Si j'étais Dieu... |
annonce Barjavel sur la couverture de son essai.
Et ces quelques 200 pages se lisent avec autant de jubilation que l'auteur a – sans
conteste – éprouvé à les écrire !
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Rêve immémorial de l'Humanité, devenir Dieu et refaire le monde.
Les circonstances éditoriales ont amené Barjavel à le
réaliser, le temps d'un livre, mais n'est-ce pas là le cœur de l'activité d'écrivain, de science-fiction de surcroît ?
La collection Si j'étais a vu publier en 1976-77 un petit nombre d'essais (quatre), à l'initiative de l'écrivain Jacques
Jolivet, qui est le père du célèbre humoriste Marc Jolivet et du cinéaste Pierre Jolivet (réalisateur du film « Simple Mortel »
dans lequel la thématique divine joue beaucoup...)
Une autre collection du même titre mais d'un genre bien différent avait eu une brève existence cinq ans auparavant aux
éditions Touret ; il s'agissait de petits livres pour enfants de Max Andress tels que "Si j'étais petit écureuil",
"Si j'étais gros minet", "Si j'étais petit lapin", "Si j'étais Reinette la grenouille"...
Et bien avant, surtout autour du début du vingtième siècle, de nombreuses chansons, opérettes et autres divertissements
musicaux prenaient le prétexte d'être quelqu'un d'autre pour faire les choses différemment (citons "Si j'étais Roi" de G.Adam).
Deux d'entre elles méritent d'être relevées :
Les premières pages du livre, en guise d'introduction, présentent avec humour cette genèse :
Mais pour Barjavel l'idée n'était pas entièrement nouvelle :
il avait déjà pris l'occasion de commentaires de l'actualité pour refaire, sinon l'Univers, du moins plus modestement
la France, certains jours d'élections présidentielles, dans sa chronique au Journal du dimanche, les 15 juin 1969
(élection de M. G. Pompidou face à M. A. Poher) : « Si j'étais président »,
rapportée dans le recueil (Les Années de la Lune),
puis – sept ans plus tard – le 19 mai 1974 (élection de M. V Giscard d'Estaing face à
M. F. Mitterand) : « Si j'étais élu Président » (rapportée dans
(Les Années de la Liberté).
Ses "programmes", qu'il reconnaissait en conclusion n'être heureusement qu'utopistes (quoique...) ressemblaient par
certains points à celui que sa divinité d'emprunt lui suggère dans Si j'étais Dieu.
Et pour ce qui est de Si j'étais Dieu proprement dit, on trouve la trace d'un projet initial sous forme de pièce de théatre
dont le titre initial était « Ah ! si j'étais Dieu ! » quelques années auparavant.
Et il resta fidèle à cette idée puisqu'en 1980, après la parution du livre, il travaillait encore à cette
adaptation,
comme le montrent ces deux pages extraites d'un manuscrit que m'a fort aimablement communiquées un visiteur du
barjaweb, M. Charles Moreau :
On voit que le "coup de pouce" de son ami Jacques Jolivet l'a amené à la concrétiser l'œuvre sous forme de livre, mais pour l'auteur, ce texte sera resté du domaine de la farce – au sens médiéval – métaphysique ; ce n'est que près de trente ans après qu'il se vit effectivement réalisé en spectacle (voir ci-après).
Se placer dans la position du Fils de Dieu pour se poser la question de la valeur du sacrifice et de la rédemption
était aussi en quelque sorte le sujet du scénario du film Barrabas, dont l'auteur raconte le tournage malheureusement non
finalisé dans son (Journal
d'un homme simple), et qui fut finalement publié sous la forme du roman Jour de feu (voir dans la bibliographie).
Il y aurait peu de sens à résumer un livre tel que Si j'étais Dieu... Mais de quoi s'agit-il ?
Le premier contact avec le texte donne l'impression d'un récit, voire d'un roman, qui pourrait être de science-fiction
dans une tradition post-apocalypique bien barjavélienne : l'Homme a disparu !
De ce point de départ, somme toute assez dramatique et ceci d'autant plus qu'il est bien présenté comme plausible,
l'idée vient de Tout recréer, à partir d'un nouveau Rien, donc de profiter de cette réinitialisation du monde pour
expérimenter de nouvelles solutions afin de tenter de se prémunir contre les inconvénients dont pâtissait l'ancienne création.
Et l'auteur débride son imagination, sa fantaisie et sa poésie, au service de sa pensée philosophique profonde.
On notera au passage l'allusion piquante à Maurice Clavel (1920-1979)... Ce philosophe déçu du marxisme avait redécouvert Dieu
en reconnaissant la présence de l'Esprit-Saint dans les événements de mai 68. Fondateur avec J.-P. Sartre de Libération,
il avait récemment publié un Ce que je crois aux éditions Grasset (1975) et était justement en train de préparer un essai
Dieu est Dieu, nom de Dieu particulièrement virulent [ voir http://www.guywagner.net/clavel.htm ].
L'extrait qui suit, pioché au cœur du livre, rend compte du bonheur avec lequel René Barjavel se prête à
l'exercice de se prendre pour Dieu, un bonheur qui tient autant de la sagesse du vieil homme que de la fraîcheur enfantine.
Le temps d'un livre, Barjavel prend la place de Dieu – accordons-lui pour cette étude la majuscule divine ! –
et décide de se mettre... à l'ouvrage.
En guise de RÉSUMÉ : RÉCIT ou ESSAI ?...
Artifice peut-être, intervient alors Jacques Jolivet – commenditaire du livre – pour remettre
l'écrivain dans le droit chemin...
EXTRAIT
Tout d'abord, faisons connaissance avec les personnages :
– Barjavel, dans le rôle de Dieu ;
– l'homme, dans son propre rôle ;
– le Grand Ordinateur (dont les interventions sont notées en italique), dans le rôle du Serviteur et de la Mémoire de Dieu.
Alors, reprenant plus ou moins les étapes de la Genèse, Il décide de refaire le monde et découpe les gros pays en
petits avant de transformer chaque nation en disque tournant constamment sur lui-même.
Puis Il s'en va corriger une décision prise lors d'un moment de colère, lorsqu'Il avait décrété que la femme devait
accoucher dans la douleur.
Maintenant, ouvrons doucement les portes du Paradis, laissons se dérouler la scène...
Dans la collection « Si j'étais... », un auteur devait se prendre
pour un personnage, exercer une certaine ne profession, ou, comme ce fut le cas de Barjavel, endosser le rôle suprême,
celui du Créateur. Et Barjavel se prête au « je » sans réserve puisque, très vite,
il parle de lui à la première personne en employant la majuscule divine et laisse tomber le conditionnel.
Le style est simple, les piques sur la bêtise humaine nombreuses et, même en abordant des thèmes graves, le tout est
écrit avec beaucoup d'humour.
Si Barjavel joue le rôle de Dieu, c'est bien de l'Homme dont il parle dans ce texte. Ceci est nettement marqué du point
de vue du vocabulaire car si « Dieu » ou « dieu » apparaît 112 fois et
« Seigneur » 80 fois, « homme(s) » est présent 126 fois et
« femme(s) » 81 fois. Malgré son titre et sa thématique, l'essai Si j'étais Dieu...
comporte finalement assez peu de termes se rapportant au domaine religieux avec des mots tels
qu'« Église » (14), « église(s) » (10), « chrétien(s) » (3),
« prêtre(s) » (14), « religion(s) » (7),« curé(s) » (5),
« pasteur(s) » (4) ou « juif(s) ».
L'environnement chrétien de l'Ancien et du Nouveau Testaments est cependant évoqué à plusieurs reprises :
« Jésus » (10), « Paradis »
(9), « diable » (7), « Yahvé » (6), « ange(s) » (6),
« Enfer » (3), « Méphisto » (2) et « Lucifer » (1).
Par ailleurs, Barjavel, en tant qu'auteur de science-fiction, s'est fait le spécialiste de la description des fins
des mondes, que ce soit après une gigantesque panne d'électricité dans Ravage ou après une terrible guerre au
pays de Gondawa dans la Nuit des Temps, pour ne prendre que deux de ses textes les plus caractéristiques.
Comparé à ces romans aux arrière-plans sombres évoquant le thème de la destruction, dans cet essai, le ton est
volontairement plus positif, plus créatif (notons que les termes « création(s) »,
« créateur(s) » ou « créature » apparaissent plus de 50 fois)
comme l'indique le tableau suivant : Ainsi, l'auteur, avec joie, s'intéresse à la « Terre » (employée 48 fois), il en fait son
terrain de jeu en développant avec ingéniosité les divers chemins menant à la vie et, au sein de tout le vivant,
plus particulièrement à une créature faite à l'image de Dieu : l'être humain
Si j'étais Dieu peut se voir, d'une certaine manière, comme une suite de la Faim du Tigre.
Dans ce premier essai, écrit en 1966, Barjavel, bien qu'habitué aux écrits journalistiques, livrait ses idées sous une
forme non romancée longue, ce qui donne peut-être à l'ouvrage l'aspect d'un fouillis merveilleux comportant les
interrogations et tentatives de réponses que pose et apporte un humain à ses semblables. Au sein de ce texte,
l'auteur insistait tout particulièrement sur les sujets lui tenant à cœur, comme à chaque mortel que nous sommes,
et évoquait ainsi les thèmes de la vie, de son corrollaire naturel qu'est la mort, de ce qui permet à tout
vivant de transcender la mort de l'individu à travers une lignée au moyen de la sexualité, de ce qui permet aux
humains de donner des réponses aux interrogations existentielles via la religion et des moyens qu'a l'Homme de
chercher à comprendre son univers par la science.
Dans Si j'étais Dieu..., paru 10 ans plus tard, Barjavel reprend ses thèmes de prédilection sous une
forme un peu plus humoristique : il y parle de l'Homme, bien entendu, de la création puisqu'il
joue le rôle du Dieu créateur, ainsi que d'éléments symboliques repris dans certaines religions tels que la croix
et l'eau.
Barjavel, au nom de Dieu, parle de l'Homme. En effet, quelle que soit la situation, dans chacun de ses romans,
c'est bien l'Homme que Barjavel place au premier plan. Si ses romans extraordinaires sont
bien souvent catastrophiques, c'est par amour de l'humanité. Barjavel a vécu au XXe siècle, période
extrêmement riche en changements technologiques. Lui, un enfant de la terre, le fils de boulanger provençal, a vu
petit à petit tout un ensemble de bouleversements que son œil de critique et de journaliste analysa sans cesse.
Cela le poussa à écrire des romans qui frappèrent – et frappent toujours ! –
l'imaginaire des lecteurs par la démesure des maux pouvant toucher la Terre et ses habitants, maux dus à la folie
ou à l'imbécillité des hommes. Ce n'est pas sans raison non plus si, pris de panique devant la politique du
« tout nucléaire », il écrivit une Lettre ouverte (aux vivants et qui veulent le rester)
où il incitait l'opinion à prendre parti pour les sources d'énergie renouvelables et non dangereuses comme la géothermie.
Tchernobyl, quelques années plus tard, lui donna hélas raison. Ce fut cette foi en l'Homme qui poussa Barjavel à
écrire, sans relâche. Il s'en expliqua à plusieurs reprises, et en particulier dans le reportage « L'Homme en question »
qui lui fut consacré, diffusé sur FR3 le 7 août 1977 (voir ce
document). Dans Si j'étais Dieu..., il mit à profit l'espace qui lui fut alloué dans moins de 200 pages
pour parler de ce qui lui tenait à cœur, sans avoir besoin du prétexte d'une histoire à raconter.
L'Homme, Barjavel l'aime, il n'y a pas de doute, mais dans
Si j'étais Dieu..., en tant que Dieu-Créateur, il trouve sa créature bien inachevée. Il se demande comment
il a pu créer un tel empoisonneur et le portrait qu'il en fait est bien peu flatteur. Car l'Homme, même s'il est
stupide et méchant, même s'il s'attaque à la nature et à son semblable, est malgré tout un être formidable.
Et comme quelque chose s'est mal passé dans la Création puisque l'Homme ne montre pas toujours le meilleur
de son potentiel, Barjavel devient Dieu pour essayer de corriger les ratés.
Barjavel-Dieu commence alors par changer l'environnement : les Nations deviennent rondes, tournent
sur elles-mêmes, elles ne sont pas trop grandes, fini les coins et les pointes qui rendent agressifs.
Il touche ainsi à divers autres aspects, tels que les moyens qu'aura l'Homme de se reproduire,
et décide de corriger petit à petit sa création... jusqu'à avoir l'Homme parfait. Un homme avec des ailes...
Quelle erreur ! Il s'est trompé : l'Homme qu'Il a créé, c'est un ange. Il y en a déjà des légions.
Il Lui faut donc tout recommencer... L'Homme ne peut pas être parfait, et Barjavel-Dieu-Homme non plus, puisqu'il
est obligé de reprendre son œuvre.
Cet essai s'achève ainsi comme une fable par l'illustration que la perfection de l'Homme n'est pas de ce monde.
Ce qui est, après tout, tellement... humain.
S'il est clair que l'Homme (avec une majuscule) désigne lêtre humain, les deux sexes confondus,
les prblèmes inhérents aux rapports entre hommes et femmes ne sont pas laissés de côté dans les
différents projets de re-création. Bien au contraire, et l'on perçoit que ces difficultés, essentiellement de
compréhension mutuelle, sont pour l'auteur de la plus grande importance, les rapports amoureux étant pour lui une
des principales raisons d'exister de l'Humanité, et cela tout au long de son œuvre.
En évoquant les mystères de la Création, Barjavel-Dieu et l'Homme abordent le sujet du péché originel. C'est ainsi
que Barjavel-Dieu se met à disserter sur le sens de la Croix :
La Croix, symbole que l'on retrouve dans la plupart des civilisations du monde
dès la plus haute Antiquité, voit ici sa signification révélée par Barjavel-Dieu.
La croix est la rencontre de deux traits, l'un horizontal et l'autre vertical.
La croix reprise par le christianisme est celle du bois du supplice de Dieu
fait homme lorsque, sur le Mont Golgotha, il s'unit avec le ciel divin
en mourant comme un homme... pour ressusciter le jour de Pâques.
Qu'y a-t-il d'étonnant, par conséquent, à ce que le très humain René Barjavel,
lorsqu'il se prête momentanément au jeu de l'être divin, soit justement très
sensible à la signification d'un tel symbole ?
Si l'un des aspects symboliques attribué par Barjavel à la croix est l'anamnèse du péché originel, la question de l'existence du Mal
se pose aussi pour Barjavel, ou plutôt, Barjavel-homme la pose humblement à Barjavel-Dieu :
Bien et Mal se révèlent donc, de manière presque hérétique, comme deux aspects indissociables du Monde, et de la
Divinité aussi. Il n'y a pas de vision tranchée et exclusive mais une bipolarité essentielle et indispensable dans la
Création qui est sans nul doute un écho de traditions orientales très anciennes.
En réorganisant le mode de vie des hommes de la Terre, Barjavel-Dieu aborde un autre symbole et pose à l'Homme la question suivante :
Barjavel est un auteur qui s'est fait le spécialiste de la description des fins de monde. Cela est même devenu une
constante des romans extraordinaires qu'il a écrits. Le voilà devenu un Dieu virtuel, et par quoi commence-t-il son
essai ? Par s'endormir d'un sommeil divin... et à son réveil, les anges pleurent : l'homme est mort.
Alors, Dieu retrousse ses manches et est prêt à tout recommencer. Tout l'essai Si j'étais Dieu...
consiste en une description de la création du monde et de ses rouages internes, ainsi que de ses habitants. Mais il s'agit
aussi pour Barjavel d'évoquer, au cours de nombreuses disgressions, les thèmes qui lui tiennent à cœur comme nous
venons de le voir ci-dessus. Voilà Barjavel aux commandes de son outil favori : les moyens de concevoir une utopie,
et dans cette situation, il n'est plus dans Ravage où il devait construire une civilisation pastorale sur les
ruines du monde moderne, il n'est plus dans la Nuit des Temps où il imaginait une civilisation condamnée ayant
prospéré des milliers d'années avant notre ère, non, là, il est Dieu, aucune limite ne lui est imposée.
Barjavel-Dieu peint alors avec énormément d'humour sa nouvelle création, il invente avec joie mille petites
choses qui pourraient rendre la Terre plus agréable à ses habitants, il s'attarde beaucoup sur sa créature chérie,
l'Homme, et sur les moyens de procréation...
Cependant, il faut bien le reconnaître, même si cela a pris pour Dieu sept jours subjectifs, on peut
supposer que pour Barjavel, cela en a pris bien plus... Après tout, il n'est qu'humain !
Barjavel parle donc de Dieu, et de l'Homme. Mais quel place accorde-t-il aux hommes censés mener vers Dieu ?
L'Église et le clergé, toutes religions confondues, semblent bien absentes de ses considérations. Ils y ont quand même leur rôle, mais celui-ci doit être remis à sa place, car,
à propos des miracles,
Barjavel-Dieu met les points sur les i :
La pensée de l'auteur ne laisse-t-elle doncaucune place pour eux dans le chemin qui peut mener vers Dieu ?
Il faut se souvenir que Barjavel est à l'origine de confession protestante, dans une région de France où les souvenirs des guerres de religion ont laissé des traces,
et que le rôle du pasteur y est - comme le terme l'indique - plus près de celui d'un guide que d'un guichet d'accès à la Vérité.
Pour l'auteur, celle-ci est à chercher - et à trouver - dans l'Homme lui-même, bien que l'expérience et l'Histoire lui laissent des toutes
sur les chances de succès d'une telle entreprise. Et plutôt que dans l'homme d'ailleurs, il convient de rechercher le divin
dans la Création entière :
Dieu a le sens de l'humour. Ce sont tout simplement les occasions de sourire qui lui manquent.
pourtant néanmoins,
Et à côté de ce détournement non pas de la Vérité mais des chemins directs qui peuvent y mener, les prêtres ont cru bon
d'affirmer leur pouvoir en instaurant une culpabilité généralisée que l'auteur récuse tout en en comprenant le mécanisme :
Et pourtant, certaines périodes de l'histoire de l'Église lui confèrent indéniablement une culpabilité :
mettant ainsi en avant la collusion historique des Églises avec le Pouvoir :
On voit donc que pour l'auteur il n'y a pas lieu de refuser toute utilité au clergé et aux rites, dans la mesure où leurs rôles de guides sont bien compris :
Et la théologie de référence de l'auteur est indubitablement chrétienne, comme le montrent les thèmes symboliques présentés
précédemment ainsi que ses exemples eux-mêmes :
La FOI
Théologie et religion donc, mais peut-on parler dans Si j'étais Dieu d'un acte de foi ?
et au fil du texte ses interrogations demeurent
et peut-être aussi sa méfiance envers la Foi stricte et aveugle, plus aveuglante d'ailleurs qu'éclairante, qui lui fait dire,
à propos des prêtres :
et plutôt ennemie de l'intelligence :
Aussi, définitivement, la Foi de l'homme-Barjavel est totalement personnelle, comme l'est finalement le Dieu lui-même :
et elle ne prend son sens que dans l'instant, entre deux périodes de doute :
La PRIÈRE
même si, rarement, il se trouve des contre-exemple à cet égoïsme :
La prière – faute d'un meilleur terme – est pour l'auteur une action de grâce, un
remerciement (sens du mot grec eucaristo : merci - eucharistie) plus ou moins précis encers le Créateur
ou ce que celui qui prie place comme tel. C'est dire qu'elle ne peut avoir qu'un caractère individuel, même si la
collectivité peut la rassembler dans un rituel commun et partagé.
À ce jour, mes recherches dans la presse écrite de l'époque n'ont malheureusement pas encore permis de trouver
d'articles de critiques commentant Si j'étais Dieu... Je suis donc particulièrement intéressé par tout élément qui pourrait m'être communiqué à ce sujet.
Et qu'en pensait l'auteur lui-même ? Dans le reportage-interview L'Homme en question (voir la présentation de ce document exceptionnel) diffusé sur F.R.3 le 7
août 1977, il évoque son essai en ces termes :
Les deux dernières phrases, soulignées par G.M. Loup, témoignent que derrière la "farce" métaphysique se
révèlent pour l'auteur une pensée plus profonde, et que le moyen du texte amusant, voire humoristique, est un vecteur de
partage d'idées et de réflexions sans doute plus efficace que ne le serait un essai académique voire dogmatique...
Il n'y a pas lieu de considérer l'ensemble des œuvres inititulées « Si j'étais... » comme relevant d'une
inspiration similaire, mais uniquement celles s'appuyant sur l'hypothétique identification à la divinité. Leur petit
nombre est finalement rassurant pour ce qui concerne la modestie humaine...
un Dieu dont il ne leur apparaît d'ailleurs pas toujours nécessaire de reconnaître l'existence pour y
croire Créée en juin 2004, la présente page a été annoncée par la Lettre de G.M.Loup de cette date sous le titre “Tout recommencer...”.
ÉTUDE LINGUISTIQUE
Termes positifs Termes négatifs tout (188) rien (90) amour (36) haine (4) vie (51) mort (34) joie (25)
plaisir (16)douleur (7) THÉMATIQUE
~ THÉMATIQUE ~
L'Homme
L'homme et la femme
L'une des solutions les plus imaginatives et les plus radicales pour faire disparaître ces incompréhensions ezt
proposée par l'auteur. Si sa fantaisie amuse au premier abord, elle apparaît à la réflexion pleine de profondeur, et
n'est-elle pas un rêve plus ou moins inavoué de bien des gens...
~ THÉMATIQUE ~
La Croix
Symbole qu'il a d'ailleurs utilisé dans une mise en scène quasi-mystique dans La Nuit des temps, en tant que partie
de l'Équation de Zoran représentant pour les savants de Gondawa l'équation de l'Énergie Universelle, et par là-même la
Connaissance du Tout (voir la page "écrit" consacrée à ce roman et d'aimables considéations sur ce symbole...)
Dans son roman ultérieur L'Enchanteur, cette bipolarité sera l'une des caractéristiques essatielle de Merlin, enfant
du Diable et d'une sainte (voir la page "écrit" qui présente ce roman).
~ THÉMATIQUE ~
L'Eau
Nous retrouvons aussi dans ce passage Barjavel-l'écologiste car il ne rate pas l'occasion d'égratigner les hommes
qui rejettent dans l'eau leurs déchets industriels et leurs ordures.
Enfin, l'attrait de Barjavel pour l'eau en tant qu'élément est peut-être également à rapprocher de son signe astrologique,
qui est le verseau (en latin Aquarius, le préfixe aqua- signifiant « eau »).
Certes, Barjavel, de culture scientifique, n'était pas très « versé »
dans l'astrologie dans un premier temps. Mais sa rencontre avec l'astrologue Olenka de Veer avec qui il co-écrivit
les Dames à la Licorne changea son point de vue, et il ne répugna plus d'incorporer ce mode interprétatif ésotérique
dans sa grille de compréhension du monde.
~ THÉMATIQUE ~
La Création
~ THÉMATIQUE ~
La religion et le clergé
À la différence d'une quantité d'auteurs qui ont, comme Maurice Clavel mentionné plus haut, publié un "Ce que je crois"
(la collection qui portait ce nom chez l'éditeur Grasset a vu paraître quarante et uns essais de ce titre de 1950 à 2002),
Barjavel, même et peut-être d'autant plus qu'il tente de se mettre à la place de Dieu, doute. D'ailleurs c'était dès
le début un attrait "philosophique" de l'expérience :
JE SAURAIS ENFIN
Qui
JE
suis
CRITIQUES PUBLIÉES À PROPOS DU LIVRE
CRITIQUES DES VISITEURS
ŒUVRES DE LA MÊME INSPIRATION
Ceux qui se sont risqués à cette tentative, mis à part l'interlocuteur à qui Jacques Brel prête de généreuses intention
dans sa chanson { Le Bon Dieu } mentionnée ci-dessus, sont rares.
Si j'éais Dieu ou Jéhova, j'aurais plutôt de la méfiance devant tous ses lascrs qui invoquent soudain mon
nom, se découvrent à tu et à toi avec moi, s'improvisent les médiateurs pour médias de ma volonté [...] Je n'ai rien, dit
Dieu, contre les coryants qui croient, les chrétiens qui me prient, contreles fidèles qui me servent. Mais, si je ne peux
me plaindre qu'on me serve, je n'aime pas telement qu'on se serve de moi. Je n'ai jamais considéré qu'un de mes attributs,
outre l'omniprésence, l'omnipuissance et l'omniscience dont me créditent mes adorateurs, puisse être l'utilité.
J'ai eu la très bonne surprise de le voir monté à Paris au début de l'année 2003, et ma
(lettre de février 2002) faisait partager cette découverte et
ma rencontre avec Thierry Almon, et incitait à aller voir le spectacle, qui s'est joué dans deux petites salles parisiennes
jusqu'en avril. Un projet avait été fait de le faire jouer aux Journées Barjavel à Nyons cet été-là, mais il n'a pas pu être conclu.
Un point fort curieux est que Thierry Almon, lorsque l'idée de créer ce spectacle lui était venue, ignorait totalement
que l'idée initiale de l'auteur était justement une œuvre théâtrale !
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