Dans la Thématique de Si j'étais Dieu...
- L'Homme
- La Croix
- L'Eau
- La Création
- La religion et le clergé
Ou plutôt :
Si j'étais Dieu peut se voir, d'une certaine manière, comme une suite de la Faim du Tigre.
Dans ce premier essai, écrit en 1966, Barjavel, bien qu'habitué aux écrits journalistiques, livrait ses idées sous une
forme non romancée longue, ce qui donne peut-être à l'ouvrage l'aspect d'un fouillis merveilleux comportant les
interrogations et tentatives de réponses que pose et apporte un humain à ses semblables. Au sein de ce texte,
l'auteur insistait tout particulièrement sur les sujets lui tenant à cœur, comme à chaque mortel que nous sommes,
et évoquait ainsi les thèmes de la vie, de son corrollaire naturel qu'est la mort, de ce qui permet à tout
vivant de transcender la mort de l'individu à travers une lignée au moyen de la sexualité, de ce qui permet aux
humains de donner des réponses aux interrogations existentielles via la religion et des moyens qu'a l'Homme de
chercher à comprendre son univers par la science.
Dans Si j'étais Dieu..., paru 10 ans plus tard, Barjavel reprend ses thèmes de prédilection sous une
forme un peu plus humoristique : il y parle de l'Homme, bien entendu, de la création puisqu'il
joue le rôle du Dieu créateur, ainsi que d'éléments symboliques repris dans certaines religions tels que la croix
et l'eau.
Barjavel, au nom de Dieu, parle de l'Homme. En effet, quelle que soit la situation, dans chacun de ses romans,
c'est bien l'Homme que Barjavel place au premier plan. Si ses romans extraordinaires sont
bien souvent catastrophiques, c'est par amour de l'humanité.
Barjavel a vécu au XXe siècle, période
extrêmement riche en changements technologiques. Lui, un enfant de la terre, le fils de boulanger provençal, a vu
petit à petit tout un ensemble de bouleversements que son œil de critique et de journaliste analysa sans cesse.
Cela le poussa à écrire des romans qui frappèrent – et frappent toujours ! –
l'imaginaire des lecteurs par la démesure des maux pouvant toucher la Terre et ses habitants, maux dus à la folie
ou à l'imbécillité des hommes. Ce n'est pas sans raison non plus si, pris de panique devant la politique du
« tout nucléaire », il écrivit une Lettre ouverte (aux vivants et qui veulent le rester)
où il incitait l'opinion à prendre parti pour les sources d'énergie renouvelables et non dangereuses comme la géothermie.
Tchernobyl, quelques années plus tard, lui donna hélas raison. Ce fut cette foi en l'Homme qui poussa Barjavel à
écrire, sans relâche. Il s'en expliqua à plusieurs reprises, et en particulier dans le reportage « L'Homme en question »
qui lui fut consacré, diffusé sur FR3 le 7 août 1977 (voir ce
document). Dans Si j'étais Dieu..., il mit à profit l'espace qui lui fut alloué dans moins de 200 pages
pour parler de ce qui lui tenait à cœur, sans avoir besoin du prétexte d'une histoire à raconter.
L'Homme, Barjavel l'aime, il n'y a pas de doute, mais dans
Si j'étais Dieu..., en tant que Dieu-Créateur, il trouve sa créature bien inachevée. Il se demande comment
il a pu créer un tel empoisonneur et le portrait qu'il en fait est bien peu flatteur. Car l'Homme, même s'il est
stupide et méchant, même s'il s'attaque à la nature et à son semblable, est malgré tout un être formidable.
Et comme quelque chose s'est mal passé dans la Création puisque l'Homme ne montre pas toujours le meilleur
de son potentiel, Barjavel devient Dieu pour essayer de corriger les ratés.
Barjavel-Dieu commence alors par changer l'environnement : les Nations deviennent rondes, tournent
sur elles-mêmes, elles ne sont pas trop grandes, fini les coins et les pointes qui rendent agressifs.
Il touche ainsi à divers autres aspects, tels que les moyens qu'aura l'Homme de se reproduire,
et décide de corriger petit à petit sa création... jusqu'à avoir l'Homme parfait. Un homme avec des ailes...
Quelle erreur ! Il s'est trompé : l'Homme qu'Il a créé, c'est un ange. Il y en a déjà des légions.
Il Lui faut donc tout recommencer... L'Homme ne peut pas être parfait, et Barjavel-Dieu-Homme non plus, puisqu'il
est obligé de reprendre son œuvre.
Cet essai s'achève ainsi comme une fable par l'illustration que la perfection de l'Homme n'est pas de ce monde.
Ce qui est, après tout, tellement... humain.
L'homme et la femme
S'il est clair que l'Homme (avec une majuscule) désigne lêtre humain, les deux sexes confondus,
les prblèmes inhérents aux rapports entre hommes et femmes ne sont pas laissés de côté dans les
différents projets de re-création. Bien au contraire, et l'on perçoit que ces difficultés, essentiellement de
compréhension mutuelle, sont pour l'auteur de la plus grande importance, les rapports amoureux étant pour lui une
des principales raisons d'exister de l'Humanité, et cela tout au long de son œuvre.
L'une des solutions les plus imaginatives et les plus radicales pour faire disparaître ces incompréhensions ezt
proposée par l'auteur. Si sa fantaisie amuse au premier abord, elle apparaît à la réflexion pleine de profondeur, et
n'est-elle pas un rêve plus ou moins inavoué de bien des gens...
Voici l'innovation : la fécondation se fera dans un mouvement inversé...
[...après la fécondation ]
L'homme se modifie [...] L'homme fécondateur devient la femme enceinte. Il porte lui-même les résultats de son action...
Il est probable d'abord que, sachant ce qu'il risque, ü sera moins pressé de courir les filles sans se préoccuper des
conséquences. Et, ensuite, sa transformation lui apprendra beaucoup de choses...
Dans le même temps, d'ailleurs, la femme, qui a perdu son ovule, sous l'influence de nouvelles hormones se transforme elle
aussi et devient homme.
Ainsi, les deux membres du couple échangent leur sexe, leurs formes, leurs fonctions, leur caractère, leurs sensations, leurs responsabilités...
L'homme apprend enfin comment une femme désire être aimée, la femme découvre avec étonnement la fragilité de l'homme, et
à quel point il a parfois besoin d'encouragement et de soutien... Cette double transformation brise la muraille d'incompréhension
entre les sexes. A la prochaine grossesse, l'homme et la femme changent de nouveau...
Ces bouleversements successifs de situations créent entre les deux êtres un intérêt toujours renouvelé. Plus de lassitude,
plus de mésentente sexuelle, plus d'injustice dans la répartition des plaisirs et des devoirs. Chacun ayant pris au moins
une fois la place de l'autre sait ce qu'il doit lui donner et lui épargner. Plus de racisme sexuel, plus de revendications,
plus de divorce : l'équilibre et le bonheur.
En évoquant les mystères de la Création, Barjavel-Dieu et l'Homme abordent le sujet du péché originel. C'est ainsi
que Barjavel-Dieu se met à disserter sur le sens de la Croix :
— C'est le péché universel, le péché de création. Sans Ma création Je suis inexprimé,
mais en elle Je suis pris. Voilà le sens de la crucifixion, depuis toujours. La branche horizontale de la Croix,
c'est le Rien. La branche verticale, c'est le Tout, qui pénètre le Rien. L'ensemble, c'est la création.
Et Moi cloué dessus depuis toujours.
La branche horizontale de la croix, c'est la matière.
La branche verticale c'est l'esprit. La croix, c'est la vie.
La branche horizontale de la croix, c'est la mer,
c'est la mère, c'est Marie. La branche verticale c'est Moi. C'est l'Esprit Saint.
La croix c'est Jésus, crucifié dès sa conception.
La branche horizontale de la croix,
c'est la femme couchée. La branche verticale de la croix,
c'est l'homme vertical planté en elle. La croix c'est le vivant.
La branche horizontale de la croix, c'est ta chair.
La branche verticale de la croix c'est ton esprit.
La croix c'est toi, crucifié entre ton poids et ton élan.
La branche horizontale de la croix c'est toi. La branche verticale de la croix, c'est Moi,
descendu en toi et montant de toi. C'est la chute et l'élévation, le péché et l'absolution, la mort et
la résurrection, le commencement qui ne finit pas, et la fin qui est commencée. C'est la solution.
La solution au centre de la croix. Au point où l'horizontal et le vertical se coupent, se confondent.
Où Je suis toi, où tu es Moi. Le point n'occupe pas d'espace, pas de temps, pas de substance. C'est la porte du
retour de toi vers Moi, de la rentrée de la Création dans le Créateur.
La Croix, symbole que l'on retrouve dans la plupart des civilisations du monde
dès la plus haute Antiquité, voit ici sa signification révélée par Barjavel-Dieu.
La croix est la rencontre de deux traits, l'un horizontal et l'autre vertical.
La croix reprise par le christianisme est celle du bois du supplice de Dieu
fait homme lorsque, sur le Mont Golgotha, il s'unit avec le ciel divin
en mourant comme un homme... pour ressusciter le jour de Pâques.
Qu'y a-t-il d'étonnant, par conséquent, à ce que le très humain René Barjavel,
lorsqu'il se prête momentanément au jeu de l'être divin, soit justement très
sensible à la signification d'un tel symbole ?
Symbole qu'il a d'ailleurs utilisé dans une mise en scène quasi-mystique dans La Nuit des temps, en tant que partie
de l'Équation de Zoran représentant pour les savants de Gondawa l'équation de l'Énergie Universelle, et par là-même la
Connaissance du Tout (voir la page "écrit" consacrée à ce roman et d'aimables considéations sur ce symbole...)
Si l'un des aspects symboliques attribué par Barjavel à la croix est l'anamnèse du péché originel, la question de l'existence du Mal
se pose aussi pour Barjavel, ou plutôt, Barjavel-homme la pose humblement à Barjavel-Dieu :
- Le Diable. Seigneur, il existe vraiment ?
- Tout existe. Lui aussi.
- C'est lui qui a fait ce gâchis, sur la Terre ?
- Ne cherche pas d'excusés. Le gâchis, c'est vous. Vous n'avez pas besoin du Diable.
- Il est vraiment puissant ?
- Du poids de la Création. Il est l'inertie, le contre. le frein passif, le noir. le pas-encore, l'informe, le défait. les huit cents millions de spermatozoïdes qui ne fécondent pas l'ovule, les huit cent mille œufs de poissons manges par le poisson voisin, le grain sous la meule, qui ne germera pas. l'animai qui n'a ni pattes ni ailes ni nageoires... Il est les galaxies qui ralentissent, les étoiles qui s'éteignent, le chaud qui devient froid. Il appelle tout vers l'Enfer, l'Enfer, c'est le zéro.
- C'est terrifiant. Seigneur. Mais, puisque Vous êtes Tout, le Diable...
- Bien sur, où veux-tu qu'il soit, s'il n'est pas en Moi ?...
Bien et Mal se révèlent donc, de manière presque hérétique, comme deux aspects indissociables du Monde, et de la
Divinité aussi. Il n'y a pas de vision tranchée et exclusive mais une bipolarité essentielle et indispensable dans la
Création qui est sans nul doute un écho de traditions orientales très anciennes.
Dans son roman ultérieur L'Enchanteur, cette bipolarité sera l'une des caractéristiques essatielle de Merlin, enfant
du Diable et d'une sainte (voir la page "écrit" qui présente ce roman).
En réorganisant le mode de vie des hommes de la Terre, Barjavel-Dieu aborde un autre symbole et pose à l'Homme la question suivante :
— Sais-tu, par exemple, pourquoi il y a de l'eau dans le bénitier à l'entrée de l'église et pourquoi
tu y trempes ton doigt pour en toucher quatre points de ton corps ?
— L'eau bénite ? Superstition ! Dernière goutte des âges de l'obscurantisme !
Nous avions abandonné ça. Nos bénitiers raisonnables étaient devenus secs...
— Jeunes crétins... Votre excuse c'est votre jeunesse... Tout juste trois millions d'années
que vous avez fait vos premiers pas sur vos pattes de derrière, et heurté deux cailloux l'un contre l'autre pour les
appointer. Mais l'eau était déjà sacrée avant même l'apparition de la vie. Elle l'a toujours été. C'est de l'eau qu'est
sortie la Création : « l'Esprit de Dieu flottait sur les eaux ». C'est dans l'eau que s'est
formée la première molécule vivante. C'est dans l'eau que les premières cellules se sont rassemblées pour composer le
premier animal compliqué, microscopique. C'est dans l'eau qu'il a grandi, qu'il est devenu poisson. C'est de l'eau qu'il
est sorti pour devenir lézard, oiseau, mammifère, homme ! C'est dans l'eau sacrée de ta mère que tu as passé de
l'état d'ovule à celui de petit bipède organisé. Et tu en es encore plein !
Tu sais ce que tu es ? Soixante-dix pour cent d'eau et le reste de poussière. Une flaque de boue, si je n'y avais
ajouté Mon souffle pour lui donner formes, mouvement et réflexion...
Cette eau universelle dans laquelle tu ne sais plus que cracher et déverser tes W.-C. et les horreurs de
tes usines, mes prêtres avaient fait sur elle le signe de la croix qui porte l'alliance de la Terre et du Ciel depuis
le Commencement, et ils l'avaient placée à l'entrée de l'église pour t'aider à te rappeler
ce que tu es, d'où tu viens, comment tu es devenu, et à retrouver ton état d'innocence.
L'Eglise, le bâtiment charnel de l'église,
cet espace clos en forme de corps humain couché sur le sol, c'est l'image du Vivant,
surgi de la terre et regardant le ciel, c'est l'image de Mon-Fils-Moi,
Vivant venu du Ciel et cloué à la Terre. C'est l'image de Marie,
mon épouse et ma mère. c'est le corps de ta mère recevant la vie et te la donnant.
Et dans lequel tu rentres, afin d'y rencontrer le Père.
Et pour que tu te souviennes de ce que tu étais avant de
« venir au monde »,
pour que tu le saches physiquement avec tes mains,
tu touches l'eau dans laquelle alors tu baignais, en innocence et en paix,
et tu en touches ton corps en croix, pour qu'il soit réuni avec le haut et
avec le bas, tel qu'il était avant de se croire indépendant, intelligent et fort.
Puis tu vas t'agenouiller, les mains jointes à hauteur de ton visage,
retrouvant ainsi la position qui était la tienne avant que tu sortes de la mère
universelle, avant que tu surgisses à l'air pour devenir un individu séparé.
Laissez venir à moi les petits enfants...
Alors, pendant que tu es ainsi, innocent, nu, vierge, le prêtre te donne à manger un morceau de la Création,
c'est-à-dire de la chair de Dieu, afin que tu n'oublies pas que toi, le séparé,
tu continues de faire absolument partie du Tout, dont la Vie nourrit ta vie.
La fleur du cerisier reçoit une goutte de sève et prend conscience qu'étant
une fleur elle fait cependant partie de l'arbre, sans lequel elle n'est rien.
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Barjavel, amoureux de la Vie, ne pouvait manquer d'évoquer le sujet de l'eau, l'élément originel où s'est développée
la vie, l'élément essentiel de la vie (les êtres vivants étant essentiellement constitués d'eau), et l'élément
nécessaire à la survie.
Nous retrouvons aussi dans ce passage Barjavel-l'écologiste car il ne rate pas l'occasion d'égratigner les hommes
qui rejettent dans l'eau leurs déchets industriels et leurs ordures.
Enfin, l'attrait de Barjavel pour l'eau en tant qu'élément est peut-être également à rapprocher de son signe astrologique,
qui est le verseau (en latin Aquarius, le préfixe aqua- signifiant « eau »).
Certes, Barjavel, de culture scientifique, n'était pas très « versé »
dans l'astrologie dans un premier temps. Mais sa rencontre avec l'astrologue Olenka de Veer avec qui il co-écrivit
les Dames à la Licorne changea son point de vue, et il ne répugna plus d'incorporer ce mode interprétatif ésotérique
dans sa grille de compréhension du monde.
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Barjavel est un auteur qui s'est fait le spécialiste de la description des fins de monde. Cela est même devenu une
constante des romans extraordinaires qu'il a écrits. Le voilà devenu un Dieu virtuel, et par quoi commence-t-il son
essai ? Par s'endormir d'un sommeil divin... et à son réveil, les anges pleurent : l'homme est mort.
Alors, Dieu retrousse ses manches et est prêt à tout recommencer.
Tout l'essai Si j'étais Dieu...
consiste en une description de la création du monde et de ses rouages internes, ainsi que de ses habitants. Mais il s'agit
aussi pour Barjavel d'évoquer, au cours de nombreuses disgressions, les thèmes qui lui tiennent à cœur comme nous
venons de le voir ci-dessus. Voilà Barjavel aux commandes de son outil favori : les moyens de concevoir une utopie,
et dans cette situation, il n'est plus dans Ravage où il devait construire une civilisation pastorale sur les
ruines du monde moderne, il n'est plus dans la Nuit des Temps où il imaginait une civilisation condamnée ayant
prospéré des milliers d'années avant notre ère, non, là, il est Dieu, aucune limite ne lui est imposée.
Barjavel-Dieu peint alors avec énormément d'humour sa nouvelle création, il invente avec joie mille petites
choses qui pourraient rendre la Terre plus agréable à ses habitants, il s'attarde beaucoup sur sa créature chérie,
l'Homme, et sur les moyens de procréation...
Cependant, il faut bien le reconnaître, même si cela a pris pour Dieu sept jours subjectifs, on peut
supposer que pour Barjavel, cela en a pris bien plus... Après tout, il n'est qu'humain !
~ THÉMATIQUE ~
La religion et le clergé
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Barjavel parle donc de Dieu, et de l'Homme. Mais quel place accorde-t-il aux hommes censés mener vers Dieu ?
L'Église et le clergé, toutes religions confondues, semblent bien absentes de ses considérations. Ils y ont quand même leur rôle, mais celui-ci doit être remis à sa place, car,
à propos des miracles,
Faire un seul miracle, ce serait casser l'équilibre de Ma Création, détruire la solidarité mobile, élastique, totale, de ses parties, percer dans
sa peau un trou par lequel elle se dégonflerait toute et disparaîtrait. Seules Mes créatures peuvent faire des miracles, si elles ont assez d'amour
ou de foi pour changer l'apparence des choses.
Barjavel-Dieu met les points sur les i :
[...] Je ne fais jamais et n'ai jamais fait de miracles, quoi que prétendent les prêtres de toutes vos religions, ces farceurs.
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La pensée de l'auteur ne laisse-t-elle doncaucune place pour eux dans le chemin qui peut mener vers Dieu ?
Il faut se souvenir que Barjavel est à l'origine de confession protestante, dans une région de France où les souvenirs des guerres de religion ont laissé des traces,
et que le rôle du pasteur y est - comme le terme l'indique - plus près de celui d'un guide que d'un guichet d'accès à la Vérité.
Pour l'auteur, celle-ci est à chercher - et à trouver - dans l'Homme lui-même, bien que l'expérience et l'Histoire lui laissent des toutes
sur les chances de succès d'une telle entreprise. Et plutôt que dans l'homme d'ailleurs, il convient de rechercher le divin
dans la Création entière :
Ma création est superbe, elle n'est pas sérieuse. Elle est tragique, elle n'est pas grave. Elle émerveille, elle exalte,
elle écrase, elle brûle, elle tue, elle n'ennuie pas. Il n'y a que les curés, les pasteurs, les bonzes et les gourous qui
ennuient.
Barjavel rejoint là l'humour du dessinateur Piem qui mettait en exergue d'un petit recueil de dessins humoristiques,
"Dieu et vous" (Éd. Le Cherche-midi, 1996) :
Dieu a le sens de l'humour. Ce sont tout simplement les occasions de sourire qui lui manquent.
Et l'un des reproches qui peut justement être fait par Barjavel à certaines formes de clergé est justement d'avoir détourné cette voie : |
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[...] Vos prêtres devraient bien se mettre d'accord.
- Ils essaient, mais ils n'y parviendront que lorsqu'ils M'auront totalement oublié. Ils n'en sont pas loin.
Tu ne dois pas attacher trop d'importance à ce que disent ces curés et ces pasteurs avec leurs sourires de vieilles
cousines en visite ou leurs grimaces d'excités sociaux. Ils ne comprennent plus rien à rien.
Plus ils prononcent Mon nom, moins ils savent ce qu'Il désigne.
pourtant
Mais c'est leur fonction et leur mérite : garder et prononcer Mon nom dans le temps et
dans l'espace, pour que tu L'entendes toujours quelque part et que tu répondes
"oui !". ou que tu cries "non !". mais que tu te demandes ce qu'Il signifie. Grâce à mes prêtres de toutes
couleurs, j'ai un nom dans toutes les langues et tous les patois du monde.
néanmoins,
Quant à Mes innombrables Églises, la première chose qu'elles font, dès qu'elles s'inaugurent,
c'est me cacher quelque part comme un chien enterre un os, pour que l'église voisine ne vienne pas le manger.
Mais elles perdent aussitôt l'odorat, et elles ne savent plus ce qu'elles ont caché, ni où elles l'ont mis.
Elles ne savent plus que mon nom : Dieu, Dieu, Dieu... Elles en ont plein la bouche, et la tête vide.
Et à côté de ce détournement non pas de la Vérité mais des chemins directs qui peuvent y mener, les prêtres ont cru bon
d'affirmer leur pouvoir en instaurant une culpabilité généralisée que l'auteur récuse tout en en comprenant le mécanisme :
Je me suis adressé à Vos prêtres pour qu'ils m'expliquent. Ils m'ont répondu « petit malheureux imbécile impuissant prétentieux,
ne cherche pas à comprendre, crois !... »
Croire quoi ? Comment puis-je croire ce que je ne comprends pas ? Alors ils m'ont dit : " Péché ! Tu es
plongé dans le péché ! Tu es coupable ! « Coupable de quoi ? » « D'exister ! Péché
originel ! Tu es coupable depuis ton Commencement ! »
Je comprends de moins en moins... Comment
serais-je coupable ? Ce n'est pas moi qui me suis fait. Si ce que disent tous les Livres, de l'Orient à l'Occident,
est vrai. c'est Vous qui m'avez fait. Alors ce n'est pas Moi le coupable, c'est Vous !...
Et pourtant, certaines périodes de l'histoire de l'Église lui confèrent indéniablement une culpabilité :
- ... et avec mes prêtres et avec votre syphilis. Ce fut un monstrueux péché... Au sixième sous-sol (de l'Enfer),
il y a, dans le soufre bouillant, des cuves et des cuves de pasteurs et de curés, d'administrateurs, de colons et de militaires
qui sont en train de payer pour l'innocence et le bonheur qu'ils ont détruits, là et ailleurs.
mettant ainsi en avant la collusion historique des Églises avec le Pouvoir :
Ce n'est pas Moi, cela ! ce n'est pas Moi ! Quoi qu'il arrive dans l'avenir, ne Me confonds jamais avec mes Eglises,
même si tu dois les traverser pour Me rencontrer. Les Eglises sont nécessaires, pour garder Mon nom à travers tout,
mais par cette nécessité elles deviennent des édifices sociaux, et elles prennent les défauts des sociétés dont elles
font partie. Les églises chrétiennes ont été impériales sous Rome, royales sous toutes les monarchies, bourgeoises et
impérialistes depuis les révolutions et les réformes, et toujours guerrières ! Il y en a toujours eu une de chaque côte
clés frontières pour bénir les tueurs !
On voit donc que pour l'auteur il n'y a pas lieu de refuser toute utilité au clergé et aux rites, dans la mesure où leurs rôles de guides sont bien compris :
Le village, c'est bon, c'est un corps vivant. Sur la place, l'église, avec un
curé qui saura qui Je suis, au moins pendant quelques générations. Et les paroissiens viendront le dimanche à la messe non
par habitude ou éducation, mais parce qu'ils en auront envie, et sauront ce qu'elle signifie. Sais-tu, par exemple,
pourquoi il y a de l'eau dans le bénitier à l'entrée de l'église et pourquoi tu y trempes ton doigt pour en toucher
quatre points de ton corps ?
Et la théologie de référence de l'auteur est indubitablement chrétienne, comme le montrent les thèmes symboliques présentés
précédemment ainsi que ses exemples eux-mêmes :
Jésus-Moi, je L'avais fait descendre pour vous rappeler que la mort n'est rien. c'est
un passage qu'il ne faut pas rater. C'est le Dimanche de Pâques qui compte, ce n'est pas le vendredi inévitable.
La croix est un tremplin. L'extrême-onction. les derniers sacrements, c'était pour vous aider. Mon prêtre était la pour
vous dire « Attention petit, c'est le moment du saut périlleux. Lâche bien la rampe ! En
avant... »
La FOI
Théologie et religion donc, mais peut-on parler dans Si j'étais Dieu d'un acte de foi ?
À la différence d'une quantité d'auteurs qui ont, comme Maurice Clavel mentionné plus haut, publié un "Ce que je crois"
(la collection qui portait ce nom chez l'éditeur Grasset a vu paraître quarante et uns essais de ce titre de 1950 à 2002),
Barjavel, même et peut-être d'autant plus qu'il tente de se mettre à la place de Dieu, doute. D'ailleurs c'était dès
le début un attrait "philosophique" de l'expérience :
SI J'ÉTAIS DIEU
JE SAURAIS ENFIN
Qui
JE
suis
et au fil du texte ses interrogations demeurent
et peut-être aussi sa méfiance envers la Foi stricte et aveugle, plus aveuglante d'ailleurs qu'éclairante, qui lui fait dire,
à propos des prêtres :
ils n'ont pas une miette de cette foi qu'ils exigent de leurs fidèles, ou bien ils ont la foi, et ils ne se posent plus du tout de questions, leur foi les abrutit, ils la lèchent comme une confiture.
et plutôt ennemie de l'intelligence :
[...] ne cherche pas à comprendre, crois !...
- Croire quoi ? Comment puis-je croire ce que je ne comprends pas ?
Aussi, définitivement, la Foi de l'homme-Barjavel est totalement personnelle, comme l'est finalement le Dieu lui-même :
- Tout ce que tu veux bien croire. Ton enfer et ton purgatoire sont en toi. C'est toi qui te les fabriques.
et elle ne prend son sens que dans l'instant, entre deux périodes de doute :
- Je ne crois rien du tout, Seigneur. Je ne suis même pas certain de croire en Vous, bien que tout me crie votre
évidence et que je Vous voie partout. Que devenons-nous après notre vie terrestre, et devenons-nous quelque chose, à part
la poussière de notre corps, farine remise au pétrin pour fabriquer de nouveaux petits pains ? Je n'en sais rien, et cela
m'est égal. (...) Et même, voyez-Vous, devenir autre, me fondre en Vous, devenir Vous,
ça m'effraierait plutôt... C'est trop de travail et de responsabilité. Nous n'avons pas la taille. Nous ne faisons
pas le poids. Ni Clavel, ni Frossard, ni Decoin, ni Pauwels, ni le Père Bruck, ni moi... Ni bien entendu Monseigneur Marty.
Je crois que nous .sommes faits pour être ce que nous sommes, sur cette Terre, dans ce cadre que nous secouons, piétinons et
saccageons, mais qui nous va, et que nous aimons.
Moi. Seigneur, je vous aime ici !
La PRIÈRE
Démarche commune à pratiquement toutes les religions, même celles "sans dieu" comme le bouddhisme, la prière se voit,
dans la discrétion de son évocation, attribuer une place cohérente dans la pratique religieuse. Place qui est à l'opposé du
sens propre du mot prière, puisque, au contraire, rien de plus déplacé pour l'auteur que ces supplications
essentiellement égoïstes :
Dans ces chambres obscures, que de solitudes dos a dos. que d'amour perdu... Hommes et femmes enfermés chacun dans la coquille
de son égoïsme. "On m'a fait ceci..." "Je n'ai pas mérité cela..." "Moi qui lui ai tout donné..." "Je suis victime de..."
Et les quelques prières qui montaient vers le ciel et que J'attrapais au passage : "Mon Dieu donnez-moi..."
"Seigneur accordez-moi... "
[...] Crois-tu que Je n'entends pas les prières qui montent vers Moi comme des bulles de gaz puant ?
"Mon Dieu, mon père se fait vieux, il ne comprend plus rien aux affaires... Si Vous pouviez l'appeler à Vous, pour que je
prenne sa place dans l'intérêt de tous..." "Mon Dieu, ma mère est bien vieille, et elle est infirme, et il faut que je m'occupe
d'elle et j'ai si peu de temps avec les enfants, et elle occupe un lit qui serait tellement utile pour mon fils aîné qui
devient grand. Elle a bien mérité votre Paradis,..." "Mon Dieu, mon mari ne me fait plus l'amour, et il couche avec cette
petite garce ! Faites justice ! Donnez-lui une congestion ! Qu'il me revienne infirme !
Vous verrez comme je le soignerai bien ! Je l'aime tant !..." "Mon Dieu, ma femme n'aime plus la vie...
Elle est triste et laide comme une chaussette sale. Ce serait une telle délivrance si elle montait Là-Haut !...
Pour elle et pour nous... Et ça me permettrait de régulariser ma situation avec la petite, devant Votre Eglise..."
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même si, rarement, il se trouve des contre-exemple à cet égoïsme :
[...] mais j'entends aussi les chœurs d'amour et les cris de bonheur. Et les pleurs et les supplications :
" Mon Dieu prenez ma vie, plutôt que la sienne ! " " Mon Dieu faites-moi souffrir à sa place. " " Mon Dieu donnez-lui
le bonheur, même si je dois en être malheureuse... " C'est plus rare, je le reconnais, mais tellement plus éclatant...
La prière – faute d'un meilleur terme – est pour l'auteur une action de grâce, un
remerciement (sens du mot grec eucaristo : merci - eucharistie) plus ou moins précis encers le Créateur
ou ce que celui qui prie place comme tel. C'est dire qu'elle ne peut avoir qu'un caractère individuel, même si la
collectivité peut la rassembler dans un rituel commun et partagé.
CRITIQUES PUBLIÉES À PROPOS DU LIVRE
À ce jour, mes recherches dans la presse écrite de l'époque n'ont malheureusement pas encore permis de trouver
d'articles de critiques commentant Si j'étais Dieu... Je suis donc particulièrement intéressé par tout élément qui pourrait m'être communiqué à ce sujet.
Et qu'en pensait l'auteur lui-même ? Dans le reportage-interview L'Homme en question (voir la présentation de ce document exceptionnel) diffusé sur F.R.3 le 7
août 1977, il évoque son essai en ces termes :
Mes deux livres les plus importants sont "La Faim du tigre" et "Si j'étais Dieu". Dans "La Faim du tigre" je me pose
des questions. Je l'ai écrit il y a onze ans, et je me demande à quoi sert l'Homme, à... d'où vient-il, où va-t-il,
enfin, beaucoup de gens se sont posé ces questions avant moi.
Mais, euh, souvent ils y trouvaient des réponses ; ils trouvaient des réponses dans les religions ou dans les dogmes, les croyances ou dans les philosophies, etc.
Moi, je ne trouve de réponse satisfaisante nulle part.
Dix ans après, j'ai écrit "Si j'étais Dieu". Je suis moins angoissé, plus détendu, et, je me suis peut-être posé les mêmes
questions mais avec humour et j'ai essayé d'y répondre en souriant, par exemple j'ai inventé huit nouvelles façons de faire
les enfants parce que je trouve que la solution actuelle n'est pas très satisfaisante pour la femme...
J'ai refait l'homme, je lui ai ajouté des ailes, je lui ai donné des sens qu'il n'avait pas, j'ai fait une France
ronde et qui pivote pour que ce ne soient pas toujours les mêmes qui habitent sur la Côte d'Azur... enfin, je me suis
bien amusé. Mais, tout en m'amusant, je crois que j'ai effleuré des choses importantes.
Les deux dernières phrases, soulignées par G.M. Loup, témoignent que derrière la "farce" métaphysique se
révèlent pour l'auteur une pensée plus profonde, et que le moyen du texte amusant, voire humoristique, est un vecteur de
partage d'idées et de réflexions sans doute plus efficace que ne le serait un essai académique voire dogmatique...
CRITIQUES DES VISITEURS
(Pas encore de critique reçue)
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ŒUVRES DE LA MÊME INSPIRATION
Il n'y a pas lieu de considérer l'ensemble des œuvres inititulées « Si j'étais... » comme relevant d'une
inspiration similaire, mais uniquement celles s'appuyant sur l'hypothétique identification à la divinité. Leur petit
nombre est finalement rassurant pour ce qui concerne la modestie humaine...
Ceux qui se sont risqués à cette tentative, mis à part l'interlocuteur à qui Jacques Brel prête de généreuses intention
dans sa chanson { Le Bon Dieu } mentionnée ci-dessus, sont rares.
- Parmi eux se trouve curieusement un auteur contemporain et ami de Barjavel, Paul Guth. Les deux hommes se connaisaient,
et montrent dans certaines de leurs œuvres et articles des convergences de vue notables.
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L'académicien Paul Guth (1910-1997) a écrit, en 1986, un ouvrage plutôt amusant, ou du moins voulant cibler davantage le genre "humoristique" qu'académique, Si j'étais le Bon Dieu (éditions Plon),
dans lequel le Bon Dieu revoit et corrige la copie de l'univers... Mais qu'en dire de plus ? Si
{ la quatrième de couverture } fait un éloge émerveillé de l'ouvrage, sa lecture - en
comparaison avec l'essai de Barjavel - peut laisser un peu insatisfait. D'aimables fantaisies, certes généreuses,
mais ne menant pas à un approfondissement de la réflexion.
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- Plus philosophique, une étude de Claude Roy (1915-1997) dans son ouvrage « Chercheurs de dieux » (Gallimard -
1981), entreprend d'analyser "l'impérieuse propension chez l'homme à vouer foi à quelqu'un ou à quelque chose.
son exploration du besoin de croire, et l'applique plus particulièrement à cet ersatz de religion qu'est le communisme.
Elle comporte justement une section de sa troisième partie (Le refus de croire) intitulée "Si j'étais Dieu",
un Dieu dont il ne leur apparaît d'ailleurs pas toujours nécessaire de reconnaître l'existence pour y
croire
Si j'éais Dieu ou Jéhova, j'aurais plutôt de la méfiance devant tous ses lascrs qui invoquent soudain mon
nom, se découvrent à tu et à toi avec moi, s'improvisent les médiateurs pour médias de ma volonté [...] Je n'ai rien, dit
Dieu, contre les coryants qui croient, les chrétiens qui me prient, contreles fidèles qui me servent. Mais, si je ne peux
me plaindre qu'on me serve, je n'aime pas telement qu'on se serve de moi. Je n'ai jamais considéré qu'un de mes attributs,
outre l'omniprésence, l'omnipuissance et l'omniscience dont me créditent mes adorateurs, puisse être l'utilité.
Propos aux accents barjavéliens, et d'ailleurs on trouve d'autres affinités entre les deux auteurs, mais dont la base de
réflexion est toute différente, puisque C.Roy a pour sa part résolu la question de la foi et de l'existence divine par la
négative.
- Très intéressante aussi, et surtout directement inspirée par l'œuvre de Barjavel, est l'adaptation théatrale qui
en a été faite en 1998 par Thierry Almon et sa compagnie Le Grand Roque sous le titre « Dikè, le rêve du fou ».
[ voir la présentation de la compagnie Le
Grand Roque ]
Créé à Carcassonne (où est basée la compagnie) le 3 juillet 1998, le spectacle - One man show d'un acteur
jouant successivement et même simultanément plusieurs personnages - part du texte « Plume d'ange » de
Claude Nougaro [ voir ce texte ]
à la fin duquel, par une trouvaille fort astucieuse, vient s'enchaîner l'essentiel de « Si j'étais Dieu »(plus
précisément le texte des pages xx à xx de l'édition Garnier). Puis, alors que l'homme refait s'est vu doté par le
créateur d'une paire d'ailes, le spectacle enchaîne avec ce qui constitue la fin du livre « Jonathan Livingston le
goëland » de Richard Bach, qui fut fort célébre à la fin des années 1970.
Le talent de l'acteur-metteur en scène Thierry Almon trouve toute sa mesure dans les dialogues Dieu-Homme, où son double
rôle l'amène à se déplacer sur scène avec souplesse pour se parler à lui-même/autre face-à-face...
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Après Carcassonne le spectacle fut joué en Avignon pendant l'été 1998
[
voir une présentation et des critiques ]
J'ai eu la très bonne surprise de le voir monté à Paris au début de l'année 2003, et ma
(
lettre de février 2002) faisait partager cette découverte et
ma rencontre avec Thierry Almon, et incitait à aller voir le spectacle, qui s'est joué dans deux petites salles parisiennes
jusqu'en avril. Un projet avait été fait de le faire jouer aux Journées Barjavel à Nyons cet été-là, mais il n'a pas pu être conclu.
Un point fort curieux est que Thierry Almon, lorsque l'idée de créer ce spectacle lui était venue, ignorait totalement
que l'idée initiale de l'auteur était justement une œuvre théâtrale !
AILLEURS SUR LE BARJAWEB :
Créée en juin 2004, la présente page a été annoncée par la Lettre de G.M.Loup de cette date sous le titre “Tout recommencer...”.
COPYRIGHTS
- Le texte Si j'étais Dieu... est © Éditions Garnier Frères, 1976.
- La création de cette page est © G.M. Loup.