Ainsi que je l'avais promis il y a longtemps déjà (voir ma lettre de mars 2002),
et sans craindre d'en faire une habitude annuelle, je vous ouvre ce mois-ci les trésors de ma correspondance privée. Je veux dire par là quelques-uns des nombreux messages
que les visiteurs du site m'adressent continuellement pour mon plus grand plaisir, car il s'agit bien de véritables
trésors, du témoignage ému aux profondes réflexions en passant par les félicitations et encouragements qui me soutiennent
dans cette tâche gigantesque ! J'en ai sélectionné une partie infime pour illustrer les rapports privilégiés
dont l'auteur et le site jouissent auprès d'un public grandissant.
Même une restriction sévère et injuste n'a pas pu limiter cette lettre à sa taille habituelle, mais n'ayant moi-même
pas vu le temps passer à parcourir ma correspondance qui s'étale sur plusieurs centaines de messages, je crois que le seul
risque est de n'en avoir pas conservé une plus grande proportion pour les partager avec vous ! Ne craignez pas
l'indiscrétion à la lecture de ces messages, je n'ai gardé que l'initiale du nom de leurs auteurs, et de telles prouesses
de communications sont destinées au grand jour. J'en ai conservé le texte exact, me contentant de minimes ajustements orthographiques
nécessité par l'enthousiasme fébrile avec lequel mes correspondants rédigent leurs courriers...
Mais avant de vous entrouvrir mon épistolaire, je tiens à revenir sur une information que vous donnait
ma lettre précédente : le spectacle « Dikè ou le rêve du fou »
de Thierry Almon d'après Si j'étais Dieu, prolonge jusqu'au 29 avril ses représentations parisiennes dans une autre salle du quinzième arrondissement à présent, le Théo-Théâtre,
20 rue Théodore Deck
représentations les lundis et mardis à 21 heures 15. Il est donc encore temps d'aller voir ce spectacle dont, croyez-moi, on ressort émerveillé.
Revenons à mon courrier, et jugez vous-même, par exemple au travers de ce témoignage que me rapportait Lucien T. le 20 Juillet 2000, au lendemain d'une expérience unique pour les inconditionnels de l'auteur, respirer l'air de Tarendol:
Tarendol ! Tarendol, hier, mercredi 19 juillet, je me suis rendu dans ce tout petit coin de la Drôme Provençale. Il y avait longtemps que je voulais le faire. Pendant des années j'ai rêvé de rencontrer René Barjavel ! Maintenant qu'il n'est plus, triste ironie, je me suis rendu dans le petit cimetière de Tarendol. La pierre tombale est aujourd'hui à peine visible derrière les branchages d'un arbre qui a grandi. Une inscription toute simple : "René Barjavel 1911-1985 écrivain" et juste à côté, les tombes des parents. J'étais très ému, mais loin de moi l'idée morbide de faire le culte de celui qui n'est plus. Je pense que ce cher René n'aurait pas aimé. Mais pendant mon recueillement, j'ai vu passer la charrette bleue, j'ai senti les parfums d'Éléa et la force vive de Païkan, j'ai entendu les pas de Jean Tarendol, les tumultes de Ravage, les murmures du grand secret et tous les autres... Bref, tout ce qui a fait qu'il était lui, cet ami qui savait si merveilleusement bien parler à ceux qui aiment écouter. Tout ce que René Barjavel a écrit représente une oeuvre immense et précieuse pour tout ceux ou celles qui savent écouter ce coeur qui bat au sein de chacun des écrits, entre les lignes de chaque pensée exprimée à travers toute l'oeuvre. C'est très riche pour les jeunes et les moins jeunes et même pour les plus jeunes du tout ! Si on regarde bien, on peut en suivre le fil rouge et bleu ainsi tracé ; personnellement, je le retrouve à chaque page. Si je possèdais l'art de l'écriture, j'en dirais beaucoup plus encore. Je peux seulement dire, que René Barjavel est le seul auteur qui ne m'a jamais déçu, j'ai pu lire et relire de nombreuses fois ses écrits sans jamais me lasser, et c'est à chaque fois une découverte; il y a toujours quelques choses de nouveau qui nous avait échappé à la première ou troisième lecture ! Puis tout s'éclaire soudain, et peut sentir et voir, puis goûter à la saveur délicatement offerte dans un style "magico-poétique". Pour moi, ce grand ami est toujours là.
Un résonnance toute particulière avec ce texte se trouve dans le courrier de Philippe B. daté du 25 mars 2001 et qui expose une approche poignante de sa lecture de l'auteur :
Lecteur assidu de R.B. depuis des années, j'ai toujours trouvé dans la lecture de ses livres comme un écho
puissant et fort de ce qui pouvait traverser mon esprit sur des sujets aussi différents que la vie, la mort ou
la foutue idée de comprendre le pourquoi de notre existence dans cette vallée de larmes...
L'aide qu'il a pu m'apporter est immense et sa relecture est toujours source de joie et d'émerveillement. Cependant,
et j'en arrive au but de mon courrier, comment ne pas penser que cet homme qui s'est interrogé toute sa vie sur les seules
bonnes questions que l'on puisse se poser, n'ait pas trouvé les réponses ou tout au moins une partie des réponses...
Et que celles-ci soient peut-etre toutes proches...
Je me suis rendu sur sa tombe par un beau jour d'été, un de ces jours où tout parait plus harmonieux et facile,
où le simple fait d'être bloqué pendant plusieurs kilomètres derrière une charrette chargée de lavande fraichement coupée
sur une route de campagne trop étroite, vous donne la chance et le temps d'apprécier la vraie couleur des choses...
Dans le cimetière, sur la pierre, dormait un chat, de ce sommeil qu'il a tant souhaité. Et sur cette pierre,
avec le nom et les dates, son métier et peut-être son dernier message : écrivain. Il est rare de faire mention de sa
profession à un endroit où cela n'a plus aucune importance. Vous imaginez une collection complète de Dupont charcutier-traiteur
ou Martin chirurgien-dentiste ? Ridicule et inutile ! Sauf pour celui qui a prié tous les conteurs, troubadours et
autres messagers de l'Aventure de l'accueillir parmi eux... Et pour qui la transmission de ce message a toujours été d'une
importance capitale... Comme si la dernière chose à laquelle il ait pensé et souhaité transmettre soit celle-ci :
"Toute ma vie, tout mon savoir sont dans mon oeuvre. Vous qui m'appréciez un peu et qui avez fait l'effort de venir me voir, ne cherchez pas ailleurs, tout est là, il suffit de trouver..."
Question : se peut-il que les oeuvres de R.B. soient à niveaux multiples, voire codées et la clef restant à trouver ? Et que le déchiffrement de ces codes nous permettraient, on peut toujours rêver, d'apporter une réponse à nos interrogations...
Cette magie n'opère cependant pas qu'à Tarendol. Pour Emmanuelle, la force des mots aura été plus forte que celle d'un voyage qu'on devine pourtant captivant :
Enchantée Mr Loup et sincèrement merci pour votre site. Je suis amoureuse de Barjavel et de son oeuvre depuis
l'âge de 13 ans où je l'ai découvert par hasard en choisissant un livre de poche pour occuper mon voyage scolaire en
Angleterre. Je me souviens encore de ce moment et de tout le bonheur et le plaisir que j'ai eu à le lire : je n'étais
plus à Londres mais en Antartique avec Éléa et Païkan !
Je voulais absolument le rencontrer jusqu'à ce que je lise en préface de Colomb de la Lune : "il est décédé en novembre
1985". Vous me comprendrez je pense si je vous dit que j'en ai pleuré... Vraiment Barjavel représente énormément pour moi...
comme un "père spirituel" , un homme-sage... un "prophète" ! Je l'admire et j'aurais tant aimé le remercier. En tous cas, merci à vous !
PS : j'ai eu la chance inespérée de trouver un jour, au détour d'une brocante, un exemplaire de "Ravage" dédicacé
de sa main.Il m'a coûté 20 francs, il n'avait pas de prix pour moi.
Merci Mr Loup.
Il y a quelques mois, Cédric A. quant à lui faisait part de sa vision de l'universalité qui se dégage de l'oeuvre de l'auteur :
Bonjour,
Je suis heureux de me rendre compte que je ne suis pas seul à avoir découvert la richesse
incomparable et le message laissé par Barjavel dans ces incroyables livres.
Une puissance dans le raisonnement, une morale à toute épreuve, Barjavel avait une vision démesurée de la condition
humaine qui était dépeinte dans des livres de SF que je qualifierais tous de "visionnaires".
Barjavel est un auteur qui vous apprend à vivre et à apprecier les choses des la vie, à vous faire rêver ou pleurer.
Des mondes incroyables, des histoires parfaites, chaque livre de Barjavel m'a laissé pantois, jusqu'à "La faim du tigre", où je marquais de très
fréquentes pauses souvent après à peine deux lignes de textes, qui me laissaient complètement sans voix tant par la puissance logique de
son esprit que dégagait ce petit nombre ridicule de mots.
Je ne suis pas littéraire, je n'ai jamais aimé étudié des textes, je suis même très "technique" puisque "informaticien". Mais Barjavel
sait capturer l'esprit "ouvert" des hommes, quels qu'ils soient, pour leur montrer une interprétation de la vie qui vous rend humble
et vous aide à avancer.
Barjavel est comme un messager. Il m'a ouvert l'esprit.
Cordialement.
D'autres messages transcendent leur destinataire et par l'intermédiaire du texte se destinent à l'auteur lui-même ! On atteint alors, ainsi que dans cet extrait tiré d'une lettre de Daniel B., des pics d'émotion :
Tu nous manques René, comme si tu étais un membre de notre famille.
La disparition de l'Enchanteur a en effet laissé un manque palpable pour ses lecteurs... il est plus d'un texte teinté d'errance et de nostalgie pour le traduire :
Je ne crois pas trop m'avancer quand je dis que Barjavel est mon auteur préféré. Depuis un certain [temps] déjà je lis ses romans, je ne peux vous dire depuis quand, j'ai l'impression que c'est depuis toujours. J'ai lu une grande partie de ses livres, je les lis encore mais il me manque quelque chose. Je ne sais pas quoi, je crois que j'aurai aimé plus que tout rencontrer Barjavel. Hélas il est un peu tard. Je ne sais pas pourquoi je vous écris cela, je n'ai pas de question particulière à vous poser je voulais juste vous parler de ma passion parce qu'il n'y a pas beaucoup de gens de mon entourage qui la partagent...
Le 26 août 2001, Régis M. quant à lui se pare de métaphores mystiques pour évoquer ses rapports privilégiés avec l'auteur, au travers de ce qui semble être une bible (et qui est bien sûr le troisième recueil Omnibus):
[...] Mes [livres de] poches de Barjavel (moyens obligent) commencent à jaunir mais ils restent un trésor. Récemment
(oh folie !!!) j'ai investi plus de 160 F dans "Demain le Paradis", pavé de 1300 pages où chacune a
l'épaisseur du papier à cigarette. Ceci en aurait rebuté plus d'un. Mais tout se mérite et les plus hauts sommets ne se
donnent aux randonneurs du dimanche.
J'ai donc commencé l'ascension. C'est comme si R. Barjavel était à mes côtés. Il me parle, me décrit sa vie d'homme
ordinaire, ses pensées (que je partage pour la plupart) ou me fait part de conceptions sur l'avenir.... Pour être franc,
je ne regrette qu'une chose, c'est de pas avoir [eu] l'occasion de le rencontrer.
Le 24 novembre 2001, juste après la publication de la page "écrit" sur Le Journal d'un homme simple (http://barjaweb.free.fr/SITE/ecrits/JDHS/jdhs.html),
dans un clin d'oeil très
[...] Ce qui est amusant, c'est que, habitant dans le 15° et jouant au
tennis porte de Versailles, je passe souvent par la rue Lacretelle, guettant une apparition au dernier étage du n°20...
... en vain bien sûr, même si les quelques chats semi-sauvages de la rue peuvent passer pour les gardiens du temple !
encore une fois bravo donc, et Rdv peut-être un de ces jours aux détours du quartier Vaugirard, si cher au jeune Barjavel.
Plus succint, Jean-Paul M., le 6 août 2001, apporte un témoigne chaleureux et éclairé :
Le barjaweb que vous avez créé est aussi un trait d'union entre les lecteurs passionnés de cet auteur dont je fait partie. Barjavel me semble faire partie de ces êtres trop peu nombreux par leur simplicité, leur émerveillement quotidien de chaque petit détail de la vie et leur joie de vivre communicative.
Plus impliquée, Stéphanie évoque l'auteur dans un message qu'elle a intitulé `Juste une fan. Juste une déclaration "d'amour"' :
Toute petite, minuscule, insignifiante. Ce que je suis sans aucun doute. Surtout, Seigneur, depuis que j'ai découvert Maître Barjavel. Sa grandeur d'âme, sa simplicité, son génie, pourtant, ne me font pas pâlir d'envie (quoique...), mais m'émerveillent, m'exaltent, et m'exhortent, même, à profiter de la vie. Même quand elle peut sembler poussière dans le vent, flocon, néant. J'aime, j'adore, j'adule cet auteur qui m'a fait pénétrer un monde que je ne connaissais pas. A cause de ça, grâce à ça, j'ai envie, moi, de le faire connaître au monde entier. Et plus tard, peut-être, aux extra-terrestres avec qui nous communiquerons. Barjavel. Dont j'appelle les livres : mes biens les plus précieux. Bien plus que le diamant ; parce que lui n'était pas éternel. Son oeuvre lui survivra. Pour toujours. Jusqu'à, non pas la nuit, mais la fin des temps...
On voit bien quels rapports particuliers, presque intimes, les lecteurs de Barjavel entretiennent avec lui, au travers de son oeuvre. Un catalyseur de réactions particulièrement efficace est cette Lettre que je vous fais parvenir mensuellement. Sachez que je l'adresse à présent à plus de 700 abonnés, et que certains d'entre vous sont géographiquement fort loin de Pary sur Arche... À la suite de ma missive de janvier 2003 où je livrais "le secret du seul bonheur possible", l'un de vous répondait :
Je suis d'accord avec votre message c'est tellement vrai ! mais voyez-vous la société est totalement inhumaine à l'heure d'Internet (qui n'est qu'un outil après tout) et du bourrage de crâne d'une grande partie des médias ; beaucoup de gens prendront ce genre de message pour de l'utopie (pour eux on est des rêveurs quoi) ces mêmes gens ayant souvent des théories très très belles mais des pratiques.... un peu plus douteuses ! Dites bonjour à une personne que vous ne connaissez pas ; ça passe souvent pour une agression ! c'est fou ; beaucoup de gens courent mais sans vraiment savoir pourquoi ! Mais bon je suis pas rabat-joie je constate c'est tout... les gens ne se rendent pas compte que le temps passe et qu'un arbre ou un coucher de soleil c'est toujours beau il suffit de regarder et d'avoir les sensations ... "l'eternité est dans l' instant". Enfin bon merci pour vos e-mails (et pour votre site) et si un jour vous êtes à Paris je serais ravi de discuter avec vous entre barjavéliens (il avait tout compris celui là !) je vous donne mon tel 01 64 xx xx xx A+.
Une autre réponse à cette même lettre plaçait cette année sous de bons augures que je vous enjoins à célébrer :
Cher Monsieur Loup, Permettez-moi de vous souhaiter une très bonne année 2003, placée sous le signe du bonheur d'aimer. Et merci encore pour votre cadeau de Noël, je n'ai pas encore lu votre page sur Colette, mais rien que la réunion de ces deux noms a quelque chose de magique. A bientôt !
Mais bien sûr je reçois aussi d'abondants commentaires sur les autres pages, notamment les « pages écrits », avec parfois des suppléments d'analyses comme celui-ci, très intéressant, signé Guillaume P. le 4 mars 2000 :
Je viens de lire quelques unes des pages sur Barjavel (et je compte continuer par la suite, étant moi-même un inconditionnel de cet homme rare) et, bien que je trouve que c'est bien fait et très bien écrit, j'aimerais savoir pourquoi vous ne parlez pas de la révolution des Jeunes, qui a lieu dans le monde entier, à la fin de La Nuit Des Temps ? C'est un effet un de mes passages préférés qui est véritablement chargé de sens pour la société française ("ces jeunes, moi je te les foutrais tous au boulot !"), des médias hypocrites (vision qui est toujours depuis 68 d'actualité) quand le présentateur "prend un air triste" pour annoncer la fin de EPI, dont en réalité il se fout complétement, de la stupidité des Nations qui se battent partout dans le monde ("mais les autres nouvelles n'étaient pas bonnes") et sa façon de décrire des événements est telle que y est retranscrite toute la vérité de l'information, de la préoccupation des occidentaux pour des problèmes qui, aux Français surtout, semblent loin, et également de la jeunesse qui fait un peu n'importe quoi (cf la fille) mais aussi du fils (dont j'ai oublié le nom) qui applique ce que son prof lui a enseigné, à la manière de Socrate ("la + intelligente est celle qui sait qu'elle ne sait pas"), il se l'applique à lui-même : "je suis peut-être un idiot, mais je ne suis pas un con" et qui part faire sa révolution, avec tous les autres jeunes de son âge, tous unis contre la bêtise humaine, contre tous les CRS de toutes les nations. Le Magnifique de cette révolution, c'est qu'elle est spontanée, et regroupe toutes les conditions sociales (aussi bien étudiants que ouvriers). Mais le fils, avant de partir, accuse quasiment ses parents d'être responsables de la Mort, et il se met à la refuser catégoriquement.
Sur des sujets bien précis, l'information est souvent d'une valeur inestimable. Même si elle ne concerne que celui qui m'écrit :
Notre Eléa a les yeux bleu marine et elle est gauchère.
Curieux non ?
D'autres interventions ont en plus le mérite de me faire beaucoup rire. Illustrant le proverbe "Tous les chemins mènent au Barjaweb", Alain P. expliquait :
C'est par hasard que j'ai trouvé votre site, en réalité je cherchais sur Yahoo le mot "iceberg", bien sur quand j'ai vu Barjaweb je n'ai pas résisté.
Souvent il s'agit de précisions de haute tenue qui s'intègrent directement dans le site et font même ensuite l'objet d'une de mes lettres. Ce fut le cas pour cette intervention stimulante (et suivie de nombreuses autres) avec une personne qui s'avéra être un spécialiste de l'éditeur Robert Denoël, et qui me faisait remarquer en conséquence :
Monsieur,
Votre site consacré à Barjavel est bien sympathique, on y trouve à peu près tout ce qui a fait la personnalité et
l'oeuvre de cet écrivain attachant - sauf, et c'est bien curieux, ce qui a trait à ses débuts littéraires.
On aimerait savoir ce qui l'a conduit à Paris, venant de Vichy, je crois, ce qu'il y a fait, chez quel grand éditeur parisien, où il
fut successivement magasinier, emballeur, lecteur, chef d'atelier, directeur littéraire, etc., et ce, durant une bonne dizaine d'années
(1935-1945). Quelle étonnante lacune dans votre information ! C'est une période extrêmement riche à défricher, je vous l'assure.
Ces lacunes ont été, depuis, et en partie avec son concours, corrigées, et la page consacrée à la biographie détaillée de l'écrivain (http://barjaweb.free.fr/SITE/biographie/bio_detail.html) lui doit de précieux éléments.
D'autres questions lancent des pistes de longue haleine. Dans un message mémorable, Alixe O. demandait :
Je suis à la recherche d'un texte de Barjavel dans lequel il parle d'un chat bleu. Cela vous dit-il quelque chose ? Si oui, ça me ferait vraiment grand plaisir que vous me fassiez un petit mot rapide là-dessus.
Après réponse circonstanciée sur La Charrette bleue et autres possibilités de malentendu, Alixe épaississait le mystère :
A propos de ce chat bleu, décidemment le mystère reste pour l'instant entier. Je vais tout de même vous expliquer la raison de ma recherche. J'ai un ami à Vichy qui a acheté une sculpture qui s'appelle "le chat bleu" et qui a été réalisée par un sculpteur qui dit avoir été un ami de Barjavel. Il aurait réalisé cette sculpture d'après un texte de Barjavel portant ce titre de "chat bleu" ou comprenant un "chat bleu" dans son histoire. Depuis, on cherche...
Et je cherche encore... aucun réel progrès en cette direction et je ne sais toujours pas s'il y a eu
distortion de l'information ou si quelque part dort véritablement en secret un texte inconnu de Barjavel.
D'autres interventions ne sont pas moins intriguantes. Sous l'identité assez étrange de "Quatre Dimension" (sans 's'),
une personnalité mystérieuse me pose une question dont la concision est aussi déconcertante que le contenu :
As-tu compris l´essence de tous ses livres ?
Une partie non négligeable des messages qui me sont adressés sont relatifs à des travaux académiques de haut niveau qui tournent autour de notre auteur, ou de son oeuvre. C'est alors toujours l'occasion de riches échanges, et il en résulte un travail toujours très intéressant dont la construction du site s'enrichit, avec la reconnaissance qu'il se doit à ces collaborations. Ainsi Delphine M. :
Je travaille actuellement sur le code chromatique dans l'Enchanteur. C'est un travail passionnant, un vrai
régal de couleurs et de d'images. Je me dirige sur la poétique de la couleur, le conte semble être fondé sur un code relevant
à la fois de la conception des couleurs au Moyen-âge et à la fois de celle de notre temps.
L'opposition noir/blanc reprend la conception médiévale du bien et du mal, mais les deux couleurs sont parfois en
contact. Je ne fais pas d'interprétation du code pour le moment car mon étude n'est pas finie. Merlin porte en lui toutes
les couleurs, c'est lui qui les génère, il est un personnage clée du conte.
Enfin, cela est bien peu par rapport à ce je pourrais dire.
Enfin il y a aussi toutes les contributions à fournir des éléments pour aider au développement du site. Elles sont toujours les bienvenues, telle celle d'Alain S. qui à l'approche de Noël 2001 écrit tel un Père Noël :
[...] Je ne me serais pas permis de vous importuner juste pour vous envoyer des fleurs (d'autres avant moi l'ont certainement déjà
fait !) mais pour vous dire que j'ai la chance de posséder un exemplaire de Tarendol, édition Denoël du 20 mars 1946.
Mais cette édition ne ressemble pas à celle que vous montrez : elle est de mêmes dimensions, entièrement blanche, et ne comporte que
425 pages. Il s'agit d'un exemplaire sur pur fil Lafuma, tiré à 200 exemplaires plus 32 hors-commerce (2 sur Japon impérial numérotés I et II
et 30 sur pur fil Lafuma numérotés de III à XXXII). Le mien porte le
Tout ceci pour deux choses : à titre d'info d'abord, au cas (improbable) où vous ignoreriez l'existence de cette édition,
ensuite pour vous proposer, si cela vous intéresse, de vous envoyer les scans des couvertures de mon exemplaire.
Une première partie de cette lettre faisait l'éloge du site, et, à tort, l'auteur s'excuse ensuite d'importuner de la sorte. Or, comme on peut s'en douter, j'accueille toujours les remerciements et les félicitations avec un plaisir au moins égal à celui que me procurent les informations concrètes (il s'agissait en l'occurence d'une édition originale au strict sens bibliophilique). Surtout lorsque, comme c'est le cas de Lawrence J., ils sont récurrents et m'accompagnent au travers des années. Extrait de l'une des nombreuses missives d'un admirateur à la verve quelque peu emphatique :
[...] Si je vous écrit, monsieur, ce n'est certainement pas pour vous faire part de mon parcours personnel
mais plutôt afin de vous encourager de continuer ce site qui ma foi, m'a l'air très bien parti.
Vraiment, continuez. S'il vous prend l'envie de me contacter, monsieur, croyez que ma boite aux lettres vous sera toujours ouverte.
Merci pour ce moment de poésie.
Le 2 octobre 2001, Michel L. me gratifiait des plus grands honneurs dans un texte intitulé triomphalement : "Hourra pour le Barjaweb !" :
Mon cher G.M.,
Je voulais que tu saches que grâce à ton site, tu as fait un autre
adepte de Barjavel et peut-être même deux ou trois nouveaux adeptes.
[...] Depuis que j'ai visité le site, j'ai relu La Nuit des temps, et lu avec grand plaisir une bonne demi-douzaine de
Barjavel dont Ravage, Le Voyageur imprudent, Tarendol, Colomb de la lune, Une Rose au paradis, Le Grand Secret, un recueil
de nouvelles de Barjavel ainsi que La Sphère D'Or d'Erle Cox que j'ai beaucoup aimé.
J'ai partagé mon engouement pour Barjavel avec deux ou trois membres de ma famille qui sont en train de découvrir eux aussi cet excellent auteur.
En ces temps où on entend des rumeurs de guerre, il fait bon entendre Barjavel dénoncer la guerre et ses horreurs. J'aime son
idéalisme d'adolescent. Si seulement plus de gens pouvaient le lire et le comprendre...
Je suis loin d'avoir fini d'explorer le site Barjaweb et j'ai bien l'intention de lire tous les romans de Barjavel que je pourrai trouver.
[...] En tout cas, merci pour cette mine de renseignements qu'est le Barjaweb. Et continue de répandre la bonne parole ! :-)
Le 31 mai 2001, Katia D. ajoutait une perspicace remarque à des encouragements bienvenus :
Bonne continuation, et merci de continuer à faire vivre son oeuvre par cette technique moderne qu'est Internet. Je suis sûre que s'il était encore vivant, il s'amuserait comme un petit fou à surfer sur le Web.
D'autres remerciements chaleureux, et une invitation à des recherches dont je reparlerai :
Barjavel...mon grand rêve serait de retrouver tous ses articles de journaux en édition originale, je ne sais pas si c'est un rêve
réalisable mais je l'espère. Barjaweb...pour moi LE site de référence sur Barjavel, tout y est dit, tout y est expliqué et c'est
toujours avec un grand plaisir que je passe régulièrement voir les dernières mises à jour. Pour ça MERCI et merci également à René Barjavel,
lui-même, car sans lui je ne serais certainement pas devenu ce que je suis aujourd'hui.
Longue vie au Barjaweb ainsi qu'à ses auteurs.
Enfin, beaucoup plus rares, mais ils existent, des messages qui me concernent tout particulièrement, ainsi que celui que signait Eugénie C. :
Je me pose maintenant beaucoup de questions sur "la personne qui a consacré un site à René Barjavel", si elle le connaissait, que peut-elle bien faire dans la vie et... si elle aime écrire au point de répondre aux petits mots qu'elle recoit de gens qu'elle ne connait pas... Bref, la jeune demoiselle que je suis vous souhaite bonne continuation.
Pour finir sur une autre note amusante, ou plutôt dont j'ai décidé de m'amuser - et il en fallait bien un représentant - voici l'un de ces nombreux messages qui se distingue par sa sincérité et son sens des proportions. Leur sujet, que je vais vous laisser découvrir sous peu, est toujours le même, et lourdement récurrent surtout aux fins de petites vacances scolaires, mais l'intonation varie sans cesse, entre implorations désespérées et ordres stricts avec ultimatum pour le délai ; il n'y a guère que les menaces physiques qui ne m'aient pas été infligées. Si vous n'avez pas deviné quel motif universel se cache derrière cette ultime catégorie, je vous laisse maintenant accéder à sa révélation :
Bonjour on ne se connait pas, je m'appelle Sarah et je voulais te demander un énorme service en fait j'ai
absolument besoin du résumé du livre "L'enchanteur" et je ne le trouve nulle part. Je me suis dit que peut-être tu pourrais me l'envoyer par e-mail.
Tu me sauverais la vie pour ainsi dire. J'ai cherché le livre partout et je ne l'ai pas trouvé ! Le temps que ma commande du bouquin arrive
j'aurai déjà raté mon test depuis longtemps ! Je t'en supplie il me me faut vraiment ce résumé c'est très important pour moi ! J'ai déjà
lu "La nuit des temps" que j'ai adoré alors je te jure que dès qu'il y a moyen je lirai ce livre ce n'est pas un truc pour éviter de lire
le livre je te promets que je l'ai cherché partout et que je ne l'ai pas trouvé ! Si tu le fais je te remercie d'avance sinon pourrais-tu
quand même me renvoyer un e-mail pour me dire que tu ne le feras pas. Merci. A bientôt.
J'espère que vous avez pris grand plaisir à parcourir à mes côtés mes archives d'épistolier. Sachez en tout cas que votre lecture me fait le plus grand bien, et que je mets un point d'honneur à répondre à chacun des messages que je reçois, même si cela peut parfois prendre quelque délai. N'hésitez pas, cependant, à écrire directement sur le site, dans les sections critiques des pages « écrits » ou livre d'or, afin que chacun puisse profiter de votre témoignage.
Retrouvons-nous le mois prochain avec, entre autres, une interview inédite de Barjavel ! Soyez au rendez-vous !
Pary sur Arche, le 10 mars 2003
G.M. Loup.