L'article que j'ai consacré récemment à une déclaration de Jean-Paul II
sur le « désir conjugal » a provoqué une
mobilisation des stylos, bics et feutres de mes lecteurs, avec utilisation annexe de la machine à écrire et du photocopieur.
Les lettres que j'ai reçues, vos lettres, se divisent naturellement en deux catégories :
celles qui m'approuvent, et celles qui me reprochent, d'ailleurs avec gentillesse, de n'avoir rien compris aux propos du
pape. Plus, hors catégorie, quelques lettres de fous ou illisibles.
En écho à la disparition de Jean-Paul II, ma dernière lettre présentait un article de Barjavel, paru au Journal du Dimanche le 19 octobre 1980, dans lequel il commentait un discours du pape prononcé en Français sur le désir conjugal. Il reçut en retour de nombreuses lettres de lecteurs auxquelles il fit un droit de réponse le 9 novembre 1980, que je présentais également le mois dernier, et qui sert d'introduction à la présente lettre. J'ai moi-même reçu plusieurs réactions suite à cette dernière correspondance (1), marchant toutes cependant au pas de l'e-mail et d'Internet et non plus des Bics, feutres, ni même plumes d'oie, ce qui rendait cette délégation bien moins colorée que dans le cas de notre auteur. Elle avait en commun, cependant, de compter dans ses rangs soutiens et reproches mêlés sans oublier les quelques proses de fous ou illisibles. Ce sont bien sûr les reproches que je compte évoquer maintenant en quelques lignes, car il me semble qu'ils traduisent un sentiment un peu plus général que celui dont on a bien voulu me faire part, et dont je veux dédouaner le barjaweb, sa vocation et ses auteurs, ainsi que moi-même.
Le barjaweb a plusieurs missions que je ne veux pas détailler ici mais qui s'articulent toutes en déférence à cet écrivain, penseur et visionnaire remarquable, sans jamais, dans la mesure du possible, donner préséance à des avis personnels, des interprétations partiales ou des considérations périphériques. C'est bien sûr un idéal difficile à atteindre - d'autant plus que l'énergie qui alimente la construction du site n'est autre que l'enthousiasme gratuit de mes collaborateurs - mais que je m'efforce de respecter sans transiger. Ce que le barjaweb rapporte, véhicule et rend accessible au plus grand nombre, c'est l'œuvre et la pensée, la vie et l'histoire de Barjavel, homme engagé dans un siècle aux multiples rebondissements et révolutions en tous genres. Ma Lettre mensuelle dont le role principal est de rapporter les découvertes et changements les plus importants du site web à ceux qui en suivent la progression, se veut aussi un lien entre la pensée de Barjavel et notre actualité, qu'il n'est hélas plus là pour commenter. La pensée de Barjavel étreint l'universel et l'intemporel, et disséminée dans une profusion de textes maintenant perdus ou oubliés, elle a, je crois, encore beaucoup à nous apprendre et à nous apporter dans notre quotidien. Ce choix de mettre en relief les textes passés et les développements d'aujourd'hui, avait d'ailleurs été saluée par sondage l'an dernier.
Revenons-en donc à la question du pape. Quiconque connaît un peu l'œuvre de Barjavel au delà du "genre" science-fiction auquel il est encore bien souvent réduit, sait l'importance de la religion et de l'Église dans son message général, ce qui n'en fait pas pour autant un "écrivain catho-prolifique" comme un raccourcisseur d'idées a cru bon de le désigner (2) (et rappelons d'ailleurs qu'il était protestant...). Souvenons-nous en particulier des critiques nombreuses qu'il a répétées à l'encontre de l'Église, ou plutôt des Églises, en regrettant le rôle vital qu'elles n'exercent plus aujourd'hui, celui de guider l'individu dans le labyrinthe social et spirituel. Jean-Paul II aura cependant été une personnalité remarquable de l'Église catholique, sauf pour ceux que la religion hérisse à un point tel que toute évocation, dans un sens ou dans l'autre, est jugée coupable. Au vu des premières années de son pontificat, Barjavel qualifiait la personnalité du défunt pape de "puissante, active, virile, conquérante, rayonnante", des attributs que l'on reconnaît bien chez le pape héros du roman La Tempête. Pour notre auteur, Jean-Paul II aura été sans l'ombre d'un doute, une personnalité respectable et forte, même si "l'essoreuse vaticane était passée par là." Ainsi ma dernière lettre n'avait que vocation d'évoquer une figure emblématique et importante ainsi que l'avait fait Barjavel lui-même en son temps, allant dans ses avis bien au-delà de ce que peuvent penser ceux qui ne le connaissent que comme romancier de l'imaginaire.
“Arrêtons-nous là. Et terminons par une quatrième conclusion, qui est celle même du pape : c'est l'amour qui arrange tout. Il faut aimer. Il faut aimer tout. Du grain de poussière à la gloire des galaxies.”
Mais je parlais d'une autre mission de cette lettre qui est de rapporter les découvertes et évolutions du site.
Ce mois-ci je suis très fier de pouvoir vous présenter un texte somptueux empreint d'une touche de nostalgie et de tendre admiration.
Même si je l'évoque en seconde partie et avec moins de verve, je sais que vous le regarderez comme l'objet principal de
cette communication, pour lequel il n'est pas besoin de s'étendre en précautions inutiles et explications subtiles.
Ce qui est fort, grand, juste et beau peut se décliner presque sans mots. Ce mois-ci donc, je vous invite à visiter
Le Musée Imaginaire de René Barjavel présenté par son article écrit pour Les Nouvelles Littéraires
à l'été 1964 où l'auteur nous invite à le suivre dans sa maison imaginée (mais on verra qu'il en a peut-être simplement anticipé la localisation...)
où sont rassemblés les trésors, les images, les notions chers à son cœur. C'est une promenade dans un univers fantastique
qui incite alternativement à la sérénité et à l'exploration, où la Méditérannée se rapproche à loisir comme une couverture
et les Picasso pendent aux cerisiers pour faire peur aux oiseaux. Les éléments historiques bien connus et les
L'entrée est ici :
Et si sa visite, que j'ai agrémentée comme d'habitude de notes explicatives mais aussi d'illustrations interactives,
vous a plu, et peut-être même incité à semblable composition, n'hésitez pas à me contacter pour me faire part de vos
impressions et collections préférées.
Pary sur Arche, le 22 mai 2005
G.M. Loup.
Notes :
Post-scriptum
Barjavel, qui ne manquait pas de donner de sympathiques "coups de pouce" à ses amis, aurait probablement porté à l'attention de ses lecteurs deux créations toute récentes dans le domaine littéraire et théâtral comme je le fais à présent. Une toute jeune revue multidisciplinaire, “GESTE”, a vu le jour le mois dernier, en dehors des circuits éditoriaux ordinaires mais visant la très grande tenue dans sa forme et ses propos. Je lui souhaite succès et prospérité, et vous invite à vous la procurer dans les "bonnes" librairies, ou sur commande. En attendant la naissance de son site Internet, le barjaweb en héberge une page de présentation : http://barjaweb.free.fr/geste/presentation.html
Si je présente temporairement sur le barjaweb des créations d'amis, je dois aussi saluer l'utilisation astucieuse et touchante qu'on fait du site les parents d'une petite Éléa, qui par un avis sur ce prénom Éléa ont fourni des indices à leurs famille et amis quant à la naissance de leur bébé, construisant une sorte de cyber-jeu de piste... On verra ce message dans la section avis et témoignages de la page http://barjaweb.free.fr//SITE/ecrits/Ndt/inspir/ndt_inspir.html#elea