arrachée à celui qu'elle aime par 900 000 ans de sommeil, au regard inexorablement figé sur le passé. Un homme qui se réveille d'entre les siens d'une vie de solitude, qui ne voit plus que la beauté et la souffrance de celle qui l'attendait depuis la nuit des temps. Constante de l'humanité à travers les âges au même titre que la curiosité scientifique et le fanatisme guerrier, l'amour accompagne toutes les civilisations. Les peut-il transcender? |
|
À André Cayatte,
père de cette aventure
et inspirateur de ce livre,
je les dédie, avec mon
amitié.
R.B.
Dans la Genèse de la Nuit des temps:
GENÈSE
Ou plutôt :
~ GENÈSE ~
Un projet pour le cinéma
inspiré par Cayatte
La Nuit des temps, publié en 1968, était initialement le scénario d'un film extraordinaire, prévu par le réalisateur André Cayatte {voir photo}, à très grand budget, et qui pour cette raison ne fut pas tourné.
Dans une interview, Barjavel confie :
Dans le recueil d'anthologie "Trente ans de Prix des libraires" (édité en 1984 par la Fédération Française des Syndicats de Libraires - ISBN 2-902-910-00.2), où chacun des lauréats commente les circonstances qui l'ont mené au Prix, Barjavel donne des détails encore plus savoureux sur la généalogie cinématographique du roman (lire ce document)
Mais une fois le roman paru, Barjavel ne croit pas à ses chances de succès. Lorsque son amie l'astrologue Olenka de Veer lui
prédit qu'il sera plus grand encore que pour Ravage, il est dubitatif. Le succès viendra pourtant. Il obtient en 1969
{ le Prix des Libraires} pour ce roman qui restera dès lors le plus vendu
avec Ravage. Agréablement étonné, il regarde d'un autre œil la plausibilité de l'astrologie, et relance sa carrière d'écrivain,
enchaînant avec Le Grand Secret (qui obtiendra le... Prix des Maisons de la Presse) dont le rythme et le style ne sont pas sans rappeler
la recette qui a fait le succès de La Nuit des temps.
On pourra accéder à la fin de cette page à quelques critiques de la Nuit des temps parues lors de la sortie du roman.
Le thème du roman prend ses sources dans un fond littéraire et mythique identifiable.
L'idée du continent maintenant disparu est un concept fort ancien, que l'on pense aux mythes de l'Atlantide, de Mû,
de l'Eldorado, ou encore aux travaux géographiques plus "officiels" relatifs à la dérive des continents.
Pour approfondir ce sujet, en particulier sur les thèmes des civilisations anciennes englouties, on pourra lire le livre
« L'Énigme de l'Atlantide » d'Edouard Brasey, qui présente peut-être cependant une orientation "ésotérique" qui peut déplaire
{ voir }.
La science-fiction ne pouvait ignorer une telle source d'inspiration, et en 1964, le thème avait déjà enfanté une quantité
importante de romans au point que la revue Fiction y consacra un long article fort érudit de Jacques Van Herp dans son numéro 130 (septembre 1964), complété d'une riche bibliographie : « Les mondes défunts et les mondes cachés ».
Plus récemment, ces sources littéraires se sont trouvées compilées dans un
{ recueil de la collection Omnibus } : « Atlantides - Les Îles englouties » (ISBN 2-258-04026-4)
voir la présentation )
dont la très intéressante { préface par Lauric Guillaud } (de l'Université de Nantes) établit une analyse complète de
ce thème. Ce même Lauric Guillaud a ensuite complété et agrémenté son étude par un ouvrage de 380 pages très complet
en collaboration avec Jean-Pierre Deloux, regroupant les présentations de toutes les oeuvres liées à ce sujet
« Atlantide et autres civilisations perdues de A à Z » (Éd. é/dite) :
{ voir },
qui contient en particulier les références à... La Nuit des temps, et aussi quelques romans bien apparentés :
Le sujet fut l'objet d'un colloque en juillet 2002 au Centre Culturel de Cerisy, présidé par Chantal Foucrier et Lauric Guillaud, Atlantides imaginaires : le mythe au fil des textes, des arts et des sciences, au cours duquel Roger Bozetto eut justement l'occasion de commenter et mettre en regard La Nuit des temps et l'œuvre dont il va être question ci-après [ voir la présentation ]
La littérature à connotation plus ou moins ésotérique
regorge d'exégèses sur ce thème, et il est clair que
René Barjavel y a trouvé quelques sources d'inspiration.
Les années 60 ont vu une rémergence du concept de "réalisme fantastique"
qui devint un thème littéraire, mené par le mouvement "Planète", qui s'exprimait dans
{ la revue bimensuelle } du même nom, conduite par Louis Pauwels et Jacques Bergier :
pour en savoir plus sur "Planète", et à défaut de se procurer les exemplaires de
cette revue, on lira avec intérêt la thèse de Grégory Guteriez "Le discours du réalisme
fantastique : la revue Planète"
voir le site de G.Guteriez ).
Barjavel, qui connaissait bien Louis Pauwels avec qui il a partagé quelques décennies plus tôt l'Enseignement de G.I.Gurdjieff,
n'a pas pu ignorer ce mouvement, à preuve au moins sa présence
lors de l'inauguration des éditions Planète le 9 novembre 1964.
Curieusement, Barjavel ne fera jamais référence au mouvement Planète, celui-ci ne mentionnera pratiquement pas l'auteur.
|
Ayant ceci à l'esprit, on pensera aussi à la carte, ou plutôt le portulan, de Piri Reis, établie en 1513,
à celle d'Oronce Fine de 1531, et celle de Philippe Buache (1737), révélant semble-t-il les côtes de l'Amérique du Sud et
de l'Antarctique (continent découvert en 1818), avec des contours et reliefs correspondant au sol dégagé des glaces, alors
que celle de Mercator (1569) établit les contours en tenant compte de la glaciation.
Ce thème est mentionné par Pauwels et Bergier dans le n°30 de Planète, dans un article intitulé "un professeur américain
(il s'agit de Charles Hapgood) prouve qu'une civilisation avancée existait avant la dernière glaciation" et dans
un chapitre de « L'Homme éternel » (Gallimard 1970, Folio n°356),
qui reprend intégralement un article de Paul Émile Victor {voir photo}.
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D'autres sources d'information qui ont sans doute inspiré Barjavel pour l'un des thèmes abordés dans le roman,
qui exige que le Pôle Sud n'ait pas toujours été... au sud, sont les ouvrages d'Immanuel Vélikovsky qui firent scandale en
Amérique en 1954 : "Mondes en collision" et "Les grands bouleversements terrestres", réédités en français respectivement
en 2003 et 2004 par Le Jardin des livres. On pourra les voir présentés à la page [ http://www.lejardindeslivres.com/gbt.htm
qui en propose aussi des extraits, avec l'accroche :“Immanuel Velikovsky inspire René Barjavel en 1966 et déclenche la censure de Sciences et Avenir en 2003”
Pour en savoir plus sur Velikovsky, qui reste toujours fort décrié par l'orthodoxie scientifique actuelle, on pourra
voir la page http://membres.lycos.fr/filigrane/velikovsky.htm.
D'un point de vue plus romanesque, en plus des romans "atlantidiens" évoqués précédement,
une oeuvre maintenant peu connue est essentielle pour notre propos :
« La Sphère d'or » de l'Australien Erle Cox
{voir}
(1873-1950) (titre original : « Out Of The Silence », parue d'abord en feuilleton dans the Argus en 1919,
en volume en 1925, puis en bande dessinée et adaptée en série radiodiffusée en 1934).
En effet, plus encore que les autres romans cités ci-dessus, La Sphère d'or
présente avec La Nuit des temps de grandes similitudes de thème et même de forme, au point que certains ont cru pouvoir affirmer que
La Nuit des temps en était un plagiat, ainsi que l'ont fait L. Murail dans son récent
« Guide tout-terrain de la Science-Fiction » (à propos d'E. Cox), et {Le vrai visage du masque}, catalogue complet
(à la typographie déroutante...) des ouvrages de cette collection ; en revanche, d'autres critiques, à cette évocation,
mettent cette ressemblance au compte du hasard.
Le roman fut publié en français en 1929 dans la collection policière « Le Masque » sous le numéro 29,
traduit par Richard de Clairval (pseudonyme de Louis Postif, dont on retrouve d'ailleurs le nom comme relation de René Daumal - cité sans sa Correspondance - III,
lui-même ami de René Barjavel dans les années 1930), dans une version de 251 pages, en fait "abrégée", comme nous allons nous en rendre compte.
(on pourra, pour en savoir plus, {voir une présentation}
de différentes éditions étrangères de "Out Of The Silence").
Il fut aussi publié en France dans le magazine Jean-PIerre - l'hebdomadaire de la famille en épisodes à partir du
n°62 du 20 avril 1939.
Cette édition est aujourd'hui très difficile à trouver dans les librairies d'occasions, surtout munie de sa jaquette illustrée,
{ voir cette jaquette } caractéristique des ouvrages de la collection.
Cette jaquette était en effet souvent enlevée par des lecteurs craignant le ridicule d'une manifestation par trop
voyante d'une lecture de livres "illustrés", ou "populaires". Il semblerait aussi qu'il y ait eu une action publicitaire
qui amenait certains lecteurs à découper une partie de cette jaquette correspondant à une vignette à collectionner.
Il est de plus probable que ce titre ne fut disponible dans cette collection que pendant peu de temps, ayant été retiré
de la vente par l'éditeur ; cette indication, fort plausible du fait de certaines idées "inconvenantes" exprimées par
le roman, m'a été communiquée par le libraire de l'Introuvable à Paris Xème, chez qui j'ai trouvé l'exemplaire
en ma possession, au terme d'une sérieuse recherche. Les Parisiens peuvent aussi consulter un exemplaire de cette
édition à la Bibliothèque des littératures policières (Bilipo), rue du cardinal Lemoine (Paris Vème).
À l'époque de la rédaction de la Nuit des temps, cette édition - que nous appellerons "version initiale" - était
la seule disponible à laquelle René Barjavel ait pu avoir accès (à l'exception peu probable de l'édition australienne
originale pratiquement introuvable maintenant). On peut imaginer notre auteur dévorant ce roman, parmi les romans de
Science-Fiction et de fantasy qui ont constitué une part importante des lectures de sa jeunesse dans les années 20 et 30.
Dans les années 60 d'ailleurs, les amateurs de S.F. n'avaient pas oublié « La Sphère d'or »,
car on retrouve une demande de réédition dans le courrier des lecteurs du numéro de la revue Fiction.
« La Sphère d'or » fut réédité en 1974 dans la {collection 10-18}, en deux tomes (nos 870-871), correspondant à la version complète retrouvée après de longues recherches, ainsi que l'indique la {préface} (par Francis Lacassin) de cette édition, retraduite par Pierre Versins, puis rééditée avec le même texte pour les amateurs de S-F aux fameuses { Nouvelles Éditions Oswald, collection NÉO plus no 6}, en un volume de 414 pages avec une couverture portant en illustration une fort belle jeune femme déshabillée - alors qu'aucune telle scène n'apparaît dans le roman...
Ces deux éditions sont maintenant elles aussi épuisées chez leurs éditeurs, et ne peuvent donc être trouvées qu'en occasion - au prix de recherches soignées, et dans les archives de rares bibliothèques. L'édition NEO peut être empruntée sur demande aux bibliothèques de la Ville de Paris (réserve centrale) ; le tome 1 de l'édition 10-18 est à la bibliothèque "Trocadéro".
La version complète de La Sphère d'or souffre d'une certaine lourdeur, certaines scènes ou situations étant largement "délayées", en particulier des considérations psychologiques faisant penser à un monologue intérieur des protagonistes sur leurs états d'âme.
La version initiale, donc abrégée, est plus "enlevée", plus directe et de ce fait paraît plus "tranchée", sans s'encombrer de ces développements un peu fastidieux.
L'analyse que j'ai effectuée sur ces textes permet de dégager dans quelle mesure "La Nuit des temps" est une réécriture de "La Sphère d'or", ou au contraire de souligner les additions importantes qui confèrent au roman de notre auteur une identité qu'il est seul à parrainer.
Attention, l'approfondissement de la comparaison entre les deux œuvres conduit à
divulguer l'intrigue de l'une comme de l'autre ! Si vous n'avez pas lu « La Nuit des
temps », et que vous souhaitez le faire en gardant intact le plaisir de la découverte, il
est préférable de remettre cette comparaison à plus tard ! Il en va de même pour la
Sphère d'or. Ainsi prévenus, vous pouvez désormais accéder aux comparaisons détaillées entre
La Nuit des temps et La Sphère d'or (accéder à cette partie).
Avertissement: Il n'y a pas assez de romans dont
l'intrigue et les rebondissements sont de la qualité de ceux de La
Nuit des temps, même chez Barjavel, pour se permettre de gâcher un
merveilleux moment de lecture en lisant un résumé. Cette page en
contient un pour ceux qui voudraient se remémorer l'histoire
afin d'en lire la thématique. À ceux qui n'ont pas lu le roman, je
conseille en guise d'approche l'excellente quatrième de couverture
suivante et l'extrait que je propose plus bas. Je les invite après
quoi à s'offrir le roman, et leur donne rendez-vous après qu'ils auront
comme de nombreux lecteurs partagé l'aventure des explorateurs de
la terre Adélie et de ses profondeurs.
Dans un grand paysage polaire aux teintes pastel s'agitent des
taches de couleurs vives, ce sont les membres d'une mission des
Expéditions Polaires françaises qui font un relevé du relief
sous-glaciaire. L'épaisseur de la glace atteint ici plus de 1000
mètres et ses couches profondes datent de 900 000 ans. Pourtant un
incroyable phénomène se produit les appareils sondeurs
enregistrent un signal provenant du niveau du sol. Aucun doute
n'est possible il y a un émetteur sous la glace ! La nouvelle
éclate comme une bombe. Que vont découvrir les savants et les
techniciens qui, venus du monde entier, creusent la glace à la
rencontre du mystère ? LA NUIT DES TEMPS, c'est à la fois un
reportage, une épopée et un grand chant d'amour passionné. Le
présent et le passé s'y mêlent, y affrontent leurs espoirs et leurs
craintes et y jouent le sort du monde. Traversant le drame universel
comme un trait de feu, le destin d'Éléa et de Païkan les emmène tout
droit vers le grand mythe légendaire des amants bienheureux et
maudits, à côté de Roméo et Juliette, Tristan et Yseult, de tous
ceux que même la mort n'a pas réussi à séparer.
Ultime avertissement: Je me permets d'insister qu'à ceux qui n'ont
pas lu l'ouvrage, la lecture de ce résumé gâchera un merveilleux
roman. Voyez plutôt les extraits.
En Terre Adélie, dans l'Antarctique, une mission scientifique
française
capte une improbable émission qui émane du fond des glaces, par un
émetteur ici placé il y à 900 000 ans. Des fouilles frénétiques et
passionnées sont entreprises par des nations qui fraternisent dans
l'adversité des conditions polaires. On y découvre une sphère, dans
laquelle reposent en hibernation deux individus, un homme et une
femme, masqués. La femme réanimée en premier se nomme Éléa, elle
explique la guerre totale qui a conduit un scientifique de son
époque, Coban, à l'enfermer avec lui dans un abri, ceci en dépit de
la volonté de la jeune femme, au demeurant d'une beauté
exceptionnelle, qui aurait préféré mourir aux côtés de celui
qu'elle aime d'un amour sans nom : Païkan. Lorsqu'elle apprend
qu'elle a dormi 900 000 ans suite à un problème de déclenchement de
l'abri, elle fait une dépression nerveuse. Mais la présence et
l'attention d'un médecin de l'équipe de réanimation, Simon, la
soulage, et elle consent à aider les chercheurs à réanimer Coban,
détenteur d'une connaissance dont les applications sans limites
intéressent les scientifiques, et attisent les convoitises des
grandes puissances politico-financières. L'opération pour réanimer
Coban se trouve être plus délicate que pour Éléa, que l'on sollicite
pour donner du sang au scientifique. Elle accepte, mais dans le
projet secret de le tuer, en s'empoisonnant elle-même. L'opération
est surveillée par Simon qui, à l'aide d'un casque de la technologie
de la jeune femme, observe les rêves de Coban alors qu'il revient à
la vie. C'est ainsi qu'il comprend au fur et à mesure que se
dessinent en rêve les derniers instants de la vie de Coban qu'il
s'agit en fait de Païkan, qui, alors qu'Éléa était déjà endormie
dans l'abri, s'est querellé avec Coban, et a pris sa place au
dernier moment. Alors qu'il enlève le masque pour en avertir Éléa,
il s'aperçoit que celle-ci se meurt, et tue par son sang empoisonné
celui à qui elle fut arrachée, et que le destin avait gardé
constamment à ses côtés. Simon ne dit rien, pour ne pas révéler la
vérité à la femme condamnée, assassin de son propre amour. Au dehors,
un chercheur traduisant la langue de la civilisation passée,
en essayant de garder les découvertes à des fins personnelles,
détruit les documents. Il échouera à faire sortir les copies. Il ne
reste des deux amants venus de la nuit des temps et qui l'ont
traversé l'un à côté de l'autre, apportant une nouvelle
technologie, que l'horreur qui hante le docteur Simon, et le regret
amer de l'humanité qui n'a rien appris depuis la civilisation d'Éléa
et Païkan, dont elle descend sans l'avoir su suite à une guerre atomique.
La Nuit des temps écrit pour le cinéma est riche en rebondissements,
et les scènes d'action qui y sont dépeintes sont parmi les plus prenantes
et les plus angoissantes qu'ait écrites Barjavel. Ayant entretenu à tout
instant une atmosphère laissant entrevoir la possibilité d'un dérapage
sur demande, le passage qui suit est le tournant du roman ; alors
qu'Hoover et Léonova - qui étaient le dernier point de rivalité au sein
de la communauté par leurs différents politiques exacerbés - exhibent
maintenant librement leur amour qui a pris le dessus, Barjavel décide
d'inverser la tendance et précipite le chaos sur la mission
polaire. Une anomalie dans un branchement sert de déclic. Il se révèle
être un piratage du système, et au fur et à mesure des constatations,
c'est l'escalade vers la catastrophe. C'est cette course de 30 mètres
dans la bourrasque qui marque l'instant où les scientifiques et les
techniciens commencent à perdre le contrôle de la situation, et celui
où Simon commence à perdre l'amour d'Éléa, qui elle bientôt va perdre
la vie.
RÉSUMÉ
EXTRAITS
Ce symbole s'avère être un signe récurrent marquant le monde barjavélien chez les amateurs de l'auteur, aussi je lui
ai consacré une page qui se veut un clin d'œil graphique et que l'on pourra voir (ici) !
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Les Romans extraordinaires de René Barjavel sont pour lui l'occasion de mettre en scène des techniques et produits futuristes pour l'époque de leur rédaction, parfois franchement fantaisistes (mais c'est toujours avec une pointe d'humour), ou bien mis en œuvre de façon peu transposable dans la réalité.
Cependant, à la différence de certains auteurs de S.-F., ces présentations sont le plus souvent fort cohérentes, et ne font qu'anticiper au sens propre sur des réalisations que Barjavel a ensuite pu voir se réaliser.
Barjavel suivait assidûment l'actualité scientifique et technique de son
époque, en particulier dans le cadre de son activité journalistique - on lira avec
intérêt son article dans le Journal du Dimanche du 4 septembre 1977 où il
rend compte de sa visite à Jules Hourdiaux, un inventeur de génie méconnu
(voir) -
et, s'il n'était pas une "autorité scientifique" auprès du grand public
comme le fût Albert Ducrocq sur Europe n°1, sa présence à Cap Kennedy lors du
décollage d'Apollo XI et sur le plateau des Dossiers de l'Écran (en
compagnie aussi d'A. Ducrocq) [voir les archives de l'INA]
pour y accueillir Armstrong, Aldrin et Collins de retour de la Lune, montre bien son rôle
et son apport - et son intérêt - pour l'actualité technique de son époque, à laquelle
ses commentaires apportaient une touche de poésie et de réflexion bien appréciable
(écouter son commentaire du vol d'Apollo 8 sur RTL) Certains éléments, objets ou concepts, présents dans le monde de Gondawa
et décrits par Éléa, se retrouvent dans notre environnement technique
d'aujourd'hui, et dans certains cas leurs inventeurs ne nient pas la paternité des
idées de Barjavel.
Quelques exemples ont particulièrement retenu mon attention :
- la clé de Gondawa est précisément le concept qui ne peut manquer d'évoquer
la "carte à puce" mise au point et
brevetée dans les années 70 avec le succès que l'on sait, et qui fait
vivre aujourd'hui une industrie considérable, en étant le passage obligé de
nombreux systèmes de sécurité (bien qu'étant aussi parfois une "solution à la recherche d'un problème")
La société Bull-CP8 a d'ailleurs "rendu hommage" à Barjavel par la plume
de son directeur technique M. Ugon, dans l'ouvrage "Cartes à puces", (qui cite in extenso le
passage de La Nuit des temps qui décrit le fonctionnement de
la clé comme système de paiement), et par l'article qu'il écrivit dans le numéro 176
de « La Recherche » (avril 1986), et surtout par l'envoi personnel qui fut fait
à René Barjavel d'un des premiers exemplaires de cartes, comme lui-même le
raconte dans "Demain le Paradis" (p. 160 de l'édition Denoël).
Si le produit actuel est techniquement un peu différent de la description que donne
Barjavel de la Clé (surtout du point de vue de sa forme), on examinera cependant avec
intérêt
{ la photographie }
du premier prototype portable que réalisa R. Moréno sur une bague...
Dans La Nuit des temps, l'utilisation de la clé ne se limite
pas au paiement, mais elle sert aussi d'une manière générale à
s'identifier vis-à-vis de la collectivité. À cet égard, il est bon
de savoir que l'idée de "carte à puce universelle", dite "multi-application", est
un produit technique maintenant parfaitement défini, mais dont la mise en place s'oppose
à des considérations d'ordre plutôt "psychologiques" et de stratégie
commerciale (libertés individuelles pour les utilisateurs, et propriété de
l'objet pour les sociétés co-émettrices)
On notera aussi qu'une société française, maintenant disparue, de services liés aux applications des cartes à puce, fournissant
d'excellents outils de formation, prototypage et mise en œuvre d'applications, avait pris comme
nom « ELÉA cardware ». Ce n'est pas une coïncidence : Thierry J., l'un de ses fondateurs, m'a confié :
Nous avions choisi "Elea cardware" en hommage à l'inventeur original, selon nous, de la carte à puce qu'était René Barjavel,
simplement parce qu'il avait décrit dans La Nuit des temps une grande partie des applications pouvant être liées à la carte
à puce. Et que toutes nos différentes activités dans la carte à puce étaient résumées dans son livre par l'utilisation de cette bague.
Encore plus récemment, le concept de bague est revenu au goût du jour avec cet étonnant objet
{voir},
présenté par un article de la revue La Recherche, n° 293
développé et maintenant commercialisé (65 USD) par la société iButton,
voir le produit sur le site de iButton ], et
des caractéristiques techniques plus détaillées ].
Donc... chaque fois que nous utilisons une carte à puce (carte bancaire, télécarte,
carte SIM de téléphone cellulaire GSM), nous avons une pensée pour René
Barjavel, Éléa et Païkan...
- Interconnexion d'ordinateurs en réseau pour la résolution d'un problème
de traduction ou déchiffrement.
Après la découverte de la Sphère, les premiers mots prononcés par
Éléa, la compréhension de la langue de Gondawa se résout par la
collaboration mondiale des systèmes informatiques interconnectés pendant le temps
de cette recherche, chacun analysant une partie des configurations linguistiques possibles,
jusqu'à ce que la phrase prononcée par Éléa soit compréhensible, ainsi que tout le reste des textes découverts dans l'Abri.
En 1997, la société de cryptographie R.S.A lança via Internet le
« DES challenge » : il s'agissait de décrypter un
message (texte), chiffré selon un algorithme (D.E.S, utilisé en particulier par
l'administration fédérale américaine) utilisant une clé secrète.
Ce défi (destiné essentiellement à montrer que l'algorithme en question n'est pas
inviolable) était doté d'un prix de $10 000.
Les participants au challenge, conduits spontanément par des chercheurs
indépendants (universités, etc), se groupèrent pour se répartir la
tâche en distribuant un module logiciel destiné à être exécuté
pendant les temps d'inactivité des micro-ordinateurs participants reliés au réseau,
chacun prenant en charge une plage de valeurs possibles de la clé (sur un total de 72057594037927936
valeurs)
La tâche, qui au sens strict demanderait quelques milliards d'années à
raison d'une valeur de clé par seconde, fut menée à son terme en quelques semaines,
la coopération permettant de tester 7 milliards de clés par seconde, et le texte
fut trouvé le 17 juin 1997 "Strong cryptography makes the world a safer place"
{en savoir plus},
Plus récemment, l'organisme SETI de recherche d'analyse des radio-signaux reçus du cosmos
en vue d'y trouver des traces d'intelligences extra-terrestres a repris exactement le même principe
[ voir son site ].
Au printemps 2002, sur une idée de l'acteur Thierry Lhermitte, qui l'a mise en relation
avec IBM Global Services (IGS), l'AFM (Association Française contre les Myopathies) proposa,
à partir de mars 2002, à chaque utilisateur de micro-ordinateur personnel de mettre à disposition sa puissance
disponible pour commencer une cartographie des protéomes - un classement
réalisé par comparaison exhaustive de 500 000 protéines du monde vivant. » Encore plus directement en rapport avec l'idée barjavélienne, l'utilisation d'un réseau mondial
pour la traduction des langues est le projet que lance Brian Mac Connell avec le World Wide Lexicon, dont
« Le principe est le même que le Seti@home [décrit plus haut], sauf qu'ici, ce n'est pas le processeur de la machine qui est mis à contribution mais le cerveau de son utilisateur. »
En effet, l'idée-clé est de solliciter ponctuellement les participants au projet par une requête apparaissant sur leur écran
lorsque leur micro-ordinateur semble inactif, leur demandant s'ils peuvent traduire une expression, dont la traduction se joindra au gigantesque lexique ainsi constitué petit à petit.
On pourra en lire les détails sur les sites (en anglais) :
article de présentation et
site du projet.
Si aucune référence ne fut certes faite à ces occasions à la (pré)-vision de Barjavel, sauf
par G.M. Loup lui-même, la parenté des concepts est étonnante.
On pourra toutefois noter un "précédent" dans l'histoire de la science-fiction, sous une forme simplifiée
dans le roman de Stanislas Lem "Feu Vénus" (paru en français à l'automne 1962 dans la collection Le Rayon Fantastique), où le déchiffrement de textes laissés par des visiteurs vénusiens est réalisé par un calculateur électronique qui, se trouvant parfois
insuffisant, active automatiquement des connexions vers d'autres ordinateurs pour partager le travail.
D'autres objets, produits ou concepts introduits par Barjavel dans La Nuit des
temps appellent aussi curieusement des résonances avec des objets
maintenant contemporains. La Nuit des temps est l'occasion pour Barjavel de décrire, sous le couvert de la fiction
"proto-historique", une société dont les avancées techniques et scientifiques s'accompagnent
d'une organisation sociale et économique quasi idéale. Cet aspect est d'ailleurs commun aux
romans de (science-)fiction depuis Cyrano de Bergerac et son « Voyage dans la lune
et Histoire comique des états et empires du soleil »
voir un site sur ce roman )
et il ne manque pas d'auteurs des dix-neuvième et vingtième siècles qui s'en soient faits les
spécialistes. Barjavel rejoint ainsi ceux que l'on peut qualifier d'utopistes de par
leur vision d'une organisation pouvant - peut-être, et c'est là que la lucidité de notre
auteur est à souligner - apporter à de nombreux problèmes contemporains, mais aussi en fait
éternels, des solutions profondes. Parmi les différents thèmes que décrit le roman, j'ai donc choisi de développer particulièrement
les suivants. Toutefois, dans l'état actuel de mon étude, il faut considérer les indications
ci-après comme un point de départ de thèmes de réflexion appelés à s'étoffer par la suite.
On aura bien sûr reconnu dans cette description ce qui donné l'idée de la carte à puce
telle que présentée précédemment, mais il est aussi intéressant de rapprocher ce concept de celui
de la carte de crédit que l'écrivain américain Edward Bellamy
{voir son portrait}
développa en 1881 dans son roman « Looking Backward », publié en français
en 1990 sous le titre « Cent ans après ou l'an 2000 »,
{voir la couverture de l'édition française}
et que quelques spécialistes reconnaissent comme en étant l'idée originale. Le roman raconte le réveil en décembre 2000
d'un jeune homme endormi en 1887, et sa découverte de la société d'alors - imaginée par l'auteur -,
dans laquelle des changements considérables ont eu lieu sur la base d'une remise en cause
complète de bien des principes de constitution et de fonctionnement de la Société, et cela
au niveau mondial. un crédit, correspondant à sa part du produit annuel de la nation, est ouvert à chaque citoyen, au commencement
de l'année, et inscrit sur les livres de l'État. On lui délivre une carte de crédit, au moyen de laquelle
il se procure, quand il veut, dans les magasins nationaux établis dans toutes les communes, tout ce qu'il
peut désirer. Vous voyez que ce système supprime toute transaction commerciale entre producteurs et consommateurs. On trouvera dans cette page un développement de cette comparaison et un approfondissement de l'œuvre de
Bellamy, étayé par des liens portant sur des analyses spécialisées.
Dans cette description d'un processus social visant à l'Idéalité, Barjavel se fait l'écho de
l'Enseignement dont il fut l'élève auprès de Madame J. de Salzmann, car on ne peut pas s'empêcher d'y
retrouver une profonde résonance avec la description de ce que G.I.Gurdjieff fait rapporter à
l'un de ses maîtres dans « Rencontres avec des hommes remarquables » :
Le Père Borsh avait du monde et de l'homme une conception très originale. Cette affiliation de la pensée barjavélienne à l'Enseignement de Gurdjieff fera l'objet d'une
page complète du barjaweb, qui reste en cours d'élaboration pendant encore quelque temps...
Dans La Nuit des temps, les hommes rencontrent leurs origines et
entrevoient leurs lendemains, dans le savoir, la sagesse et la prospérité. Sur quelques-uns
d'entre eux se braque le projecteur de la fiction révélant des histoires toutes
semblables, toutes dans l'attente d'un avenir meilleur, chacune se débattant entre
l'espoir et la peur, l'idéal et l'absurde. L'humanité et les individus voient leurs histoires se séparer, mais aussi
se ressembler et à la fin, se rejoindre. Aucune n'aura réalisé les promesses qu'elle voyait pourtant à sa portée.
La génération vaincue passe, les hommes meurent ou abandonnent. Mais voici que déjà une nouvelle vague d'espoirs
et d'idéaux déferle sur le monde d'aujourd'hui, avec ses figures proues, ses héros, et la foule des anonymes qui
les supporte, les pousse de l'avant, avec la certitude que cette fois, tout se passera bien.
À la fin du roman, la jeunesse du monde entier se soulève, refuse, reprend à son compte le
« non » de la civilisation perdue, « pao »,
avec l'idée que leurs prédécesseurs ont trahi ou damné le potentiel de leur découvertes.
Eux vont tout changer.
Le cycle barjavélien de l'ascension puis de la chute est réamorcé à la fin du roman par
une ascension nouvelle, qui ne nous sera pas contée, mais dont on peut prévoir la destinée,
et la placer dans un cercle sans fin d'élévations et de chutes consécutives d'une espèce
qui semble ne jamais devoir évoluer. Cette vision s'inscrit dans la lignée de certaines
traditions orientales (en particulier indiennes).
Sur ce cercle vicieux qui voit dans sa course
ininterrompue vers l'inconnu l'humanité s'élever et sombrer, prennent place des acteurs.
Simon, Éléa, Léonova et Hoover en sont des exemples. Chacun d'entre nous en est un autre.
Dans le mystère et l'inconnu métaphysique et spirituel, coincé dans les maillons du temps
dont la chaîne vient d'on ne sait où et fuit vers l'inconnu, plongé dans l'absurde quotidien
des luttes sociales, des tensions politiques ou des conflits armés, chacun est, chaque jour,
à sa place sur le cercle, témoin d'un futur prometteur ou catastrophique, enclin à croire à
une prospérité enfin acquise pour toujours ou à l'inévitable fin du monde. Pour Barjavel,
l'histoire passe son chemin, et avant que de savoir si elle est destinée à s'interrompre
ou à trouver son rythme de croisière, il convient d'abord pour l'individu d'y trouver sa
place, et d'y assurer son bonheur. L'erreur de Coban est d'avoir méprisé l'importance de
l'individu, d'avoir pensé qu'après la guerre il n'y aurait plus de place pour l'amour et
la haine, mais seulement pour le travail visant à préparer le futur. Barjavel qui pense que
les questions spirituelles et scientifiques sont de la toute première importance pense
surtout que le sort de l'individu ne doit à aucun prix être sacrifié sur l'autel des
prévisions futures. Léonova et Hoover sont le symbole de cette bouée dans la tempête.
Ils restent l'un pour l'autre un support devant la désolation.
La grande morale de La Nuit des temps est que l'amour n'est pas
l'affaire de chacun dans le petit intervalle de vie qui lui est alloué sur terre. Il est
tout aussi noble que la recherche scientifique ou spirituelle. Il accompagne l'être humain
depuis toujours et jusqu'au dernier souffle du dernier de son espèce. Si sonder l'inconnu
de l'univers n'est que l'affaire d'un petit nombre, pour tous, l'amour est la réponse pour
chacun face à l'inconnu qu'il représente pour lui-même. Si la connaissance du monde dans
lequel nous vivons n'est pas accessible aux hommes avant longtemps, peut-être pouvons-nous
déjà essayer d'apaiser nos peurs et d'assouvir notre bonheur en nous efforçant d'aimer...
ainsi que le fait Simon, ce qui exclut tout égoïsme, possession ou luxure. Il s'agit d'une
évolution qui s'apprend, se comprend et se vit, comme tout art, toute science et toute
démarche spirituelle. Le lecteur connaissant bien l'œuvre de Barjavel trouvera là
précisément le thème du roman Le Prince blessé. Et l'on remarquera
que c'est pratiquement dès ses premiers romans de science-fiction que cette considération
de l'Amour comme moyen d'apporter le salut au monde apparaît, comme l'indique l'avant-propos de
l'édition originale (1948) de Le diable l'emporte.
Lorsque le roman parut en 1969, les critiques littéraires furent assez unanimes
pour saluer "un grand roman" de Barjavel. D'ailleurs, c'est à cette "occasion" que l'auteur
"perdit" son prénom, et devint plus connu du grand public sous son seul nom - alors que
ses publications et activités jusqu'alors le faisait mentionner comme "René Barjavel"...
Quelques recherches dans des articles de l'époque ont permis de retrouver ces avis,
tels que ceux de : Barjavel met chaque homme en face du problème de la signification de la vie.
Barjavel sait raconter une histoire. Il sait aussi écrire des aventures qui
font rêver la jeunesse, et toucher le cœur des femmes par sa façon de décrire l'amour.
Par sa puissance d'évocation, La Nuit des temps gagne une place dans la grande tradition de Jules Verne.
[...] comme dans tous les bons livres de science-fiction, les nombreuses
extrapolations techniques n'ont d'autre rôle que de dresser le décor, de créer
un climat. L'essentiel, c'est la peinture d'une humanité, et c'est le rapport entre
cette humanité et la nôtre. Plus encore qu'un romancier, l'écrivain de science-fiction
est un moraliste, et s'il semble s'évader dans le temps, c'est pour mieux
peindre par la bande l'homme d'aujourd'hui, ses limites, ses erreurs et ses
rêves. { voir l'article }.
Barjavel est un familier de la fiction visionnaire. Mais son. récit, tour à tour dramatique et
cocasse, a des adhérences politiques, scientifiques, morales, très actuelles. Et son livre est
aussi une belle histoire d'amour. Celle d'Eléa et de Païkan, les Roméo et Juliette de cette
nuit des temps. Défricheur d'Utopie, René Barjavel est surtout un nostalgique du bonheur.
Barjavel has a feeling for the fantastic and knows how to buid a suspenseful story.
La Nuit des Temps [French title for The Ice People] is an excellent example of science
fiction, but its tremendous success is due partly to the author's ironic references to our 'post-Gutenberg,
pre-Apocalyptic era' and to his sharp criticisms of present world tensions and the arms race.
Des critiques et analyses plus détaillées furent publiées dans des revues spécialisées, en
particulier "Fiction", qui traite du roman dans la "Revue des livres" du n° 183 (mars 1969),
déclenchant un petit débat dans le courrier des lecteurs des numéros suivants
( voir le fil des critiques dans Fiction ). puis, quelques dizaines d'années plus tard, fait dans la préface du recueil Omnibus
« Romans extraordinaires », une critique beaucoup plus positive et une analyse - d'ailleurs fort pertinente - de l'œuvre...
Son expérience cinématographique est passée par là : il a maintenant une maîtrise totale du scénario ; l'écriture poétique
se fait plus sobre alors même que ses ressources ont été enrichies par une plus longue pratique. Et surtout la crise morale
traversée par l'auteur dans les années 60 (et qui a produit La Faim du tigre) approfondit sa veine tragique et lui donne la
force de s'aventurer dans des remous mal explorés du cœur humain.
Mais je laisse maintenant la place aux lecteurs du roman, et aux visiteurs du barjaweb.
Des « reviews » sur le site commercial américain Amazon.com de traductions rapportent des témoignages
parfois poignants de lecteurs anglo-saxons qui n'ont pas été moins touchés par la sensibilité de l'auteur que son public
francophone habituel. Bruno Petrucci-Roma-Italia - le 10 / 03 / 2021 Agathe Nouméa - le 05 / 02 / 2020 cardon jean marc lille hellemmes - le 18 / 07 / 2019 Gauthier - le 21 / 02 / 2016 Thérèse, 46 ans, Marseille - le 07 / 12 / 2014 CNDBW - le 14 / 05 / 2014 Elea - le 01 / 11 / 2013 cléo - le 02 / 05 / 2013 Anonyme - le 11 / 02 / 2013 ThGhSt - le 04 / 02 / 2013
Depuis la sortie du roman, le thème de la Nuit des temps a inspiré de nombreux
artistes d'expressions diverses, dont les projets se sont plus ou moins
concrétisés. Je vous invite à en voir les présentations sur la page
La Nuit des temps, la présente page et ses compléments ont été présentés par plusieurs pages du barjaweb
qui en abordent divers aspects ou ont annoncé leur publication initiale. On pourra s'y reporter avec intérêt car des
points particuliers s'y trouvent mis en avant.
L'autre inventeur patenté et peut-être plus médiatique du concept, Roland Moréno, refuse à Barjavel toute paternité
Roland Moréno, refuse à Barjavel dans l'idée, riant même sous cape en objectant
qu'à l'époque il ne voulait rien connaître à la science-fiction à laquelle il se dit allergique.
(voir [ cette mise au point quelque peu grinçante ])
L'intérêt, tant scientifique qu'économique de cette technique a été souligné par un article du magazine économique Les Échos.net
du 11 février 2002
{ voir le texte de l'article }
L'analyse complète aboutit au début de mai 2002, soit après une durée de deux mois pour une tâche qui
aurait demandé au moins dix ans à un seul ordinateur puissant.
)
Gondawa : modèle socio-économique d'une société parfaite ?
Cette vision ramène nécessairement au fond de la pensée barjavélienne, et ne peut vraiment se
comprendre que lorsque la base de celle-ci a pu être appréhendée. Pour cela, une analyse des
sources dont elle peut être le développement est nécessaire.
Le passage suivant, dans lequel le mécanisme des échanges économiques est expliqué, révèle les
caractéristiques économiques, mais aussi sociales et politiques de l'organisation
de Gondawa :
Le passage suivant du chapitre IX est tout particulièrement évocateur
pour notre propos :
[...] Peut-être aimeriez-vous à savoir quel aspect ont nos cartes de crédit ?
[...] Le prix coûtant de chaque acquisition est marqué sur votre carte de crédit par l'employé, qui détache en même
temps un ou plusieurs carrés pointillés correspondants à la valeur de votre achat.
Dans la société de Gondawa, les relations entre hommes et femmes s'établissent dès l'âge de sept
ans par la "cérémonie" de la Désignation :
Ses vues sur l'homme et sur le sens de son existence différaient entièrement des conceptions de son entourage, comme de tout ce que j'avais pu entendre ou lire à ce sujet.
Je citerai encore quelques-unes de ses pensées, qui pourront illustrer ce qu'était sa compréhension de l'homme et de ce qui est exigé de lui. Il disait :
» [...] La plupart des anciens peuples avaient même pour coutume de faire ce choix en vue d'une union entre les sexes, ou, comme on disait encore, ces "fiançailles", dès que le garçon atteignait sept ans, et la petite fille un an.
À partir de ce moment-là, les deux familles des futurs époux, si tôt fiancés, étaient tenues de s'aider réciproquement à faire en sorte que toutes les habitudes inculquées aux enfants au cours de la croissance, leurs tendances, leurs inclinations et leurs goûts, se correspondent."
L'aube des jours prochains
CRITIQUES PUBLIÉES
LORS DE LA SORTIE DU ROMAN
{ lire l'article complet }.
L'un des antagonistes, J.-P. Andrevon, prit aussi la plume dans la revue "Horizons du Fantastique" (n°7 de septembre 1969)
pour donner un avis enthousiaste mais triste en même temps sur le roman ainsi que les titres de science-fiction précédents de l'auteur
{ voir cette critique }.
Par ailleurs, il est "curieux" de constater que, dans un récapitulatif des avis des rédacteurs
de Fiction sur La Nuit des temps, (par exemple dans le n°186, p. 143) J.Goimard donne comme avis :"mauvais",
CRITIQUES DE LECTEURS
CRITIQUES DES VISITEURS
(golan62@libero.it)
(gaut.gibert@gmail.com)
(ptite-elea@hotmail.fr)
(thghst@hotmail.fr)
votre opinion et vos analyses de La Nuit des temps.
La Nuit des temps... et après
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