Je ne conserverai aucun de mes livres ;
je n'ai pas besoin de leur compagnie extérieure,
mes livres sont dans moi, ils font partie de moi,
ils sont plus ou moins détachés matériellement,
mais, leur substance,
c'est ma propre substance,
donc je n'emporterai pas un livre dans une île déserte pour me relire.
Il me suffirait de
réfléchir, de me taire pour me relire.
Ne rien emporter avec soi, en sachant trouver en soi-même et dans l'observation du monde de quoi nourrir réflexion et
émerveillement, cette philosophie que nous savons maintenant être celle de Barjavel offre, en la prenant au pied de la
lettre, comme contrepartie bénéfique pour les générations suivantes la disponibilité de tout ce qui a été laissé,
œuvres, témoignages et souvenirs dont le barjaweb
est particulièrement friand.
Cet automne 2004 est marqué par quelques événements publics certes discrets, mais que mes amis ont su détecter à
temps, et qui m'ont permis de venir enrichir encore le site d'éléments inespérés, et même pour certains jusqu'alors
inconnus.
Mais d'abord quelques clarifications s'imposent quant à la citation qui ouvre la présente lettre... Ma
missive précédente présentait une interview de l'auteur par Monsieur Pierre Monier pour le magazine L'Hebdo-Lyon,
dont l'origine était un enregistrement sonore réalisé par Barjavel pour répondre à une liste de questions, et dont Monsieur Monier m'a tout
récemment fait parvenir une copie. Document passionnant qui, s'il a bien été la base de l'interview publiée en 1984,
comportait des questions supplémentaires un peu annexes et qui n'ont pas été retranscrites. Et cette citation est la
réponse à la douzième question : « Quels livres emporterez-vous ? » Elle se devait
d'être présente comme complément à la page offrant ce document, mise à jour à l'adresse :
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où l'on pourra lire aussi la phrase qui la complète et qui est un excellent conseil de lecture...
Si ces archives datent de vingt ans, l'actualité de notre auteur est loin de se fondre dans le passé, car cette époque qui fut une transition pour la civilisation a laissé plein d'autres souvenirs. J'ai ainsi pu entrevoir il y a quelques jours une émission de télévision commémorant de manière divertissante mais aussi bien documentée les 40 ans de la "Deuxième chaîne". En plus des souvenirs variés, parfois nostalgiques - et dont curieusement ceux qui m'ont semblé avoir le plus vieilli n'étaient pas les plus anciens - le rôle de témoin de la société de la télévision des années 1960-80 fut en particulier associé à l'émission "Les Dossiers de l'Écran" et, coïncidence inespérée, le document montré en exemple était l'émission du 29 mai 1973 consacrée au "phénomène hippie", qui présentait en première partie le film Les Chemins de Katmandou suivi d'un débat animé auquel Barjavel, comme il l'a raconté, avait été pris à partie par une certaine Groseille, jeune fille à la parole virulente et à laquelle ce court extrait redécouvert permet enfin de restituer le visage et la voix... La page consacrée au roman et au film a ainsi pu être complétée, en attendant peut-être que deviennent un jour accessible le document complet :
On pourra visionner cette courte séquence où l'on voit Barjavel calme et amusé, semble-t-il, par une certaine jeunesse d'alors qui... s'exprime naturellement !
L'automne est aussi pour les bibliophiles parisiens (ou autres qui viennent de loin...) l'occasion du Salon des Livres et Papiers Anciens (que les habitués continuent d'appeler "Les Vieux Papiers"...) où, suivant mes propres conseils (voir http://barjaweb.free.fr/SITE/Biblio/conseils/index.html), je n'ai pas manquer d'explorer les piles souvent poussiéreuses, parfois classées, de documents et archives en tous genres. Quelques éléments mériteront d'être signalés dans une prochaine lettre, mais je dois aussi mentionner dans le même domaine une découverte venant quelque peu bouleverser la chronologie bibliographique de l'auteur ! Car si l'on sait que Ravage ne fut ni son premier livre (qui est Colette à la recherche de l'amour - 1934) ni son premier "roman" (qui est Roland le chevalier plus fort que le lion - 1942), ce n'est pas non plus son troisième ouvrage publié, mais le quatrième. En effet, en décembre 1942 les Éditions ODÉ, dirigées par Doré Ogrizek, publiaient un luxueux recueil de planches illustrées présentant « La France » et ses régions, précédant de quelques années l'album et le guide que l'on connaît et pour lesquels Barjavel est l'auteur du chapitre sur "Les Provinces du Centre". Là, tous les textes sont de lui, ce qui donne bien à cet album son rang dans la bibliographie. Toutefois l'ouvrage, qui n'est pas un livre mais un recueil de feuillets, est présenté comme un travail collectif du fait de ses illustrations, dont de magnifiques cartes décorées de grand format qui seront reprises en réduction dans l'album et le guide. Je l'ai donc répertorié dans la bibliographie des textes : Il bénéficie d'une présentation spéciale, montrant des extraits de son contenu, à la page : On pourra être surpris en y lisant ce que Barjavel y écrivit, en 1942, à propos de la ville de Vichy alors "capitale" d'un gouvernement auquel on pourrait croire que cet ouvrage "patriotique" de circonstance ait été une allégeance. Je pense plutôt que Barjavel s'est placé au-dessus de ce débats d'idées et que, s'il faut lui trouver des motivations à cette collaboration de plume, elles soient plutôt en cette période sombre de l'histoire, d'ordre "alimentaire" qu'idéologique...
Le magazine LIRE, qui a depuis longtemps référencé le barjaweb parmi ses sites conseillés, a pour sa part procédé à un sondage similaire dans le domaine littéraire sous le titre « Les 100 livres préférés des Français ». La question posée était ambitieuse : « Quels livres vous ont marqué à vie ? » et les résultats sont parus dans le numéro d'octobre du magazine et sont aussi visibles sur la page : où ils placent La Nuit des temps à la 14ème place.
Je ne peux que renouveler mon conseil de relire - ou de lire - ce roman, et ceci tout particulièrement avant de m'adresser - reprise scolaire oblige, semble-t-il - des requêtes parfois amphigouriques auxquelles je me refuse de donner suite, mais qu'il me plaît désormais d'archiver sur la page http://barjaweb.free.fr/SITE/sanssuite.php où l'on découvrira, avec le sourire, quelques "perles"... Pary sur Arche, le 13 novembre 2004
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