SI J'ÉTAIS DIEU

Si j'étais Dieu...
Je referais tout avec jubilation :
les hommes,
l'amour, la Terre,
l'Univers, toute
la création, tout,
sauf...

La création d'Adam par Michelangelo Buonarroti (Vatican - plafond de la Chapelle Sixtine)

« Si j'étais Dieu... Je referais tout avec jubilation. »

     annonce Barjavel sur la couverture de son essai.

      Et ces quelques 200 pages se lisent avec autant de jubilation que l'auteur a – sans conteste – éprouvé à les écrire !

« Si j'étais Dieu, pour commencer, je ferais chanter les arbres et fleurir les oiseaux... »



  1. Présentation
  2. Genèse
  3. Résumé
  4. Extrait
  5. Thématique
  6. Critiques publiées
  7. Critiques des visiteurs
  8. Œuvres de la même inspiration...
  9. Copyrights
Portrait de l'auteur en quatrième de couverture


Si j'étais Dieu ! est :
Le meilleur livre que j'ai jamais lu
Le meilleur livre de Barjavel
Un livre exceptionnel
Un grand livre
Un bon livre
Un livre passable
Un mauvais livre
Un livre exécrable

Première de couverture de l'édition originale

PRÉSENTATION

Essai
par René Barjavel
Titre original :
« Si j'étais Dieu ! »

© Éd. Garnier, 1976
Collection « Si j'étais... »
(Sur une idée de Jacques Jolivet)

 
Meilleure vue de la première de couverture    Voir les autres éditions
 

GENÈSE

(de l'œuvre...)

Rêve immémorial de l'Humanité, devenir Dieu et refaire le monde.
Les circonstances éditoriales ont amené Barjavel à le réaliser, le temps d'un livre, mais n'est-ce pas là le cœur de l'activité d'écrivain, de science-fiction de surcroît ?
La collection Si j'étais a vu publier en 1976-77 un petit nombre d'essais (quatre), à l'initiative de l'écrivain Jacques Jolivet, qui est le père du célèbre humoriste Marc Jolivet et du cinéaste Pierre Jolivet (réalisateur du film « Simple Mortel » dans lequel la thématique divine joue beaucoup...) Une autre collection du même titre mais d'un genre bien différent avait eu une brève existence cinq ans auparavant aux éditions Touret ; il s'agissait de petits livres pour enfants de Max Andress tels que "Si j'étais petit écureuil", "Si j'étais gros minet", "Si j'étais petit lapin", "Si j'étais Reinette la grenouille"...
Et bien avant, surtout autour du début du vingtième siècle, de nombreuses chansons, opérettes et autres divertissements musicaux prenaient le prétexte d'être quelqu'un d'autre pour faire les choses différemment (citons "Si j'étais Roi" de G.Adam).
Deux d'entre elles méritent d'être relevées :

Les premières pages du livre, en guise d'introduction, présentent avec humour cette genèse :

Jacques Jolivet est un garçon que je connais depuis longtemps. Tous les trois ou quatre ans il me téléphone pour me demander comment je vais. Je lui réponds que je vais bien, parce que c'est toujours ce qu'on répond, quelle que soit la santé, et j'ajoute affectueusement :
- Et toi ?
J'entends là-bas, tout au bout du fil, l'esquisse d'un ricanement, comme si c'était la question la plus saugrenue que l'on puisse poser. Puis il répond qu'il va bien lui aussi. Nous n'avons rien appris sur nos santés respectives, et nous continuons de nous porter comme nous pouvons : il faut bien que ça aille...
La dernière fois il m'a dit en plus :
- J'aimerais vous voir...
Il me dit " vous ", je lui dis " tu ", car il pourrait être mon fils, et nous nous sommes connus quand nous étions, moi un sévère critique dramatique, lui un jeune acteur de grand talent, venu trente ans trop tôt sur les planches. C'était un de ces acteurs du genre qui-n'a-pas-l'air-d'être-un-acteur, que Hollywood a mis tant à la mode depuis, et qui font la gloire du nouveau cinéma américain. Il était trop en avance. Il a quitté ce métier, il a sans doute bien fait, si on n'y triomphe pas on y meurt.
Je lui ai donné rendez-vous, il est venu, il n'a pas changé, il est toujours aussi maigre, il s'est assis dans le grand fauteuil raide où se posent mes visiteurs, je me suis dit en le regardant que peut-être moi non plus je n'avais pas tellement vieilli, ça m'a rassuré, ça m'a fait plaisir, ça m'a mis de bonne humeur, il a ricané au fond du fauteuil, il m'entendait peut-être penser, il m'a dit :
- J'ai quelque chose à vous proposer...
C'était ça : ce livre !... Il avait eu l'idée de cette collection, " Si j'étais... ", et il venait me proposer ce sujet : " Si j'étais Dieu ! "...
J'ai sauté au plafond.
Ce n'est pas vrai, bien sûr. ce ne sont pas des choses qu'on fait, mais j'aurais voulu pouvoir Je faire...
Je riais, je frappais la table du plat de la main, j'exultais !... Quelle idée ! Quel sujet !
(...)
Je me voyais déjà sautant et tourbillonnant parmi les univers, les hypothèses et les réformes comme un acrobate qui rebondit sur son trempolino...
... Quand j'entendis Méphisto ricaner...
Non...
Ce n'était pas Méphisto, c'était Jolivet...
Tiens, tiens... Qui sait si... Il est resté bien jeune... Comment a-t-il fait?... Des hommes qui se prennent pour Dieu, les asiles en sont pleins... Et Lucifer lui-même, c'est bien pour avoir joué à ce petit jeu qu'il se trouve où il est?...
Eh bien tant pis ! Le jeu en vaut la chandelle de soufre. Et vous êtes témoins : l'idée n'est pas de moi, je suis innocent !... Mais je l'adopte, et j'en prends le risque !
Je vais être Dieu pendant 200 pages ! Suivez-moi ! En avant pour les Cieux ! Plus on est de fous plus on rit, il n'y a que les fous pour être sages.

Mais pour Barjavel l'idée n'était pas entièrement nouvelle : il avait déjà pris l'occasion de commentaires de l'actualité pour refaire, sinon l'Univers, du moins plus modestement la France, certains jours d'élections présidentielles, dans sa chronique au Journal du dimanche, les 15 juin 1969 (élection de M. G. Pompidou face à M. A. Poher) : « Si j'étais président », rapportée dans le recueil (Les Années de la Lune), puis – sept ans plus tard – le 19 mai 1974 (élection de M. V Giscard d'Estaing face à M. F. Mitterand) : « Si j'étais élu Président » (rapportée dans (Les Années de la Liberté). Ses "programmes", qu'il reconnaissait en conclusion n'être heureusement qu'utopistes (quoique...) ressemblaient par certains points à celui que sa divinité d'emprunt lui suggère dans Si j'étais Dieu.
Et pour ce qui est de Si j'étais Dieu proprement dit, on trouve la trace d'un projet initial sous forme de pièce de théatre dont le titre initial était « Ah ! si j'étais Dieu ! » quelques années auparavant.
Et il resta fidèle à cette idée puisqu'en 1980, après la parution du livre, il travaillait encore à cette adaptation, comme le montrent ces deux pages extraites d'un manuscrit que m'a fort aimablement communiquées un visiteur du barjaweb, M. Charles Moreau :

page 41 du manuscrit   page 42 du manuscrit

On voit que le "coup de pouce" de son ami Jacques Jolivet l'a amené à la concrétiser l'œuvre sous forme de livre, mais pour l'auteur, ce texte sera resté du domaine de la farce – au sens médiéval – métaphysique ; ce n'est que près de trente ans après qu'il se vit effectivement réalisé en spectacle (voir ci-après).

Se placer dans la position du Fils de Dieu pour se poser la question de la valeur du sacrifice et de la rédemption était aussi en quelque sorte le sujet du scénario du film Barrabas, dont l'auteur raconte le tournage malheureusement non finalisé dans son (Journal d'un homme simple), et qui fut finalement publié sous la forme du roman Jour de feu (voir dans la bibliographie).


En guise de RÉSUMÉ : RÉCIT ou ESSAI ?...

Il y aurait peu de sens à résumer un livre tel que Si j'étais Dieu... Mais de quoi s'agit-il ? Le premier contact avec le texte donne l'impression d'un récit, voire d'un roman, qui pourrait être de science-fiction dans une tradition post-apocalypique bien barjavélienne : l'Homme a disparu !

Que M'arrive-t-il ? Qu'est-ce que c'est ? Pourquoi tout ce bruit ?... J'ai dû faire une petite sieste... Ma barbe a poussé de trois univers ! Un grand bruit M'a réveillé, un gémissement cosmique qui arrive jusqu'à Moi de toutes les directions de l'infini. Les Galaxies se tordent les bras, mes anges pleurent et s'arrachent les plumes... Que se passe-t-il ? Pourquoi ce grand chagrin ?
- Oh Dieu !... Dieu !... Quel malheur !... Quel malheur unique !..

- Quel malheur ? Qu'est-il arrivé ?
- Oh Dieu !...Dieu !...

- Quoi ?
- L'HOMME EST MORT !

................................................................
- L'homme ? Qu'est-ce que c'est ?
- Vous l'avez oublié ? C'était votre créature sur une planète, la Terre...

(...)
- Et la Terre ? Je t'ai demandé où est la Terre !...
- Là. un peu vers la pointe... Dans une des dernières tranches... Une des trente-six mille milliards de galaxies contient trente-six mille milliards de systèmes solaires, un de ces systèmes solaires à neuf planètes, la troisième planète à partir du centre est la Terre... Et sur la Terre il y avait l'Homme. Et maintenant il n'y a plus... Permettez-moi de m'essuyer les yeux...

- Toi aussi tu pleures. Grand Ordinateur ? Cette petite chose sur cette chose infime, parmi tant de milliards de milliards d'autres choses qui continuent, a disparu... Quelle importance ? Pourquoi cette grande lamentation sur la mort de l'homme ?
- Dieu ! Il Vous ressemblait...

De ce point de départ, somme toute assez dramatique et ceci d'autant plus qu'il est bien présenté comme plausible, l'idée vient de Tout recréer, à partir d'un nouveau Rien, donc de profiter de cette réinitialisation du monde pour expérimenter de nouvelles solutions afin de tenter de se prémunir contre les inconvénients dont pâtissait l'ancienne création. Et l'auteur débride son imagination, sa fantaisie et sa poésie, au service de sa pensée philosophique profonde.
Artifice peut-être, intervient alors Jacques Jolivet – commenditaire du livre – pour remettre l'écrivain dans le droit chemin...

- Permettez-moi de vous interrompre !... Ce n'est pas ça du tout que je vous avais demandé !... Enfin, je veux dire... (...) ce n'est pas du tout ça que j'espérais de vous... J'espérais un livre drôle, mordant, une sorte de pamphlet, quelque chose comme du Clavel (Maurice), en plus rigolo... Et voilà que vous êtes en pleine élucubration métaphysique. La Faim du Tigre ne vous a pas suffi ? Vous avez un renvoi ?
- Oh Jacques ! Tu ME manques de respect...

On notera au passage l'allusion piquante à Maurice Clavel (1920-1979)... Ce philosophe déçu du marxisme avait redécouvert Dieu en reconnaissant la présence de l'Esprit-Saint dans les événements de mai 68. Fondateur avec J.-P. Sartre de Libération, il avait récemment publié un Ce que je crois aux éditions Grasset (1975) et était justement en train de préparer un essai Dieu est Dieu, nom de Dieu particulièrement virulent [ voir http://www.guywagner.net/clavel.htm ].


EXTRAIT

L'extrait qui suit, pioché au cœur du livre, rend compte du bonheur avec lequel René Barjavel se prête à l'exercice de se prendre pour Dieu, un bonheur qui tient autant de la sagesse du vieil homme que de la fraîcheur enfantine.
Tout d'abord, faisons connaissance avec les personnages :
   – Barjavel, dans le rôle de Dieu ;
   – l'homme, dans son propre rôle ;
   – le Grand Ordinateur (dont les interventions sont notées en italique), dans le rôle du Serviteur et de la Mémoire de Dieu.

Le temps d'un livre, Barjavel prend la place de Dieu – accordons-lui pour cette étude la majuscule divine ! – et décide de se mettre... à l'ouvrage.
Alors, reprenant plus ou moins les étapes de la Genèse, Il décide de refaire le monde et découpe les gros pays en petits avant de transformer chaque nation en disque tournant constamment sur lui-même.
Puis Il s'en va corriger une décision prise lors d'un moment de colère, lorsqu'Il avait décrété que la femme devait accoucher dans la douleur.
Maintenant, ouvrons doucement les portes du Paradis, laissons se dérouler la scène...

(...) Mais voyons d'abord les nouveaux moyens de faire les enfants...
 
Je dis "les" nouveaux moyens car Je vais en essayer plusieurs. C'est ce que J'ai déjà fait pendant l'Evolution. Certaines des vieilles solutions seront peut-être bonnes pour toi, on va voir. La graine, le marcottage, l'œuf...
— L'œuf ? !
— Pourquoi pas ? Je vais essayer une méthode différente dans chaque nation ronde, et Je comparerai les résultats.
  

La modification la plus simple, la voici : la femme accouchera non plus dans la douleur, mais dans le plaisir. L'acte de mise au monde lui fera le même effet que l'acte d'amour multiplié par cent. Et pour la soulager des inconvénients de la grossesse, je réduis la durée de celle-ci à un mois. C'est la fin de Ma malédiction...
— Alerte, Seigneur ! Alerte rouge ! Danger mortel !... Elle va vouloir passer son temps à accoucher ! ELLE va me faire douze enfants par an ! Il n'y aura pas assez d'heures dans une journée pour faire transpirer de mon front tout le pain quotidien ! Malédiction sur moi ! Et chaque famille deviendra tribu ! La surpopulation, vous y pensez ?
— Tu ne manques pas de bon sens... Bon... Ajoutons ce correctif : un enfant sur cinq, ou sur dix, ou sur vingt — la proportion changera selon la densité de la population — verra véritablement le jour. Les autres grossesses seront grossesses nerveuses. Tu vois quelle exquise attente renouvelée chaque fois pour le père et la mère ? Y en aura-t-il un ? N'y en aura-t-il pas ? Tout cela, pour la femme, dans un bonheur presque perpétuel...
— Déchéance ! Abomination ! La femme ne sera plus qu'un corps, un vagin à musique ! Et son intelligence, son esprit, son indépendance, sa dignité, qu'en faites-Vous ?
— Assez d'objections ! Je mets cette méthode à l'essai. En Angleterre ! Et J'y enverrai les femmes des M.L.F, du monde entier. Pour qu'elles connaissent enfin la joie.
— Avec les Anglais ?... Vous croyez... ? Bon, bon, je me tais...
Deuxième méthode : l'oeuf

— Deuxième Méthode : l'œuf. La femme accouche sans douleur d'un œuf rond, gros comme une balle de ping-pong. L'homme et la femme le couvent alternativement, au lit, pendant que l'autre travaille. (On trouvera très vite à l'épicerie du village des couveuses électriques Moulinex...) L'œuf grossit puis s'ouvre. Un enfant vivace en sort, superbe, frisé, sachant déjà rire, courir, et parler et chanter. Ce n'est pas ravissant ?
— Tout à fait, mais...
— A l'essai ! En Italie...
Troisième méthode : le bouturage  

Troisième Méthode : le bouturage. Après l'amour, un des deux parents, l'homme ou la femme, devient fécond. Cela se passe de la façon suivante : un doigt lui tombe, et recommence d'ailleurs aussitôt à pousser comme la queue du lézard ou la pince du crabe. Le doigt tombé, les parents peuvent tout simplement le balayer jusqu'à la poubelle. Mais, si c'est leur désir, ils le repiquent dans un pot de fleur, avec un bon terreau, et un enfant pousse, du même sexe que l'adulte dont il provient. Il suffit de l'arroser tous les jours...
— Très pratique !
— A l'essai ! En Allemagne...

  Quatrième méthode : la graine
Quatrième Méthode : la graine. Chaque printemps, les cheveux des femmes fleurissent. Il y a des femmes bégonias, des femmes jasmins, violettes, tournesols, romarins, églantines... Les couloirs du métro, à 6 heures du soir, en mai, sont des ruisseaux de fleurs. Dans les rues, les filles sont couronnées de vols de papillons, les abeilles bourdonnent dans les indéfrisables, les apiculteurs proposent du miel d'adolescentes ou de femmes mûres...
Tant que la femme n'est pas fécondée, rien n'arrive, les fleurs se fanent en juin, un coup de peigne c'est fini, il n'en reste que le souvenir, et le désir du prochain printemps. Mais quand la femme a reçu l'homme, les fleurs s'envolent au vent, et à l'extrémité de chaque cheveu mûrit une graine minuscule, en couleur. Il y a des femmes bleues, rouges, violettes, dorées... Les oiseaux se posent sur elles, le picorent et vont disperser les graines dans la nature. La plupart sont perdues. Des millions, pour une qui germe et donne un enfant. Celui-ci pousse comme un jeune arbre, nourri de la lumière et de l'eau du ciel. Il tend vers le monde les petites fleurs mobiles de ses mains, pépie, converse et chante avec ses voisins, avec les oiseaux et les insectes. Au bout de quelques semaines ses racines disparaissent, le libèrent, il court rejoindre les adultes qui l'accueillent avec des rires. Il est l'enfant de tous, la famille n'existe plus, il y a seulement l'amour et l'aide de tous pour chacun. Les couples se forment et durent un jour, une saison, un an, une vie, selon le bonheur du choix. L'égoïsme a pris cette forme : « Plus les autres sont heureux, plus je suis heureux... » Les enfants vont de couple en couple, à leur désir, restent peu ou longtemps, aimés et choyés par tous. Et à douze ans les filles commencent à fleurir... C'est une bonne solution ! Je suis content de Moi ! A l'essai !...
— Les filles-fleurs... A Tahiti, naturellement ?
— Non, à Tahiti ils se débrouilleront très bien sans Moi. Ils étaient parfaitement heureux, ils avaient édifié une société pleine de joie, d'innocence et de sagesse, et ils ont vécu dans l'harmonie jusqu'au moment où vous êtes venus les corrompre, vous Occidentaux, avec vos lois et vos morales...
— ... et avec vos prêtres, Seigneur...
— ... et avec mes prêtres et avec votre syphilis. Ce fut un monstrueux péché... Au sixième sous-sol, il y a, dans le soufre bouillant, des cuves et des cuves de pasteurs et de curés, d'administrateurs, de colons et de militaires qui sont en train de payer pour l'innocence et le bonheur qu'ils ont détruits, là et ailleurs.
— La syphilis, Seigneur, c'est quand même encore de Votre fabrication !
— Grand Ordinateur ! Qu'est-ce que tu as encore fait ?
— Il fallait bien les maladies, Dieu, pour préserver l'équilibre biologique... Sans quoi l'humanité aurait tout submergé. Voyez, ce qui s'est produit quand Pasteur a découvert mes microbes et s'est mis à les détruire : plus de mortalité infantile, l'explosion démographique, l'espèce humaine dévorant la Terre comme une horde de poux !...
— C'est vrai que ce Pasteur a été un bien grand fléau, non seulement pour les hommes mais pour tout le règne vivant dont il a provoqué l'extermination en voulant le sauver. Vous lui avez tellement tressé de louanges, vous les hommes, que Je M'y suis laissé prendre, et l'ai reçu tout droit en Paradis... Saint Pierre, mets-le un peu dans l'eau de Javel.
— Il y est, Dieu, il y est allé de lui-même, il s'était rendu compte...
— Grand Ordinateur, tu aurais pu trouver autre chose que les maladies pour l'équilibre. Ce n'est pas beau. Et avec la syphilis et la blennorragie, tu t'es plu à punir l'amour et la joie. C'est du sadisme de puritain refoulé. Serais-tu mormon, ou anglican ?
— Je suis Vous...
— Tu es coupable ! Va plonger dans le soufre un des dix mille boulons de ta troisième annexe sud, pendant sept éternités.
— Voilà, c'est terminé.
— Et maintenant plus de maladies ! plus aucune maladie ! C'est noté ?
— C'est noté !
— Tu es content, petit ?
— C'est un gros progrès. Je Vous remercie, au nom de tous les vivants. Mais que vont devenir les médecins ?
— Plus de médecins. Effacés. Souvenirs historiques. Que sont devenus les tailleurs de silex de l'âge de pierre ?
— Et sans les maladies, comment allez-Vous maintenir l'équilibre biologique ?
— Il y a mille moyens. Le plus simple est de créer une loi naturelle qui ne permettra une naissance que pour compenser une mort. Elle existait déjà vaguement. Après chacune de vos calamités, la peste, la grippe espagnole, la guerre, il restait plus de femmes que d'hommes, pour permettre plus de naissances. Dix hommes et une femme : neuf hommes qui n'ont aucune utilité. Un homme et dix femmes : dix naissances possibles... Tu me fais faire constamment des digressions ! Où en étions-Nous ?
— Les femmes-fleurs...
— Ah ! oui... Cette solution. Je l'ai justement copiée pour moitié sur l'ancienne société tahitienne, c'est pourquoi Je suis certain qu'ils en retrouveront l'équivalent sans Moi. A l'essai ! Où ?
— Il Me faut des grands cœurs innocents. Au Sénégal !...

Cinquième Méthode : la scissiparité.
 
Cinquième méthode : la scissiparité  

— La quoi ?
— La séparation en deux. Comme chez les amibes. Je devais supprimer le sexe, mais je t'ai promis de te le conserver... On va voir... Oui, il pourra encore servir !... L'amibe est un animal très simple, mais remarquable. C'est ce que j'ai créé de plus parfait. Il est composé d'une seule cellule. Il n'a pas de bouche, mais il s'ouvre pour avaler sa proie, il la digère sans estomac et en expulse les déchets sans anus, en ouvrant n'importe où dans sa peau un orifice qui se referme aussitôt. Si par accident il est coupé en deux ou trois morceaux, il se recolle. Complètement desséché, devenu poussière, il retrouve la vie dans l'eau. Gelé pendant mille ans, il est frais et intact au dégel. Pour se reproduire, tout simplement il se divise en deux. Il n'a pas fait un enfant, il est devenu deux fois lui-même. Il a continué ainsi depuis sa création. C'est toujours le même qui s'est multiplié. Il est devenu multitude en restant un. Les amibes que les soldats anglais ont attrapées dans les marais de Birmanie pendant votre avant-dernière guerre, c'est elle : la première amibe que j'ai créée il y a trois milliards d'années. Elle ira jusqu'au bout des temps. Elle est immortelle. Même après la grande flambée de la Terre. Il y en a toujours quelques-unes quelque part qui ont réchappé. Il suffit d'une seule, sous un caillou dans une cave, déshydratée par la bombache mais pas complètement cuite. Elle peut rester là une éternité. A la première goutte d'eau elle revivra, et le lendemain elle aura peuplé toute la cave. Et ce sera toujours la première amibe, celle que j'ai fabriquée au commencement, avant tous les autres animaux ! N'est-ce pas un bijou ?
Que penses-tu de tes grands savants biologistes, de Lamarck et, de Darwin et de quelques-uns de tes distingués contemporains, qui ont expliqué l'évolution des formes de la vie par la nécessité pour les espèces de devenir de plus en plus perfectionnées afin de mieux résister aux agressions et se perpétuer plus sûrement ? Alors que c'est exactement le contraire qui se produit ?
Plus un animal se perfectionne, plus il devient vulnérable. Du bas en haut de l'évolution, la vie des individus et des espèces devient plus menacée, plus compliquée, plus facile à détruire. Quel progrès dans la sécurité y a-t-il de l'amibe au poisson, qui meurt définitivement quand il manque d'eau, et qui est obligé de pondre un million d'œufs pour que subsistent deux ou trois alevins ? Quel progrès s'est accompli de l'amibe à toi, qui es à la pointe de l'évolution ? Si Je te bouche la bouche tu meurs, si Je te bouche l'anus tu meurs, si Je te plonge dans l'eau tu meurs, si Je t'en prive tu meurs, si Je te coupe l'air tu meurs, si Je te dessèche tu meurs, si tu as trop froid si tu as trop chaud tu meurs... Si Je te laisse tomber du haut de la Tour Montparnasse tu meurs. L'amibe pas.
Si Je fais de toi trois morceaux, est-ce que tu te recolles ?
— Non, Seigneur.
— L'amibe, si ! Moi également...
— Vous avez fait l'amibe à Votre image ?
— Non. Mon image, c'est toi. L'amibe est une cellule. La cellule, c'est la brique avec laquelle J'ai bâti le vivant. L'évolution, Je l'ai voulue, mais pas pour la plus grande solidité des espèces : pour leur plus grande conscience. J'ai lancé la vie vers le haut. J'ai donné l'ordre de monter. Les briques se sont empilées, ont construit des masures ras-le-sol, des étages en déséquilibre qui se sont écroulés, des édifices boursouflés qui ont pourri, puis elles ont fait de mieux en mieux, de plus en plus haut, du pavillon à l'H.L.M. et au palais. Elles avaient reçu l'ordre de monter, dès le début. Chacune le portait en elle, et elles l'ont transporté et transmis à travers toutes les constructions, réussies ou ratées, tout en assurant leur travail de briques, d'architectes, de maçons et d'usines. Et chaque fois qu'elles gagnaient un étage, la nouvelle espèce vivante profitait un peu mieux de mon univers, en embrassait un plus grand morceau dans son esprit qui se développait. L'anémone de mer est plus haute que la moule : elle reste, elle aussi, collée au rocher, mais les briques lui ont donné le mouvement de ses tentacules, qui brassent l'eau. Le poisson est plus haut que l'anémone : il se déplace et il voit. L'oiseau voit, vole et chante. Le chien voit sent et aime, et regarde la lune. Et au dernier étage du plus haut gratte-ciel il y a toi, l'homme, que j'ai voulu pour que tu aies l'idée de l'univers entier et POUR QUE TU ME PENSES. Et pour que, à ton tour, si tu veux, tu Me crées.
— Nous disgressons encore, Seigneur, nous disgressons énormément... Et je suis très inquiet. Si vous me faites reproduire par division en deux, j'ai peur que ce soit encore plus horriblement douloureux que l'accouchement. Et je retombe au rang de l'amibe : au rez-de-chaussée...
— Non. Ne t'inquiète pas pour la souffrance. Et tu ne retombes pas. Je te garde toutes tes facultés. Je vais même les accroître. Ce qu'ont fait les briques n'est pas toujours adroit, bien que d'une incroyable ingéniosité. Elles ont du génie, mais pas d'intelligence. Elles inventent des détails, fantastiquement fabuleux de complication et d'efficacité, mais elles ne voient pas toujours le gros machin qui manque. Ton dos, par exemple, Je pense toujours à ton dos, à cette grande surface aveugle qui ne sert à rien... Tu vas voir ce que Je vais en tirer !... Mais Nous n'en sommes pas là. Je disais : reproduction, Cinquième Méthode :
Un soir, petit homme, tu sens une langueur qui te prend, un désir vague, une mélancolie tendre, tu as envie de pleurer et de sourire, tu t'étires, tu bâilles, tu n'as pas faim, tu ne t'intéresses pas à la télévision, les événements du monde te semblent couverts de poussière, tes familiers s'enveloppent de brouillard, tes gestes deviennent lents, tes phrases inachevées, tu te retires, tu vas dans ta chambre, tu regardes ton lit comme si tu ne l'avais jamais vu, c'est le centre et le plus bel endroit de la création, le plus chaud, le plus attirant, le plus étrange, le plus sublime, il t'appelle, il est fait pour toi et toi pour lui, tu lui tends les bras, tu t'y poses, tu t'étends, tu sanglotes de bonheur, et tu t'enfonces doucement dans une inconscience qu'accompagne un plaisir indicible de chaque fibre de ton corps, plaisir auprès duquel celui de l'amour, que tu connais, ne dépasse pas la satisfaction de cracher un noyau de cerise. Et c'est dans cet immense et paisible bonheur que tu t'endors...
Pendant ton sommeil, une agitation frénétique se produit à l'intérieur de toi-même. Ton foie gonfle, se sépare, devient deux foies, ton cœur deux cœurs, tous tes organes, toutes tes cellules deviennent deux, changent de place, se disposent de façon symétrique dans ton corps qui s'élargit, devient lui-même double, et se sépare...
Voilà, c'est fait, tu te réveilles le lendemain matin, tu te regardes, tu es deux !
Tu es deux toi-même... Deux individus séparés mais identiques portant les mêmes grains de beauté et les mêmes souvenirs. Tu te salues, tu t'embrasses, tu te bouscules, tu te chahutes, tu rigoles, tu t'attendris, tu te caresses, tu soupires. Deux fois. Puis tu t'éloignes. Vous devenez étrangers. Vous avez le même passé, mais pas le même présent ni le même avenir. Cela, naturellement. va créer des problèmes. Lequel des deux toi va rester sur place, dans la situation sociale déjà acquise, et lequel des deux va devoir s'en fabriquer une toute neuve ? Cela suppose une structure de société très particulière, prête à accueillir et à mettre en place ces nouveau-nés adultes. A vous de vous débrouiller ! Je ne peux tout de même pas tout faire !
— Vous avez parlé de moi, Seigneur, moi homme, moi mâle, mais est-ce qu'il y aura quand même des femmes ?
— Bien sûr ! Et elles se reproduiront de la même façon. Cela n'empêchera pas la formation normale des couples. La solitude est mauvaise pour un individu qui pense. L'amibe n'est qu'un protoplasme. Une brique. L'homme (je veux dire aussi la femme) est un cerveau et un cœur, en plus d'un corps. Il-elle a besoin du corps, du cœur, du cerveau et du sexe complémentaires. Vous ferez l'amour, mais simplement pour l'amour. De temps en temps, mais très rarement, pour renouveler les hérédités et partager les caractères acquis, une femme sera fécondée, et au lieu de se diviser en deux femmes, se divisera en mâle et femelle, qui seront chacun un mélange du père et de la mère...
— Pas d'enfants ?
— Pas d'enfants.
— Et à quel âge se fera le découpage ?
— Très tôt, entre un et cinq ans. C'est-à-dire ce qui correspondrait à tes yeux à des filles de seize à vingt ans et à des garçons de vingt à vingt-cinq. Après, commence la lente déchéance du corps humain, qui peut être longtemps très belle, mais qui, biologiquement, affaiblirait peu à peu l'espèce si la partition se faisait à un âge plus tardif.
— Dieu !
— Qu'est-ce qu'il y a encore, Grand Ordinateur ?
— Avez-vous pensé à ce que ça donnera s'ils se mettent tous à se couper en deux, puis en deux, puis en deux et si ça ne demande qu'une nuit chaque fois, comme vous avez prévu ? Lu durée de la grossesse était un frein, et il fallait deux humains pour en faire un. Avec votre nouveau système c'est le contraire ! Vous permettez que je calcule ? Si j'en prends un seul au départ, ça donne... Attention je m'enclenche : 2, 4, 8, 16, 32, 64, 128, 256 (8 jours), 512, 1024, 2048, 4 096, 8 192, 16 384, 32 768 (15 jours).
— Déjà la population d'une ville ! Combien au bout d'un mois ?
— Crrr... bzzz... bz.... tic ! Deux milliards cent quarante-sept millions quatre cent quatre-vingt-trois mille six cent quarante-huit !... Et plus de quatre milliards le lendemain. C'est un mois de trente et un jours... La population de la Terre quand elle a flambé.
— Combien à la fin du trimestre ?
— Bzz !... 2.686.976.463.372.083.200.000.000.000. Deux milliards six cent quatre-vingt-dix millions neuf cent soixante-seize mille quatre cent soixante-trois milliards de milliards de milliards et des poussières.
— Vous croyez ça, Seigneur ? Ce n'est pas possible ! Il se moque de nous !...
— Vérifie... Appuie sur son bouton bleu, juste sous son nez.
— Bzz... cr cr cr cr cr cr ting !...
— C'est vrai. Seigneur ! Il a un peu arrondi, mais c'est bien ça en gros... C'est effrayant !...
— Tu arrondis, Grand Ordinateur ?
— Je fais comme Vous, Dieu ! Vous ne faites que des choses rondes qui tournent en rond...
— Tu comprends maintenant, petit, pourquoi il est si difficile de se débarrasser des amibes quand on en a imprudemment introduit une dans son intestin ?
— Pourquoi n'ont-elles pas, au cours des âges, submergé toute la Terre et l'Univers ?
— Parce qu'il y a énormément d'autres animaux de même taille, ou un peu plus petits, ou un peu plus gros, qui les mangent...
— Ah ! Votre fameux système !
— L'équilibre biologique, disaient tes amoureux de Ma nature. En tous cas. Nous ne pourrons pas laisser tous les êtres humains se dédoubler. La loi d'équivalence naissance-mort sera appliquée aussi dans la Cinquième Solution.
— Que faudra-t-il faire pour mériter d'être l'élu ou l'élue qui se coupe en deux dans la félicité ?
— Qui te parle de mérite ? Ce ne sera pas une récompense. Et où as-tu vu, sauf exception très rare, que chacun reçoive selon son mérite ? Le bon, le doux, est piétiné, écrasé, mangé. Le méchant aux grandes dents détruit, mange et réussit. C'est la loi des briques vers l'en-haut. Dans le cas de la Cinquième Solution ce sont l'espèce et le hasard qui choisiront. Si un fort se dédouble, sa lignée, progressera. Si c'est un faible elle périra La force n'est pas forcément celle des os et des muscles. Ce peut être celle de l'intelligence. Ou l'inébranlable solidité de la bêtise... Cinquième Méthode à l'essai : en Australie. S'il se produisait un incident, ils ont encore de la place...

SI...

Si j'étais Dieu, je viendrais en France au printemps. Je choisirais le Bourbonnais à cause de la douceur de ses collines où l'on a envie de promener sa main comme sur une femme. Je me poserais dans l'herbe d'un pré, sans ma barbe ni ma croix, sous l'apparence d'un enfant. Et je ne pèserais pas plus qu'un papillon, pour ne pas faire souffrir l'herbe déjà haute et encore tendre. Je m'assiérais au milieu d'elle en la priant de m'excuser. Elle serait ronde autour de moi, et droite de ses mille fois mille lances toutes semblables dont aucune n'est pareille. Je la caresserais de la paume de mes mains dans lesquelles elle serai fraîche comme le nez d'un chien. Je serais pareil à un enfant qui n'a encore jamais vu de fleurs, et chaque année, à chaque printemps, chaque fois je découvrirais de nouveau l'émerveillement du narcisse et du bouton d'or. Dans le pré voisin il y aurait une vache blanche qui me regarderait. Elle saurait qui Je suis et ne serait pas étonnée. Entre ses yeux et les miens, et sur l'herbe et les collines, et aux cimes des peupliers qui vont en rang et accueillent le gui et les corneilles, passerait, avec simplicité, l'amour. Je serais heureux comme un Dieu. Vous pouvez l'être aussi.
Partout.

— Sixième Méthode : le bourgeon. Il te pousse une excroissance n'importe où, sur le nez, sur le front, dans la main. C'est un enfant. Il s'ouvre, s'épanouit. Quand il est mûr il tombe. A l'essai ! En Espagne...

Septième Méthode : le clone. Tu t'arraches un cheveu, tu le mets dans l'eau de mer tiède, chacune de ses cellules te donne un enfant absolument identique à toi-même. Il en survit quelques milliers par cheveu, ou seulement un ou deux, selon la nécessité. A l'essai en Chine...

Huitième Méthode : la génération spontanée. Quelque part, il n'y a personne. Tout à coup il y a quelqu'un. Naissance due au subconscient collectif de l'espèce. C'est la solution la plus hygiénique, A l'essai ! En Suède...

— Seigneur, Vous êtes en train de faire de la Science Fiction !...
— J'en ai toujours fait ! Je ne fais que ça. Tu ne trouves pas que Ma Création est un sacré prodigieux roman de science-fiction ?


ÉTUDE LINGUISTIQUE

Dans la collection « Si j'étais... », un auteur devait se prendre pour un personnage, exercer une certaine ne profession, ou, comme ce fut le cas de Barjavel, endosser le rôle suprême, celui du Créateur. Et Barjavel se prête au « je » sans réserve puisque, très vite, il parle de lui à la première personne en employant la majuscule divine et laisse tomber le conditionnel. Le style est simple, les piques sur la bêtise humaine nombreuses et, même en abordant des thèmes graves, le tout est écrit avec beaucoup d'humour.

Si Barjavel joue le rôle de Dieu, c'est bien de l'Homme dont il parle dans ce texte. Ceci est nettement marqué du point de vue du vocabulaire car si « Dieu » ou « dieu » apparaît 112 fois et « Seigneur » 80 fois, « homme(s) » est présent 126 fois et « femme(s) » 81 fois. Malgré son titre et sa thématique, l'essai Si j'étais Dieu... comporte finalement assez peu de termes se rapportant au domaine religieux avec des mots tels qu'« Église » (14), « église(s) » (10), « chrétien(s) » (3), « prêtre(s) » (14), « religion(s) » (7),« curé(s) » (5), « pasteur(s) » (4) ou « juif(s) ». L'environnement chrétien de l'Ancien et du Nouveau Testaments est cependant évoqué à plusieurs reprises : « Jésus » (10), « Paradis » (9), « diable » (7), « Yahvé » (6), « ange(s) » (6), « Enfer » (3), « Méphisto » (2) et « Lucifer » (1).

Par ailleurs, Barjavel, en tant qu'auteur de science-fiction, s'est fait le spécialiste de la description des fins des mondes, que ce soit après une gigantesque panne d'électricité dans Ravage ou après une terrible guerre au pays de Gondawa dans la Nuit des Temps, pour ne prendre que deux de ses textes les plus caractéristiques. Comparé à ces romans aux arrière-plans sombres évoquant le thème de la destruction, dans cet essai, le ton est volontairement plus positif, plus créatif (notons que les termes « création(s) », « créateur(s) » ou « créature » apparaissent plus de 50 fois) comme l'indique le tableau suivant :
 

 Termes positifs  Termes négatifs 
tout (188)rien (90)
amour (36)haine (4)
vie (51)mort (34)
joie (25)
plaisir (16)
douleur (7)

Ainsi, l'auteur, avec joie, s'intéresse à la « Terre » (employée 48 fois), il en fait son terrain de jeu en développant avec ingéniosité les divers chemins menant à la vie et, au sein de tout le vivant, plus particulièrement à une créature faite à l'image de Dieu : l'être humain


THÉMATIQUE

Dans la Thématique de Si j'étais Dieu...
  1. L'Homme
  2. La Croix
  3. L'Eau
  4. La Création
  5. La religion et le clergé
Ou plutôt :

Si j'étais Dieu peut se voir, d'une certaine manière, comme une suite de la Faim du Tigre. Dans ce premier essai, écrit en 1966, Barjavel, bien qu'habitué aux écrits journalistiques, livrait ses idées sous une forme non romancée longue, ce qui donne peut-être à l'ouvrage l'aspect d'un fouillis merveilleux comportant les interrogations et tentatives de réponses que pose et apporte un humain à ses semblables. Au sein de ce texte, l'auteur insistait tout particulièrement sur les sujets lui tenant à cœur, comme à chaque mortel que nous sommes, et évoquait ainsi les thèmes de la vie, de son corrollaire naturel qu'est la mort, de ce qui permet à tout vivant de transcender la mort de l'individu à travers une lignée au moyen de la sexualité, de ce qui permet aux humains de donner des réponses aux interrogations existentielles via la religion et des moyens qu'a l'Homme de chercher à comprendre son univers par la science.

Dans Si j'étais Dieu..., paru 10 ans plus tard, Barjavel reprend ses thèmes de prédilection sous une forme un peu plus humoristique : il y parle de l'Homme, bien entendu, de la création puisqu'il joue le rôle du Dieu créateur, ainsi que d'éléments symboliques repris dans certaines religions tels que la croix et l'eau.
 


~ THÉMATIQUE ~
L'Homme

L

Barjavel, au nom de Dieu, parle de l'Homme. En effet, quelle que soit la situation, dans chacun de ses romans, c'est bien l'Homme que Barjavel place au premier plan. Si ses romans extraordinaires sont bien souvent catastrophiques, c'est par amour de l'humanité.

Barjavel a vécu au XXe siècle, période extrêmement riche en changements technologiques. Lui, un enfant de la terre, le fils de boulanger provençal, a vu petit à petit tout un ensemble de bouleversements que son œil de critique et de journaliste analysa sans cesse. Cela le poussa à écrire des romans qui frappèrent – et frappent toujours ! – l'imaginaire des lecteurs par la démesure des maux pouvant toucher la Terre et ses habitants, maux dus à la folie ou à l'imbécillité des hommes. Ce n'est pas sans raison non plus si, pris de panique devant la politique du « tout nucléaire », il écrivit une Lettre ouverte (aux vivants et qui veulent le rester) où il incitait l'opinion à prendre parti pour les sources d'énergie renouvelables et non dangereuses comme la géothermie. Tchernobyl, quelques années plus tard, lui donna hélas raison. Ce fut cette foi en l'Homme qui poussa Barjavel à écrire, sans relâche. Il s'en expliqua à plusieurs reprises, et en particulier dans le reportage « L'Homme en question » qui lui fut consacré, diffusé sur FR3 le 7 août 1977 (voir ce document). Dans Si j'étais Dieu..., il mit à profit l'espace qui lui fut alloué dans moins de 200 pages pour parler de ce qui lui tenait à cœur, sans avoir besoin du prétexte d'une histoire à raconter.

L'Homme, Barjavel l'aime, il n'y a pas de doute, mais dans Si j'étais Dieu..., en tant que Dieu-Créateur, il trouve sa créature bien inachevée. Il se demande comment il a pu créer un tel empoisonneur et le portrait qu'il en fait est bien peu flatteur. Car l'Homme, même s'il est stupide et méchant, même s'il s'attaque à la nature et à son semblable, est malgré tout un être formidable. Et comme quelque chose s'est mal passé dans la Création puisque l'Homme ne montre pas toujours le meilleur de son potentiel, Barjavel devient Dieu pour essayer de corriger les ratés.

Barjavel-Dieu commence alors par changer l'environnement : les Nations deviennent rondes, tournent sur elles-mêmes, elles ne sont pas trop grandes, fini les coins et les pointes qui rendent agressifs. Il touche ainsi à divers autres aspects, tels que les moyens qu'aura l'Homme de se reproduire, et décide de corriger petit à petit sa création... jusqu'à avoir l'Homme parfait. Un homme avec des ailes...

Quelle erreur ! Il s'est trompé : l'Homme qu'Il a créé, c'est un ange. Il y en a déjà des légions. Il Lui faut donc tout recommencer... L'Homme ne peut pas être parfait, et Barjavel-Dieu-Homme non plus, puisqu'il est obligé de reprendre son œuvre.

Cet essai s'achève ainsi comme une fable par l'illustration que la perfection de l'Homme n'est pas de ce monde. Ce qui est, après tout, tellement... humain.



L'homme et la femme

S'il est clair que l'Homme (avec une majuscule) désigne lêtre humain, les deux sexes confondus, les prblèmes inhérents aux rapports entre hommes et femmes ne sont pas laissés de côté dans les différents projets de re-création. Bien au contraire, et l'on perçoit que ces difficultés, essentiellement de compréhension mutuelle, sont pour l'auteur de la plus grande importance, les rapports amoureux étant pour lui une des principales raisons d'exister de l'Humanité, et cela tout au long de son œuvre.
L'une des solutions les plus imaginatives et les plus radicales pour faire disparaître ces incompréhensions ezt proposée par l'auteur. Si sa fantaisie amuse au premier abord, elle apparaît à la réflexion pleine de profondeur, et n'est-elle pas un rêve plus ou moins inavoué de bien des gens...

Voici l'innovation : la fécondation se fera dans un mouvement inversé...
[...après la fécondation ] L'homme se modifie [...] L'homme fécondateur devient la femme enceinte. Il porte lui-même les résultats de son action...
Il est probable d'abord que, sachant ce qu'il risque, ü sera moins pressé de courir les filles sans se préoccuper des conséquences. Et, ensuite, sa transformation lui apprendra beaucoup de choses...
Dans le même temps, d'ailleurs, la femme, qui a perdu son ovule, sous l'influence de nouvelles hormones se transforme elle aussi et devient homme.
Ainsi, les deux membres du couple échangent leur sexe, leurs formes, leurs fonctions, leur caractère, leurs sensations, leurs responsabilités... L'homme apprend enfin comment une femme désire être aimée, la femme découvre avec étonnement la fragilité de l'homme, et à quel point il a parfois besoin d'encouragement et de soutien... Cette double transformation brise la muraille d'incompréhension entre les sexes. A la prochaine grossesse, l'homme et la femme changent de nouveau...
Ces bouleversements successifs de situations créent entre les deux êtres un intérêt toujours renouvelé. Plus de lassitude, plus de mésentente sexuelle, plus d'injustice dans la répartition des plaisirs et des devoirs. Chacun ayant pris au moins une fois la place de l'autre sait ce qu'il doit lui donner et lui épargner. Plus de racisme sexuel, plus de revendications, plus de divorce : l'équilibre et le bonheur.
 


~ THÉMATIQUE ~
La Croix

En évoquant les mystères de la Création, Barjavel-Dieu et l'Homme abordent le sujet du péché originel. C'est ainsi que Barjavel-Dieu se met à disserter sur le sens de la Croix :

— C'est le péché universel, le péché de création. Sans Ma création Je suis inexprimé, mais en elle Je suis pris. Voilà le sens de la crucifixion, depuis toujours. La branche horizontale de la Croix, c'est le Rien. La branche verticale, c'est le Tout, qui pénètre le Rien. L'ensemble, c'est la création. Et Moi cloué dessus depuis toujours.
 
La branche horizontale de la croix, c'est la matière. La branche verticale c'est l'esprit. La croix, c'est la vie.
 
La branche horizontale de la croix, c'est la mer, c'est la mère, c'est Marie. La branche verticale c'est Moi. C'est l'Esprit Saint. La croix c'est Jésus, crucifié dès sa conception.
 
La branche horizontale de la croix, c'est la femme couchée. La branche verticale de la croix, c'est l'homme vertical planté en elle. La croix c'est le vivant.
 
La branche horizontale de la croix, c'est ta chair. La branche verticale de la croix c'est ton esprit. La croix c'est toi, crucifié entre ton poids et ton élan.
 
La branche horizontale de la croix c'est toi. La branche verticale de la croix, c'est Moi, descendu en toi et montant de toi. C'est la chute et l'élévation, le péché et l'absolution, la mort et la résurrection, le commencement qui ne finit pas, et la fin qui est commencée. C'est la solution.
 
La solution au centre de la croix. Au point où l'horizontal et le vertical se coupent, se confondent. Où Je suis toi, où tu es Moi. Le point n'occupe pas d'espace, pas de temps, pas de substance. C'est la porte du retour de toi vers Moi, de la rentrée de la Création dans le Créateur.

La Croix, symbole que l'on retrouve dans la plupart des civilisations du monde dès la plus haute Antiquité, voit ici sa signification révélée par Barjavel-Dieu.

La croix est la rencontre de deux traits, l'un horizontal et l'autre vertical. La croix reprise par le christianisme est celle du bois du supplice de Dieu fait homme lorsque, sur le Mont Golgotha, il s'unit avec le ciel divin en mourant comme un homme... pour ressusciter le jour de Pâques.

Qu'y a-t-il d'étonnant, par conséquent, à ce que le très humain René Barjavel, lorsqu'il se prête momentanément au jeu de l'être divin, soit justement très sensible à la signification d'un tel symbole ?
Symbole qu'il a d'ailleurs utilisé dans une mise en scène quasi-mystique dans La Nuit des temps, en tant que partie de l'Équation de Zoran représentant pour les savants de Gondawa l'équation de l'Énergie Universelle, et par là-même la Connaissance du Tout (voir la page "écrit" consacrée à ce roman et d'aimables considéations sur ce symbole...)

Si l'un des aspects symboliques attribué par Barjavel à la croix est l'anamnèse du péché originel, la question de l'existence du Mal se pose aussi pour Barjavel, ou plutôt, Barjavel-homme la pose humblement à Barjavel-Dieu :

- Le Diable. Seigneur, il existe vraiment ?
- Tout existe. Lui aussi.
- C'est lui qui a fait ce gâchis, sur la Terre ?
- Ne cherche pas d'excusés. Le gâchis, c'est vous. Vous n'avez pas besoin du Diable.
- Il est vraiment puissant ?
- Du poids de la Création. Il est l'inertie, le contre. le frein passif, le noir. le pas-encore, l'informe, le défait. les huit cents millions de spermatozoïdes qui ne fécondent pas l'ovule, les huit cent mille œufs de poissons manges par le poisson voisin, le grain sous la meule, qui ne germera pas. l'animai qui n'a ni pattes ni ailes ni nageoires... Il est les galaxies qui ralentissent, les étoiles qui s'éteignent, le chaud qui devient froid. Il appelle tout vers l'Enfer, l'Enfer, c'est le zéro.
- C'est terrifiant. Seigneur. Mais, puisque Vous êtes Tout, le Diable...
- Bien sur, où veux-tu qu'il soit, s'il n'est pas en Moi ?...

Bien et Mal se révèlent donc, de manière presque hérétique, comme deux aspects indissociables du Monde, et de la Divinité aussi. Il n'y a pas de vision tranchée et exclusive mais une bipolarité essentielle et indispensable dans la Création qui est sans nul doute un écho de traditions orientales très anciennes.
Dans son roman ultérieur L'Enchanteur, cette bipolarité sera l'une des caractéristiques essatielle de Merlin, enfant du Diable et d'une sainte (voir la page "écrit" qui présente ce roman).
 


~ THÉMATIQUE ~
L'Eau

Bénitier à l'entrée d'une église ancienne

En réorganisant le mode de vie des hommes de la Terre, Barjavel-Dieu aborde un autre symbole et pose à l'Homme la question suivante :

— Sais-tu, par exemple, pourquoi il y a de l'eau dans le bénitier à l'entrée de l'église et pourquoi tu y trempes ton doigt pour en toucher quatre points de ton corps ?
 
— L'eau bénite ? Superstition ! Dernière goutte des âges de l'obscurantisme ! Nous avions abandonné ça. Nos bénitiers raisonnables étaient devenus secs...
 
— Jeunes crétins... Votre excuse c'est votre jeunesse... Tout juste trois millions d'années que vous avez fait vos premiers pas sur vos pattes de derrière, et heurté deux cailloux l'un contre l'autre pour les appointer. Mais l'eau était déjà sacrée avant même l'apparition de la vie. Elle l'a toujours été. C'est de l'eau qu'est sortie la Création : « l'Esprit de Dieu flottait sur les eaux ». C'est dans l'eau que s'est formée la première molécule vivante. C'est dans l'eau que les premières cellules se sont rassemblées pour composer le premier animal compliqué, microscopique. C'est dans l'eau qu'il a grandi, qu'il est devenu poisson. C'est de l'eau qu'il est sorti pour devenir lézard, oiseau, mammifère, homme ! C'est dans l'eau sacrée de ta mère que tu as passé de l'état d'ovule à celui de petit bipède organisé. Et tu en es encore plein ! Tu sais ce que tu es ? Soixante-dix pour cent d'eau et le reste de poussière. Une flaque de boue, si je n'y avais ajouté Mon souffle pour lui donner formes, mouvement et réflexion...
 
Cette eau universelle dans laquelle tu ne sais plus que cracher et déverser tes W.-C. et les horreurs de tes usines, mes prêtres avaient fait sur elle le signe de la croix qui porte l'alliance de la Terre et du Ciel depuis le Commencement, et ils l'avaient placée à l'entrée de l'église pour t'aider à te rappeler ce que tu es, d'où tu viens, comment tu es devenu, et à retrouver ton état d'innocence.
 
L'Eglise, le bâtiment charnel de l'église, cet espace clos en forme de corps humain couché sur le sol, c'est l'image du Vivant, surgi de la terre et regardant le ciel, c'est l'image de Mon-Fils-Moi, Vivant venu du Ciel et cloué à la Terre. C'est l'image de Marie, mon épouse et ma mère. c'est le corps de ta mère recevant la vie et te la donnant. Et dans lequel tu rentres, afin d'y rencontrer le Père.
 
Et pour que tu te souviennes de ce que tu étais avant de « venir au monde », pour que tu le saches physiquement avec tes mains, tu touches l'eau dans laquelle alors tu baignais, en innocence et en paix, et tu en touches ton corps en croix, pour qu'il soit réuni avec le haut et avec le bas, tel qu'il était avant de se croire indépendant, intelligent et fort. Puis tu vas t'agenouiller, les mains jointes à hauteur de ton visage, retrouvant ainsi la position qui était la tienne avant que tu sortes de la mère universelle, avant que tu surgisses à l'air pour devenir un individu séparé. Laissez venir à moi les petits enfants...
 
Alors, pendant que tu es ainsi, innocent, nu, vierge, le prêtre te donne à manger un morceau de la Création, c'est-à-dire de la chair de Dieu, afin que tu n'oublies pas que toi, le séparé, tu continues de faire absolument partie du Tout, dont la Vie nourrit ta vie. La fleur du cerisier reçoit une goutte de sève et prend conscience qu'étant une fleur elle fait cependant partie de l'arbre, sans lequel elle n'est rien.

Verseau
Barjavel, amoureux de la Vie, ne pouvait manquer d'évoquer le sujet de l'eau, l'élément originel où s'est développée la vie, l'élément essentiel de la vie (les êtres vivants étant essentiellement constitués d'eau), et l'élément nécessaire à la survie.
Nous retrouvons aussi dans ce passage Barjavel-l'écologiste car il ne rate pas l'occasion d'égratigner les hommes qui rejettent dans l'eau leurs déchets industriels et leurs ordures.
Enfin, l'attrait de Barjavel pour l'eau en tant qu'élément est peut-être également à rapprocher de son signe astrologique, qui est le verseau (en latin Aquarius, le préfixe aqua- signifiant « eau »). Certes, Barjavel, de culture scientifique, n'était pas très « versé » dans l'astrologie dans un premier temps. Mais sa rencontre avec l'astrologue Olenka de Veer avec qui il co-écrivit les Dames à la Licorne changea son point de vue, et il ne répugna plus d'incorporer ce mode interprétatif ésotérique dans sa grille de compréhension du monde.
Verseau

 


~ THÉMATIQUE ~
La Création

Du Big-Bang à la Création...

Barjavel est un auteur qui s'est fait le spécialiste de la description des fins de monde. Cela est même devenu une constante des romans extraordinaires qu'il a écrits. Le voilà devenu un Dieu virtuel, et par quoi commence-t-il son essai ? Par s'endormir d'un sommeil divin... et à son réveil, les anges pleurent : l'homme est mort. Alors, Dieu retrousse ses manches et est prêt à tout recommencer.

Tout l'essai Si j'étais Dieu... consiste en une description de la création du monde et de ses rouages internes, ainsi que de ses habitants. Mais il s'agit aussi pour Barjavel d'évoquer, au cours de nombreuses disgressions, les thèmes qui lui tiennent à cœur comme nous venons de le voir ci-dessus. Voilà Barjavel aux commandes de son outil favori : les moyens de concevoir une utopie, et dans cette situation, il n'est plus dans Ravage où il devait construire une civilisation pastorale sur les ruines du monde moderne, il n'est plus dans la Nuit des Temps où il imaginait une civilisation condamnée ayant prospéré des milliers d'années avant notre ère, non, là, il est Dieu, aucune limite ne lui est imposée.

Barjavel-Dieu peint alors avec énormément d'humour sa nouvelle création, il invente avec joie mille petites choses qui pourraient rendre la Terre plus agréable à ses habitants, il s'attarde beaucoup sur sa créature chérie, l'Homme, et sur les moyens de procréation...

Cependant, il faut bien le reconnaître, même si cela a pris pour Dieu sept jours subjectifs, on peut supposer que pour Barjavel, cela en a pris bien plus... Après tout, il n'est qu'humain !
 


~ THÉMATIQUE ~
La religion et le clergé

Barjavel parle donc de Dieu, et de l'Homme. Mais quel place accorde-t-il aux hommes censés mener vers Dieu ?

L'Église et le clergé, toutes religions confondues, semblent bien absentes de ses considérations. Ils y ont quand même leur rôle, mais celui-ci doit être remis à sa place, car, à propos des miracles,

Faire un seul miracle, ce serait casser l'équilibre de Ma Création, détruire la solidarité mobile, élastique, totale, de ses parties, percer dans sa peau un trou par lequel elle se dégonflerait toute et disparaîtrait. Seules Mes créatures peuvent faire des miracles, si elles ont assez d'amour ou de foi pour changer l'apparence des choses.

Barjavel-Dieu met les points sur les i :

[...] Je ne fais jamais et n'ai jamais fait de miracles, quoi que prétendent les prêtres de toutes vos religions, ces farceurs.

La pensée de l'auteur ne laisse-t-elle doncaucune place pour eux dans le chemin qui peut mener vers Dieu  ? Il faut se souvenir que Barjavel est à l'origine de confession protestante, dans une région de France où les souvenirs des guerres de religion ont laissé des traces, et que le rôle du pasteur y est - comme le terme l'indique - plus près de celui d'un guide que d'un guichet d'accès à la Vérité. Pour l'auteur, celle-ci est à chercher - et à trouver - dans l'Homme lui-même, bien que l'expérience et l'Histoire lui laissent des toutes sur les chances de succès d'une telle entreprise. Et plutôt que dans l'homme d'ailleurs, il convient de rechercher le divin dans la Création entière :

Ma création est superbe, elle n'est pas sérieuse. Elle est tragique, elle n'est pas grave. Elle émerveille, elle exalte, elle écrase, elle brûle, elle tue, elle n'ennuie pas. Il n'y a que les curés, les pasteurs, les bonzes et les gourous qui ennuient.

Barjavel rejoint là l'humour du dessinateur Piem qui mettait en exergue d'un petit recueil de dessins humoristiques, "Dieu et vous" (Éd. Le Cherche-midi, 1996) :

Dieu a le sens de l'humour. Ce sont tout simplement les occasions de sourire qui lui manquent.

Et l'un des reproches qui peut justement être fait par Barjavel à certaines formes de clergé est justement d'avoir détourné cette voie :
   Dessin de Piem

[...] Vos prêtres devraient bien se mettre d'accord.

- Ils essaient, mais ils n'y parviendront que lorsqu'ils M'auront totalement oublié. Ils n'en sont pas loin. Tu ne dois pas attacher trop d'importance à ce que disent ces curés et ces pasteurs avec leurs sourires de vieilles cousines en visite ou leurs grimaces d'excités sociaux. Ils ne comprennent plus rien à rien. Plus ils prononcent Mon nom, moins ils savent ce qu'Il désigne.

pourtant

Mais c'est leur fonction et leur mérite : garder et prononcer Mon nom dans le temps et dans l'espace, pour que tu L'entendes toujours quelque part et que tu répondes "oui !". ou que tu cries "non !". mais que tu te demandes ce qu'Il signifie. Grâce à mes prêtres de toutes couleurs, j'ai un nom dans toutes les langues et tous les patois du monde.

néanmoins,

Quant à Mes innombrables Églises, la première chose qu'elles font, dès qu'elles s'inaugurent, c'est me cacher quelque part comme un chien enterre un os, pour que l'église voisine ne vienne pas le manger. Mais elles perdent aussitôt l'odorat, et elles ne savent plus ce qu'elles ont caché, ni où elles l'ont mis. Elles ne savent plus que mon nom : Dieu, Dieu, Dieu... Elles en ont plein la bouche, et la tête vide.

Et à côté de ce détournement non pas de la Vérité mais des chemins directs qui peuvent y mener, les prêtres ont cru bon d'affirmer leur pouvoir en instaurant une culpabilité généralisée que l'auteur récuse tout en en comprenant le mécanisme :

Je me suis adressé à Vos prêtres pour qu'ils m'expliquent. Ils m'ont répondu « petit malheureux imbécile impuissant prétentieux, ne cherche pas à comprendre, crois !... »
Croire quoi ? Comment puis-je croire ce que je ne comprends pas ? Alors ils m'ont dit : " Péché ! Tu es plongé dans le péché ! Tu es coupable  ! « Coupable de quoi ? » « D'exister ! Péché originel ! Tu es coupable depuis ton Commencement ! »
Je comprends de moins en moins... Comment serais-je coupable ? Ce n'est pas moi qui me suis fait. Si ce que disent tous les Livres, de l'Orient à l'Occident, est vrai. c'est Vous qui m'avez fait. Alors ce n'est pas Moi le coupable, c'est Vous !...

Et pourtant, certaines périodes de l'histoire de l'Église lui confèrent indéniablement une culpabilité :

- ... et avec mes prêtres et avec votre syphilis. Ce fut un monstrueux péché... Au sixième sous-sol (de l'Enfer), il y a, dans le soufre bouillant, des cuves et des cuves de pasteurs et de curés, d'administrateurs, de colons et de militaires qui sont en train de payer pour l'innocence et le bonheur qu'ils ont détruits, là et ailleurs.

mettant ainsi en avant la collusion historique des Églises avec le Pouvoir :

Ce n'est pas Moi, cela ! ce n'est pas Moi ! Quoi qu'il arrive dans l'avenir, ne Me confonds jamais avec mes Eglises, même si tu dois les traverser pour Me rencontrer. Les Eglises sont nécessaires, pour garder Mon nom à travers tout, mais par cette nécessité elles deviennent des édifices sociaux, et elles prennent les défauts des sociétés dont elles font partie. Les églises chrétiennes ont été impériales sous Rome, royales sous toutes les monarchies, bourgeoises et impérialistes depuis les révolutions et les réformes, et toujours guerrières ! Il y en a toujours eu une de chaque côte clés frontières pour bénir les tueurs !

On voit donc que pour l'auteur il n'y a pas lieu de refuser toute utilité au clergé et aux rites, dans la mesure où leurs rôles de guides sont bien compris :

Le village, c'est bon, c'est un corps vivant. Sur la place, l'église, avec un curé qui saura qui Je suis, au moins pendant quelques générations. Et les paroissiens viendront le dimanche à la messe non par habitude ou éducation, mais parce qu'ils en auront envie, et sauront ce qu'elle signifie. Sais-tu, par exemple, pourquoi il y a de l'eau dans le bénitier à l'entrée de l'église et pourquoi tu y trempes ton doigt pour en toucher quatre points de ton corps ?

Et la théologie de référence de l'auteur est indubitablement chrétienne, comme le montrent les thèmes symboliques présentés précédemment ainsi que ses exemples eux-mêmes :

Jésus-Moi, je L'avais fait descendre pour vous rappeler que la mort n'est rien. c'est un passage qu'il ne faut pas rater. C'est le Dimanche de Pâques qui compte, ce n'est pas le vendredi inévitable. La croix est un tremplin. L'extrême-onction. les derniers sacrements, c'était pour vous aider. Mon prêtre était la pour vous dire « Attention petit, c'est le moment du saut périlleux. Lâche bien la rampe ! En avant... »

La FOI

Théologie et religion donc, mais peut-on parler dans Si j'étais Dieu d'un acte de foi ?
À la différence d'une quantité d'auteurs qui ont, comme Maurice Clavel mentionné plus haut, publié un "Ce que je crois" (la collection qui portait ce nom chez l'éditeur Grasset a vu paraître quarante et uns essais de ce titre de 1950 à 2002), Barjavel, même et peut-être d'autant plus qu'il tente de se mettre à la place de Dieu, doute. D'ailleurs c'était dès le début un attrait "philosophique" de l'expérience :

SI J'ÉTAIS DIEU
JE SAURAIS ENFIN
Qui
JE
suis

et au fil du texte ses interrogations demeurent et peut-être aussi sa méfiance envers la Foi stricte et aveugle, plus aveuglante d'ailleurs qu'éclairante, qui lui fait dire, à propos des prêtres :

ils n'ont pas une miette de cette foi qu'ils exigent de leurs fidèles, ou bien ils ont la foi, et ils ne se posent plus du tout de questions, leur foi les abrutit, ils la lèchent comme une confiture.

et plutôt ennemie de l'intelligence :

[...] ne cherche pas à comprendre, crois !...
- Croire quoi ? Comment puis-je croire ce que je ne comprends pas ?

Aussi, définitivement, la Foi de l'homme-Barjavel est totalement personnelle, comme l'est finalement le Dieu lui-même :

- Tout ce que tu veux bien croire. Ton enfer et ton purgatoire sont en toi. C'est toi qui te les fabriques.

et elle ne prend son sens que dans l'instant, entre deux périodes de doute :

- Je ne crois rien du tout, Seigneur. Je ne suis même pas certain de croire en Vous, bien que tout me crie votre évidence et que je Vous voie partout. Que devenons-nous après notre vie terrestre, et devenons-nous quelque chose, à part la poussière de notre corps, farine remise au pétrin pour fabriquer de nouveaux petits pains ? Je n'en sais rien, et cela m'est égal. (...) Et même, voyez-Vous, devenir autre, me fondre en Vous, devenir Vous, ça m'effraierait plutôt... C'est trop de travail et de responsabilité. Nous n'avons pas la taille. Nous ne faisons pas le poids. Ni Clavel, ni Frossard, ni Decoin, ni Pauwels, ni le Père Bruck, ni moi... Ni bien entendu Monseigneur Marty. Je crois que nous .sommes faits pour être ce que nous sommes, sur cette Terre, dans ce cadre que nous secouons, piétinons et saccageons, mais qui nous va, et que nous aimons.

Moi. Seigneur, je vous aime ici !

La PRIÈRE
Démarche commune à pratiquement toutes les religions, même celles "sans dieu" comme le bouddhisme, la prière se voit, dans la discrétion de son évocation, attribuer une place cohérente dans la pratique religieuse. Place qui est à l'opposé du sens propre du mot prière, puisque, au contraire, rien de plus déplacé pour l'auteur que ces supplications essentiellement égoïstes :

Dans ces chambres obscures, que de solitudes dos a dos. que d'amour perdu... Hommes et femmes enfermés chacun dans la coquille de son égoïsme. "On m'a fait ceci..." "Je n'ai pas mérité cela..." "Moi qui lui ai tout donné..." "Je suis victime de..." Et les quelques prières qui montaient vers le ciel et que J'attrapais au passage : "Mon Dieu donnez-moi..." "Seigneur accordez-moi... "
[...] Crois-tu que Je n'entends pas les prières qui montent vers Moi comme des bulles de gaz puant ? "Mon Dieu, mon père se fait vieux, il ne comprend plus rien aux affaires... Si Vous pouviez l'appeler à Vous, pour que je prenne sa place dans l'intérêt de tous..." "Mon Dieu, ma mère est bien vieille, et elle est infirme, et il faut que je m'occupe d'elle et j'ai si peu de temps avec les enfants, et elle occupe un lit qui serait tellement utile pour mon fils aîné qui devient grand. Elle a bien mérité votre Paradis,..." "Mon Dieu, mon mari ne me fait plus l'amour, et il couche avec cette petite garce ! Faites justice ! Donnez-lui une congestion ! Qu'il me revienne infirme ! Vous verrez comme je le soignerai bien ! Je l'aime tant !..." "Mon Dieu, ma femme n'aime plus la vie... Elle est triste et laide comme une chaussette sale. Ce serait une telle délivrance si elle montait Là-Haut !... Pour elle et pour nous... Et ça me permettrait de régulariser ma situation avec la petite, devant Votre Eglise..."

Dessin de Piem

même si, rarement, il se trouve des contre-exemple à cet égoïsme :

[...] mais j'entends aussi les chœurs d'amour et les cris de bonheur. Et les pleurs et les supplications : " Mon Dieu prenez ma vie, plutôt que la sienne ! " " Mon Dieu faites-moi souffrir à sa place. " " Mon Dieu donnez-lui le bonheur, même si je dois en être malheureuse... " C'est plus rare, je le reconnais, mais tellement plus éclatant...

La prière – faute d'un meilleur terme – est pour l'auteur une action de grâce, un remerciement (sens du mot grec eucaristo : merci - eucharistie) plus ou moins précis encers le Créateur ou ce que celui qui prie place comme tel. C'est dire qu'elle ne peut avoir qu'un caractère individuel, même si la collectivité peut la rassembler dans un rituel commun et partagé.
 


CRITIQUES PUBLIÉES À PROPOS DU LIVRE

À ce jour, mes recherches dans la presse écrite de l'époque n'ont malheureusement pas encore permis de trouver d'articles de critiques commentant Si j'étais Dieu... Je suis donc particulièrement intéressé par tout élément qui pourrait m'être communiqué à ce sujet.

Et qu'en pensait l'auteur lui-même ? Dans le reportage-interview L'Homme en question (voir la présentation de ce document exceptionnel) diffusé sur F.R.3 le 7 août 1977, il évoque son essai en ces termes :

Mes deux livres les plus importants sont "La Faim du tigre" et "Si j'étais Dieu". Dans "La Faim du tigre" je me pose des questions. Je l'ai écrit il y a onze ans, et je me demande à quoi sert l'Homme, à... d'où vient-il, où va-t-il, enfin, beaucoup de gens se sont posé ces questions avant moi.
Mais, euh, souvent ils y trouvaient des réponses ; ils trouvaient des réponses dans les religions ou dans les dogmes, les croyances ou dans les philosophies, etc.
Moi, je ne trouve de réponse satisfaisante nulle part.
Dix ans après, j'ai écrit "Si j'étais Dieu". Je suis moins angoissé, plus détendu, et, je me suis peut-être posé les mêmes questions mais avec humour et j'ai essayé d'y répondre en souriant, par exemple j'ai inventé huit nouvelles façons de faire les enfants parce que je trouve que la solution actuelle n'est pas très satisfaisante pour la femme...
J'ai refait l'homme, je lui ai ajouté des ailes, je lui ai donné des sens qu'il n'avait pas, j'ai fait une France ronde et qui pivote pour que ce ne soient pas toujours les mêmes qui habitent sur la Côte d'Azur... enfin, je me suis bien amusé. Mais, tout en m'amusant, je crois que j'ai effleuré des choses importantes.

Les deux dernières phrases, soulignées par G.M. Loup, témoignent que derrière la "farce" métaphysique se révèlent pour l'auteur une pensée plus profonde, et que le moyen du texte amusant, voire humoristique, est un vecteur de partage d'idées et de réflexions sans doute plus efficace que ne le serait un essai académique voire dogmatique...
 


CRITIQUES DES VISITEURS


(Pas encore de critique reçue)
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ŒUVRES DE LA MÊME INSPIRATION


Il n'y a pas lieu de considérer l'ensemble des œuvres inititulées « Si j'étais... » comme relevant d'une inspiration similaire, mais uniquement celles s'appuyant sur l'hypothétique identification à la divinité. Leur petit nombre est finalement rassurant pour ce qui concerne la modestie humaine...
Ceux qui se sont risqués à cette tentative, mis à part l'interlocuteur à qui Jacques Brel prête de généreuses intention dans sa chanson { Le Bon Dieu } mentionnée ci-dessus, sont rares.

  • Parmi eux se trouve curieusement un auteur contemporain et ami de Barjavel, Paul Guth. Les deux hommes se connaisaient, et montrent dans certaines de leurs œuvres et articles des convergences de vue notables.
    Paul Guth : Si j'étais le Bon
dieu - Cliquer pour agrandir
    L'académicien Paul Guth (1910-1997) a écrit, en 1986, un ouvrage plutôt amusant, ou du moins voulant cibler davantage le genre "humoristique" qu'académique, Si j'étais le Bon Dieu (éditions Plon), dans lequel le Bon Dieu revoit et corrige la copie de l'univers... Mais qu'en dire de plus ? Si { la quatrième de couverture } fait un éloge émerveillé de l'ouvrage, sa lecture - en comparaison avec l'essai de Barjavel - peut laisser un peu insatisfait. D'aimables fantaisies, certes généreuses, mais ne menant pas à un approfondissement de la réflexion.

  • Plus philosophique, une étude de Claude Roy (1915-1997) dans son ouvrage « Chercheurs de dieux » (Gallimard - 1981), entreprend d'analyser "l'impérieuse propension chez l'homme à vouer foi à quelqu'un ou à quelque chose. son exploration du besoin de croire, et l'applique plus particulièrement à cet ersatz de religion qu'est le communisme. Elle comporte justement une section de sa troisième partie (Le refus de croire) intitulée "Si j'étais Dieu",

    un Dieu dont il ne leur apparaît d'ailleurs pas toujours nécessaire de reconnaître l'existence pour y croire
    Si j'éais Dieu ou Jéhova, j'aurais plutôt de la méfiance devant tous ses lascrs qui invoquent soudain mon nom, se découvrent à tu et à toi avec moi, s'improvisent les médiateurs pour médias de ma volonté [...] Je n'ai rien, dit Dieu, contre les coryants qui croient, les chrétiens qui me prient, contreles fidèles qui me servent. Mais, si je ne peux me plaindre qu'on me serve, je n'aime pas telement qu'on se serve de moi. Je n'ai jamais considéré qu'un de mes attributs, outre l'omniprésence, l'omnipuissance et l'omniscience dont me créditent mes adorateurs, puisse être l'utilité.

    Propos aux accents barjavéliens, et d'ailleurs on trouve d'autres affinités entre les deux auteurs, mais dont la base de réflexion est toute différente, puisque C.Roy a pour sa part résolu la question de la foi et de l'existence divine par la négative.
     
  • Très intéressante aussi, et surtout directement inspirée par l'œuvre de Barjavel, est l'adaptation théatrale qui en a été faite en 1998 par Thierry Almon et sa compagnie Le Grand Roque sous le titre « Dikè, le rêve du fou ». [ voir la présentation de la compagnie Le Grand Roque ]
    Créé à Carcassonne (où est basée la compagnie) le 3 juillet 1998, le spectacle - One man show d'un acteur jouant successivement et même simultanément plusieurs personnages - part du texte « Plume d'ange » de Claude Nougaro [ voir ce texte ] à la fin duquel, par une trouvaille fort astucieuse, vient s'enchaîner l'essentiel de « Si j'étais Dieu »(plus précisément le texte des pages xx à xx de l'édition Garnier). Puis, alors que l'homme refait s'est vu doté par le créateur d'une paire d'ailes, le spectacle enchaîne avec ce qui constitue la fin du livre « Jonathan Livingston le goëland » de Richard Bach, qui fut fort célébre à la fin des années 1970. Le talent de l'acteur-metteur en scène Thierry Almon trouve toute sa mesure dans les dialogues Dieu-Homme, où son double rôle l'amène à se déplacer sur scène avec souplesse pour se parler à lui-même/autre face-à-face...
    Affiche du spectacle à Paris - Cliquer pour voir une présentation
    Après Carcassonne le spectacle fut joué en Avignon pendant l'été 1998 [ voir une présentation et des critiques ]
    J'ai eu la très bonne surprise de le voir monté à Paris au début de l'année 2003, et ma (lettre de février 2002) faisait partager cette découverte et ma rencontre avec Thierry Almon, et incitait à aller voir le spectacle, qui s'est joué dans deux petites salles parisiennes jusqu'en avril. Un projet avait été fait de le faire jouer aux Journées Barjavel à Nyons cet été-là, mais il n'a pas pu être conclu. Un point fort curieux est que Thierry Almon, lorsque l'idée de créer ce spectacle lui était venue, ignorait totalement que l'idée initiale de l'auteur était justement une œuvre théâtrale !


AILLEURS SUR LE BARJAWEB :

Créée en juin 2004, la présente page a été annoncée par la Lettre de G.M.Loup de cette date sous le titre “Tout recommencer...”.

 


COPYRIGHTS


  • Le texte Si j'étais Dieu... est © Éditions Garnier Frères, 1976.
  • La création de cette page est © G.M. Loup.