et la maturité de sa vision qu'échapper à sa lecture serait se priver d'une source de joie et d'émotions que peu d'écrits peuvent procurer.
Barjavel garde pour moi comme pour vous, je n'en doute pas, la jeunesse éternelle des forêts, et je me plais à penser qu'il a trouvé son chemin vers ce pays fabuleux peuplé des héros et des itinéraires nés sous sa plume, source de toute son oeuvre, réconfort inépuisable
de la place vide qu'il a laissé dans notre coeur.
La page consacrée à L'Enchanteur vous attend, enfin disponible à l'adresse :
Cette longue page demandera un peu de patience pour son chargement, mais je pense qu'elle en vaut la peine. Sa préparation me fut l'occasion de m'intéresser au thème du Graal qui est l'un des sujets les plus riches de l'imaginaire occidental ; il le déborde d'ailleurs largement comme on le verra.
Je n'en ai pas pour autant négligé quelques mises à jour du site au rythme des découvertes d'éléments nouveaux. Ainsi la page, déjà ancienne, consacrée à "Brigitte Bardot amie des animaux" :
livre peu connu et assez curieux dont l'origine restait sujette à interrogation, s'est vue étoffée
de détails précis sur la genèse de l'ouvrage, élucidés tout dernièrement.
Et, pour rester dans le domaine des "personnalités", je dois saluer l'initiative toute récente du chanteur Herbert Léonard
qui vient de produire un disque (« Aimer une femme ») comportant la Chanson pour une princesse,
pour laquelle il nous avait l'été dernier communiqué les circonstances de l'écriture par Barjavel. On trouvera aussi sur ce disque un duo de l'artiste avec sa fille Éléa.
Les jours raccourcissent, certes, mais en contrepartie les nuits s'allongent... profitons-en.
Pary sur Arche, le 25 novembre 2002
G.M. Loup.