Rencontre - L'ENCHANTEUR DE RENÉ BARJAVEL |
J'ai retrouvé mes 12 ans ! Le temps d'un livre magique écrit par un bonhomme jouvence, un alchimiste du verbe, un enchanteur...
Je n'ai pas dévoré ce roman, je l'ai savouré de la première à la dernière ligne avec une joie rare. Au fil des
chapitres, j'ai été Merlin le facétieux, Arthur le magnanime, Perceval le Preux, Lancelot le pur...
Mes nuits ont été peuplées de tournois, de dames à secourir, d'une quête du Graal semée de mille embûches...
Par la magie de ce livre d'amour, d'humour et d'aventure, j'ai eu l'envie folle de jouer au Chevalier, de fourbir
mes armes, de baisser mon heaume et de m'élancer sur un palefroi imaginaire au milieu des embouteillages de ma ville
sans rêve. Dans mon sommeil, j'ai appelé la belle Guenièvre, ce fut presque un motif de discorde dans mon ménage !
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V OTRE dernier roman : « L'Enchanteur » est consacré à l'histoire de Merlin et des Chevaliers de la Table Ronde. Comment vous est venue l'idée d'écrire ce livre ?
- J'étais déjà adulte lorsque j'ai découvert le monde des Chevaliers de la Table Ronde.
Il n'en avait jamais été question pendant mes études, ce que je trouvais scandaleux : au lycée, au collège, on passait
des heures interminables à scruter les scrupules et les affres morales ou sentimentales de héros grecs et latins, bibliques
et même espagnols - avec le Cid - sans qu'il ne soit jamais question de cette antiquité héroïque française que
l'on nomme la « matière bretonne ». Lorsque j'ai découvert ce monde fabuleux, ce fut comme si s'ouvrait
pour moi une porte immense sur un horizon inconnu. Je m'y suis jeté à corps perdu, en lisant tout d'abord « Les
Romans de la Table Ronde » de Jacques Boulano. J'ai tout de suite été séduit par le personnage de Merlin. Dans les
versions de l'épopée celtiques, qui sont parvenues jusqu'à nous, ce personnage a été fortement « gommé », sans
doute par l'influence des moines cisterciens qui ne sont pas pour rien dans la rédaction du cycle de la Table Ronde :
ils se sont arrangés pour le faire disparaître dès le premier tiers de l'épopée.
Pour moi. il est la clef de l'histoire, le meneur de jeu, l'intermédiaire entre Dieu et les Chevaliers, c'est-à-dire
entre Dieu et les hommes, bien qu'il soit charnellement le fils du Diable. Merlin va donc conduire jusqu'au
bout de l'aventure les Chevaliers qui tentent et échouent - sauf un - dans leur recherche du Graal.
J'avais l'intention d'écrire ce que je pensais être la véritable histoire d'amour entre l'Enchanteur et Viviane. C'était
un vague projet que je n'aurais pas réalisé si je n'avais été indigné par la façon dont Merlin a été traité par
le cinéma : le fameux dessin animé américain, qui n'est pas méchant, simplement un peu « cucul », mais
surtout le film de John Boorman : « Excalibur », qui a fait de Merlin une sorte de magicien gâteux, mangé
aux mites. Je sautais dans mon fauteuil en voyant ce film et je me suis dit qu'il fallait absolument tenter,
dans le domaine de ma faible influence, de réhabiliter Merlin et de le montrer tel qu'il fut : beau, malicieux,
charmant et surtout jeune, de la jeunesse des forêts, sans cesse renouvelée. Je me suis donc replongé dans la « matière
bretonne ». J'ai pris quelques épisodes et quelques personnages, j'en ai ajouté d'autres, j'ai recoordonné le tout
en m'efforçant de donner à cette version nouvelle de la quête du Graal un aspect vivant : toutes les adaptations et
traductions que j'avais lues jusqu'alors m'ont rendu un piètre service à la légende en adoptant un style
« pseudo-archaïque », pour faire « couleur locale », mais en momifiant du même coup les héros de cette
aventure. À l'inverse, j'ai voulu insuffler du sang vivant dans le corps de cette histoire magnifique. Bien que se déroulant
aux environs du VIIè siècle, c'est un roman actuel, écrit par un auteur d'aujourd'hui en langage de notre temps.
- À la fin de votre roman - et terme d'une fougueuse quête - Galaad, fils de Lancelot, soulève le voile du Graal. Qu'y découvre-t-il ?
- Évidemment, je ne sais pas ce que découvre Galaad en soulevant le voile du Graal. On m'a demandé s'il s'agissait d'un roman initiatique : non, puisque j'ignore ce qu'il y a dans le vase du Graal. Si je le savais, je le dirais et le crierais. J'ai cependant souhaité que mon livre donne à quelques lecteurs l'envie de se mettre eux-mêmes à la recherche du Graal.
- Comment recommencer la quête du Graal au XXè siècle ? Croyez-vous que l'esprit qui animait les Chevaliers de la Table Ronde est encore vivace chez quelques hommes de ce siècle ?
- À la fin du livre, Viviane demande à Merlin : « où est le Graal, maintenant »
Merlin lui répond : « II reste toujours proche, car le chemin qui y conduit s'ouvre en chaque vivant ».
La Quête du Graal, c'est donc la quête de soi-même, de son intérieur profond, au-delà des apparences, c'est la recherche
des rapports de chacun de nous avec le cosmos : chaque être humain est le centre de l'univers. Au lieu de s'ouvrir
vers lui, nous le subissons et nous oublions qu'elle est notre mission au centre de la vie, de la création. C'est cela
le mystère du Graal, ce qu'il faut chercher.
Pour ma part, je cherche toujours, mais n'ai jamais trouvé la vérité éblouissante. Après beaucoup d'angoisses,
j'ai aujourd'hui cette certitude que la réponse existe. Ce n'est pas grave si je meurs sans l'avoir connue : ce qui
est important, comme le dit le Roi-pêcheur de mon livre, « Ce n'est pas d'attraper un poisson, c'est d'essayer de
l'attraper ». On trouve encore des traces de l'état d'esprit qu'ont les Chevaliers de la Table Ronde, surtout parmi
la jeunesse, qui se détourne des vieilles religions incapables de donner « la » réponse. Il y a un élan, un besoin
de spiritualité incontestable dans la jeunesse d'aujourd'hui. C'est d'ailleurs ce besoin qui précipite les
jeunes dans des chemins qui s'avèrent être des impasses, les sectes ou la drogue. Il n'y a personne pour les guider.
Je crois que le temps est proche. où un être nouveau appellera ceux qui souhaitent trouver la réponse à lui poser la question...
- Y a-t-il eu une époque dorée de l'humanité a laquelle vous auriez aimé vivre ?
- II y eut certainement une époque très lointaine où l'homme était en rapport étroit avec la création. Il
ne connaissait pas l'écriture, mais il savait lire un arbre ou le vol d'un oiseau. Autour de lui, tout était message et
écriture, il était en rapport constant avec le vivant et le non-vivant.
Les sciences d'aujourd'hui sont analytiques et tendent de plus en plus vers l'infiniment petit, elles coupent
le réel en morceaux minuscules pour essayer de connaître le tout : nous vivons une époque de spécialistes.
J'aurais aimé vivre en un temps où l'homme nageait dans l'univers comme un poisson dans l'eau. Mais je ne déteste pas
vivre à notre époque, qui est passionnante, comme à la croisée des chemins : d'un côté l'appel du matérialisme
avec l'essor extraordinaire des sciences et des techniques, avec ce que cela comporte de bon et de terrifiant, de l'autre
l'appel vers le spirituel, de plus en plue sensible et pressant. Je crois que nous allons traverser, avant le prochain
siècle, des moments sans doute difficiles mais qui amèneront des changements considérables pour l'homme.
C'est très exaltant. Je ne regrette qu'une chose : bien que je n'ai absolument pas peur de la mort, j'aurais
aimé vivre 20 ou 30 ans de plus pour tout ce qui va se passer... je vais en rater une partie.
E TES-VOUS pessimiste ou optimiste quant à l'avenir de l'homme ?
- Je suis pessimiste par raisonnement et optimiste par tempérament. Il est évident que si l'on considère les données menaçantes d'aujourd'hui et que l'on appuie sur l'accélérateur, on aboutit à un désastre inimaginable. Mais l'homme est un phénomène extraordinaire : pour l'instant au sommet de l'évolution, il a demandé tant d'efforts de la part du génie de la vie, tant d'erreurs, de recommencements et de progrès continus, pour aboutir à cet animal maladroit, mal armé, mou, que tout casse ou crève, qui n'entend pas comme le chien, qui ne voit pas comme l'aigle, qui ne saute pas comme la puce... cet animal est arrivé, par la puissance de son esprit, à fabriquer tous les sens qui lui manquaient. S'il ne voit pas comme l'aigle, il est capable aujourd'hui de voir jusqu'aux confins de l'univers. Je ne crois pas que cela soit le fruit du hasard : l'homme est appelé à accomplir une mission. Il ne peut pas disparaître par l'effet d'une catastrophe due à la stupidité de son premier cerveau, le cerveau du crocodile, qui est à la base de ses instincts de violence, de chacun pour soi et de destruction. Je crois que l'avenir de l'homme, s'il passe victorieusement la crise qui nous attend, sera absolument fabuleux dans le domaine du spirituel aussi bien que dans le domaine du matériel. Il est possible que le troisième millénaire marque le véritable commencement de l'espèce humaine.
- Êtes-vous croyant ? Si vous vous trouviez nez à nez avec Dieu, que lui diriez-vous ?
- Bien sûr, je suis croyant, mais pas dans le sens où on l'entend quand on pose la question à un catholique,
un protestant, un juif ou musulman attachés à leur Église, c'est à dire à quelque chose de périmé. À la base de chaque
religion, il y a eu une révélation, c'est à dire le contact éblouissant d'un homme avec le subconscient de la création.
Cet homme, tout à coup, a vu Dieu face à face (si l'on peut dire, Dieu n'ayant pas de face...). Il a compris quels étaient
les relations de l'homme avec le créateur et la création. Il a ensuite tenté de l'expliquer à ses contemporains peu à peu
à la façon d'un aveugle qui verrait tout à coup et essaierait d'expliquer aux autres aveugles ce qu'est le rouge
ou le bleu. Alors, il invente une histoire, un mythe, et ce mythe devient une religion. On oublie très vite la signification
cachée derrière le mythe et il ne reste plus qu'une imagerie poussiéreuse. Je suis sans cesse nez à nez
avec Dieu : je le vois partout. Ce que je lui dis tient en un mot : merci, merci.
de tout, merci à tout, merci pour tout. Même pour la souffrance. Tout a une signification, une raison d'être. Si je
suis un écrivain qui a réussi, je suis aussi un homme qui a eu sa part de souffrances morales et physiques.
Mais je suis émerveillé par tout : si l'on imagine par exemple les merveilles contenues dans un simple brin d'herbe,
si l'on regarde briller le soleil ou tomber la pluie, si l'on pense à tous les rouages dont est fait notre corps, même si
on se regarde vieillir, comme je suis en train de le faire, tout est fantastiquement organisé. Vieillir, c'est pénible,
mais si l'on prend un peu de recul par rapport à soi-même, c'est plutôt marrant : on voit la machine se déglinguer,
on est comme au volant d'une voiture dont les pneus sont usés, dont les ressorts se brisent un à un... on sait qu'un jour
ou l'autre il faudra bien que la voiture aille à la casse, c'est notre sort. je ne crois pas qu'il soit souhaitable
d'allonger la durée de la vie. En tout cas, je pense que vivre est la chose la plus fantastique que l'on puisse imaginer :
pas seulement être vivant, c'est à dire respirer automatiquement, laisser passer les journées l'une après l'autre, en
subissant les choses, en râlant contre tout le monde et contre soi-même, bien qu'on se trouve formidable. On arrive
ainsi à la dernière journée sans même avoir été vivant. Être vivant, c'est ouvrir ses yeux pour regarder et non pas
seulement voir, c'est écouter et non pas seulement entendre, c'est toucher les choses, c'est tout ressentir
intensément, même le mal de dents...
Être vivant, c'est faire partie de l'univers. Si l'on se contente d'être en vie,
on est en dehors de l'univers.
- Le bonheur, qu'est-ce que c'est pour vous ?
- Étant un homme émerveillé, je suis un homme heureux !
- Quelles sont vos règles de vie ?
- Je n'ai pas de règles de vie. Quand je peux me libérer du travail, je fais de la photo, cela apprend à regarder, voir ce qui est beau. Tout est beau ! Ma règle morale, c'est de m'efforcer de ne pas faire volontairement de mal aux autres.
- À la lecture de certains de vos romans (« Le voyageur imprudent », « Le grand secret », « La nuit des temps », « Une rose au paradis »...) on a pu parler de vous comme un « pilier » de la science-fiction en France. Quelle fiction souhaitez-vous le plus voir devenir réalité ?
- Je ne crois pas être véritablement un auteur de science-fiction, surtout si
l'on compare mes livres à la merveilleuse production américaine. Mes romans sont davantage dans la tradition
du conte philosophique français : on n'y trouve jamais d'extra-terrestres et qu'un seul robot (dans « Une rose au
paradis »). Un jour ou l'autre, un écrivain de mon genre écrit sur l'utopie. Dans mon roman « La nuit des
temps », la civilisation que je décris est matériellement, politiquement, socialement bien équilibrée et apte à
rendre les hommes heureux. Dans cette fiction, ce sont les machines qui travaillent pour l'homme et non plus l'homme qui
est esclave des machines.
Qu'elles soient socialistes ou libérales, les sociétés en place ne se laisseront pas démanteler
sans résister, mais un monde nouveau doit surgir. On se lamente beaucoup à propos du chômage... personne ne dit quelle est
la cause véritable du chômage : tout simplement le fait que l'on n'a plus besoin de la main d'oeuvre humaine !
Il y a actuellement, dans certaines usines, des ateliers sans un seul ouvrier. La libération totale de l'homme de son travail
abominable est l'évolution normale de cet état de choses. Imaginez ce que c'est que d'être chaudronnier huit heures par
jour dans une usine de carrosseries de voitures, à subir ce bruit infernal de martellement, pendant des années : ce travail-là,
ce sont les machines qui doivent le faire. Ces hommes dont on n'a plus besoin et qu'on appelle des chômeurs, vivent de la
charité que leur font ceux qui travaillent encore. Ils sont humiliés et touchent à peine de quoi vivre.
Dans le monde de demain, 80 % du travail devra être effectué par les machines : c'est normal. Les 20 % qui
restent seront fait par des artisans et des techniciens qui travailleront à leur gré. À côté de Renault, où les machines
fabriqueront des voitures à la chaîne, il y aura des ateliers où des mécaniciens extrêmement « pointus »
et heureux fabriqueront à la main des Bugatti ou des Lamborghini. Voilà la société de demain, avec la fin de cette
terrible malédiction : « travaille ou crève ! » les machines travailleront et les citoyens
recevront leur part du produit du travail des machines, une part qui devra être suffisante non seulement pour assurer le nécessaire.
mais aussi et surtout le superflu.
Ma deuxième utopie, décrite dans « Le grand secret », c'est le monde des enfants dans l'Ile, un monde où
les enfants sont élevés en toute liberté, coupés du monde des adultes. Cela reste une utopie impossible, basée sur une
intervention occulte des adultes et de l'argent.
- Romancier, journaliste, parolier, dialoguiste... laquelle de ces activités vous a le plus apporté ?
- Sans nul doufe mon activité de romancier. De nos jours, en France, un écrivain devant son papier,
sa plume ou son bic à la main, est le créateur le plus libre qui puisse exister, avec le peintre et le musicien. En
écrivant pour la radio, le cinéma, la télévision, je me suis trouvé encerclé par les contraintes. Pour un film, il faut
penser au budget. au metteur au scène, aux acteurs (on n'écrit pas pour Gabin comme pour Gérard Philipe), à la
mode... J'ai écrit, par exemple l'adaptation de l'avant-dernière mouture des « Misérables » : si je devais
l'écrire aujourd'hui, je changerais pas mal de choses, je mettrais Cosette « à poil » au moins deux ou
trois fois, parce que le public réclame ça.
L'auteur de cinéma, de radio, de télévision est comme dans un couloir avec des murs qui l'enserrent et un
plafond bas : il doit aller tout droit ou tourner à droite ou à gauche, c'est le couloir qui lui donne sa direction.
À l'inverse, un romancier a devant lui l'horizon : il a dans la tête un monde qu'il a fabriqué et qu'il doit transmettre
à ses lecteurs en utilisant le stratagème des mots. Un travail difficile, exaltant et merveilleux, jamais une contrainte.
Mon idéal serait d'arriver à écrire d'une façon si simple que le lecteur ne s'apercevrait plus qu'il est en train de lire et
que le monde qui est dans sa tête passe directement dans la sienne en oubliant les mots.
- Chacun de vos livres enchante des milliers de lecteurs. Ne seriez-vous pas un peu Merlin ? Si ses pouvoirs étaient les vôtres, que feriez-vous ?
- Hélas non, je ne suis pas Merlin ! Au fond, si j'ai écrit « L'enchanteur », c'est parce
que je rêve d'être Merlin... Que ferais-je si j'étais Merlin ? Je serais en train de parcourir le monde pour y faire
éclore des fleurs, du bonheur et le printemps partout ! et aussi l'automne, à cause de ses fruits... Je ferais peut-être
une saison nouvelle, qui serait à la fois le printemps et l'automne, sans oublier les belles chaleurs de l'été...
Je me pencherais sur les gens malheureux pour essayer de les aider : pour un humain, c'est difficile, voire
impossible, parce que les gens sont trop souvent malheureux sans savoir pourquoi. Il y a deux façons d'accepter ce qui
arrive, le bon comme le mauvais : ou bien on le subit, ou bien on l'accepte. Si on l'accepte, avec un certain détachement,
même les plus grandes souffrances sont allégées. Il suffirait souvent d'un mot ou d'une petite lumière pour éclairer les
gens malheureux, mais notre maladresse ne fait qu'aggraver leur peine. Si j'étais Merlin, je pourrais ! Si nous étions
Merlin les uns pour les autres, ce serait formidable !
Propos recueillis par Pierre MONIER
L'Hebdo Lyon parut jusqu'en 1986, puis fusionna avec Le grand Magazine de Lyon pour devenir Magazine
Hebdo. Pierre Monier, qui était en contact épistolaire amical avec Barjavel depuis la fin des années 1970, recueillit
cette interview par le moyen d'un enregistrement sonore sur cassette que fit Barjavel en réponse à une liste de questions
que lui avait adressée le journaliste, mais ils ne se sont jamais rencontrés.
Présent en août 2004 à l'occasion des Journées Barjavel,
Pierre Monier m'a ensuite fort aimablement communiqué ces documents, puis une copie de la cassette de l'enregistrement
des réponses de René Barjavel aux questions, accompagné de mots d'accompagenement.
La conclusion que donnait Barjavel à cette intervew :
Voilà, je crois que j'ai répondu un peu trop longuement à vos questions, gardez l'essentiel, et je vous supplie de faire attention à mes redondances, à mes bafouillis, arrangez ça pour le mieux, je vous fais confiance...
avait été mise en application par Pierre Monier, qui a en effet "ajusté" les réponses fournies par l'auteur à ses questions, mais a aussi passé sous silence la douzième question, que j'ai pu reconstituer comme suit
- Quels livres emporteriez-vous ?
- Je ne conserverai aucun de mes livres ; je n'ai pas besoin de leur compagnie extérieure,
mes livres sont dans moi, ils font partie de moi, ils sont plus ou moins détachés matériellement, mais, leur substance,
c'est ma propre substance, donc je n'emporterai pas un livre dans une île déserte pour me relire. Il me suffirait de
réfléchir, de me taire pour me relire. Et, par contre, j'emporterai un petit livre d'un auteur irlandais, son titre est La Cruche d'or, l'auteur est James Stephens, je vous épèle : S comme Suzanne, T comme Théodore, É comme Émile, P comme Pierre, |
Ce "petit livre", traduit de l'anglais par l'amie de Barjavel Olenka de Veer et publié en 1967, est accompagné d'une préface enthousiaste de Barjavel et à ce titre est présenté dans la Bibliographie des textes écrits par Barjavel.
La présente page a été créée en octobre 2004 et présentée par la Lettre de G.M.Loup de cette date, qui mentionnait aussi la précieuse retranscription de l'émission Radioscopie de René Barjavel chez Jacques Chancel en mars 1981.
Le mois suivant, la lettre de novembre 2004 a présenté les
compléments après réception d'une copie de la cassette.