Cet exposé est celui présenté dans le cadre du café littéraire animant la journée Barjavel du 24 août 2003 à Nyons (voir la présentation). Animée par Pierre Creveuil, co-auteur du barjaweb et président de l'Association des Amis de René Barjavel [ http://association.barjavel.free.fr ], cette présentation était enrichie des travaux de Mme Laurence Delord-Pieszczyk, docteur ès Lettres, dont la thèse de doctorat portait essentiellement sur L'Enchanteur : « L'œuvre de René Barjavel : de la science-fiction au moyen-Âge ou l'itinéraire d'une symbolique » (sous la direction de Jean Dufournet, Université Paris III - Sorbonne Nouvelle - U.F.R 029 - 1995). Le texte ci-après en est la transcription adaptée pour le barjaweb et complétée de développements, références et bibliographie.
Préambule« Le Merveilleux dans l'œuvre de Barjavel » constitue un thème de base qui risque de se voir limité
à une liste commentée des surgissements du Merveilleux dans telle ou telle œuvre. Utile et intéressante, certes, mais un peu
frustrante si l'on en reste là... Il vaut donc mieux en faire une opportune introduction ouvrant la porte à d'autres
développements sur des points plus spécifiques.
C'est qu'écrire un roman merveilleux est une tâche bien plus difficile, je dirais même "exigeante", qu'une nouvelle.
Le Merveilleux est quelque chose de fugitif : lui donner de la durée au delà de l'instant où il a surgi, en le re-situant
dans une chronologie narrative, est relativement facile. Le faire durer tout au long d'un roman demande bien plus de maîtrise
de la part de l'écrivain, et aussi de "consistance merveilleuse" de la part du thème du récit lui-même. Nous y reviendrons.
Typologie du MerveilleuxJ'hésite à renouveler l'exercice auquel je m'étais livré l'année dernière à propos de la science-fiction, de tenter de
définir ce "genre" et même de savoir si c'en est un... Mais comme il m'est apparu indispensable, je m'efforcerai d'être bref
et de laisser des compléments à chercher auprès d'exégètes plus officiellement compétents (je pense aux universitaires
et anthologistes du monde de l'édition), et reviendrai au plus vite à notre sujet. Car dans le cas du Merveilleux, la recherche
ou l'élaboration de définitions risque de mener bien loin, au delà de ce que nous permet le temps qui nous est accordé...
Avec la plupart des exégètes, je poserai donc pour commencer l'inévitable et essentielle distinction entre le Merveilleux et le Fantastique. Selon Tzvetan Todorov, celui-ci est associé au trouble que ressent l'esprit rationnel placé en face d'un événement surnaturel qu'il refuse d'admettre mais qu'il se sent incapable de nier, ce qui le place à l'angle de l'Étrange où le surnaturel n'est qu'une apparence, et du Merveilleux où le surnaturel existe vraiment. Si cette approche, innovante pour son époque (1970), a été contestée par la suite - nous pourrons y revenir -
elle a l'intérêt de définir les thèmes non de manière intrinsèque, ce qui est plutôt la tendance des définitions
structuralistes, mais par rapport au lecteur et à sa réaction, autrement dit d'un point de vue relativiste.
La réaction caractéristique du lecteur face au Fantastique est donc une hésitation, qui peut être de durée limitée, hors
de laquelle l'aspect fantastique peut être considéré comme annihilé...
le surnaturel désigne l'ensemble des manifestations qui contredisent les lois de la nature. Là encore, la notion de relativité intervient : le cadre du Merveilleux n'est-il pas souvent un monde où la Nature a d'autres lois ? Mais poursuivons, en tentant de garder bien en vue que c'est l'œuvre de notre auteur qui nous intéresse.
On voit que nous restons dans le domaine barjavélien puisque « ce qui sort de l'ordinaire » est justement l'extraordinaire, seul qualificatif utilisé par l'auteur lui-même pour désigner certaines de ses œuvres, à savoir ses quatre premiers romans de science-fiction. Le Merveilleux précise donc l'acte de regarder - réellement ou en imagination (on dirait de nos jours "virtuellement"...) et suggère une réaction affective par l'admiration ou l'émerveillement, ou, de manière moins littéraire, "épatement"... La direction de la portée affective corrobore la mise en opposition d'avec le Fantastique, dont l'effet produit relève
plutôt de la peur ou de la terreur, en tout cas du frisson, et aussi d'avec le Religieux qui serait une littérature plus strictement
miraculeuse ou surnaturelle (au sens mystique de ce mot).
Si le Merveilleux diffère du Fantastique, c'est aussi parce qu'il ne soumet pas le lecteur au conflit interne de
choix d'une explication rationnelle ou surnaturelle, ou en premier lieu d'une interprétation des phénomènes narrés. Dans
le cas du Fantastique, ce conflit psychologique est d'ailleurs peut-être, inconsciemment, ce qui produit la plus grande
terreur dans l'esprit du lecteur, induisant la peur de perdre la raison...
Historiquement le Merveilleux est peut-être à la racine de toute tradition littéraire, que celle-ci soit d'origine
religieuse, épique ou, plus raffinée, poétique. Cependant ce jugement ne peut être porté qu'a posteriori, car aux
origines, la perception par le lecteur, ou plus exactement par les auditeurs - toutes les traditions littéraires
dont dérive le Merveilleux sont à la base des récits oraux - étaient peut-être bien différentes.
Synthétisant cette façon d'établir ces définitions, j'en suis arrivé pour ma part à considérer que le Merveilleux
est ce que l'on voit qui émerveille et que l'on se réjouit d'avoir vu. Christophe Colomb dans son Journal de bord en
1492 qualifiait de merveilleux tout ce qu'il voyait sur le continent américain (les temps ont changé...).
L'intérêt de cette répartition peut rester un peu problématique pour un public autre que celui des éditeurs ou des auteurs
de travaux académiques. Disons plutôt l'intérêt au sens strict de ses résultats, car la démarche en elle-même ouvre des
horizons, des portes - et l'esprit - à la découverte de petits joyaux, enchâssés dans un volume non négligeable de récits parfois assez monotones.
Nombreux sont, en France, les termes forgés pour tenter de cerner ce qui apparaît selon les cas comme un genre, un traitement, une ambiance ou une étiquette
commerciale... Aucun de ces termes n'étant réellement convaincant, nous nous contenterons ici du vocable fantasy.
Et Barjavel dans tout cela ? Découvrir les ramifications de cette grande famille conduit bien sûr à tenter de lui trouver sa place. Je n'y suis pas parvenu, de façon catégorique tout au moins, ce qui est paradoxalement d'autant plus satisfaisant. Le Merveilleux barjavélien est unique, ou du moins s'il s'approche d'une catégorisation, celle-ci est innommée, mais désignable de manière plus appropriée à la manière moyen-orientale ou celtique - dont les liens de parenté sont d'ailleurs parfois étonnants : « Barjavel fils de Wells et de Jules Verne, demi-frère de Bradbury, petit-neveu de Robert de Boron, filleul de Charles-Louis Philippe, cousin de René Daumal... » Et pour moi, certaines de ces parentés sont, non pas "fortuites", mais "incidentelles", alors que d'autres, moins notoires (autrement dit plus "initiatiques" en quelque sorte), révèlent des rapprochements bien plus... vertigineux. Ce sont les résultats principaux de ces recherches "généalogiques" que je vais exposer à présent.
Barjavel, à la croisée des mythes et traditions...Dans le reportage « L'Homme en questions » que la médiathèque de Nyons nous a proposé l'an dernier, et dont la transcription est consultable ici : (http://barjaweb.free.fr/SITE/documents/heq/index.html), l'auteur introduit son "autoprésentation" par
Il s'agissait de ses racines "physiques" et familiales. Sa biographie (voir http://barjaweb.free.fr/SITE/biographie/bio_detail.html) montre que son "éveil" à la littérature est considérablement redevable à Abel Boisselier, principal du collège de Nyons (ici même !), épicurien intelligent, ironiste et humoriste, cultivé, fonctionnaire désinvolte, ami des arts et de la vie, qui allait devenir mon père intellectuel. et à son professeur de français M. Delavelle qui a fait réaliser au jeune René ce que l'écriture serait pour lui : M. Delavelle devint mon professeur de français quand j'entrai en cinquième. Un matin du premier
trimestre, à ma grande stupéfaction, il lut en classe ma rédaction. C'est-à-dire le devoir qu'il nous donnait chaque semaine à faire à la maison.
Et l'on sait qu'ensuite, le jeune René étant quasiment seul à Nyons après le décès de sa mère en 1922, il a suivi Abel Boisselier qui avait été nommé au collège de Cusset, pour y poursuivre ses études jusqu'au baccalauréat, et qu'il y a bénéficié du soutien au moins moral de celui envers qui il restera toujours reconnaissant. Il lui dédiera son roman Une Rose au paradis : A la mémoire d'Abel Boisselier, à qui je dois tout. À Cusset, il a 16 ans. Et l'on peut penser sans risque de se tromper qu'il y découvre beaucoup de choses... Sa curiosité, qui n'est pas nouvelle puisque déjà enfant elle l'a amené à s'intéresser à tout, à lire pratiquement tout ce qui lui tombait sous la main, va lui faire découvrir une région dont le charme persistera en filigrane et en hommage discret dans nombre de ses œuvres. Le Bourbonnais est riche en sites pittoresques, en traditions, en littérature même, et en légendes aux origines parfois lointaines (j'allais dire remontant à la Nuit des temps...). Barjavel lui-même en fera un hommage détaillé en rédigeant le chapitre « Provinces du centre » du Guide des Provinces de France pour les éditions O.D.É (voir) Je me souviens qu'il y a deux ans, ici même, on m'a rapporté que j'avais fait bondir (à moins que ce ne soit plus simplement froncer les sourcils) Madame Chamoux en mentionnant que la "naissance" de Barjavel à la littérature n'était pas Nyonsaise ni provençale, mais Bourbonnaise (voir). J'en demeure toujours persuadé, mais cela mérite des nuances et surtout des justifications, "naissance" étant d'ailleurs un bien grand mot, "éclosion" serait plus approprié. J'ai tout d'abord compulsé des recueils de contes et légendes provençaux, intéressants et amusants, mais sans vraiment y trouver de sources dont aurait pu se nourrir la
créativité de l'auteur, mises à part les considérations relatives aux noms de lieux présents quant
à eux ans toute son œuvre comme patronymes le plus souvent que j'ai présenté ici-même il y a deux ans.
Dans un livre de grande qualité paru fin 2000, intitulé L'Architecture invisible, l'auteur Georges Prat, architecte de renom, apporte une vue très particulière et fort intéressante sur l'église de Saint-Menoux. L'ouvrage est agrémenté de plans et de photographies fort explicites. Georges Prat précise : « Il y a plus de quarante ans que je connais cette église dont je suis particulièrement amoureux. Pendant trente-cinq ans, je me suis moqué de la débredinoire que je considérais comme un témoignage d'exploitation de la crédulité publique. Puis ma connaissance de la géobiologie s'affinant, j'ai pensé qu'il serait bon de revoir Saint-Menoux avec un autre œil, ce que j'ai fait. » Nous allons lui laisser la parole : « Ma surprise, écrit-il, a été grande de constater que la débredinoire fonctionne et n'est pas un attrape-nigaud. La débredinoire est placée au centre géométrique de l'abside, au dos d'un autel relativement récent et qui ne semble pas tout à fait à sa place. Une seule faille, peu active, se trouve sous l'édifice et n'intervient pas dans sa conception. On ne trouve ici que de l'eau, et uniquement sous l'abside. La débredinoire est située au point de rencontre des réseaux telluriques et de quatre courants d'eau. Une cheminée coiffe, à la fois, l'autel et la débredinoire. Une autre cheminée, de même diamètre, se trouve dans l'axe du chœur. Le reste de l'église étant mal "irrigué", un réseau de canaux de galets de rivière a été installé pour activer le réseau global dans l'axe de la nef et entre les piliers. Des flux sacrés de trois puissances différentes (27000, 54000, 81000) sont perceptibles, le cordon ombilical de 270 000 étant à l'est, dans l'axe de l'église. Une fois de plus, je rappelle que cette valeur est celle d'un taux vibratoire détraqué, pour une machine encrassée. La débredinoire, telle qu'elle se présente ordinairement, a une valeur d'énergie assez basse, et l'on ne craint rien si l'on met la tête dans l'orifice prévu à cet effet. En revanche, lorsqu'on se rend compte que cette machine d'un autre âge peut être activée par un "point d'acupuncture" situé très près, on est stupéfié devant l'énergie dégagée (270 000), qui serait sûrement supérieure si l'église était remise correctement en ordre de marche, auquel cas elle atteindrait la valeur de 1 242 000 u.B. Ainsi, il faut bien l'admettre, la débredinoire est, réellement, un instrument de soin qui donne, lorsqu'on l'utilise correctement, l'équivalent d'un électrochoc de forte intensité à celui qui s'y soumet. Cela est certainement très efficace dans le cas de certaines dépressions nerveuses. Les souterrains étant utilisés comme caves par certains particuliers, entre autres un débit de boissons, il est difficile de savoir où étaient leurs accès d'origine. » Les légendes du Bourbonnais nous font aussi connaître un épisode oublié du corpus arthurien traditionnel, "La fille du roi Arthur", récit qui constituerait bien à lui seul un chapitre de L'Enchanteur (voir ce texte). Restons encore un moment dans le fond des contes et légendes du Bourbonnais : Barjavel a pour sa part passé neuf ans dans cette région.
L'histoire du Prieuré de la bouteille nous parle d'un pauvre bûcheron et de sa femme qui, au détour d'une forêt, plus ou
moins enchantée comme il se doit, rencontrent un nain (ou un petit ange, ou une fée selon la version) qui lui remet une bouteille magique en cela que lorsque, interpellée
avec la bonne formule, elle exauce les vœux. Le bûcheron en fera usage trois fois, mais à chaque fois dilapidera
les bénéfices ainsi obtenus. Au troisième souhait cependant, la bouteille change de comportement et donne une leçon au
bûcheron qui acquiert une certaine sagesse de conduite, rendant désormais inutile le recours à une quelconque
assistance surnaturelle. Il enterre la bouteille en un lieu devenu ensuite miraculeusement la source du Tonneau où fut
construit le Prieuré de la Bouteille, dans la forêt du Tronçais (maintenant propriété de la Société d'Émulation du
Bourbonnais) [ voir la chapelle ]
et [ lire une variante de la légende complète ]
Quand la bûcheronne et le bûcheron eurent épuisé leurs trois souhaits, ils furent très malheureux. L'aune de boudin gisait entre eux sur le sol battu de la chaumière. Le bûcheron, ahuri, se frottait le nez. Il sentait s'y balancer encore la lourde tripe. La bûcheronne tremblait de dépit. Elle se mit à pleurer. Tout ce qu'ils auraient pu obtenir, la richesse, la jeunesse, et la santé — une bonne santé, c'est l'essentiel —, au lieu de cette cochonnaille ! Continuons l'exploration de cette région dont on ne s'étonnera pas qu'elle soit aussi géométriquement le lieu du centre exact de la France...
Et l'hommage le plus direct, qui a pu laisser perplexe le lecteur peu documenté, est l'essai La Faim du Tigre, qui prend son titre même dans une phrase même du roman de C.-L. Philippe "Bubu de Montparnasse" :
La lecture des œuvres de C.-L. Philippe révèle des affinités de forme et de fond avec l'écriture de Barjavel, même s'il y a des différences en ce qui concerne les thèmes des romans. Sur la forme, on y retrouve le goût des phrases énumératives dont notre auteur est relativement friand, avec parfois une certaine lourdeur volontaire qui tranche sur son style généralement épuré : (Cinéma total, 1944) Il salue, il sourit, il regarde, il possède des yeux, des dents, des plis, tout l'appareil que nous connaissons et semble notre frère humain dans sa pompe et dans sa gloire (Un roi, dans Chroniques du Canard Sauvage, 1923) Sur le fond, ce seront des ambiances relevant du Merveilleux que l'on pourra découvrir dans les contes et nouvelles
de Philippe : Contes du Matin, Chroniques du Canard Sauvage : récits courts, parfois grinçants voire même cyniques ou désabusés,
dont on retrouve l'écho dans Les Enfants de l'ombre.
Et si le Merveilleux "naturel" - je veux dire fourni "naturellement" par la tradition - n'est pas
suffisant, pourquoi ne pas le créer ? Non pas seulement l'imaginer, mais le matérialiser vraiment !
On fit du monstre de Vichy des cartes postales maintenant fort prisées des collectionneurs, et cela fit couler beaucoup d'encre et déplacer les badauds malgré l'hiver glacial (-23°C). Finalement, on saura qu'il s'agissait en fait d'une mystification souriante mettant en œuvre un monstre en bois sculpté par l'artiste Paul Devaux, canular monté et mis en scène par le sculpteur et quelques jeunes farceurs de ses amis dont les noms nous sont parvenus : Georges Frany, Marcel Guillaumin, Louis Aufauvre et... René Barjavel, relayé par le Progrès de l'Allier à des fins publicitaires pour le bénéfice des cafés Tinardon et Ricoux, situés juste devant l'emplacement des "apparitions"... La mise en parallèle des épisodes du conte et de l'actualité locale d'alors montre d'autres coïncidences
{ voir },
aussi peut-on sans crainte de se tromper faire ressortir la généalogie du conte de ces comparaisons dont on est en droit
de douter qu'elles aient pu être effectuées par le public lors de la parution de l'ouvrage à Paris en 1946...
On s'en convaincra d'ailleurs aisément en réalisant la difficulté de se procurer ne serait-ce qu'un seul
exemplaire du Progrès de l'Allier de cette époque...
Le Grand Jeu n’est pas une revue littéraire, artistique, philosophique ni politique. Le Grand Jeu ne cherche que l’essentiel. L’essentiel n’est rien de ce qu’on peut imaginer : L’Occident contemporain a oublié cette vérité si simple, et pour la retrouver il faut braver plusieurs dangers, dont les plus connus et les plus communs sont la mort (la vraie mort, celle de la pierre ou de l’hydrogène, et non pas l’agréable mort, gorgée d’espérances et ornée d’excitants remords, que l’on connaît trop) - la folie (la vraie folie, lumineuse et impuissante comme le soleil éclairant une assemblée de magistrats, la folie sans issue, de celui qu’on abat comme un chien, et non pas l’heureuse folie qui est le plus charmant moyen d’occuper la vie) - la syphilis, la lèpre léonine, le mariage ou la conversion religieuse. Sa première œuvre, Le Contre-Ciel, publiée par Denoël en 1936, puis ses autres textes dont certains franchement
initiatiques (Poésie noire, poésie blanche (1938), la Grande Beuverie (1938) et, publié en 1952 après sa mort, Le
Mont Analogue qui inspira le film d'A. Jodorowsky La Montagne Magique en 1973), relèvent d'un Merveilleux intérieur qui est
un sujet d'études à part entière (et celles-ci ne manquent pas : [ voir cette page ]).
Par ailleurs, c'est par ce petit monde que Barjavel va pénétrer l'entourage et les idées d'un personnage fascinant qui aura la plus grande influence sur lui, j'ai nommé G.I. Gurdjieff, autrement dit... { Monsieur G. }. Et nous ne sommes plus là dans le monde du Merveilleux, mais du... Prodiieux. En approchant par la lecture les œuvres de ces écrivains (René Daumal et son ami Luc Dietrich) ou de leur ami et "mentor"
Lanza del Vasto (dont je signalais l'année dernière ce que Ravage lui doit très probablement (voir mon étude sur ce sujet)),
on réalise qu'on se trouve en face d'une littérature quasi thérapeutique, mettant au jour de manière cathartique des aspects troubles de l'âme
humaine, de l'imagination, mais, au contraire du fantastique essentiellement effrayant du romantisme, visant à une purification par une sorte de
parcours initiatique qui n'est pas loin de celui des héros des romans de Barjavel. René Daumal, Luc Dietrich, G.I. Gurdjieff, Giuseppe Lanza del Vasto Ce mouvement se transformera plus ou moins directement en ce qui sera ensuite le mouvement pataphysique,
celui-ci ayant un côté humoristique plus débridé et une recherche sur les mots plus poussée [ voir http://pata.obspm.fr/college/whatcol.htm ].
Si Barjavel exprime son peu de goût (pour être poli) pour le surréalisme (voir son interview pour le fanzine Mal d'Aurore),
il n'a pas fait partie du mouvement Le Grand Jeu, qui avait déjà pris fin avant le début de ses activités littéraires. Mais,
du fait de son métier d'adjoint de R. Denoël, il en a côtoyé ceux qui en avaient été les membres les plus actifs, dont certains ont été ses amis
(citons la mention de Luc Diétrich dans l'édition de 1951 du Journal d'un homme simple).
L'attachement à la tradition celte au sens large est celui qui aurait pu apparaître à l'esprit de prime abord :
pour beaucoup de lecteurs, le Merveilleux barjavélien c'est L'Enchanteur et, dans une moindre mesure, Les Dames à la Licorne.
Mais replaçons ces œuvres, qui en constituent effectivement l'épitome, dans la chronologie biographique de
l'auteur : car si Saint-Menoux était certes un saint irlandais, la rencontre plus concrète de Barjavel avec
l'Île Verte est bien postérieure au Voyageur Imprudent.
Plus encore, il décide son amie à entreprendre avec lui la rédaction de l'histoire de sa famille, descendante de Foulques, premier comte d'Anjou et premier de la dynastie des Plantagenêt, et de la légendaire Licorne : ce sera « Les Dames à la Licorne », bien sûr, paru en 1974 (voir dans la bibliographie), que suivra en 1977 « Les Jours du monde » (voir). Le récit familial, plongeant dans l'histoire ancienne, n'y manque pas d'événements stupéfiants et de Merveilleux, que la Licorne entraîne dans son sillage. Mais, alors que chronologiquement « Les Jours du Monde » se termine à la fin du XIXème siècle, la collaboration entre les deux écrivains prend fin. Non pas à cause d'une brouille, mais quelques divergences de vue portant semble-t-il sur la psychologie des personnages féminins. Par ailleurs, l'étape suivante du récit étant plus particulièrement personnelle pour Olenka de Veer, puisque c'est celle de ses parents, elle écrira seule en 1979 « La Troisième Licorne », où l'"absence" de la plume de Barjavel est perceptible, et qui aura un moindre succès que les deux premiers romans, écrits en commun. Ayant soulevé un coin du voile de ces traditions aux résonnances profondes et universelles, Barjavel en conserve
comme un éblouissement qui se réalisera dans son roman merveilleux, peut-être le seul qui mérite vraiment ce
qualificatif au sens des catégorisations littéraires mentionnées précédemment, L'Enchanteur. Il y referme la boucle de
ses inspirations les plus universelles, reprenant un récit déjà bien connu auquel il donne des éclairages nouveaux, et
montre la richesse de son écriture par la fraîcheur, l'humour et aussi le sérieux de ce qui n'est pas une ré-écriture, loin de là, mais une re-création du mythe.
L'Enchanteur, ultime message de l'auteur ?L'Enchanteur n'est pas, comme on est souvent, et curieusement, tenté de le croire, le dernier roman de Barjavel... C'est en effet La Peau de César, d'un genre tout à fait différent puisque apparenté au roman policier, qui termine - trop tôt - le corpus romanesque barjavélien. Curieusement car pour certains, La Peau de César est à part, et c'est L'Enchanteur qui est le dernier roman de Barjavel, car il referme une immense boucle initiatique allant au-delà des genres. Comme si, après l'avoir écrit, il s'était dit « voilà, j'ai dit tout ce que j'avais à dire dans ce domaine, maintenant je vais "me distraire" - ou bien "régler mes comptes" - avec un autre genre..." Le roman a fait l'objet de plusieurs études académiques et universitaires, parmi lesquelles la thèse de Doctorat ès-Lettres Modernes
de mon amie Laurence Delord-Pieszczyk (Université Paris III - Sorbonne Nouvelle - U.F.R 029 - 1995) : « L'œuvre de René Barjavel : de la science-fiction au moyen-Âge ou l'itinéraire d'une symbolique ».
Des problèmes familiaux imprévus l'ont empêchée d'être physiquement présente parmi nous aujourd'hui, mais elle a pu
néanmoins préparer une contribution au présent exposé qui va nous être présentée par une non moins charmante "suppléante".
N'oublions pas non plus la page du site barjaweb
qui est consacrée au roman, et qui reprend une part importante de ses travaux.
Dans L'Enchanteur, l'auteur va pouvoir épanouir les thèmes qui lui sont chers comme sa vision de la Femme ou la spiritualité, en faisant naître un monde peuplé d’êtres emblématiques, connus et moins connus, dont il nous fait partager l’existence. Il ranime la Légende et nous invite à y pénétrer en suivant les traces de celui qui a trouvé dans l’Écriture son chemin vers le Graal. Son talent s'y déploie sous plusieurs aspects :
Lorsque Barjavel se penche sur la légende de Merlin et des Chevaliers de la Table Ronde, il se place en continuateur d'une longue tradition et il n'omet pas d'approfondir celle-ci avant de prendre la plume. Dès 1975, il écrivait dans le Journal du Dimanche un long article résumant sa vision de la légende et annonçant le roman qui viendrait dix ans plus tard (« La merveilleuse histoire de Merlin l'Enchanteur », 30 mars 1975). La bibliographie qu'il mentionne à la fin du livre, citant une dizaine d'ouvrages consacrés au sujet, se termine par un "etc." qui porte en lui toute la profondeur de sa préparation. En effet, les prédécesseurs de Barjavel dans ce domaine sont nombreux, depuis Chrétien de Troyes qui "invente"le Graal, ou du moins est le premier à l'évoquer dans la littérature, Geoffroy de Monmouth qui fait apparaître le personnage de l'Enchanteur dans ses « Prophéties de Merlin » (1154), « Histoire des Rois de Bretagne » (1137) et la « Vie de Merlin » (1150). l'historien romain Nennius, Robert de Boron qui christianise le Graal, le saxon Wolfram von Eschenbach dont le Parzival (XIIIème siècle) inspira Richard Wagner, Mallory, jusqu'à Guillaume Apollinaire, Julien Gracq et même Boris Vian. Nombreux sont les détails du roman de Barjavel qui révèlent une connaissance approfondie des sources médiévales, de leurs sous-entendus et de recoupements entre elles qui permettent à Barjavel d'affiner le mythe et de le revivifier. Ainsi lorsque Chrétien de Troyes décrit avec discrétion la nuit d'amour entre Lancelot et Guenièvre : Je saurai toujours me taire à son propos. Tout conte doit passer sous silence (...) la plus haute et la plus délectable des joies (que) le conte entend garder secrète. Barjavel épure encore davantage cet effacement de l'auteur, en intégrant à son livre une page blanche sur laquelle ne figure que la simple mention :
Dans sa mise en scène du thème du Graal, il prend garde de ne pas "figer" celui-ci à la vision chrétienne du Saint Graal, mais
prend en compte les légendes celtes et mêmes plus lointaines et plus anciennes : le Graal appartient en effet à la
catégorie générale des objets nourriciers, tels que la coupe de Djemchid, la corne d'abondance de Bran, la ceinture
magique de Floripar, le chaudron de Ceridwen, autrement dit... La Cruche d'Or des Irlandais, qui sont des symboles universels de fertilité et d'éternelle jeunesse.
Les personnages de la légende ont subi au cours des siècles des transformations, tant de leurs noms (ainsi la fée Viviane s'appelle parfois Nimüe, Merlin Myrddhin, Arthur Artus), que de leurs personnalités mêmes : la fusion de Viviane et de Morgane en un seul personnage dont on ne sait plus trop dire s'il est "bon" ou "méchant" est fréquente dans certaines versions. Barjavel les décante sagement, extrayant de chacun la "substantifique moëlle", pour en faire une sorte d'archétype nullement étriqué, bien au contraire. La complexité de leurs passions, sentiments et motivations amène les rebondissements de l'action mais aussi des réflexions plus profondes sur la nature humaine, l'Amour, et la recherche spirituelle au travers des différentes démarches des protagonistes. Le personnage central de Merlin, par exemple, est naturellement traité d'une manière riche et complexe. Ses pouvoirs magiques le rendent non pas "surnaturel", mais plutôt "supra-naturel" : il maîtrise aussi bien le monde des plantes que celui des animaux, prenant dans l'un autant que dans l'autre les attributs symboliques de ses manifestations : se manifestant tout d'abord sous l'aspect d'un grand cerf blanc, il rappelle ainsi la tradition médiévale et celtique qui donne au Diable la figure de Cernunos, tout en prenant la couleur blanche qui, par contraste, assure son aspect positif puisque, fils du Malin et d'une pieuse jeune fille abusée par lui, il a choisit de se consacrer au Bien pour le grand déplaisir de son père... son poil était pareil à de la neige fraîchement tombée et tandis qu'il traversait la clairière sa ramure se balançait comme la voilure d'un vaisseau. Sa naissance, où il apparaît curieusement (mais en cela parfaitement fidèle à la tradition) couvert de poils comme un enfant sanglier fait usage de deux symboles opposés, l'un image de force, l'autre d'innocence fragile, introduisant ainsi la dualité du personnage. Procédé que l'auteur reprendra lorsqu'il montrera Merlin sous la forme d'un oiseau : il y avait sans doute pour lui rappeler Merlin, un merlet de l'Île heureuse. la pomme joue aussi un rôle considérable dans la symbolique Merlinesque, puisque, alors que dans certaines variantes
de la tradition, le Diable l'a engendré en se glissant dans le pépin d'une pomme que la jeune fille avait avalé...
Chez Barjavel, Merlin apparaît souvent croquant des pommes ou inexplicablement assis sur un pommier.
Roman moderne (et qui surprend par les apparitions pleines d'humour d'anachronismes qui pourraient presque permettre de le classer dans le genre science-fiction), L'Enchanteur montre une recherche stylistique et linguistique savante, par l'emploi maîtrisé de termes délicieusement archaïques, utilisés dans leur sens original exact : oliphant pour éléphant, fèvre pour forgeron, reconstituant ainsi par petites touches et sans lourdeur le cadre et l'atmosphère médiévale. Il y prend même une certaine distanciation, allant jusqu'à s'"auto-critiquer" : En ce temps là... Qu'est-ce ça veut dire « ce temps là ? » Quel temps-là ?... Visant dans son style la simplicité, que l'on devine - et sait - être le résultat d'un travail d'écriture patient et soigneux,
Barjavel ne rechigne pas cependant à se faire pédagogue. Néanmoins, il ne tombe pas dans le travers de la lourdeur qui pourrait
faire de ses indications un étalage d'érudition, se contentant au contraire de glisser dans le fil du récit les définitions de tel ou tel terme indispensables,
ou, par des sections en italiques, d'introduire des apartés explicatifs resituant le contexte historique ou légendaire du récit.
C'est dans L'Enchanteur que la symbolique prend le plus d'importance, car elle en constitue l'une des clés essentielles, comme elle est présente dans
l'œuvre de Barjavel dans son ensemble. La profonde connaissance qu'a l'auteur des mythes, traditions et religions, lui offre des occasions exceptionnelles
de les mettre en œuvre dans les récits qu'ils sous-tendent, là encore avec discrétion, se laissant découvrir au lecteur
attentif et curieux de faire des recoupements de thèmes qui n'apparaissent d'ailleurs pas forcément à la première lecture.
C'est là que le domaine du Merveilleux se déploie avec richesse, sans toutefois constituer la dynamique de la narration,
mais en en étant plutôt le résultat.
Une approche toute particulière du symbolisme dans L'Enchanteur mérite d'être signalée, celle des Couleurs. Les auteurs du barjaweb ont eu l'occasion d'apporter quelques conseils à un travail universitaire de maîtrise en 2001, « Étude des couleurs dans L'Enchanteur de René Barjavel » (Melle Delphine Morel - Université de Provence - UFRLACS - Juin 2002) qui analyse ces aspects en profondeur. Le présenter en détail nous mènerait bien sûr trop loin, mais résumons-le brièvement en indiquant qu'il y est mis en évidence un code chromatique des couleurs que Barjavel établit en accord parfait avec la symbolique médiévale, et qu'il y attache ses lieux, personnages et figures animales d'une manière harmonieuse. Et Mlle Morel conclut en mettant en avant l'attirance de l'auteur pour les couleurs, non seulement dans L'Enchanteur, mais aussi dans son premier texte d'inspiration médiévale, Roland le Chevalier plus fort que le lion, supposant ainsi que son ambition de l'auteur était, peut être, d'écrire un livre sur la couleur comme un hymne à la vie, à la beauté et à l'amour. Il renouvelle ainsi le récit médiéval, et le réactualise en y insérant des caractéristiques du XXème siècle,
comme le chauffage au gaz, les boîtes de conserve ou les marteaux-piqueurs, dont la figure apparente d'anachronismes ne doit
pas masquer l'invitation à la réflexion plus profonde dont ils sont le prétexte.
En effet, dans cet éblouissement de couleurs, sous-tend une critique d'un certain monde moderne, décrit comme l'Enfer noir du XXème
siècle. La couleur diabolique par excellence, le noir, symbolise les risques de déchéance de notre époque. De plus, Barjavel associe les
notions de panthéisme et de manichéisme afin d'affirmer la présence du mal, tout en prônant un équilibre entre celui-ci et
le bien. Dans cette optique, L'Enchanteur revendiquerait la paix et l'harmonie de la nature et des hommes, incarnées par le
faiseur de couleur, Merlin.
La Quête du Graal reste pour chacun des chevaliers une aventure authentiquement individuelle, même s'ils sont "conduits" collectivement par leur roi Arthur,
dont on remarquera d'ailleurs qu'il ne prend pas part lui-même à l'Aventure.
Et l'on sait que les "critères" qui permetteront à Galaad d'y parvenir sont profondément personnels, voire intimes.
Il est toujours un, doit être rond, à l'image de la voûte céleste, afin que les étoiles, par leur influence contribuent à l'œuvre, la Quête du Graal constitue aussi, et surtout, une image de cette lente et douloureuse maturation intérieure qu'il appelle le processus d'individuation. Et ce symbole d'une si grande richesse est en fait la représentation du trésor caché dans l'âme humaine, dont la Quête revient à s'ouvrir à la réalisation de Soi.
L'Enchanteur, joyau du Merveilleux Barjavélien ?Définir un merveilleux propre à notre écrivain nécessite d'arpenter les traverses de l'ensemble de l'univers de Barjavel
comme une promenade dont les jalons seraient les réécritures successives de légendes avec en point d'orgue l'Enchanteur. On voit qu'il y a beaucoup d'autres textes à lire, que ce soit Tarendol ou Les Chemins de Katmandou...
Il était plus réjoui qu'étonné. C'était une époque où se produisaient fréquemment des événements inexplicables, et quand ils étaient agréables on en profitait sans en faire un problème. On ne croyait pas uniquement à ce qui était raisonnable. La raison rétrécit la vie, comme l'eau rétrécit les tricots de laine, si bien qu'on s'y sent coincé et on ne peut plus lever les bras. " N'avons-nous pas ici, à défaut d'une définition du Merveilleux, un plaidoyer pour sa force à transformer et à transcender
le quotidien... et c'est cette "banalité" du Merveilleux qui a su séduire Barjavel dans l'univers médiéval. Il s'y complait
dès sa première œuvre romanesque, adoptant à travers la légende de Roland le Merveilleux de l'enfance.
Elle ne comprenait pas pourquoi hommes et femmes avaient si peur de mourir.
Pour conclure, je vais laisser l'auteur s'exprimer lui-même sur le sujet, en citant quelques passages d'une interview publiée le 13 octobre 1984, peu après la parution du roman, dans France-Soir Magazine sous le titre : « Barjavel, l'enchanteur de l'an 2000 ». F.-S. M - Mais quel est le sens de la Vie selon vous ? Et où le chercher ? R.B. - Simplement dans la vie elle-même. Il ne suffit pas d'être en vie, il faut être
« vivant ». C'est à dire savoir à chaque instant qu'on est au cœur d'un prodige et être
en contact, en harmonie avec lui. C'est difficile, mais lorsqu'on parvient à en prendre conscience, on en
reçoit un perpétuel émerveillement qui paie au centuple des effors que l'on a consentis... Le plus souvent,
nous voyons, mais nous ne regardons pas, nous entendons, mais nous n'écoutons pas. Les choses nous bousculent
au lieu que nous portions la main sur elles. Nous devrions en disposer pour notre bonheur, et ce sont elles qui
nous possèdent pour notre angoisse. Pourtant chacun de nous est au centre de tout, au milieu de l'univers
entier. Chacun de nous possède les portes que le créateur (ou la nature, comme l'on voudra) lui a données pour
y pénétrer. Mais nous oublions de les ouvrir. Pour ma part, je suis sans arrêt ébloui par le phénomène de la vie.
(lire l'article complet : http://barjaweb.free.fr/SITE/documents/fsm171084.html)
NotesLes index correspondent aux notes de renvoi dans le texte.
Pour en savoir plus : références, sources et approfondissementsEn complément des notes au fil du texte, les ouvrages et documents cités ci-après ne constituent que des pistes d'explorations et ne visent nullement à fournir une liste complète de références... Le lecteur interessé procédera avantageusement à ses propres recherches, par exemple sur la base des documents indiqués dans ceux de la présente liste... C'est ainsi que se font parfois des découvertes inattendues.
On pourra se reporter au site d'un érudit passionné, qui fournit une abondante bibliographie : [ http://perso.wanadoo.fr/carteret/Livres.htm ].
Si l'on peut considérer comme merveilleux la quasi-totalité des récits de Barjavel, ceux relevant plus véritablement de ce genre sont, commenous l'avons vu :
La classification ressortant du regroupement dans le recueil Omnibus Romans Merveilleux (1998), qui y intègre aussi
La Charrette Bleue, Tarendol et Les Chemins de Katmandou, apparaît donc un peu artificielle. Toutefois, la postface de J. Goimard,
qui en constitue une remarquable présentation, aide à comprendre qu'effectivement le Merveilleux est une composante constante chez
l'auteur, même dans ses écrits les plus "terre-à-terre". C'est que, nous dit l'auteur :
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